Depuis le lancement de ChatGPT en début d’année dernière, la place de l’intelligence artificielle générative se fait de plus en plus importante dans notre quotidien. Il est rare qu’une semaine se passe sans entendre tel ou tel expert exprimer ses espoirs ou ses inquiétudes quant à l’utilisation de l’IA dans divers domaines. Comme beaucoup d’autres industries, le jeu vidéo commence lui aussi à se positionner sur l’utilisation ou non de ce type d’outils pour la création de jeu. Si des géants comme Blizzard et Ubisoft exploitent désormais l’IA dans leurs processus de production, il est intéressant de constater que d’autres, comme Nintendo, se montrent nettement plus frileux.
Récemment, Shuntaro Furukawa, le président de la société japonaise, s’est exprimé sur le sujet : s’il reconnaît le potentiel créatif de l’IA générative, il se montre prudent concernant certaines dispositions légales :
L’intelligence artificielle générative a davantage attiré l’attention pour ses capacités créatives, mais elle apporte également des problèmes liés à la propriété intellectuelle.
Quand on connaît la férocité de Nintendo concernant l’utilisation de ses propres licences ne serait-ce que pour des projets de fans, on serait effectivement en droit d’attendre une intransigence au moins aussi élevée quand il s’agit de l’utilisation de Nintendo de la propriété intellectuelle d’autrui. Néanmoins, il ne s’agit pas du seul frein pour la société japonaise qui émet également quelques doutes sur l’intérêt des créations générées par IA comparées au travail humain :
Nous avons plusieurs décennies d’expertise en création d’expériences de jeux uniques. Bien que nous soyons flexibles quant à l’utilisation de nouvelles technologies, notre objectif reste de proposer une plus-value unique que la technologie seule n’est pas à même d’apporter.
En clair, l’intelligence artificielle a son propre potentiel mais elle est loin d’égaler le savoir-faire développé par Nintendo depuis leurs débuts dans le jeu vidéo. Une position qui n’est pas forcément partagée par d’autres acteurs de l’industrie en Asie. NetEase, immense développeur chinois, a notamment implanté une version spéciale de ChatGPT dans la version mobile de son MMORPG Justice Online. Le principe ? Permettre de discuter réellement avec les PNJ du jeu en proposant non pas des dialogues scriptés au mot près mais des interactions plus organiques par le biais d’une boîte de dialogue gérée par ChatGPT.
Image d’illustration réalisée avec une icône créée par Triangle Squad