Super Mario Bros. Le Film, notre critique

Après l’échec retentissant de l’adaptation live action de 1993, aussi éloignée que possible de l’univers présenté dans les jeux vidéo, il n’est pas étonnant que Nintendo ait attendu trente ans avant de se relancer dans l’aventure d’une adaptation cinématographique de l’un de leurs jeux. Mais la firme a profité de l’ouverture d’une zone thématique dans deux parcs Universal pour travailler avec Illumination (studio d’animation parisien propriété de Comcast, maison-mère de NBCUniversal) sur un nouveau film Super Mario Bros, prévu comme le possible début d’une franchise cinématographique. Sorti aujourd’hui, et quelque peu descendu par les critiques, la nouvelle aventure des frères moustachus sur grand écran a pourtant réussir à nous conquérir.

Dès le début, le film nous prévient : avec la présence du logo Nintendo dans le générique ainsi que celle de Shigeru Miyamoto à la production, tout ce que vous allez voir a été validé et supervisé par le constructeur afin de garantir un pur respect de la licence, mais aussi de la qualité. Et l’on constate rapidement que ce dernier point est bien atteint : alors qu’Illumination est généralement synonyme de productions un peu au rabais, Super Mario Bros. Le Film a pris son temps afin de délivrer un film dans le haut du panier des standards de l’industrie. La différence se marque surtout au niveau des environnements, bien détaillés et vivants, mais aussi d’une réalisation qui sort du classicisme habituels des films du studio. Malgré les très sympathiques et expressives animations des personnages, on regrettera en revanche un peu le manque de cachet de l’œuvre, alors que les jeux auraient pu se prêter à une proposition visuelle plus marquée, à la Grande Aventure Lego.

Mais l’on saluera avant tout les efforts du studio, qui dépasse largement les attentes placées en lui, probablement grâce à l’implication des équipes de Nintendo. Implication que l’on sent aussi dans la véritable avalanche d’easter eggs que le film nous envoie et qui donneront la banane à tous les fans des jeux Mario (et de l’univers Nintendo en général) : on ne divulgâchera rien par respect, mais vous allez sans doute passer 90 minutes à vous dire « mais je reconnais ça ! », tel une version vivante du meme de DiCaprio devant sa TV. Là où le bât pourra un peu blesser pour le très grand public, c’est que Super Mario Bros. Le Film demande une petite connaissance de l’univers des jeux pour être apprécié et bien compris : on pourra néanmoins argumenter que l’univers de Mario est tellement connu que nul n’ignore aujourd’hui l’effet d’une carapace verte ou d’un champignon rouge.

Classique au possible, le scénario ne s’attarde pas trop sur son caractère d’isekai et préfère se concentrer sur un parcours de héros sans risque mais agréable à suivre et, surtout, très bien rythmé. Avec un runtime de 90 minutes, personne ne devrait s’ennuyer, y compris les plus petits : c’est sans doute là que l’expertise d’Illumination dans la création de films familiaux efficaces a été mise à profit. Si l’histoire dont on peut deviner tous les détours ne surprendra personne, la galerie de personnages truculents pourra en revanche vous étonner : des premiers rôles aux plus petits, tout le monde a une personnalité marquée et attachante, d’autant plus soulignée par un doublage français aux petits oignons (avec notamment une performance parfaite de Jérémie Covillault en Bowser), et l’on a hâte de les retrouver dans la possible suite teasée en fin de générique.

Rayon musique, on sera heureux de reconnaître certaines des compositions des jeux, malheureusement souvent trop retravaillées par Brian Tyler à la sauce faussement épique, pour un résultat un peu plus oubliable que celui proposé par les œuvres de base. N’aurait-il pas mieux fallu directement utiliser les compositeurs de Nintendo, parfaitement capables de délivrer des morceaux mémorables ? Au rayon musical, on regrettera aussi un ensemble de musiques licenciées vues et revues (et utilisées à tort et à travers) qui ne servent strictement à rien sinon à répondre à un cahier des charges très hollywoodien. Encore une fois, on peut se poser la question si une musique tirée de Mario Kart n’aurait pas été plus adaptée à une scène basée sur la licence, plutôt que d’utiliser du AC/DC ? On a parfois l’impression que les équipes de production ont été paralysées par la peur de ne pas être assez grand public, et on espère très fort que le probable succès de ce très sympathique Super Mario Bros. Le Film les incitera à être un peu plus audacieux et vidéoludiques sur une suite.

La bande-annonce de Super Mario Bros. Le Film