Entre le succès de Baldur’s Gate 3, les quatre (bientôt cinq) saisons de Stranger Things et même la sortie du live action Donjons et Dragons, difficile de nier que la formule du bon vieux jeu de rôle papier a le vent en poupe. Si la Switch n’a pas eu le privilège d’accueillir Baldur’s Gate 3 (peut-être sur Switch 2 ?), les amateurs du genre pourraient toutefois trouver leur bonheur dans Worlds of Aria. Développée par Ludogram et éditée par Ishtar Games, cette jolie production made in France a le don de nous faire sourire tout en nous introduisant aux mécaniques du RPG classique. De quoi nous faire écouter le doux son du roulement des dés en ASMR ? Voyons cela tout de suite dans notre test complet !
Les dés sont jetés
Autant vous le dire de suite, je suis un grand novice du jeu de rôle au sens classique du terme. Les seuls dés que je maîtrise sont les dés à 6 faces tandis que les dés plus complexes ont tendance à échapper à mon sens limité de la géométrie. Cela dit, un gamer se doit d’être ouvert d’esprit et la curiosité est la mère des plus belles découvertes vidéoludiques. C’est donc avec optimisme que je me suis lancé dans Worlds of Aria et je n’ai pas été déçu.
Worlds of Aria vous propose de prendre part à l’épopée d’un groupe de quatre aventuriers à travers le royaume d’Aria. Le jeu se décompose en quatre campagnes (correspondant à un système de chapitres classique) qui racontent le voyage de votre groupe pour empêcher le royaume de tomber aux mains d’un diabolique tyran. La trame de Worlds of Aria commence donc sur des bases classiques idéales pour découvrir les subtilités de son gameplay.
Vous commencerez donc par constituer votre groupe de courageux voyageurs en choisissant quatre personnages parmi une douzaine disponibles. Au-delà de leur apparence et de leur voix (chacun disposant de quelques lignes de dialogues doublées), ce sera au niveau des statistiques de base que les personnages se distingueront les uns des autres. Capacité de combat, perception, habileté à mentir, agilité et bien d’autres aptitudes feront les forces de vos avatars, forces que vous devrez intelligemment déployer pour avancer dans l’aventure.
La progression s’articule en effet autour de scènes dans lesquelles vos personnages mais aussi de nombreux PNJ interagiront entre eux et avec des éléments du décor. À de fréquentes occasions, vous devrez placer vos personnages à telle ou telle zone de la scène pour entreprendre des actions variées et déterminées par le contexte. Rien ne vaut un bon exemple pour comprendre. Imaginons, par hasard, que vous vous retrouviez responsables d’un stand d’hydromel face à une clientèle très impatiente (et démoniaque accessoirement). En fonction du placement de vos personnages, certains contribueront à faire patienter vos clients pressés, d’autres iront agrémenter l’hydromel de quelques épices pour faire un cocktail détonnant et certains, peu scrupuleux, pourront même jusqu’à le couper avec un peu d’eau pour faire davantage de ventes !
Le succès de vos actions n’est cependant pas garanti : en fonction des statistiques de vos personnages, vous aurez plus ou de chance de parvenir à vos fins. Ceci sera déterminé par des lancers de dés avec une règle très simple : si le montant de votre lancer est inférieur à la statistique mise en jeu, vous gagnez. Cela vous apportera des bénéfices in game en vous permettant d’avancer dans l’aventure sans égratignure. À l’inverse, échouer à un lancer de dés peut avoir de funestes conséquences, surtout en cas d’échec critique ! La clé de la réussite réside donc dans le fait d’avoir des personnages aux compétences variées et de les placer judicieusement en fonction des situations. Chaque personnage dispose d’ailleurs d’une compétence spéciale qui peut, en certaines occasions, augmenter vos chances de succès. De même, équiper vos protagonistes de certains objets spécifiques ou leur faire boire des potions augmenteront leurs statistiques tandis que certaines altérations de statut les diminueront.
De façon intéressante, toutes vos décisions ne passent pas forcément par un lancer de dés. Parfois, le placement de personnages obéit seulement à votre logique : un peu de prévoyance et de réflexion ne fait donc pas de mal ! Pas toujours simple cependant car le jeu vous impose occasionnellement des décisions en temps limité, histoire de ne pas vous laisser trop de répit. Si j’ai apprécié cette petite pression occasionnelle, j’avoue avoir été plutôt frustré par les contrôles au stick qui occasionnent, par moment, un manque de précision dans le placement des personnages et font perdre de précieuses secondes. De ce point de vue, je serais d’autant plus intéressé par la supposée fonction souris des Joy-Con de la Switch 2 qui serait tout simplement parfaite dans un jeu comme Worlds of Aria ! Puisqu’on parle des petits défauts du jeu, je chipoterais en parlant d’un ou deux petits bugs comme un léger input lag dans les menus. Rassurez-vous cela dit, la technique tient parfaitement sur Switch et vos parties se dérouleront sans aucun souci.
Je devienne fou
Une des grandes forces de Worlds of Aria est incontestablement la légèreté de son ton. Si la trame reste globalement classique, elle multiplie les comiques de situation entre arnaques à base de brochettes de poulet, courses-poursuites gaguesques et autres batailles avec des démons avides de chair humaine. On repère ça et là de multiples références à des oeuvres connues et des memes qui raviront les fans de culture web. La grande diversité des environnements et des histoires offre toute une batterie de joyeuses péripéties qu’on suit avec grand plaisir et qui donneraient presque une dimension cosy à l’ensemble du jeu. Bien sûr, le jeu vous réserve son lot d’obstacles qui exigeront une certaine capacité d’anticipation de votre part mais le tout reste très détendu. En tant qu’amateur de jeux sans prise de tête, j’ai été particulièrement séduit par l’ambiance détendue et humoristique de Worlds of Aria.
En fonction de vos décisions, vous serez confrontés à de petites variations du déroulé de chaque scène : ainsi, un passage peut se terminer en un happy end digne de Disney ou au contraire virer au drame ! Meilleurs sont vos choix et meilleures sont vos chances de suivre le tracé idéal prévu par les développeurs, ce qui se traduit notamment par l’obtention de points d’expérience. Distribués sous forme d’étoiles, ces points vous permettent de renforcer les statistiques de vos personnages, un aspect crucial pour assurer votre survie dans les chapitres qui suivront. De ce point de vue, Worlds of Aria offre une certaine rejouabilité puisque vous pouvez rejouer une scène fraîchement achevée afin de remplir tous les objectifs secondaires avec, vous vous en doutez, des étoiles supplémentaires à la clé.
Le jeu peut être joué intégralement en solo mais trouve un potentiel de rigolade illimité en multijoueur. Chaque partie peut-être jouée en local comme en online et on devine aisément les engueulades que pourront occasionner les ratés et décisions stupides de vos coéquipiers : Mario Kart et Mario Party n’ont qu’à bien se tenir car Worlds of Aria à un potentiel de destruction d’amitié sensiblement élevé…
Worlds of Aria, le DnD au succès critique ?
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Une excellente introduction au RPG - 84%
84%
Une excellente introduction au RPG
Quelle plaisante découverte ! Si vous étiez attirés par les RPG pur jus mais inquiets à l’idée d’explorer ces terres inconnues, Worlds of Aria peut faire office d’un excellent équilibre entre gaming et jeux de société à l’ancienne. Entre son gameplay plaisant et son humour tout en légèreté, le jeu nous offre un excellent moment de détente tout en introduisant aux mécaniques de base du RPG classique. Les complétionnistes parmi vous trouveront leur bonheur en tentant d’obtenir le tracé parfait de chaque scène tandis que les joueurs réguliers retrouveront vite leurs marques tout en découvrant de nouvelles choses. Une belle réussite, française qui plus est !
Les +
- Le gameplay à base de lancers de dés bien intégré
- L’humour omniprésent
- Des variations de déroulé parfois surprenantes
- Une certaine rejouabilité
Les -
- Les contrôles au stick pas toujours optimaux
- Un ou deux bugs mais rien de bloquant