Attendue dans un peu moins d’un mois, le 20 octobre plus exactement, la suite de l’étonnant cross-over paru en 2017 sur Switch, avait fuité sur le site de Nintendo avant d’être confirmée lors de l’E3 2021. Le dénommé Mario + Rabbids Sparks of Hope nous présentait alors sa proposition, à savoir une évolution de la formule façon X-Com élaborée dans le premier opus. Évolution visant à introduire encore un peu plus de tactique tout en fluidifiant grandement l’expérience et en renouvelant l’exploration. Profitant d’une invitation de l’éditeur franco-français (mais pour combien de temps encore ?), nous avons pu tester en avant-première une version quasi-finie du jeu durant deux sessions successives d’une heure et deux heures respectivement. Et le résultat manette en main a été plus que convaincant.
Conditions de jeu : Sessions réalisées dans une version non finalisée. Nous avons uniquement joué au début de la campagne solo, plus précisément au prologue, au début de la première planète et à la fin de la seconde. Au cours de ces séquences, nous avons pu contrôler tout le casting du premier opus (à l’exception de Yoshi et sa version “crétinisée” qui ne sont pas dans le jeu) ainsi que deux nouveaux héros, Edge (le lapin armé d’une épée) et Lapin Harmonie. Pour des raisons évidentes liées aux spoilers, aucune capture ne contiendra une image d’une scène cinématique majeure ou du prologue du jeu.
Aux commandes de Sparks of Hope, on retrouve le tandem Paris et Milan, qui ont cette fois été assistés par trois autres branches de l’éditeur, à savoir Ubisoft Montpellier, Ubisoft Gengdu (Chine) et Ubisoft Pune (Inde). On a également le plaisir d’entendre à nouveau les compositions de Grant Kirkhope (Banjo-Kazooie, Star Fox Adventures, Donkey Kong Country, A Hat in Time…) accompagné de deux autres grands noms de la musique de jeu vidéo. Il s’agit de Gareth Coker (Ori and the Blind Forest, Ori and the Will of the Wisps, Hallo Infinite…) et de Yoko Shimomura (Street Fighter II, Kingdom Hearts, Mario & Luigi: Superstar Saga, Xenoblade Chronicles…).
Évacuons d’emblée l’aspect technique, qui est une réussite tout aussi franche que Kingdom Battle. Les environnements, tout en étant plus vastes et beaucoup moins couloir, sont toujours aussi soignés et le tout tourne à merveille sur cette bonne vieille console hybride. Venons-en donc au jeu proprement dit. Sparks of Hope puise de nouvelles références dans l’univers du plombier moustachu, à travers ses aventures en 3D parues sur Wii en 2008 et 2010, afin d’étendre son univers. Ce ne sont donc plus des mondes du Royaume Champignon qu’il nous faut explorer dans cette suite, mais bien des planètes façon Super Mario Galaxy à bord d’un tout nouveau vaisseau spatial. Le tout en étant accompagné des Sparks, ces fusions entre des Lumas et des Lapins Crétins.
L’exploration prend ainsi une toute nouvelle dimension dans Sparks of Hope, puisque l’on n’évolue plus à travers des couloirs succédant à des combats obligatoires, mais dans des niveaux bien plus ouverts. Chaque planète contient donc des combats optionnels auxquels se livrer entre deux batailles de l’histoire et qui sont matérialisés par un ennemi marchant dans la zone, ou bien un tentacule témoignant de l’influence maléfique de Cursa, l’antagoniste du jeu. On est alors transporté·e dans une arène pour l’affrontement, un peu à la manière des anciens J-RPG. Il est toujours possible de réaliser certains défis (pièces rouges, énigmes diverses etc.) pour obtenir des récompenses en explorant, mais on peut également réaliser des quêtes annexes auprès des personnages croisés sur notre chemin. Enfin, une carte avec une option de voyage rapide entre dans la danse avec son lot de petites icones colorées. Pas de panique cependant, on est loin des mondes ouverts de notre cher fleuron national et de leur logorrhée de contenu. Pas de risque d’indigestion, donc.
Au rayon combat, le système de Kingdom Battle a été très largement peaufiné afin de gagner en dynamisme, sans pour autant sacrifier les contraintes tactiques. On dit ainsi adieu à la grille et à son curseur qui pouvait s’avérer un peu fastidieux à manipuler, et bonjour à un déplacement au stick totalement libre. Enfin, presque totalement. En effet, les notions de portée sont toujours de mise, cette fois-ci indiquées en mètres (ce qui est moins parlant, mais une zone en surbrillance vient corriger tout ça, c’est la magie de l’UX/UI). Les déplacements sont illimités entre deux actions au sein de ce périmètre, à l’exception de l’utilisation de l’arme principale après laquelle on ne peut plus bouger ! On a donc plus d’options de mouvement que jamais, mais cette contrainte supplémentaire à gérer. Concernant les Héros, Sparks of Hope abandonne l’achat d’armes (restent seulement des skins, mais point de micro-transactions à l’horizon, ouf) pour intégrer un système de niveaux, qui affecte aussi les Héros qui ne sont pas actifs dans l’équipe. On est donc libres de changer de composition à la volée sans devoir réinvestir dans des armes plus puissantes.
Enfin, mentionnons les Sparks. Ce système fait la part belle à la personnalisation et à la tactique. En effet, il est possible de les assigner à chaque Héros, d’abord au nombre de un puis par paire en progressant dans l’aventure. Ils offrent divers bonus offensifs ou défensifs et permettent surtout d’appliquer ou de se protéger des Super-Effets (comprenez, effets élémentaires divers). S’il peut être un peu fastidieux de les changer à chaque bataille, ils sont un atout précieux pour exploiter les faiblesses ennemies et ne pas se faire surprendre par un effet indésirable qui pourrait ruiner notre stratégie. Qui plus est, ils sont accompagnés d’un nouvelle jauge, celle des points d’action. Cette dernière limite à deux le nombre d’actions possibles à chaque tour (mis à part les options de mouvement) : on ne peut donc pas utiliser les unes à la suite des autres l’attaque, la technique spéciale et l’action d’un Spark d’un même personnage. Il faudra ainsi choisir judicieusement.
Nous pourrions continuer encore longtemps, en mentionnant la bande-son toujours aussi réussie, les Lapins désormais dotés d’un doublage individuel dédié ou encore la possibilité en combat d’attraper et de lancer des objets et même certains ennemis comme les Bob-Bombs, mais le tableau est déjà suffisamment clair. Ubisoft, loin de se reposer sur ses lauriers, semble avoir mis les petits plats dans les grands pour Mario + Rabbids Sparks of Hope. Le jeu n’a pas l’air de s’aventurer dans le terrain beaucoup trop fréquenté des suites paresseuses, et est prêt à altérer certains éléments fondamentaux de sa formule pour la peaufiner. Reste à savoir si le tout tiendra sur la durée, mais ces quelques heures de jeu nous paraissent d’ores et déjà prometteuses.