20 ans auparavant, Intelligent Systems charmait les stratèges en herbe avec Advance Wars et Advance Wars 2: Black Hole Rising. 20 ans plus tard, et malgré un calendrier de sorties compliqué en raison du contexte en Ukraine, Advance Wars 1+2: Re-Boot Camp débarque sur Switch avec une intense refonte des épisodes GameBoy Advance. Mais rejoindre le front en vaut-il toujours la chandelle ?
Comme air de déjà vu
Si vous êtes un amateur de Fire Emblem, vous ne serez probablement pas dépaysé en lançant les premières missions d’Advance Wars et pour cause : les deux séries sont issues du même studio. Une nuance néanmoins : si le jeu de base et son gameplay sont une création d’Intelligent Systems, c’est au studio WayForward (derrière les excellents jeux Shantae) que nous devons ce Re-Boot Camp. Pas de panique pour les puristes et les nostalgiques : le fond reste le même.
On retrouve donc ce gameplay tactique où vous devez des unités sur une carte divisée en cases à la manière d’un jeu d’échec. En l’occurence, vos pions seront ici des éléments militaires que l’on peut répartir en trois catégories : terrestres (infanterie, tank…), aériennes (avions, hélicoptères) et marines (navires et sous-marins). En fonction de la topologie du terrain, votre but sera de vaincre le général d’une armée ennemie en exploitant astucieusement vos propres unités. La plupart du temps, vous pourrez obtenir la victoire de deux façons : soit éliminer toutes les unités de votre adversaire, soit capturer son QG. À noter que chaque carte comporte des bâtiments (ville, base, aéroport, pont) que vous pourrez capturer pour vous fournir en nouvelles unités moyennant finances.
Contrairement à Fire Emblem qui mise davantage sur son scénario, vos unités resteront très impersonnelles et aucune n’aura une personnalité propre. Ce ne sera pas Franck, le conducteur de tank mais plutôt “Tank n°3” aux côtés de “Croiseur n°5”. Les plus romanesques d’entre vous y verront un manque de personnalité tandis que les plus sensibles seront heureux de ne pas avoir à verser une larme à la moindre perte, c’est au choix !
Néanmoins, vous pourrez tout de même profiter des généraux qui font office de protagonistes dans la Campagne du jeu : Andy; Max et Sami représentent l’armée d’Orange Star et affronteront les armées de quatre autres pays décidés à en découdre. L’intrigue globale de la Campagne est relativement en retrait mais on se contente très bien des caractères marqués des différents généraux qui suffisent à ajouter un soupçon d’empathie grâce à un chara-design de qualité.
L’art de la guerre, par Advance Wars
Cette intrigue basique permet de faire place à une dimension stratégique très poussée. Grâce à une prise en main progressive et la multiplication de tutoriels simples et rapides, on a tôt fait de comprendre l’art de la guerre façon Advance Wars.
Chacune de vos unités est soumise à un ensemble de règles et de contraintes qui feront à la fois ses forces et ses faiblesses. Les unités d’infanterie peuvent capturer des bâtiments mais se retrouvent rapidement dans la sauce face à un tank. Un bombardier massacrera la plupart des unités au sol mais fera moins le malin face à une unité DCA, spécialiste pour abattre les unités aériennes. Ce lot de forces et de faiblesse fait tout le sel des batailles d’Advance Wars dont la variété vous confrontent à des situations en perpétuel renouvellement. Pour la faire courte, on ne s’ennuie jamais malgré l’aspect laborieux de certaines mécaniques comme la capture des bâtiments.
Au-delà de vos unités, d’autres éléments viennent rythmer les affrontements. Chaque général dispose d’affinités spécifiques avec certains types d’unités ce qui les renforcera tandis que d’autres seront moins efficaces. De plus, un pouvoir unique leur est également attribué, souvent cohérent avec leurs affinités : Max, l’archétype du fonceur au coeur tendre est particulièrement doué avec les unités de combat direct (sous-entendu, qui ne peuvent attaquer à distance) et son pouvoir leur donnera un boost de puissance à même de faire trembler les plus féroces armées. De plus, la météo et la topologie du terrain auront également une influence : par exemple, parquer une unité terrestre dans une ville lui offrira une meilleure défense face aux assauts ennemis.
Un autre point est la difficulté globale d’Advance Wars. Soyons clair : le jeu ne vous fera pas de cadeau. Deux modes de difficulté vous sont proposés : Classique et Facile. La principale différence réside dans le nombre d’unités qui seront mises à votre disposition et du type d’unités déployées par votre adversaire. Des tanks moyens en Classique seront parfois remplacés par des tanks standards en Facile.
Une leçon de stratégie et d’humilité
Et pourtant, même le plus bas niveau de difficulté vous réserve des batailles retorses et passionnantes où vous devrez prendre garde au moindre faux pas. Très punitif dans son genre, Advance Wars n’hésite pas à sanctionner chacune de vos erreurs en éliminant impitoyablement vos unités trop exposées.
Heureusement, ce Re-Boot Camp apporte une fonctionnalité très appréciable qui permet de recommencer le tour en cours, histoire de corriger une bévue involontaire (ou remarquée après coup). De plus, abandonner une bataille (et mettre votre fierté de côté plutôt que de reset le jeu) vous donnera un ou deux indices pour améliorer vos chances de succès. En soi, Advance Wars se veut exigeant mais juste : il m’est arrivé de recommencer une bataille deux ou trois fois avant de comprendre quelle était la meilleure stratégie à mettre en place.
Paradoxalement, Advance Wars parvient à procurer de vrais frissons malgré une histoire basique et une direction artistique alliant cartoon et manga. Si on ne prend jamais réellement au sérieux nos personnages, on ressent un véritable sentiment de puissance à mesure que nos chars avancent vers l’ennemi. La consécration est atteinte quand, après plusieurs essais infructueux, on trouve enfin LA stratégie qui permettra d’abattre l’ennemi. Certaines batailles prennent parfois une tournure hollywoodienne quand tout semble perdu mais qu’un revirement stratégique renverse totalement l’issue de la bataille. En bref, Advance Wars bénéficie d’un gameplay stratégique excellent et accessible à tous.
Concernant le contenu, ce Re-Boot Camp n’est pas en reste. En plus des Campagnes des deux épisodes, plusieurs autres modes vous attendent pour faire durer le plaisir. Des dizaines de défis vous attendent dans le Mode QG qui vous feront réaffronter vos anciens ennemis dans des batailles inédites tandis que le Mode VS vous permet d’affronter la console ou vos amis, en ligne comme en local. Enfin, un éditeur de cartes avec partage en ligne vous laisse déployer vos talents créatifs avec une certaine liberté de conception. De fait, Advance Wars dispose d’un énorme contenu qui vous occupera des heures et des heures !
Advance Wars 1+2: Re-Boot Camp, le nerf de la guerre ?
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Un retour en force pour Advance Wars - 80%80%
Résumé
Avec ce Re-Boot Camp, Advance Wars signe un retour réussi sur Nintendo Switch. Le savoir-faire intact d’Intelligent Systems allié au soin apporté à ce remake par WayForward donne un jeu complet au gameplay excellent. On enchaîne les batailles avec un grand plaisir, poussé par un sentiment de puissance intelligemment amené par une progression bien calibrée et une difficulté présente mais juste. On regrettera simplement un certain manque de personnalité dans l’intrigue qui aurait pu profiter de ce remake pour être approfondie et, qui sait, émouvoir son public.
Les +
- Un gameplay profond et plein de subtilités
- Une refonte graphique simple et efficace
- Une ambiance bon enfant
- Des batailles variées et imprévisibles
- Un apprentissage bien calibré et progressif
- Un vrai défi à relever
Les -
- Une direction artistique qui aurait pu être plus personnalisée
- Une intrigue très basique
- Certaines mécaniques laborieuses
- Des crashs par moment
Très bon test ! Je me régale à refaire cette pépite que j’avais découvert sur GBA. Je lui trouve cependant un défaut important : l’impossibilité de faire des batailles en ligne sans ami. Cela réduit grandement les possibilités d’affrontements en multijoueurs. Je ne comprends d’ailleurs vraiment pas cette absence de fonctionnalité.
Salut Pietuck, merci pour ton commentaire ! 🙂
En effet, c’est un point que je n’ai pas mentionné : on va dire que c’est le rapport un peu bizarre de Nintendo avec l’ergonomie des fonctionnalités en ligne hélas :'(
Je ne pense pas que cela soit un point à mentionner dans le test, car cela n’enlève nullement toutes les qualités du titre.
Disons que c’est une décision un peu surprenante (bien que dans l’esprit des jeux originaux). Je m’attendais cependant à un tel ajout, surtout que le studio a également fait Wargroove dans lequel il y a un très bon mode en ligne (si je ne dis pas de bêtises).
Pour avoir vérifié, Wargroove a été développé par Chucklefish ! Ce qui peut expliquer ton étonnement : ça aurait été bizarre qu’ils le fassent pour un jeu et non pas pour l’autre, surtout s’ils se ressemblent beaucoup !