En 2007, Crytek proposait aux possesseurs de PC de sauver la planète en prenant part à la folle aventure de Crysis. Près de 15 ans plus tard, de nouveaux sauveurs de l’humanité sont requis depuis la sortie de Crysis Remastered qui, pour l’occasion, fait un passage sur Nintendo Switch. Alors que Crysis fut pendant longtemps LA référence phare en terme d’excellence technique, comment se porte cette refonte sur la console hybride ?
La Guerre des Rondes
Quand on voit la jaquette de Crysis avec cet homme lourdement armé en combinaison ultra-technologique, on sait d’office qu’une histoire des plus mouvementées se prépare. Vous êtes Nomad, membre de l’équipe Raptor des Forces Spéciales américaines. Sur ordre de votre hiérarchie, vous êtes envoyés avec vos coéquipiers dans un archipel en mer de Chine afin d’y sauver un groupe d’archéologues retenus en otage par la Corée du Nord. Une fois sur l’île, vous vous retrouvez face aux forces de l’Armée Populaire de Corée (APC) dans une sorte de caricature grossière d’un affrontement de l’Amérique, défenseur de la liberté, de l’amour et des petits oiseaux, face à un diabolique dictateur amateur de torture et certainement de pizza à l’ananas.
Dans les faits, le scénario est davantage de l’ordre d’un sympathique nanar patriotique que d’un chef-d’oeuvre de Christopher Nolan. Néanmoins, retenons ici qu’il s’agit d’un jeu et non d’un film, ce qui fait que l’histoire a beau être nulle, elle reste un prétexte parfait pour prendre part au joyeux bordel qu’est Crysis grâce à un gameplay excellent.
Et bim, bam, boum !
Car en tant que Nomad, vous n’êtes pas un soldat ordinaire. Crysis met certes à votre disposition toute une kyrielle d’armes à feu, allant du pistolet au lance-missile en passant par des grenades à fragmentation, mais des actions un peu plus poussées sont également possible. Je mentionnais la combinaison sur la jaquette : c’est justement cette dernière (une nanocombinaison très exactement) qui fait de Nomad un véritable transhumain. Cette tenue, en plus d’être élégante, vous permet de devenir invisible via son Mode Camouflage, d’être invincible grâce au Mode Armure et aussi de sauter, courir et frapper comme un véritable démon via ses Modes Forces et Vitesse.
Tout a ses limites cependant et la nanocombinaison ne fait pas exception puisque l’utilisation du camouflage et de l’armure dépend d’une jauge d’énergie qui a tendance à se vider très rapidement. Un aspect intéressant est que la jauge se vide plus ou moins vite selon vos actions : en Mode Camouflage, l’énergie est consommée bien plus rapidement si vous courrez ou sautez au lieu de rester immobile ou si vous marchez lentement. La gestion de l’énergie est donc un élément clé de votre victoire sans être trop contraignante puisque les batteries se rechargent seules sans nécessiter de dénicher une pile ou autre objet dans les décors du jeu.
Votre nanocombinaison ne sera pas de trop puisque vous aurez à faire face à de nombreux ennemis dont les forces de l’APC ne représentent que la moitié. Je n’en dirais pas plus pour ne pas vous spoiler mais attendez-vous à une grande variété dans les combats à mener : Crysis s’ingénie à vous mettre dans des situations assez différentes en ajoutant de nouveaux ennemis ou des contraintes extérieures telles que les trois grandes parties du jeu sont suffisamment variées pour ne pas lasser. En bref, on ne s’ennuie jamais dans Crysis. Par contre, on s’amuse beaucoup au cours des huit heures qu’il vous faudra pour boucler la campagne, au point de regretter l’absence d’un mode multijoueur !
Toutes nos péripéties sont épiques, rythmées par une excellente bande-son digne des blockbusters américains. Le jeu propose d’ailleurs une certaine rejouabilité, notamment pour les plus déterminés, avec le mode de difficulté Delta qui repoussera vos limites.
Un autre élément très plaisant est l’interactivité entre le joueur et les environnements. Vous pouvez par exemple attraper à peu de chose près n’importe quel objet pour le balancer sur un ennemi. Vous avez même la possibilité d’attraper un adversaire (le tuant sur le coup) et d’utiliser son cadavre comme projectile (promis c’est moins glauque en jeu et je ne suis a priori pas un psychopathe). De nombreux éléments du décor peuvent être détruits comme les arbres mais une bonne partie des abris de fortune que vous pourrez vous trouver. Il est en effet arrivé plus d’une fois qu’une vieille baraque pourrie ne s’effondre sur moi alors que je tentais de me protéger des projectiles d’un tank furieux. De fait, on meurt souvent dans Crysis. Ou peut-être juste que je suis mauvais.
Des environnements qui s’en sortent bien sur Switch
À l’époque de sa sortie, Crysis avait impressionné les joueurs et la critique par sa qualité visuelle. En 2021, l’effet est forcément moins saisissant, d’autant qu’il s’agit ici d’un remaster et non d’un remake. Cependant, on peut comprendre pourquoi il fut ensuite systématiquement utilisé comme référence graphique car Crysis est caractérisé par un sens du détail très poussé. Entre la lumière qui filtre à travers la végétation, les balles qui font soulever les feuilles des arbres et le givre qui recouvre les armes à feu dans les zones glaciales, on voit qu’un véritable travail d’orfèvre a été réalisé.
La variété et le dynamisme de Crysis se reflètent également dans la diversité des environnements. Je ne dirai pas pourquoi pour éviter de spoiler mais vous évoluerez à travers une forêt tropicale, des camps militaires mais aussi des structures entièrement mécaniques et même des paysages dignes des plus terribles périodes glaciaires. Encore une fois, on ne s’ennuie jamais.
Fatalement, ce n’est pas sur Switch que Crysis Remastered resplendit le plus mais force est de constater que le rendu global est plutôt satisfaisant. Cette version mise sur une résolution dynamique qui a tendance à baisser dans les moments les plus intenses, de même pour le framerate qui maintient péniblement les 30 fps. Néanmoins, je n’ai pas été spécialement gêné par cet aspect des choses : le travail réalisé sur ce remaster reste suffisant pour profiter de l’expérience en toute sérénité et on passera outre les textures baveuses et les quelques modèles 3D relativement laids. Je pardonne beaucoup plus difficilement les bugs et le crash survenus au cours de mes parties : que la Switch ait du mal à afficher de la 4K/60 fps est une chose, un jeu qui plante en cours de partie en est une autre.
Crysis Remastered, la star du shooter sur Switch - TEST
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La Switch hérite d'un shooter exaltant - 80%80%
Résumé
Crysis Remastered sur Switch est tout à fait plaisant. On prend part à l’histoire nanardesque avec un grand plaisir pour affronter les hordes d’ennemis grâce à un gameplay jouissif et très inventif. Bien sûr, ce portage n’est pas au mieux de sa forme sur Switch avec une résolution et un framerate qui ne seront jamais au niveau des autres plateformes, mais les sensations sont présentes et on s’amuse beaucoup ! Un classique du genre à faire impérativement.
Les +
- Un gameplay excellent
- Une grande diversité d’armes, d’ennemis et d’environnements
- De bonnes sensations
- Une bande-son épique !
- Un grand sens du détail graphiquement parlant
Les -
- Techniquement largement en-deçà des standards sur Switch
- Des bugs et des crashs