Il aura finalement fallu attendre que je parte en vacances chez mes parents pour que Nintendo se décide enfin à communiquer sur la suite des sorties prévues sur Switch par le biais de l’un de ses Indie World. Il ne pouvait donc exister pire moment pour moi tant la connexion internet et la 4G disponibles dans cette vieille bâtisse perdue au milieu de la campagne de Loire-Atlantique se trouvent être proportionnellement inverse à la beauté de la nature et des paysages qui l’entourent. Malgré tout, c’est muni de mon smartphone et au milieu du jardin familial – l’endroit même où le réseau me permet de regarder YouTube avec une résolution maximum, mais balbutiante, de 720p – que je me mis en quête d’observer les nouvelles annonces indépendantes prévues pour notre chère console.
Et quelle ne fut pas ma surprise d’y voir apparaître – et pour mon plus grand bonheur – A Short Hike au milieu de grands noms du jeu indé comme Subnautica, Spiritfarer ou encore Torchlight III. Quelle ne fût également pas ma surprise d’y saisir cette succession d’étranges parallèles, tissés par les environnements bucoliques du jeu d’Adam Robinson-Yu et ma situation estivale. Près d’une semaine plus tard, voilà que cet appel du pied a fonctionné plein pot puisque vous êtes bel et bien en train de lire mon test d’A Short Hike sur Nintendo Switch.
Mais qu’est-ce qui peut bien lier ce petit jeu d’aventure développé par le talentueux Adam Robinson-Yu et mon pèlerinage annuel sur les terres familiales, me direz-vous ? La réponse est à chercher du côté des motivations de Claire, l’héroïne du jeu. Ou plutôt par son manque évident de motivation à passer ses vacances dans le parc insulaire et montagneux de Hawk Peak aux côtés de sa tante. Rendez-vous compte : pas une once de place bétonnée, de bons cafés ou passer du temps avec ses amis et surtout aucun réseau alors que Claire attend un mystérieux appel d’importance. Cette fois-ci, pas le choix : il nous faudra atteindre le plus haut sommet de l’île où la légende – et surtout la tante de Claire – nous raconte que nos téléphones arrivent à capter un signal à cette altitude.
Breath Of The Hike
L’occasion rêvée pour nous de nous dégourdir les jambes et de partir explorer les environs au même rythme que nous découvrons les mécaniques de gameplay dont fourmille A Short Hike. La première d’entre elles : notre héroïne peut effectuer un saut et planer sur une courte distance. Oui, Claire est encore un oisillon qui grandit encore et toujours. Il lui faudra ainsi récolter des plumes dorées (qui augmentent son endurance) et de rares plumes d’argent (qui améliorent sa vitesse de déplacement et la hauteur de ses sauts) pour continuer de progresser dans sa découverte d’Hawk Peak. Trouvables chez les quelques marchands du jeu contre quelques pièces de monnaie ou offertes pour récompenser votre habilité à farfouiller le moindre recoin, ces plumes représenteront l’unique frein dans votre progression vers la sainte 4G puisqu’elles seront nécessaires pour franchir certains obstacles épineux.
Pour le reste, vous apprendrez bien vite à escalader la moindre surface (dans la limite de votre endurance maximum), courir, pêcher, piloter un bateau, jouer au stickball et à participer à bien d’autres activités, le tout le plus naturellement du monde. Car A Short Hike fait fort dans sa cohérence et pratiquement toutes vos possibilités de déplacement et vos activités sur l’île se trouvent justifiées d’une manière ou d’une autre. Vous ne pourrez par exemple pas crapahuter sur les parois des falaises les plus proches sans d’abord faire un petit tour du côté du club d’escalade. Il en va de même pour le bateau qui devra être loué pour la journée pour pouvoir ensuite l’utiliser à notre guise. Une manière parfaite pour nous obliger à parler avec la population locale, et ce pour notre plus grand plaisir.
A Short Hike Crossing
Chacun des petits personnages qui peuplent le parc réussi l’exploit de développer une personnalité forte et identifiable à l’aide de seulement quelques lignes de dialogue (certaines d’entre elles ne sont, ici et là, malheureusement pas traduites). Il n’est pas rare de pouffer de rire après une discussion sur les châteaux de sable ou de compatir et de les aider à résoudre leurs problèmes par le biais de petites quêtes annexes. Sans pour autant se placer comme des références du genre, ces intermèdes quadrillent aussi bien toutes les zones de l’île que le rythme du jeu et viendront naturellement, et sans anicroche, couper notre ascension pour éviter que l’on n’arrive au sommet trop rapidement.
A Short Hike se termine d’ailleurs vite, trop vite au vu de la qualité de la balade proposée, mais juste à temps, avant de proposer une expérience redondante. Malgré tout, rien ne nous empêche de profiter encore un peu du jeu après en avoir atteint sa fin – aussi simple qu’émouvante, comme le reste du titre – pour admirer une dernière fois sa direction artistique si particulière, digne des plus grandes heures de gloires de la Nintendo DS. Colorés et vibrants de vie, les graphismes et la musique magistrale d’A Short Hike nous émerveillent à chaque fois que nous nous aventurons dans une nouvelle zone, tout en leur donnant une identité si forte qu’il est tout à fait possible de nous repérer dans le parc d’Hawk Peak uniquement grâce aux changements de notes de piano ou aux variations des teintes de couleurs sur notre écran. Pourtant, le jeu ne propose qu’une unique boussole et quelques panneaux de signalisations comme outils pour nous repérer.
Le diable dans les détails ?
Le titre d’Adam Robinson-Yu allie ainsi l’utile à l’agréable et ne nous permet pas de nous perdre en cours de chemin malgré une caméra fixe parfois un peu déroutante, notamment lors des vols planés, qui nous empêche d’observer librement les environs et de nous créer de potentiels points de repère. Une petite fausse note, rapidement rejointe par la gestion, un poil trop vieille école, de notre inventaire qui nous force à aller dans un menu dédié pour nous équiper, sans possibilité de nous créer des raccourcis avec la croix directionnelle de notre console. Quelques bugs visuels – la mer du jeu venant recouvrir le reste de notre écran par aplat par exemple – apparaissent également, mais tous ces petits cailloux dans nos chaussures ne seront pas suffisants pour, au final, venir ternir cette charmante randonnée qu’est A Short Hike.
[sc name=”eneba”]
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A Short Hike n'use même pas les souliers - 90%90%
Summary
Vous l’aurez compris, il m’a fallu aller chercher dans les détails pour trouver des défauts à A Short Hike. Proposant une expérience de jeu aussi compacte que réussie, ce petit jeu d’aventure brille par l’écriture de ses personnages, la beauté de ses paysages, la richesse de son petit monde et par la souplesse de ses mécaniques de gamedesign. Cohérent de bout en bout, A Short Hike proposera un condensé d’aventure à taille humaine à qui voudra bien débourser les 6,99 € que coûte cette petite pépite éditée par Whippoorwill.
Les +
- Un style graphique made in Nintendo DS réussi.
- L’écriture des personnages.
- Les musiques du jeu.
- Les quêtes et activités annexes, qui allongent intelligemment la durée du jeu.
- Facile de se repérer malgré l’absence totale d’interface en jeu.
- Un monde cohérent, astucieusement construit.
Les -
- La gestion des objets à équiper dénote avec la souplesse générale du titre.
- Quelques bugs visuels ici et là.
- La caméra fixe qui peine parfois à trouver le bon point de vue.
Un petit bijoux de simplicité et de liberté, dommage qu’il ne dure pas plus longtemps, on aimerait pouvoir se perdre encore de nombreuses heures dans ces paysages bucoliques.
Je ne connais pas la Loire-Atlantique mais tu as une jolie écriture.
Selon https://howlongtobeat.com/game?id=66152 on est dans les 3 heures en prenant son temps. C’est exactement le genre de jeu qu’il me faut maintenant.
Merci pour ce test.