Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai vu une cinématique : « Voyage en bateau. Maman morte. Enterrement demain. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. C’est ainsi que débute notre aventure, à mon grand frère et à moi, telle qu’elle vous est contée dans Brothers: A Tale Of Two Sons. Maman est morte, puis père tombe malade. Nous devons aller à l’autre bout du monde, ensemble, pour trouver un remède afin de le sauver. Moi qui ai très peur de l’eau, c’est bien ma veine. Mais ce n’est pas grave, grand frère est là pour veiller sur moi. Tant que je serais à ses côtés, tout ira bien.
Autre(s) monde(s)
Malgré tous les malheurs qui nous accablent, il faut le dire, quand même : que notre monde est beau ! Certes, les textures ne sont pas très jolies, et il subit parfois des ralentissements inexplicables. Mais quand même : le Créateur a du goût. Pas un endroit que nous ne visitons ne ressemble à celui d’avant, et nous pouvons voir et ressentir toutes les merveilles de la nature. Pour un moment, j’en oublierais presque notre quête et son urgence, trop occupé à admirer le monde respirer autour de moi. Quel plaisir. Mais pas le temps de rêvasser, il faut nous dépêcher : papa souffre. Alors nous courrons et courrons encore ; souvent, nous nous rentrons dedans, où l’un d’entre nous se trompe de direction : je crois que c’est à cause de ce que l’on appelle le « gameplay ». Pas facile, voyez-vous, de contrôler deux personnes en même temps. Il faut que je reste toujours à la droite de mon frère, sinon le cafouillage se fait vite. Bien sûr, quand quelqu’un d’autre contrôle mon frère, ce qui est possible, c’est simple, plus simple. Trop simple, même. Alors, bon gré mal gré, nous avançons, communiquant sur notre chemin dans la langue incompréhensible – donc universelle – qui est la nôtre.
Brothers s’active autour de moi, j’observe sans le comprendre
Tout au long de la quête que vous découvrez dans Brothers: A Tale Of Two Sons, nous sommes confrontés à des énigmes. En fait, notre progression est même très linéaire, je trouve : nous tombons sur une énigme, nous avançons sur le chemin, nous retombons sur une énigme, et ainsi de suite. Quelle curieuse façon d’avoir conçu les choses, Créateur ! Heureusement pour nous, tous ces casse-têtes sont simples ; je ne crois pas que nous soyons restés coincés très longtemps sur notre route. J’aurais aimé, néanmoins, que ces énigmes fassent moins appel au tâtonnement et plus à mon intellect : ce n’est pas parce que je suis un petit garçon que je suis bête ! Bien sûr, çà et là, nous avons été confrontés à des problèmes plus complexes, sur lesquels nous avons dû réfléchir et coopérer : je ne devrais pas le dire, mais ces moments m’ont donné le sourire ; j’avais enfin l’impression d’être utile et malin. Plus nous avançons, plus cela me semble être le cas, d’ailleurs. C’est bien : j’étais frustré au début, mais maintenant, à la moitié du chemin, je commence à être de plus en plus heureux de cette aventure. J’aimerais cependant que nous ayons à notre disposition d’autres moyens de résoudre les soucis auxquels nous sommes confrontés : j’ai parfois l’impression que nous sommes comme bridés par ce monde, qui nous empêcherait un peu de nous amuser avec lui. En parlant de bridage, d’ailleurs, je n’ai jamais peur, en partie parce que grand frère est à mes côtés, en partie, aussi, parce que je sens bien que le Créateur a placé les dangers de manière très réfléchie et qu’ils sont là avant tout pour faire avancer notre histoire.
Jusqu’au dernier pas
Aujourd’hui, nous avons enfin trouvé le remède nécessaire à soigner père, et il me semble que c’est le bon moment pour dresser un bilan. Nous avons, au cours de notre cheminement, eu des petits « hics », comme on le dit de par chez moi ; pas très graves, en majorité, mais, parfois, plus embêtants : quand nous étions dans le monde des ogres, nous avons dû retourner au début de celui-ci et recommencer tout notre cheminement parce que la dame qui devait nous ouvrir la porte disparaissait comme par magie. Plus loin, quand nous avons dû transporter un engrenage, celui-ci n’arrêtait pas de disparaître dans le sol dès que nous le lâchions. Dans ces moments-là, je dois avouer que nous avons maudit le Créateur de toutes nos forces, jusqu’à souhaiter qu’il n’ait jamais existé. Et je l’ai encore plus détesté pour les larmes de tristesse qu’il m’a obligé à verser quand nous sommes arrivés. Je ne veux plus jamais, jamais, revivre ce que tu m’as fait vivre. Mais pardonne-moi pour ma colère, Créateur, car j’ai été trop souvent émerveillé par chaque petit cadeau, chaque infime surprise que tu as mis sur notre chemin pour vraiment t’en vouloir. Quand à toi, lecteur, profite bien de Brothers: A Tale Of Two Sons. C’est notre histoire, mais aussi un peu la tienne, désormais.
Avant de partir, faites vous donc envie avec la bande-annonce de Brothers: A Tale Of Two Sons
https://www.youtube.com/watch?v=YSq87fiWGo8
Un voyage poétique plus vidéo que ludique
-
Un voyage poétique plus vidéo que ludique - 65%65%
Conclusion
Porté par une jolie direction artistique et une belle musique, douce et reposante, Brothers : A Tale Of Two Sons est une réussite à bien des égards. Son seul souci est de pêcher au niveau ludique : le gameplay, pourtant minimaliste (une touche d’action et un joystick pour le déplacement par personnage) est trop confus – donc difficile – seul, mais devient un peu trop simple à deux. Je pense que le titre de Starbreeze Studios serait très adapté à un jeu parent/enfant, surtout au vu de la difficulté de la plupart des énigmes ; malheureusement, quelques scènes un peu « gore » (même si l’on reste dans un univers complètement fantasmagorique) le rendent déconseillé au moins de 16 ans. Quelques bugs ont aussi, malheureusement, entaché ma progression, dont un qui m’a obligé à me retaper 20 minutes de jeu. Embêtant. Heureusement, Brothers : A Tale Of Two Sons est bien meilleur dans sa deuxième partie : soudainement, les énigmes deviennent plus basées sur l’adresse et la réflexion que le tâtonnement et l’on progresse avec beaucoup de plaisir jusqu’à cette fin dévastatrice, où il se rappelle enfin qu’il est un jeu vidéo et peut donc, par là-même, raconter des choses par le gameplay à la place du visuel. J’étais parti énervé et prêt à lui mettre une mauvaise note : finalement, cette aventure m’a conquis et je ne saurais que vous la recommander, même si je persiste à penser que 14,99€ pour une aventure de 3h30 datant de 2014, à la replay value nulle qui plus est, c’est un peu cher payé.