TEST – Donkey Kong Country Tropical Freeze

Rien n’est plus agréable que de pouvoir débuter une critique (ou un test, suivant vos préférences lexicales) en étant plongé dans un calme sain, propice à la déesse inspiration. Je suis heureux aujourd’hui, heureux d’avoir cette belle opportunité de pouvoir partager avec vous mon verdict sur une œuvre fascinante qui a l’audace de puiser ses idées dans le passé pour apporter un regard moderne  sur son existence avec une délicatesse exquise.

Sorti initialement sur une console au destin tragique, Donkey Kong Country Tropical Freeze avait cette lourde tâche de respecter l’héritage de la saga inculqué par le studio Rare tout en restant dans la continuité de l’épisode Returns. Malgré les qualités évidentes du jeu, la nouvelle production de Retro Studios n’avait malheureusement pas réussi à attirer le regard ardent d’un public bien trop occupé à vivre sa passion sur d’autres supports. Il aura fallu attendre ce début d’année pour que Nintendo daigne enfin officialiser le portage de son œuvre vers sa nouvelle machine, offrant ainsi une nouvelle chance à Retro Studios de prouver la véritable valeur de son bébé. Il est maintenant temps pour moi de sortir ma plume et de vous énumérer avec une fureur décontractée, tous les points essentiels qui font de Donkey Kong Country Tropical Freeze une véritable perle du jeu de plateforme.

On le sait tous, contrarier un membre des Kong, c’est prendre le risque de s’octroyer la colère de l’ensemble de la famille. Alors quand une tribu s’apparentant aux célèbres vikings et provenant d’une contrée lointaine et froide projette d’envahir l’île où vivent nos gorilles en les expulsant sans aucune diplomatie, il n’en faut pas plus pour amplifier l’humeur atrabilaire de la famille. Ainsi, l’île au regard paradisiaque se retrouve figée dans le temps, la glace et la mélancolie, attendant le retour de ses habitants pour retrouver toute sa fierté et ses couleurs festives.

Il n’y a rien de plus simple que de dompter un gorille

Après cette légère introduction aussi courte qu’intense, c’est à votre tour de prendre la main pour guider notre petite famille, bien déterminée à retrouver son foyer chaleureux. Ainsi pour atteindre votre objectif final, il faudra traverser de nombreux niveaux, répartis sur six mondes bien distincts. Retro Studios propose une structure de progression assez conventionnelle, mais qui a déjà fait ses preuves maintes et maintes fois par le passé. Arborer le principe de l’enchaînement de niveaux permet ainsi au jeu de garder un rythme constant sans jamais tomber dans une forme de monotonie perfide.

Néanmoins, la force du jeu ne réside pas dans sa construction globale, mais dans tout le reste finalement. Donkey Kong Country Tropical Freeze, c’est comme une explosion de saveur, un habile mélange de différents ingrédients qui nous apporte un résultat bien disposé à ravir nos délicates papilles. Et ces merveilleuses sensations se ressentent dès les premières minutes de jeu. Très vite, incarner le Pater Familias de la joyeuse petite bande deviendra un réel plaisir tant ce dernier est agréable à diriger, que ce soit sur la terre ferme comme dans la poésie des fonds marins. L’exemplarité de la prise en main va surtout contribuer à donner confiance aux joueurs et à lui fournir tous les outils nécessaires pour apprécier la qualité de l’expérience et affronter sans frustration l’excellence du level design.

Un level design intelligent, aux multiples niveaux de lectures

Par ailleurs, s’il y a un point à aborder sur lequel il est important de s’y attarder, c’est bien le level design et le grand soin apporté par les équipes de Retro Studios sur cet aspect du jeu. Rarement (et le mot est encore faible) un jeu de plateforme en 2D n’aura atteint un tel niveau de maestria. Rien n’est laissé au hasard, que ce soit dans la disposition des éléments graphiques, comme dans le pattern des ennemis. Tous les niveaux sont construits avec beaucoup de logique et de cohérence, d’une part pour aider le joueur à visualiser les obstacles et d’une autre part pour lui donner la sensation de pouvoir enchaîner des mouvements fluides et beaux. D’ailleurs l’excellent travail sur les animations des personnages renforcent également cette idée. Non, le jeu n’est pas difficile, oui, il est exigeant, la nuance est bien différente et les équipes de Retro Studios l’ont bien compris. Mais n’ayez crainte, pour les plus frileux d’entre vous, cette version Switch vous propose désormais un mode easy baptisé le mode Funky (ou bien le mode ridicule) vous permettant de diriger le personnage de Funky Kong, qui dispose de mouvements spéciaux facilitant drastiquement la progression du jeu.

Ce n’est pas tout, car même si l’architecture des niveaux est élaborée avec méticulosité, le studio texan est allé au bout de ses ambitions en utilisant la puissance de nos consoles HD pour rendre son level design organique. Ce qu’il faut entendre par là, c’est que vous ne serez pas seulement confronté aux ennemis durant l’aventure, mais aussi aux forces de la nature. Ainsi, ces éléments extérieurs vont interagir indirectement avec le modelage des niveaux rendant ces derniers bien plus cohérents, dynamiques et parfois même imprévisibles. Et ça marche, ce choix qui associe l’artistique au game design va rendre la plupart des niveaux marquants voire même inoubliables pour certains.

Le plaisir alliciant de la découverte

Un autre point fort du jeu réside dans la variété des situations. Retro Studios ne s’est pas contenté de cloner maladroitement les niveaux d’un point de vue artistique et structurel. Ils ont réussi à leur apporter un nombre conséquent de mécaniques différentes. A aucun moment, vous n’aurez le sentiment de jouer deux fois la même séquence. Wagons, tonneaux-fusées, phases sous-marine et j’en passe, le jeu ne s’arrête jamais de nous surprendre. À cela nous pouvons rajouter la possibilité de switcher entre trois partenaires, chacun utilisant une particularité différente qu’il faudra savoir utiliser à bon escient pour terminer les niveaux et récupérer tous les bonus du jeu, histoire de débloquer du contenu supplémentaire. Tous ces éléments vont participer à rendre le jeu énergique et audacieux. Avec un genre qui se veut répétitif (oui de la plateforme, il suffit juste d’avancer et sauter par définition), avoir réussi à amener autant d’hétérogénéité dans le gameplay relève d’une certaine forme de prouesse qu’on ne peut que saluer.

Toutes ces bonnes idées sont sublimées par une direction artistique aussi inspirée que majestueuse, faisant de nous, les témoins d’un spectacle visuel éblouissant à chaque instant. Découvrir un nouvel environnement, c’est comme faire une analogie avec ce fameux éclat coruscant qui sévit dans le regard d’un enfant lorsqu’il découvre ses cadeaux le jour de Noël, c’est tout simplement émouvant. À noter que les qualités graphiques du jeu sont embellies par l’écran de la Switch qui rend hommage au travail effectué par les équipes de développement. Mais que serait un tableau vivant sans une merveilleuse mélodie en arrière plan pour accompagner l’action ?

Et c’est bien là que David Wise entre en scène, le célèbre compositeur de légende qui avait déjà œuvré sur les tous premiers épisodes de la grande saga des Kong. Ici, le musicien reprend les baguettes en main, en collaboration avec Kenji Yamamoto. Et nos deux comparses ont réalisé un quasi-sans faute dans la réalisation de la bande sonore du jeu. Les musiques s’inscrivent dans la parfaite continuité des images qui défilent à l’écran, mieux que ça, elle fusionne avec. Ce qu’il faut entendre par là, c’est qu’elles vont accompagner les mouvements du personnage ou de son environnement et changer suivant les situations, une seule mélodie peut ainsi revêtir plusieurs personnalités, plusieurs visages. Mais c’est surtout la puissance des musiques qu’il est important de relever, elles vont participer à rendre l’oeuvre marquante et lui offrir une identité propre. Les deux compositeurs nous offre là une ambiance sonore irréprochable, inoubliable et sensationnelle. Qu’un jeu de plateforme en 2D puisse bénéficier d’un tel niveau de maîtrise à ce niveau relevait de l’impensable, mais pourtant, David Wise et Kenji Yamamoto l’ont fait.

Une légère ombre vient ternir la clarté de cette si jolie toile

Terminons cette critique sur une note un peu moins enthousiasmante, car oui, Donkey Kong Country Tropical Freeze n’est malheureusement pas exempt de tout défaut (mais quelle oeuvre l’est réellement ?). Parlons de ces redoutables ennemis qui nous barrent la route à la fin de chaque monde, parlons des boss. Bien que ces derniers soient nettement plus intéressants que pour l’épisode précédent, ils n’arrivent malheureusement pas à s’aligner sur la qualité globale du reste de l’aventure. On y voit même un curieux décalage avec tous les autres choix en matière de game design, c’est presque à se demander si ces séquences n’ont pas été réalisé par un autre studio. Pourquoi une telle incompréhension, car ces affrontements sont bien trop statiques dans leur déroulement alors que la plupart des niveaux nous proposent du mouvement dans l’image, de la vie et même du rythme. Attention ce choix n’empêche pas d’apprécier toute la splendeur du jeu, néanmoins les boss auraient gagné en puissance émotionnelle s’ils avaient pu bénéficier d’une certaine forme de continuité dans leur traitement, histoire de  gagner en profondeur et rendre les combats bien plus épiques et moins fastidieux.

Les boss ne sont pas à la hauteur du reste de l’aventure
Avis final
  • Avis final - 90%
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Résumé

Désireux de rendre son oeuvre la plus marquante que possible, Retro Studios n’a pas hésité une seule seconde à jouer sur les superlatifs pour frapper un grand coup. Donkey Kong Country Tropical Freeze n’est pas qu’un simple jeu de plateforme comme on peut en voir des dizaines défilés tout au long de l’année. Non c’est avant tout une oeuvre qui est née de la passion d’un studio et qui s’adresse à tous ceux qui aiment le jeu vidéo dans sa définition la plus pure. Non content d’avoir respecté à la lettre l’héritage laissé par Rare, le studio texan est allé encore plus loin en nous proposant une tornade d’idées toutes plus ingénieuses les unes que les autres et qui déferlent sur nous, apportant avec elle un réel sentiment de bonheur. Retro Studios nous signe là une expérience immarcescible, qui réunit toutes les qualités primordiales pour être propulsée vers les étoile et se placer, avec fierté, aux côtés des plus grandes références du genre, bravo Retro, bravo et merci infiniment.

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EquipeSwitchActu
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Ce Donkey Kong est vraiment pas mal dans son genre. Je n’avais pas retouché à cette licence depuis la SNES, ça rappelle pas mal de souvenirs. Gameplay exigeant juste comme il faut, techniquement irréprochable, seule la durée de vie un peu faible (même si pour le 100% il faudra s’accrocher un peu plus. Des remakes de la WiiU comme cela j’en redemande n’ayant pas eu cette console.

J’avais fait DKC Returns et je surveillais ce jeu quand il était sur WiiU mais je n’ai jamais eu la console. Content qu’il soit réédité sur Switch pour pouvoir en profiter pleinement ! Retro Studio reste dans la continuité de Returns avec Tropical Freeze, un super jeu avec du challenge ! 🙂

DesBen

Je ne l’avais pas fait sur Wii U, et là franchement c’est une claque. Même si je suis très nul, je prends du plaisir sur le jeu et je m’y attendais pas, en tous cas pas autant.