Après un Hyrule Warriors: l’Ère du Fléau très fun, mais qui ne brillait pas par sa technique, le studio Omega Force a sorti il y a quelques jours un nouveau musō sous licence Nintendo sur Switch. Un deuxième Fire Emblem Warriors, qui lâche le côté “best of” pour se concentrer uniquement sur l’épisode Three Houses, celui qui a réconcilié tous les fans de la franchise. Un nouveau jeu qui tente de marier l’action quelque peu bourrine du musō, la stratégie propre à un Fire Emblem classique et la surcouche sociale qui avait fait le propre de Three Houses. Êtes-vous prêts, une fois encore, à vous battre pour sauver les soldats auxquels vous vous êtes attachés ?
La cuisine des musōquetaires
Ce nouveau jeu d’Omega Force est mon troisième musō de l’année, mais il est peut-être votre premier, alors commençons par un petit rappel : inventé par le studio avec Dynasty Warriors 2 en 2000, ce sous-genre du hack and slash vous fait incarner un valeureux héros qui découpera du soldat ennemi à la pelle dans les désormais fameuses batailles à “un contre mille“. Si l’on accuse souvent les Warriors de stagner et d’être répétitifs, Fire Emblem Warriors: Three Hopes essaie d’un peu renouveler le genre en s’inspirant notamment du spin-off Empires (dont le dernier représentant, Dynasty Warriors 9 Empires, est sorti sur notre console cette année) mais aussi, évidemment, de Three Houses. C’est d’ailleurs là l’une des principales qualités de ce jeu qui se vit comme une généreuse bouchée de fan service qui ne laissera pas les amateurs sur leur faim. On y retrouve toujours cette volonté de parfaitement caractériser chaque personnage, quitte à forcer parfois le trait, de façon à s’attacher à chacun, et ces interactions sociales poussées, à la Persona – même si, attention, pas de romance possible cette fois-ci.
Passer à côté de l’aspect roleplay du titre, c’est en perdre la substantifique moelle : il vous faudra vraiment vous investir dans chaque personnage, bien lire les dialogues, penser à leur offrir des petits cadeaux, à leur faire la popote ou à partir vagabonder avec votre nouveau BFF en forêt pour apprendre à mieux le connaître. Bref, prendre soin de vos unités de manière personnelle, mais aussi professionnelle, en gérant pour chacun l’entraînement, la meilleure classe et l’équipement (qui peut, ô bonheur, être optimisé automatiquement sur la simple pression d’un bouton). Équilibrer les niveaux de chacun s’avèrera aussi important car les affrontements se déroulent toujours selon le principe du pierre-feuille-ciseaux cher à la licence (chaque classe bénéficiant d’un avantage contre certaines mais d’une faiblesse contre d’autres), et que vous ne saurez jamais à l’avance de quelle unité vous aurez besoin lors de la prochaine bataille. Le gameplay changeant quelque peu entre chaque classe, passer d’un personnage à l’autre permet aussi de ne jamais s’enliser dans une trop grande répétitivité lors des combats.
Bastons et bastions
Tout cet aspect social de Fire Emblem Warriors: Three Hopes passe par le campement, véritable hub du jeu qui vient remplacer le monastère de Garreg Mach. Un peu plus petit, proposant du fast travel pour tous les points d’intérêt, il est, malgré la quantité de choses à y faire, relativement respectueux du temps du joueur. Et tant mieux, car en plus de le faire vivre, il vous faudra aussi le faire prospérer, grâce aux divers matériaux trouvés lors des missions principales ou annexes : avec vos bâtiments, c’est votre habileté en cuisine, la puissance de vos armes ou encore les capacités de vos soldats qui s’en trouveront améliorées. Ce dernier point est particulièrement important, car rajouter une barre de capacité spéciale ou la possibilité d’utiliser plus de potions (à la Dark Souls) s’avèrera primordial pour réussir les missions, atteindre le tant convointé rang S et, surtout, éviter de perdre un personnage que l’on aime bien. Car oui, le permadeath fait son retour – de manière certes optionnelle. On l’active, un peu par habitude, pour se persuader de jouer comme il faut, mais en réalité cette option devient de plus en plus anachronique, puisque la très grande majorité des joueurs recommenceront simplement la mission en cas de mort d’un personnage.
Les missions, d’ailleurs, parlons-en : une fois sur le champ de bataille, Fire Emblem Warriors: Three Hopes se mue en un musō bien plus conventionnel, avec un terrain de jeu aux multiples embranchements, avec héros à occire, bastions et bases à conquérir. Chacun de vos personnages est équipé de deux coups spéciaux, qui consomment la jauge de durabilité de votre arme, un mode éveil qui démultiplie votre force, ainsi que d’une attaque spéciale à activer en remplissant votre “jauge de guerrier“. Les ennemis, quant à eux, disposent d’une garde à briser : une fois cela accompli, vous pourrez envoyer une attaque dévastatrice qui emportera tous les ennemis environnants sur son passage. Il est néanmoins à noter que les personnages contrôlés par l’IA n’utiliseront pas leurs capacités automatiquement, ce qui vous obligera à jouer au petit général pour finir les missions le plus vite possible. À vous de répartir vos unités sur le terrain en fonction de leurs forces et faiblesses et de passer de l’une à l’autre – de manière fluide – afin d’éliminer les ennemis rapidement ou les sortir d’une mauvaise passe. Cela ajoute un petit côté RTS pas déplaisant et vous obligera à appréhender la bataille dans son ensemble au risque de voir vos partenaires s’effondrer comme des mouches.
Un Shez un peu bancal
Le choix de ces missions s’effectue au travers d’une carte qui changera au début de chaque chapitre : celle-ci indiquera la position du campement, l’objectif principal, ainsi que tout un tas de petits objectifs secondaires sous la forme d’autant de petits territoires à conquérir. Suivre l’ascension de votre maison de prédilection (je suis personnellement resté fidèle à mon premier choix dans Three Houses et suis parti sur les Aigles de Jais) dans cette histoire alternative, qui vous place dans la peau d’un nouveau protagoniste, Shez, là où Byleth est le méchant, est agréable à suivre, le bonheur de compléter chacune des cartes du jeu pourra céder la place à un certain agacement si, comme moi, vous êtes un tant soit peu complétionnistes. Même si l’on évite le syndrome de la carte surchargée d’Hyrule Warriors: L’Ère du Fléau, chaque chapitre est assez long si on vise le 100%, entre missions secondaires, annexes et cachées. On ne pourra que vous conseiller d’espacer vos sessions de jeu afin de ne pas sombrer dans la lassitude, bien que le côté fun et léger du musō l’emporte toujours au final. Un peu trop long pour son bien, chacune des trois routes de Fire Emblem Warriors: Three Hopes vous prendra entre 30 et 45h à finir.
Bien heureusement, ces dizaines d’heures de jeux sont ponctuées d’une bande-son d’excellente facture qui remixe allègrement les plus grands morceaux de Three Houses et nous insuffle ce souffle épique qui sied bien aux enjeux d’envergure qui se présentent à nous. À ce stade, les amateurs du deuxième Hyrule Warriors, dont le framerate était aussi bancal que sa proposition artistique était magnifique, s’interrogent sûrement sur l’aspect technique du jeu. J’ai donc une bonne nouvelle à vous communiquer : fort de graphismes moins pimpants et en l’absence d’anti-aliasing (ce qui se voit tout de même pas mal), le titre d’Omega Force est rarement pris en défaut et ne tombe pour ainsi dire jamais en dessous des 30 fps, le tout en affichant une image à une résolution presque maximale. Mais alors que le titre aurait pu tourner en 30 fps stables, Omega Force a fait le choix curieux de ne pas capper le framerate : cela nous donne un titre qui varie souvent entre 30 et 50 fps, ce qui pourra poser problème aux personnes sensibles au judder. Bien entendu, cela pourra permettre au jeu de tourner en 60 fps si d’occasion une Switch plus puissante venait à voir le jour, mais offrir aux joueurs la possibilité de choisir aurait été plus agréable. Cela ne suffit cependant pas à gâcher notre plaisir dans cette aventure que l’on pourra recommander à tous les fans de Three Houses, mais aussi de bons musō.
Fire Emblem Warriors: Three Hopes table sur Shez
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Par et pour les fans de Three Houses - 80%80%
Par et pour les fans de Three Houses
Fire Emblem Warriors: Three Hopes nous prouve une fois encore que le genre du musō fonctionne encore et toujours, mais surtout qu’il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il est couplé avec les licences de Nintendo. Loin d’utiliser Three Houses comme un simple décor, le nouveau titre d’Omega Force est une véritable lettre d’amour à ce dernier et tente de faire en sorte que les fans se sentent chez eux malgré les changements évidemment substantiels dans le gameplay, et ce, jusqu’à imiter la durée de vie pharaonique de son aîné. Si le genre ne vous rebute pas, vous avez là un jeu estival très solide, jouable seul à deux lors de sessions courtes.
Les +
- La puissance du musō presque à son paroxysme
- Techniquement, du mieux par rapport à L’Ère du Fléau
- Très addictif
- Tout l’univers de Three Houses est bien retranscrit
- Excellente bande-son
- Doublages anglais toujours réussis
Les -
- Pas de framerate cap
- Trop long pour son propre bien
- L’aliasing bien visible
Vraiment très très bon ce Warriors, le mélange muso et Fire emblem passe très bien, bien mieux que le premier, même si il reste très bon aussi.
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“Capper le framerate ” et “judder” ???? Comprends pas. Désolé hein ?