TT Isle of Man 2, plus fort en simulation que Cristiano Ronaldo – TEST

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Les sports mécaniques, ça n’a jamais été mon truc : je ne comprends pas comment quiconque peut s’amuser à regarder des véhicules parcourir un circuit, que ce soit durant une course ou, pire, du contre-la-montre. En revanche, les sports mécaniques en jeu vidéo, j’ai toujours adoré ça. Que d’heures passées sur le premier Gran Turismo, Moto GT et, plus récemment, Forza Motorsport et Horizon. Alors, quand notre cher rédacteur en chef m’a proposé de tester TT Isle of Man 2, je n’ai pas hésité avant de répondre par l’affirmative. J’étais prêt à enfiler mon casque et devenir le maître de l’asphalte. À gagner toutes les courses se présentant devant moi. Sauf qu’au final, c’est plutôt le jeu qui m’a roulé dessus.

Sous le casque intégral, il y a des mauvais garçons

TT Isle of Man 2, sous-titré « Ride on the Edge », est, comme son nom l’indique, sous licence du Tourist Trophy de l’Île de Man, une course qui se déroule tous les ans au mois de juin et qui est, selon les amateurs, rien de moins que la plus dangereuse du monde. Difficile de les contredire quand on voit que celle-ci a pris la vie de plus de 250 participants en un peu plus d’un siècle d’existence. Le jeu des français de Kylotonnqui nous ont déjà offert sur Switch le premier épisode d’Isle of Man, V-Rally 4 et WRC 8 – va bien vous faire ressentir toute l’impitoyabilité de cette course en vous proposant un gameplay rude et austère qui ne plaira qu’aux plus grands férus de simulation.

Si vous faites partie de cette catégorie, vous devriez donc vous régaler sur TT Isle of Man 2 : en effet celui-ci offre un mode Carrière plutôt fourni, qui vous mettra en charge de bien des aspects de la vie professionnelle d’un pilote : quel sponsor allez-vous choisir ? À quel course ou championnat allez-vous participer cette semaine ? Des choix qui vous permettront d’obtenir des récompenses plus ou moins importantes en fonction de la difficulté des challenges que vous vous imposerez – notez que j’ai gagné très peu de courses, malgré le fait que j’ai systématiquement opté pour les plus simples. Des choix, aussi, qui permettent de prolonger la durée de vie du titre en étalant votre carrière sur plusieurs années durant lesquelles vous allez – c’est du moins ce que le jeu espère – progresser et pouvoir vous confronter à des challenges de plus en plus ardus. Dommage que l’interface de ce mode complet soit assez bordélique et pas toujours très lisible, la faute, entre autres, à des textes beaucoup trop petits, à la fois en portable et en docké.

En crabe dans les nuages

Autre caractéristique intéressante du mode Carrière : la possibilité d’arrêter et de reprendre la course que vous étiez en train de faire à n’importe quel moment, une fonction bienvenue dans un titre où celles-ci durent généralement plusieurs dizaines de kilomètres et mettent vos nerfs à rude épreuve. Parce que oui, comme dit précédemment, TT Isle of Man 2 est un vrai jeu de simulation : même avec toutes les aides activées et en mode automatique, il vous demandera une précision folle, à la fois dans la gestion de votre vitesse et de vos courbes. Heureusement, celui-ci propose une option quasiment devenue norme dans les jeux de sports mécaniques : le fameux « tracé idéal », représenté par une ligne jaune au sol et qui vous indiquera quand vous allez trop vite pour prendre un virage. Mais, malgré cela, mes courses ont trop souvent ressemblé à un concours de gamelles que n’aurait pas renié Vidéo Gag.

Outre mon incompétence crasse, la faute en incombe aussi un peu à la manette de la Switch : en effet, contrairement à ses concurrentes, celle-ci ne propose pas de vraies gâchettes mais de simples boutons, ce qui ne permet pas de réellement doser la vitesse de votre moto. Vous appuyez, ça accélère, vous relâchez, ça n’accélère plus. C’est binaire. Ce n’est pas très gênant sur les jeux de courses arcade comme RISE : Race The Future ou Mario Kart 8 Deluxe, mais là, ça en devient presque rédhibitoire. Ce n’est pas la faute de Kylotonn, qui essaient au mieux de proposer des sensations de course correctes malgré ce gros inconvénient, mais le handicap de départ est peut-être trop grand, comme s’ils essayaient de faire un concours de drift avec un Kangoo.

Issu des quartiers douteux où c’est pas joli

Dès lors, recommander cette version Switch face à celles parues sur PlayStation 4 et Xbox One me semble compliqué, d’autant plus que ces dernières sont plutôt jolies, alors que la version dédiée à notre console hybride – qui sort près d’un mois après les autres – souffre d’un downgrade graphique conséquent. Les textures sont réduites à leur strict minimum, la lumière aussi, l’aliasing est foison (surtout en portable) et les bâtiments semblent tout droit sortis d’un jeu PlayStation 2. Heureusement, pas de clipping à signaler et le framerate est stable, mais ces graphismes simples jouent par moment en défaveur du titre, notamment lors des passages sous des arbres où il devient dur d’avoir une visibilité sur la course. Les temps de chargement sont aussi beaucoup trop longs et TT Isle of Man 2 fait la pire utilisation des vibrations HD que je n’ai jamais vue : celles-ci, heureusement réglables, sont beaucoup trop fortes et donnent à vos Joy-Con des allures de scie circulaire. Tout ceci laisse à penser que le portage du jeu aurait gagné à être confié à de vrais spécialistes : il n’est pas normal qu’un « simple » jeu de moto soit moins beau sur Switch qu’un open world gigantesque comme The Witcher 3.

En parlant de monde ouvert, TT Isle of Man 2 vous propose aussi un mode « conduite libre » qui vous permet d’explorer quelques routes irlandaises : ce n’est pas immense, on ne peut pas faire de hors-piste, mais cela permet de rouler de manière plus détendue, sans s’encombrer du stress d’une course. C’est aussi le mode idéal pour apprendre (ou essayer d’apprendre) à maîtriser le gameplay pointu du jeu. Bien entendu, un temps de chargement encore plus long qu’à l’accoutumée est nécessaire pour y accéder, mais c’est, cette fois-ci, presque compréhensible. Un mode multijoueur est aussi proposé : je n’ai pas pu tester celui en ligne, mais le mode local est une vaste blague, puisqu’il s’agit de contre-la-montre, chacun son tour. Pour des raisons de performances, sans doute ; c’est cependant assez inexplicable quand on compare les graphismes du jeu avec, par exemple, ceux de Mario Kart 8 Deluxe qui tourne pourtant en 1080p et 60fps en docké, même à deux. Reste un petit goût amer en bouche après avoir joué à TT Isle of Man 2, donc : à la fois l’impression qu’il n’était pas fait pour notre console et, en même temps, celle qu’il lui aurait sans doute été possible de faire mieux.

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Un jeu qui plaira beaucoup aux trois personnes à qui il s'adresse
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Un jeu qui plaira beaucoup aux trois personnes à qui il s'adresse

Avec cette version Nintendo Switch, TT Isle of Man 2 passe de « jeu de niche » à « jeu d’ultra-niche », qui ne vous intéressera qu’à condition que vous aimiez les simulations pointues et ne possédiez ni PlayStation 4, ni Xbox One pour y jouer dans de meilleures conditions. S’il est bien plus moche qu’il ne devrait l’être, on ne peut néanmoins pas nier les efforts fournis par Kylotonn sur le gameplay, qui vous fera bien ressentir le poids et la dangerosité de l’engin que vous chevauchez. Les pilotes exigeants apprécieront, tandis que les autres continueront à regretter l’absence d’un jeu de sport mécanique AAA sur notre console.

Les +

  • Bonnes sensations de conduite
  • Très réaliste
  • Mode carrière bien fourni
  • Conduite libre agréable
  • Les (rares) voix sont en français

Les -

  • Très, très difficile
  • Mode multijoueur inutile
  • Vibrations par défaut insupportables
  • Techniquement à la ramasse
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lunapolitana
1520 articles

Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.