AER : Memories of Old, promenade dans les airs – TEST

AER Memories of Old sur Switch
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Voler fait partie des plus vieux rêves de l’humanité : certes nous avons toutes sortes d’appareils pour cela, même des jet-packs, mais qui n’a jamais rêvé de pouvoir s’envoler sans aucun attirail de la sorte ? Peter Pan fit intervenir une fée pour aider les enfants à rejoindre le Pays Imaginaire, Harry Potter permit à certains sorciers de se passer de balais ou de Sombrals, Stranger Things passa par la télékinésie… Et après avoir imaginé une terrifiante vision de l’avenir de notre monde dans State of Mind (lire notre test), c’est Daedalic qui aborde ce fantasme en s’orientant ainsi une toute autre ambiance dans AER : Memories of Old paru sur Nintendo Switch le 28 août .

Éclats d’âme

AER : Memories of Old prend place dans un étrange univers formé de dizaines de petites îles aériennes. Autrefois, ce monde était formé d’un vaste continent terrestre avant qu’un terrible cataclysme ne s’en mêle et fragmente la terre en mille morceaux, entraînant des pertes humaines considérables. Des siècles plus tard, les survivants de cette tragédie ont réussi à s’adapter à ce nouvel environnement et continuent malgré tout à maintenir leurs antiques traditions. Et parmi elles subsiste le pèlerinage à travers le monde, ou du moins ce qu’il en reste, que doivent effectuer tous les jeunes gens parvenus à l’âge adulte. La jeune Auk étant sortie de l’enfance, l’aventure commence le jour de son départ qui coïncide avec un tremblement de terre rappelant sinistrement les jours ayant précédé la destruction du monde des années auparavant. Commence alors une grande aventure où notre courageuse héroïne en apprendra plus sur ses origines tout en découvrant les mystères de ce monde en péril.

Sans conteste, la grande force d’AER réside dans sa direction artistique qui rappelle celle de State of Mind malgré le fait qu’il ait été développé par Forgotten Key et seulement édité par Daedalic. Le voyage d’Auk vous fera en effet traverser un vaste monde coloré et adoptant un style épuré très plaisant au regard. Avec ces grands aplats de couleurs et ces environnements sans fioritures, on prend un véritable plaisir à contempler les décors dont l’exploration se fera d’une manière bien particulière.

Ceux qui ont des ailes

Car oui, AER montre qu’il porte bien son nom puisque la majeure partie de vos pérégrination se fera en volant ! En extérieur, vous pouvez à tout moment choisir de vous transformer en oiseau pour vous envoler pour rejoindre votre destination. Grâce aux contrôles minimalistes imaginés pour le jeu, vous pourrez profiter de ses splendides décors au cours d’une de vos promenades aériennes tout en vous laissant porter par la bande-son très sympathique. Il vous faudra peut-être quelques essais préliminaires avant de maîtriser complètement la mécanique de vol, mais vous ressentirez bien rapidement ce qui fait le sel du titre de Daedalic : son ambiance. AER offre en effet une expérience empreinte d’un calme quasi-thérapeutique tant on se sent serein une fois qu’on évolue dans le ciel.

Pour résumer le fil rouge du jeu en peu de mots, AER pourrait être découpé en deux phases : la première consiste en la recherche des trois sanctuaires cachés dans les différents archipels du monde tandis que la deuxième repose sur l’exploration des dits sanctuaires. Aussi, attendez-vous à quelques moments de réflexion pour pouvoir traverser ces temples en ruines et y rencontrer les derniers Esprits Animaliers, des divinités millénaires disparaissant peu à peu de la surface de la terre à mesure que les humains délaissent leurs cultes et s’émancipent de la religion qui leur était autrefois associée. On découvre alors une sorte de double-fond dans la narration d’AER qui, bien que centrée sur Auk et son périple pour sauver ce monde, aborde également les origines de la semi-Apocalypse s’étant abattue autrefois sur l’humanité. Cette sorte de seconde dimension narrative ajoute une certaine profondeur à l’ambiance générale et on aurait bien imaginé tout un film d’animation sur le sujet : au cours de votre voyage, vous aurez peut-être l’opportunité de découvrir certains lieux cachés qui apporteront quelques bribes d’informations sur les circonstances du drame évoqué à maintes reprises au cours de l’histoire. Dommage cependant que le tout ne soit pas plus explicite et que le jeu n’encourage en aucune façon à découvrir l’étendue de la toile de fond.

Till The World Ends

Si AER peut se vanter d’avoir un monde chatoyant, il est hélas trop peu développé pour inciter à l’explorer de fond en comble. Le problème majeur du jeu reste que les trois-quarts de la carte ne sont là que pour la galerie : j’ai été régulièrement déçu par mon exploration dans le sens où ma curiosité n’a jamais été récompensée. Chacune de mes “découvertes” ne débouchait au final sur rien : aucun secret, aucun trésor, pas d’objets à collectionner, bref rien de bien stimulant. La comparaison peut paraître étrange, voire idiote, si on raisonne en terme de budget, mais AER échoue là où Breath of the Wild réussit : encourager le joueur à explorer et arpenter de long, en large et en travers son monde en plaçant des récompenses un peu partout. De fait, on est presque déçu quand on se rend compte que seule l’histoire principale pousse à se balader dans ce vaste univers et l’absence totale d’indicateur à suivre fait que vous aurez souvent la déception de ne rien trouver au cours de vos recherches.

A cela, il faut ajouter l’absence totale d’une quelconque forme d’affrontements qui rend le tout un peu mou, ce qui ravira les amateurs d’expériences narratives mais risquera d’ennuyer profondément les mordus d’action qui lâcheront le jeu après quelques vols. D’un autre côté, la durée de vie d’AER, bien faiblarde, allège l’ennui qui peut finir par arriver puisqu’il vous faudra trois heures maximum pour en faire le tour. On reconnaît là le syndrome des jeux édités ou développés par Daedalic qui a souvent tendance à trop privilégier la narration et l’ambiance au détriment de l’action et de l’intérêt ludique de ses expériences. Encore une fois, AER serait un formidable long-métrage d’animation tout comme State of Mind ferait un très bon thriller mais le fait est que ces deux produits sont de jeux vidéo et non des films.

Atterrissage brutal

Titre du jeu: AER : Memories of Old

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Atterrissage brutal

Une balade qui avait tout pour être une belle aventure, si seulement elle avait su développer d’avantage son monde. Voler dans un monde aussi joli est assurément une perspective attirante mais AER sacrifie l’action pure et insiste sur une histoire bien trop courte pour justifier ce choix. Néanmoins, on peut prendre un certain plaisir à arpente le jeu à condition de ne pas être allergique aux ambiances oniriques comme on en voit de plus en plus de nos jours. Reste à savoir si vous serez suffisamment réceptifs à la narration d’AER, qui a le mérite d’être profonde et passionnante, pour passer outre les 19,99€ que vous coûteront les trois heures de jeu proposées.

Les +

  • Un monde splendide…
  • La possibilité de voler
  • Une très bonne narration

Les -

  • … qui manque cruellement d’intérêt
  • Trop court
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LatoJuana
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Gamer de 26 ans avec un penchant pour les jeux racontant de belles histoires. Je suis rédacteur sur le site depuis 2017. Zelda reste ma licence de cœur mais j'aime découvrir des jeux de toutes sortes !

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“c’est onirique”. C’est clair que c’est un adjectif un peu trop facilement utiliser. Moi je dis plutôt que c’est fainéant, c’est trop facile de faire un univers “onirique”