En l’année 1518, Andreas Maller, jeune artiste fraîchement débarqué de Nuremberg est employé par l’abbaye de Kiersau afin d’illustrer un de leurs ouvrages. Dans Pentiment, édité par Xbox Game Studios, incarnez Andreas qui se retrouvera intimement lié à l’histoire du monastère lors de son passage à Tassing, et ce sur plusieurs années, révélant au grand jour beaucoup de mystères enfouis et lui permettant également de décider du genre d’homme qu’il souhaite devenir.
La divine comédie
Soyez avertis, Pentiment est un jeu où la lecture demeure l’outil de narration principal afin de véhiculer l’intrigue, et peut de ce fait s’avérer très très très lent. Sans compter sur le fait que les interactions avec les différents personnages, notamment les membres du monastère, peuvent vite tourner au cours de catéchisme. Notez que la religion, surtout chrétienne, constitue une thématique principale de ce jeu. Le jeu sonne d’ailleurs parfois comme un cours magistral, ou plutôt, se lit comme une encyclopédie quasiment barbante. Les personnages évoluant au Moyen-Age, certain d’entre eux peuvent véhiculer des principes obtus et dépassés. Je me suis retrouvée plus d’une fois en colère contre des personnages de toute évidence misogynes. Malgré cela, Pentiment regorge d’humour et notre héros, Andreas, a une vision plus moderne des choses ce qui lui permet souvent de rétorquer quand il trouve que certains de ses camarades se fourvoient.
Les premières heures peuvent donc s’avérer presque difficiles à passer en raison de la lenteur du scénario, qui se retrouve chargé d’interactions parfois indéchiffrables quant on voit le nombre de personnages qui peuplent Tassing. On peut vite se perdre dans ce fouillis de têtes et d’objectifs pas forcément clairs. Il faudra s’adapter à la vie riche en couleurs et pas forcément conforme d’Andreas : logeant chez les Drucker, il passe chacun de ses repas chez un voisin différent et doit travailler à l’abbaye sans pourtant faire partie du clergé… Nous nous retrouvons donc dans une position assez particulière, comme une sorte de spectateur, un étranger mais qui évolue tout de même en tant qu’acteur au sein de la communauté de Tassing.
Pénitence pour un pêcheur
En plus des aventures terrestres d’Andreas, où vous pourrez vous essayer à différents mini-jeux vous permettant d’expérimenter le quotidien d’un paysan médiéval, Pentiment comporte de nombreuses phases oniriques où vous pourrez évoluer à l’intérieur d’un rêve ou encore dans les pages d’un livre, ce sont des passages très beaux et poétiques mais qui peuvent s’avérer abstraits. En parlant de livre, l’interface de Pentiment nous invite à feuilleter un parchemin afin de se repérer dans les différents menus, de plus vous pourrez observer lors des dialogues avec les personnages que chacun a sa propre écriture – influencée par sa caste sociale, les membres du clergé par exemple employant une écriture gothique car habitués à copier des livres – ce qui donne au thème littéraire toute sa place et son importance en cette période marquant les débuts de l’imprimerie.
Pentiment marque un tournant lorsqu’un meurtre survient à l’abbaye et que le pauvre moine Piero se voit accusé. Il apparaît assez rapidement que le vieil homme n’a pas pu commettre cet horrible acte, ce qui ne l’empêche pas d’être désigné en tant que principal suspect. Andreas, en fervent défenseur de la justice (ou tout simplement pour sauver son ami), endossera alors le rôle d’enquêteur afin de découvrir le véritable meurtrier. S’ensuivent alors quelques jours où vous pourrez explorer Tassing et ses habitants, converser avec eux et découvrir que tout n’est pas forcément tel que vous l’aviez imaginé. Le délai laissé à Andreas avant l’arrivée de l’archidiacre et son jugement final. Afin de ne pas en dévoiler trop sur l’intrigue, je tairais les évènements qui suivent, mais vos choix et décisions affecteront grandement votre partie.
Le retour du fils prodigue
Afin de vous aider dans votre quête, vous pourrez choisir les domaines d’études d’Andreas et les lieux où il aura résidé ce qui donnera différentes compétences à notre héros, un peu comme on le ferait pour une fiche de personnage dans un jeu de rôle. Selon le passé que vous aurez construit à notre artiste, différents choix de dialogues s’offriront à vous lorsque vous converserez avec les autres habitants de Tassing. Certaines des réponses que vous formulerez pourront influencer les évènements futurs et l’affection que vous portent vos interlocuteurs. Cependant, il n’est pas possible de savoir auparavant quant une réponse sera cruciale à l’intrigue ou pas, car aucun indicateur n’est présent pour nous guider.
On remarque vite que Pentiment est un jeu soigné et qui semble avoir été fait avec amour : il est chouchouté de part et d’autre afin de pouvoir offrir multiples secrets et expériences aux joueurs. Cependant, cette accumulation d’informations le dessert ; à la fois frustrante et prolixe au vu du temps limité accordé à Andreas pour mener son enquête, on peut rapidement se sentir dépassé par les évènements. Je pense que le jeu peut être plus agréable lors d’une seconde partie, lorsque l’on a déjà compris quels étaient les enjeux, les personnages et les lieux impliqués, mais même ainsi le mystère semble plus difficile qu’il n’y paraît à élucider. L’équilibre à atteindre peut être subtil entre compréhension de l’œuvre et l’atmosphère de secrets/découvertes qui fait partie intégrante du scénario.
Pentiment
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Pentiment, un mystère médieval - 70%70%
Pentiment, un mystère médieval
Offrant une direction artistique aux petits oignons et un lexique interne, Pentiment est un petit bijou façonné avec moults précisions et détails qui peuvent malheureusement parfois s’avérer prolixes. A vouloir trop bien faire, le jeu est surchargé : les personnages qui font des “erreurs” lors des dialogues qui s’éternisent, les vibrations incessantes de la Switch lors des orages, etc. Pentiment demeure une œuvre remplie de charme et offrant un divertissement certain – à qui saura résister à l’envie de s’endormir lors des premières heures.
Les +
- Direction artistique sublime
- Un amas de connaissances historiques…
- Des dilemmes intéressants
- Un humour mordant
Les -
- Parfois trop abstrait
- … qui peuvent perdre le joueur