Avec son studio formé de vétérans de l’industrie vidéoludique, sa campagne de financement participative réussie haut la main sur Kickstarter en 2016 et sa sortie un an plus tard sur PC, Children Of Zodiarcs avait tout du profil type du titre indépendant qui viendrait un jour ou l’autre se refaire une petite santé sur Nintendo Switch. Cela n’a effectivement pas loupé puisque le jeu tactique au tour par tour du studio Cardoard Utopia est finalement disponible depuis peu en téléchargement sur l’eShop. Une excellente nouvelle pour tous ceux qui sont à la recherche d’un bon tactical RPG, accessible et attachant, en ce début d’année 2020.
La philosophie des cartes
Tout commence par une terrible guerre et la fin d’un âge prospère qui entraîna la redécouverte, bien des années plus tard, de reliques appartenant à ce glorieux passé : les Zodiarcs. Ces artefacts, sources d’une énergie infinie – et qui se nourrissent accessoirement des émotions de leurs hôtes – ont dorénavant une valeur inestimable et son exposées dans les riches appartements des nobles, ou utilisées comme des armes par les enfants des rues. Reflet d’une réalité pas si éloignée de la notre, Children of Zodiarcs fait ainsi le choix du nous plonger dans un univers ou les riches sont toujours plus riches, et les pauvres toujours plus pauvres. Les castes supérieures habitent dans les hauteurs de la ville muraille de Torus, tandis que la piétaille s’entasse et s’organise en clans pour survivre dans les bas-fonds dans la cité. Parmi eux se trouve la Famille, une bande de gamins (dont font partie les deux protagonistes principaux du jeu Nahmi et Pester) volant les plus aisés pour subsister et chaperonnée par le seul adulte de la bande : l’intrépide Zirchhoff. C’est d’ailleurs à ses côtés que nous apprendrons les bases du jeu au cours de notre première mission.
Children of Zodiarcs marque, à cette occasion, ses premiers points grâce à son système de combats qui allie à la fois simplicité et profondeur. Lors d’une mission, vos combattants – au nombre de trois au maximum – seront répartis sur un damier et vos déplacements se feront au tour par tour. Vous disposerez d’une phase d’action, qui se traduira par le choix d’une carte à jouer, symbolisant une capacité offensive ou défensive, disponible dans la main de votre héros. Vous en compterez jusqu’à sept et votre deck ne pourra dépasser les 18 cartes au total, limitant ainsi les chances de ne jamais récupérer la bonne carte en temps voulu. Donner des claques à tout va ou altérer l’état de vos ennemis ne seront pas vos seules options puisque vous pourrez également opter pour vous protéger dans l’anticipation d’une frappe ennemie ou piocher de nouvelles cartes si vous êtes à sec. Après avoir fait votre choix, vous devrez choisir une direction vers laquelle votre champion se tournera pour passer son tour. Cette dernière étape n’est pas à prendre à la légère, car tout adversaire qui viendra vous attaquer dans le dos ne sera pas sujet à une contre-attaque de votre part. Il en sera de même quand les enfants des rues sous votre garde viendront frapper leurs adversaires par surprise.
Guerres et dés
J’en entends déjà certains d’entre vous arguer que la simplicité de ce système saute effectivement aux yeux, mais que je me suis peut-être un peu trop enflammé en vous parlant également de profondeur. Je vous comprends parfaitement puisque je ne vous ai finalement pas encore expliqué la mécanique de jeter de dés du jeu. Celle-ci s’intercale après chaque carte jouée. Une fois votre choix effectué, vous aurez donc la possibilité de lancer ces cubes aux symboles numérotés pour activer les bonus de vos cartes, récupérer quelques points de vie supplémentaires ou encore maximiser vos dégâts. De nouveaux dés seront déblocables après chaque combat et modifiables dans un menu de la forge qui vous permettra de créer les éléments qui vous conviennent le plus.
Plus votre niveau augmente – votre équipe gagnera des points d’expérience à chaque tour de jeu – plus vous obtiendrez des emplacements qui vous permettront de vous équiper d’un dé supplémentaire ainsi que de cartes inédites, vous ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de combo et de synergie si vous avez un minimum de chance lors de vos prochains lancers. Tout est parfaitement huilé, et ces différentes couches de gameplay se superposent à la perfection, à un bémol près : il est extrêmement difficile d’anticiper les mouvements de nos adversaires et la portée de leurs attaques. Il ne sera pas rare de vous retrouver totalement piégé en ayant mal lu les distances qui vous séparaient de vos ennemis, d’autant plus que vous ne pouvez plus déplacer vos aventuriers une fois qu’ils ont effectué une action. Ce petit manque dans l’ergonomie des combats est étonnant tant Children of Zodiarcs fourmille par ailleurs d’éléments venant fluidifier nos sessions de jeux. Nous pouvons par exemple accélérer les animations des affrontements ou regarder toutes les caractéristiques des cartes nos héros d’une simple touche et désactiver les lancers de dés manuels, pour rendre notre aventure au côté de Nahmi encore plus agréable.
C’est pas la taille qui compte
Car loin de se contenter d’une mise en scène plus que convenue, où seules la très jolie direction artistique et la bande son du titre viendront rattraper le recyclage permanent des assets des environnements et des ennemis, Children of Zodiarcs met toute son énergie pour nous tisser une histoire courte – comptez une dizaine d’heures pour terminer la quête principale – mais percutante pour qui se laissera séduire jusqu’au bout. Le jeu de Cardoard Utopia enchaîne ainsi les contre-pieds aux scénarios cousus de fils blanc habituels du genre, pour nous mettre face aux dilemmes moraux que ces enfants, trop tôt jetés dans un monde où la loi du plus fort domine, devront prendre malgré tout. Tout ceci est mis en valeur par les nombreux dialogues, bien écrits pour la plupart, si l’on excepte quelques personnages secondaires, un peu moins bien développés et il ne sera pas surprenant de s’attacher assez rapidement à l’un ou l’autre de vos compagnons de voyage.
Il serait également dommage de ne pas évoquer les nombreuses petites saynètes que nous pouvons déclencher sur la mappemonde, qui nous en apprennent beaucoup sur le lore du jeu et sur les états d’âme de notre équipe au fil de notre progression. Tout ceci participe à rendre l’univers que dépeint Children of Zodiarcs cohérent et, surtout, unique en son genre. Un petit exploit compte tenu de la taille du studio à l’origine de ce projet.
Children of Zodiarcs dévoile son jeu avec brio
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Children of Zodiarcs dévoile son jeu avec brio - 80%80%
Children of Zodiarcs dévoile son jeu avec brio
Children of Zodiarcs est une expérience compacte, qui va au bout de son concept et de son histoire, sans extensions et boursouflures inutiles. Bien qu’il ne soit pas exempt de défauts, pour la plupart liés à sa dimension de jeu indépendant à petit budget, le titre de Cardoard Utopia reste une porte d’entrée plus qu’intéressante pour qui veut s’essayer pour la première fois à un tactical RPG, tout en étant une bouffée d’air frais pour les habitués du genre.
Les +
- Une histoire courte, mais prenante
- Un système de combat huilé
- Le craft et le système des dés
- Une bande-son de qualité
- De nombreuses options facilitant l’ergonomie en jeu
- Des personnages attachants
- La très jolie direction artistique du titre
Les -
- Des ennemis et des environnements trop peu variés
- Quelques personnages secondaires en dessous du reste du casting
- Difficile parfois d’anticiper les déplacements et les zones d’effets des attaques de vos adversaires
- Une mise en scène un rien faiblarde