Cette année 2019 a marqué l’arrivée de la saga Assassin’s Creed sur Nintendo Switch à travers le monde. Si nous apportons cette précision, c’est tout simplement parce que le jeu Assassin’s Creed Odyssey est déjà jouable sur la console hybride de Nintendo, en cloud gaming et uniquement au Japon. Mais en ce mois de mai de l’année deux-mille-dix-neuf, les joueurs Nintendo ont l’occasion de (re)jouer à l’épisode Assassin’s Creed III initialement sorti sur Wii U, PlayStation 3, Xbox 360 et PC en 2012, en version Remastered cette fois et sans histoire de connexion internet haut débit. La question que tout le monde se pose est : est-ce que le titre fonctionne correctement sur Switch ? Cette console est-elle assez puissante pour faire tourner le remaster d’un jeu qui avait déjà un peu de mal sur Wii U ? Je vais vous répondre, ne vous inquiétez pas.
Rappel des faits, l’histoire de Assassin’s Creed III
Si vous n’avez jamais pu toucher à cet épisode, qui se trouve d’ailleurs être l’un des moins aimés de la série par les joueurs, voici un petit rappel des faits. Nous avons affaire ici au cinquième épisode de la série Assassin’s Creed (Brotherhood et Revelations comptant évidemment pour deux épisodes à part entière, sortis avant le III). Comme toujours, il s’agit d’une fiction historique, qui prend place cette fois autour de la révolution américaine de 1753 à 1783. Son héros, un jeune homme britannique et mohawk se nomme Ratonhnhaké:ton et, malgré ses origines qui cassent un peu avec les anciens épisodes de la série, prend part également dans la lutte des Assassins et des Templiers.
Suite directe de Assassin’s Creed Revelations, le réel personnage principal de Assassin’s Creed III Remastered est Desmond Miles, un homme vivant à notre époque qui grâce à une technologie innovante nommée Animus peut revivre les souvenirs de ses ancêtres. En voyageant ainsi dans le temps à travers la mémoire génétique, il espère retrouver les artefacts laissés par une ancienne civilisation technologiquement supérieure à la notre, qui a malheureusement disparu. Le but de sa démarche étant de combattre l’entreprise Abstergo qui représente en quelques sortes la descendance des Templiers, pendant que Desmond incarne, vous l’aurez compris, le dernier des Assassins. Les artefacts sont évidemment recherchés par les deux parties, ceux-ci pouvant donner un avantage certain à qui les trouvera en premier.
Dans cet épisode III, Desmond incarne donc Ratonhnhaké:ton, un jeune homme provenant d’une tribu Mohawk, né au XVIIIe siècle dans l’Amérique coloniale d’une mère amérindienne et d’un père anglais. Très jeune, il assiste à la destruction de son village par les flammes, causée par les Britanniques. Il part donc rejoindre la Confrérie des Assassins, puis part alors rejoindre la révolution américaine. Après plusieurs années d’entraînement avec un homme nommé Achilles, un vieil Assassin n’agissant plus que comme mentor, Ratonhnhaké:ton part en quête d’éliminer les Templiers qui menacent sa tribu. Son voyage commence à Boston, où Achilles suggère à notre jeune mohawk d’emprunter un nom lui permettant de se déplacer plus discrètement à travers les colonies. Ratonhnhaké:ton devient Connor. La suite de l’histoire, nous n’allons pas vous la détailler cette fois : ce serait un pur spoil, même si le jeu a déjà 8 bonnes années maintenant. Nous passerons également sous silence l’entièreté de l’introduction du jeu. Bien qu’il soit déjà âgé et que vous y ayez peut-être déjà joué, cette introduction contient des éléments importants pour la suite de l’histoire.
N’oublions pas Assassin’s Creed III: Liberation
Nous avons presque tendance à l’oublier, mais si le nom du jeu est ” Assassin’s Creed III Remastered “, il s’agit bel et bien d’une compilation de deux titres, dont Assassin’s Creed III: Liberation. Le jeu prend place à la même époque que l’épisode III, mais cette fois dans la Louisiane. Le personnage principal se nomme ici Aveline de Granpré, dont la mère est une esclave africaine et le père un riche négoce français. Son but est de libérer la Nouvelle-Orléans de la domination hispanique. Elle rejoint la Confrérie des Assassin en 1759 et est amenée à voyager à travers les villes et les marais de la Louisiane, mais également dans les ruines mayas du Mexique.
Il s’agit ici donc d’un spin-off de l’épisode III plus que d’un jeu à part entière. Notons qu’il s’agit de la première fois que la série permet d’incarner un personnage féminin, chose qui ne sera reproduite que dans l’épisode Syndicate en 2015 et dans Odyssey en 2018, soit seulement trois fois dans plus de 30 jeux estampillés Assassin’s Creed. Initialement exclusif à la PlayStation Vita, cet opus s’est rapidement porté sur Xbox 360 et PlayStation 3 en 2014, tant le succès de la console portable de Sony était impressionnant (ne m’insultez pas).
Un gameplay logiquement ” à l’ancienne “
Ce n’est pas surprenant, le gameplay général d’Assassin’s Creed III Remastered ne dispose pas des dernières nouveautés mises en place entre autres dans les épisodes Origins et Odyssey. Ne vous attendez donc pas à des combats très vivants où chaque ennemi vous attaque plus ou moins en même temps, ni même à une progression de niveaux permettant de débloquer de nouvelles compétences. Ici, l’IA est aussi bête qu’à l’époque, même si 6 ennemis vous combattent, ils ne viendront pas tous à la fois tenter de vous asséner des coups d’épée. Néanmoins, certains tenteront tout de même de vous attaquer par derrière et il faudra à ce moment appuyer sur la touche A pour contrer et prendre à son tour la place du méchant qui vous attaque. Après quelques combats, le rythme est très rapidement compris et la difficulté s’amenuise. Si vous jouez à Assassin’s Creed III Remastered, il faut vous mettre en tête que ce n’est pas cette fois que vous en prendrez plein la vue en terme de gameplay. Nous restons sur du gameplay classique, efficace et tout de même relativement simple.
Il en est évidemment de même lors des sessions de cache-cache avec les soldats ennemis. Une simple botte de foin dans laquelle vous entrez à toute vitesse, et vous disparaissez comme par magie. Ils vous ont pourtant vu, leur curseur jaune indiquant que des doutes trottent dans leur petite tête. Mais non, pourquoi s’embêter alors qu’une silhouette étrange est passée à 2 mètres de moi ? Il en est de même lorsque vous sifflez pour attirer un ennemi. Vous pourrez l’assassiner discrètement à quelques mètres d’autres soldats qui ont de fortes chances de ne rien remarquer. Cela aide grandement le joueur à parvenir à ses fins plus facilement, mais manque cruellement de réalisme.
Si par ailleurs vous avez peur de ne pas réussir à grimper partout sans tomber, n’ayez pas d’inquiétudes car le jeu est justement pensé pour rendre la course fluide. Que vous soyez dans la forêt, dans la ville, dans un bateau à l’arrêt ou sur un flan de falaise, il est assez rare de rester bloqué en bas sauf lorsque vous arrivez au bout de la zone de jeu. Vous croiserez souvent des éléments de décors étrangement bien alignés pour permettre à une personne telle que Connor de grimper partout. C’est facile, mais cette sensation de liberté est assez plaisante. Néanmoins, c’est par moments justement un peu trop simple et répétitif. Vous le savez sans doute, Assassin’s Creed est une série réputée pour ses ” points de synchronisation “. Si vous souhaitez débloquer les informations de la carte de jeu, il vous faut monter sur la pointe d’une église ou en haut d’un arbre, puis d’appuyer sur la touche ” A ” pour synchroniser cela. Puis courez deux minutes, et grimpez à nouveau en haut d’une église. Puis encore. Puis encore.
Une diversité de missions malheureusement entachée
Fort heureusement, le scénario du jeu nous amène à accomplir des tâches différentes. La répétitivité de la découverte de la carte ou des missions secondaires – dont nous parlerons un peu plus tard – est plus ou moins masquée par la mise en scène du titre. Vous serez amenés au fil de l’aventure à exécuter un simple assassinat en ligne droite comme de courir au travers d’un champ de bataille infesté d’ennemis ayant comme seul but de vous tuer. Sans spoil aucun, il est proposé à un moment du jeu de guider trois groupes de soldats afin qu’ils parviennent à faire reculer l’ennemi. Il faut donc sans cesse galoper (à cheval vous l’aurez compris) entre ces trois groupes et leur ordonner de tirer au bon moment. Ni trop tôt, ni trop tard. En même temps, l’ennemi fait de même et parvient à réduire vos troupes … c’est une course contre la montre. Pour ajouter un peu de piment à tout cela, le jeu vous propose des objectifs optionnels qui ne changeront pas votre réussite si vous ne les suivez pas, mais qui peuvent vous faire passer un meilleur moment. Il s’agit généralement de ne pas se faire repérer lors d’une mission plutôt discrète, ou à l’inverse de tuer un certain nombre d’ennemis.
Si c’est bien Assassin’s Creed IV Black Flag qui met en scène le mieux les batailles navales, Assassin’s Creed III (l’original) s’était déjà emparé de l’idée. Très secondaire, ce gameplay ajoute néanmoins une plus value et un vent de fraîcheur dans le jeu. La plupart des missions navales sont proposées en dehors du scénario de base et amènent soit à protéger un navire marchant, soit à partir en reconnaissance, soit même à détruire un fort placé là haut sur une falaise. Vous devrez constamment contrôler plusieurs choses : la vitesse du bateau (demi-voile ou pleine-voile), la direction qu’il va prendre et l’impact du vent tout en évitant la côte, ainsi que les canons placés de chaque côté. Appuyez sur ZR pour lancer une rafale de boulets de canon à droite ou à gauche et appuyez sur ZL pour lancer un tir de précision.
Au niveau des quêtes secondaires, celles-ci portent concrètement assez bien leur nom. Si l’on compare aux derniers opus de la série Assassin’s Creed, sur lesquels de gros efforts sont à noter, cet épisode III fait bien pâle figure. Les quêtes secondaires n’ont en général aucun intérêt et ne sont pas réellement scénarisées. Allez chercher 8 objets aux quatre coins de la carte, allez tuer quelqu’un de totalement random … bref, elles permettent d’augmenter la durée de vie du jeu, mais certainement pas la durée d’amusement. Notons tout de même les quêtes ” domaine “, permettant de débloquer de nouveaux contenus au fur et à mesure que vous amenez de nouveaux artisans ou autres chasseurs à travailler pour vous.
L’un des points négatifs que j’ai pu relever est sans doute, et c’est bien malheureux, les différents retours à l’époque actuelle. De temps à autres, vous serez amenez à incarner Desmond Miles pour des missions qui auraient réellement pu se résumer en fichier audio lors d’un chargement. Hormis couper votre élan dans votre aventure d’assassin, enfoncer des portes ouvertes et tenter de garder un lien avec les sources du jeu, ces missions n’apportent rien de particulier. Parfois même une réelle frustration de ne plus avoir son tomahawk pour courir tuer ses ennemis.
Bon, et la technique alors ?
C’est surtout ici que je vais me fâcher tout rouge. Mais en même temps remercier Ubisoft. Vous ne comprenez pas ce que je veux dire ? Non, je ne suis pas ivre, promis. Aux premiers abords, lorsque vous courez dans les forêts Américaines non loin de Boston, nous ne pouvons pas retirer à Ubisoft le travail fourni pour proposer un jeu d’une bonne qualité visuelle. Oui, il s’agit ici d’un remaster d’un jeu assez vieillot alors non, nous n’aurons pas de panoramas 4K HDR (puisque la console ne le permet de toute façon pas du tout). Ne vous attendez pas à du Horizon Zero Dawn et restez sur la pensée qu’il s’agit d’un jeu qui accuse ses presque 10 ans d’existence. Mais malgré tout cela, le lifting apporté au jeu, bien qu’il ne soit pas toujours visible, nous permet d’avoir affaire ici à un joli jeu. Sans doute que la modélisation un peu ” carrée ” aide à un lifting plus simple, mais le jeu fait tout de même hommage à la console, visuellement parlant.
C’est joli, on est d’accord. Néanmoins, le souci principal de Assassin’s Creed III Remastered sur Nintendo Switch gâche ce plaisir visuel. Vous n’avez pas encore compris ? Le jeu rame. Si lorsque nous nous baladons en forêt cela n’est pas tant visible, ce sont avant tout les courses à pied dans les villes comme Boston qui nous font rendre compte que ce côté du jeu n’a peut-être pas été optimisé. Passez proche d’une cheminée de laquelle sort de la fumée, et ça ramera. Courez après un homme durant une scène de guerre en frôlant deux-trois explosions, et ça ramera d’autant plus (vous pouvez visualiser ce dont je parle en cliquant ici). Il est d’autant plus dommage que le mode TV me semble être la cible principale de ces chutes de FPS. Alors que la console crache clairement ses poumons tout au long de votre partie (je n’ai jamais entendu ma Switch faire autant de bruit), les images par seconde s’en vont dans des contrées bien lointaines pour nous faire beaucoup de peine.
À l’heure où j’écris ces quelques mots, le 22 mai 2019, aucun patch correctif n’est prévu pour la version Switch du jeu. Cette information m’a été confirmée suite à une prise de contact avec l’éditeur, durant laquelle j’ai exposé les soucis rencontrés. Ne perdons néanmoins pas espoir.
Le mode portable quant à lui est sans doute l’argument principal de ce titre. Tout aussi joli que sur TV (même avec une capture d’écran pour chaque mode, la différence n’est pas visible, c’est dire), j’ai remarqué que les chutes de FPS étaient moins brutales par endroits dans ce format, bien que la console ici aussi rejette une tonne d’air par son ventilateur fonctionnant à plein régime. Sur cette version portable du jeu, les équipes d’Ubisoft ont pensé à faire quelque chose que peu de studios font, pourtant tellement logique lorsque l’on joue sur cette console : rendre les menus compatibles avec l’écran tactile. Autre point positif, le gyroscope des manettes est mis à profit lorsque vous visez à l’arme à feu ou à l’arc, pour abattre un ennemi ou lors d’une session de chasse, rendant tout cela très précis.
D’une façon générale, et non propres à la Nintendo Switch, d’autres améliorations ont été ajoutées à ce remaster. Prises une par une, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard (promis, aucun animal n’a été maltraité durant ce test), mais mises bout à bout, nous avons droit à quelque chose d’un peu mieux pensé en terme d’expérience utilisateur. Si vous avez joué au jeu original, vous avez sans doute en mémoire les double assassinats qui ne se déclenchaient pas vraiment quand nous le désirions : c’est désormais corrigé. De même pour le fait d’attirer les ennemis en sifflant, la grande majorité des cachettes permettent maintenant d’en profiter. Attention tout de même, vous risqueriez d’attirer le mauvais ennemi. L’interface elle-même a été revue et corrigée pour notre grand bonheur, il est désormais plus facile de naviguer dans les menus, même si Ubisoft semble avoir oublié les roues d’équipement toujours assez difficiles à comprendre au premier coup d’oeil.
Connor rame, mais Connor fait un effort
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Résumé
Si la technique n’est pas son atout principal, tant certaines scènes m’ont amené à une crise d’épilepsie (ou presque), je dois bien avouer que le portage de Assassin’s Creed III Remastered sur Nintendo Switch est le fruit d’un certain travail. Sans doute mal optimisé, le jeu reste plutôt joli malgré le clipping et l’aliasing présents par moments, ainsi que l’âge du jeu que l’on ressent assez facilement. Cette sensation de liberté dans un monde ouvert fait toujours plaisir sur Nintendo Switch, calé au fond de la couette et l’ajout des DLC promet par ailleurs une augmentation de la durée de vie, c’est toujours bon à prendre. Si vous êtes du genre à vomir à la première chute de FPS, nous vous conseillons tout de même de rester loin du jeu, pour l’instant.