Artisan du style Musou, Koei Tecmo a depuis longtemps répandu sa vision de la guerre à travers une pléthore de jeux relatant les conflits opposants d’innombrables armés ennemis. Après des variations telles que One Piece Pirate Warriors ou Dragon Quest Heroes, l’éditeur japonais s’est penché sur un filon encore non exploité : les licences Nintendo. C’est ainsi que naquît en 2014 Hyrule Warriors, un audacieux mariage unissant The Legend of Zelda et le style musou. Après une réédition du jeu baptisée Legends sur Nintendo 3DS en 2016, les guerriers hyliens reviennent sur le champ de bataille sur Nintendo Switch dans Hyrule Warriors : Definitive Edition. Avons-nous là un portage pertinent de la part de Koei Tecmo ou bien la guerre pour la Triforce aurait-elle du se cantonner à la génération précédente ? Réponse immédiate !
Avant toute chose, un petit récapitulatif de ce qu’est un musou. Sous ce terme japonais se cache un genre de jeu très particulier au sein duquel vous dirigez les généraux d’une armée sur un vaste champ de bataille pour défaire votre ennemi. Ainsi, des centaines, voire des milliers d’ennemis, pullulent sur la carte et sont prêts à tout pour entraver votre campagne. La particularité réside dans la division de la carte en forts, avant-postes et bases qui font office de points stratégiques. En prenant ceux-ci, vous diminuez l’arrivée des renforts ennemis et augmentez vos troupes régulièrement. En clair, il s’agit d’une invitation à vous initier à l’art de la guerre (selon Koei Tecmo) et à massacrer allègrement les rangs ennemis.
Mais comment un musou pourrait-il s’imbriquer dans une série aussi légendaire que The Legend of Zelda ? Le moins que l’on puisse dire est que Koei Tecmo avait relevé un pari osé en s’attaquant à une des séries les plus appréciées, et sacralisées, des joueurs. Et pourtant, le prolifique éditeur est parvenu à donner un résultat plutôt convainquant. D’emblée, Hyrule Warriors impressionne par son contenu. Avec une foule de modes de jeu, d’innombrables objets à collectionner et une quantité astronomique de défis à relever, le cross-over peut se targuer d’occuper le joueur pendant plusieurs dizaines d’heures, voire plusieurs centaines pour les plus acharnés.
Dans le Mode Histoire d’Hyrule Warriors, Link devra affronter la diabolique Cya, une prodigieuse sorcière profondément amoureuse de notre héros mais influencée par Ganondorf qui réussit à rassembler les trois fragments de la légendaire Triforce. De fait, elle parvient alors à ouvrir des portails entre les différents univers et les différentes époques que les fans de la série reconnaîtront immédiatement et ainsi à faire venir toutes sortes de créatures répugnantes qui commencent à envahir le royaume d’Hyrule. Mais en parallèle des monstres qui arpentent la terre, les héros de la série sont également de la partie et débarquent pour vous prêter main forte ! Vous l’aurez compris, Hyrule Warriors mise en grande partie sur un vaste fan-service qui ravira les amateurs de la série de Shigeru Miyamoto avec un scénario somme toute crédible et en accord avec l’esprit de la saga.
Au total, 29 personnages sont disponibles, certains disposant de plusieurs armes ce qui change radicalement leur manière de combattre. Il vous est ainsi possible de brûler vos ennemis jusqu’aux os grâce à Link et sa baguette de feu, mais également de les hacher menu avec le sabre d’Impa ou encore de libérer la puissance du Crépuscule grâce aux pouvoir de Midona. Hyrule Warriors parvient à proposer une véritable diversité de gameplay qui vous permet de tester une multitude de personnages et de trouver sans problème votre favori. Le scénario, qui vous occupera au bas mot une trentaine d’heures, peut se rejouer à l’infini grâce au Mode Libre qui vous permet de refaire chaque bataille avec n’importe quel personnage, l’intérêt résidant surtout dans le fait d’utiliser votre personnage favori pour mettre la main sur tous les objets à collecter tels que les Skultullas d’Or, les costumes ou autre quarts de cœur mais également d’essayer un ou deux niveaux de difficulté supérieurs.
Au terme de cette quête épique ponctuée de cutscenes plutôt agréables à l’œil, vous aurez la possibilité d’attaquer le Mode Aventure qui est sans conteste le plus gros morceau du titre. Dès le départ, la nostalgie envahira les fans de la première heure : reprenant l’aspect visuel de The Legend of Zelda premier du nom paru sur NES, le Mode Aventure se présente comme une succession de défis à relever sur une gigantesque carte du monde divisée en cases, chaque case représentant une bataille à mener. Avec divers objectifs (éliminer 2000 ennemis en moins de 10 minutes, vaincre trois Boss en même temps avec un seul cœur…) et des récompenses en tous genres, il y a là de quoi s’occuper pendant de longues heures de jeu. La progression sur la carte requerra l’utilisation de cartes objets (boussole, bougie, harpe…) pour « révéler » le défi de la case. Le Mode Aventure vous propose ainsi plusieurs cartes à thème, certaines imposant des conditions très particulières. Par exemple, la carte inspirée de Majora’s Mask vous faut composer avec la chute imminente de la Lune, une menace bien connue des aficonados de cet opus.
Au cœur de la bataille, de nombreux objectifs viennent rythmer votre partie : plutôt variés ils permettent de pallier la redondance du gameplay qui risque fatalement de s’imposer à terme. La plupart d’entre eux sont obligatoires, mais certains chapitres vous proposent des objectifs secondaires optionnels qui vous faciliteront la tâche une fois remplis. Heureusement cette diversité de mission alliée aux nombreux personnages atténue cette impression et renouvelle régulièrement la manière de jouer. On apprécie notamment la possibilité d’alterner à tout moment entre vos différents personnages présents sur le champ de bataille, une fonctionnalité absente dans la version Wii U et introduite dans la version 3DS. De plus, il vous est possible de donner des ordres aux personnages que vous ne contrôlez pas tels que « Se rendre d’un point A à un point B » ou « Attaquer tel ennemi ». Ceci vous permet alors de vous concentrer sur votre tâche en cours et d’intervenir rapidement en cas de problème avec vos alliés. Notons également la possibilité de se téléporter à certains points de contrôle symbolisés par une statue de hibou, une autre référence qu’apprécieront les fans. Ajoutons à cela la richesse des cartes proposées allant du Volcan d’Ordinn à Célesbourg en passant par des lieux inédits, et vous pouvez dès lors être assurés de ne jamais vous ennuyer. Des combats de Boss viennent parfois achever la mission en cours : ces joutes reprennent bien entendu les codes de Zelda en apportant le système du point faible mais surtout de l’utilisation d’un objet spécifique pour rendre votre adversaire vulnérable : le Roi Dodongo est sensible aux bombes, tandis que Pyrodactylus fuitt le grappin la peste. Multipliant ainsi les easter-eggs jusque dans les moindres détails, Hyrule Warriors s’adresse aussi bien aux amateurs de The Legend of Zelda qu’aux professionnels du genre musou.
D’autres modes de jeu viennent offrir de nouvelles expériences : alors que le Mode « Défi des Boss » vous permet d’affronter des ennemis bien connus de Link et ses amis, le Mode Ganon vous permet de libérer vos pulsions destructrices en contrôlant directement le Roi Démon sous sa forme bestiale. De véritables combats de titans seront ainsi de la partie quand le jeu opposera notre Empereur du Mal aux Boss autrefois à son service ! Un Mode Défis est également au programme vous permettant de gagner des Rubis à foison. Ceux-ci seront indispensables pour faire progresser vos héros : grâce à un simili d’arbres de compétences, il vous est possible d’ajouter de nouveaux combos dévastateurs à vos personnages mais également de renforcer leur défense face à certains éléments. Cette dimension RPG est également tangible par un système de points d’expérience que vous gagnez en abattant vos ennemis, permettant alors de gagner des niveaux et donc de la force.
Autre fonctionnalité plutôt plaisante : le Jardin des Fées. Si habiller d’adorables petites fées est une idée qui vous séduit, Hyrule Warriors vous propose de customiser et de prendre de soins de ces petites créatures ailées qui en remerciement pourront vous procurer divers bonus lors d’une bataille.
D’un point de vue technique, cette Definitive Edition s’impose d’office comme la meilleure version d’Hyrule Warriors : 1080p/ 60fps en TV avec des décors bien plus lumineux que sur Wii U et 720p en Nomade, idéal pour tailler en pièce vos ennemis où que vous soyez ! On remarque une modélisation des personnages particulièrement soignée qui contraste avec quelques décors parfois un peu datés. L’ensemble est coloré, lumineux et rend tout à fait hommage à l’esprit de The Legend of Zelda.
Koei Tecmo propose également d’écouter des reprises endiablées des principaux thèmes de la série en plus de compositions inédites. Certaines se détachent de l’ensemble et sont très agréables à entendre en pleine bataille (Focal Line vous donnera notamment une merveilleuse sensation de puissance !).
Alors ce portage est-il réellement pertinent ? Concrètement, cela dépend de votre expérience passée avec ce cross-over. Si vous avez d’ors et déjà acheté tous les DLCs disponibles des versions précédentes, on ne saurait vous conseiller de passer à la caisse : même si le Mode Coopératif (seule véritable nouveauté de cette version Switch) est plaisant de prime abord, il ne justifie pas à lui seul le rachat du titre. En revanche, si vous n’avez jamais joué ) Hyrule Warriors ou bien que vous avez seulement profité de la version de base sans les multiples DLCs parus, un achat semble tout à fait pertinent. Le contenu ajouté par rapport à la version de base augmente sensiblement la diversité de gameplay et la durée de vie et vous promet de longues et intenses batailles, que ce soit sur votre écran TV ou au fond de votre lit ! La difficulté du titre vous offre un vrai défi à relever, certaines batailles mettant clairement votre stratégie et vos capacités à l’épreuve.
Avis final
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Avis final - 85%85%
Résumé
Fan-service, diversité, couleurs, challenge… Tout est là pour plaire ! Aussi bien les amateurs de musou que de The Legend of Zelda seront conquis par cet heureux mariage de Koei Tecmo. Là où Fire Emblem Warriors s’était pris au piège en proposant trop de personnages maniant l’épée, la richesse de l’univers Zelda va à merveille au style de Koei Tecmo et permet un résultat très convainquant. On mettra en doute la pertinence de ce portage concernant les joueurs ayant déjà saigné le titre aux quatre veines, mais tout néophyte d’Hyrule Warriors peut d’ors et déjà bondir dessus les yeux fermés !
Note des lecteurs :
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Un très bon jeu pour les amateurs de musou !
L’univers de Zelda est très bien transposé dans ce Dynasty Warriors-like.
Le fan service est très présent mais également bien pensé.
Le mode Aventure est clairement le mode où l’on passera le plus de temps, surtout si on veut débloquer tous les personnages, toutes les armes et toutes les tenues.
J’ai dépassé la cinquantaine d’heures de jeu en ayant terminé le mode Légende et en ayant à peine entamé le mode Aventure, et je ne me suis pas encore lassé 🙂