Nintendo a sorti hier une nouvelle campagne marketing globale pour la Switch basée sur le slogan désormais bien connu des joueurs “Play together anytime, anywhere” (“Jouez ensemble où et quand vous voulez” dans la langue de Jul) et c’est, une nouvelle fois, un immense succès, autant dans la forme que dans le fond.
Dans le fond, parce qu’à l’heure de la sortie de la Google Stadia et à l’aube du xCloud, Nintendo montre bien que c’est ça, la vraie liberté : ne pas être dépendant d’une connexion internet ni d’un lieu et pouvoir jouer où on veut, quand on veut. Certains prophétisent que le cloud gaming sera le futur, mais c’est sans compter sur son impact écologique absolument désastreux (une heure de jeu sur Stadia, c’est 7Go de données téléchargées en Full HD et 20Go en 4K) et son modèle économique incertain ; alors que la Switch, elle, répond à la même problématique (“je veux pouvoir jouer n’importe où”) en offrant, certes, une console qui est moins puissante – pas forcément un souci tant que les jeux de qualité sont là, mais une console qui permet vraiment de jouer partout, chez soi comme ailleurs, s’adaptant de fait à un public qui a de moins en moins le temps de se poser devant sa télé (une pensée pour les parents joueurs, qui doivent bénir cette flexibilité). Le fait est que la Switch est la console sur laquelle les gens passent le plus de temps et, par conséquent, achètent le plus de jeux, ce qui montre que Nintendo répond à une vraie demande chez les joueurs.
Dans la forme, parce que le constructeur a su créer une vraie identité à la Switch dans ses campagnes, déjà par l’affichage, en début de chacune, du nom de la console – simple et clair – sur un fond rouge que l’on associe immédiatement à Nintendo, mais aussi par ce petit “clic” si caractéristique (vous l’avez assurément en tête au moment où vous lisez ce texte) qui fait que, même sans la voir, vous savez qu’une pub va parler de la Switch, ou de l’un de ses jeux.
Dans la forme, aussi, car sur les campagnes portant sur le hardware, le casting est toujours assez varié (que ce soit en termes d’âge, de situation, de culture…) pour dire que la console s’adresse à tous ; et, surtout, la balance entre “montrer les joueurs qui s’amusent avec le produit en main” et “montrer les jeux” est toujours parfaitement équilibrée : le département marketing n’a visiblement pas oublié que ce sont ces derniers qui permettent de vendre, et surtout de continuer à vendre, des consoles. L’époque de la Wii, où l’on pouvait écouler du hardware en ne jouant que sur le côté lifestyle, est révolue ; Nintendo a, de fait, créé de “nouveaux joueurs” qui sont devenus aussi exigeants que les “anciens“, une stratégie qui a toujours été assumée par l’entreprise, comme en témoignent ces deux citations de Reggie Fils-Aimé :
Les points clés, ici, sont deux petits mots : le mot “ou” et le mot “et”. Nintendo n’est pas une entreprise “ou”, avec des jeux dédiés à ce groupe “ou” à ce groupe. Nous sommes une entreprise “et”, avec des jeux pour ce groupe “et” ce groupe “et” pour des groupes de gens qui ne s’appellent même pas encore des joueurs.
Connaissez-vous quelqu’un qui n’a jamais regardé la TV, jamais vu un film, jamais lu un livre ? Bien sûr que non. Laissez-moi vous poser une autre question. Connaissez-vous quelqu’un, peut-être même dans votre famille, qui n’a jamais joué à un jeu vidéo ? Je parie que oui. Comment cela est-il possible ? Si nous voulons vraiment nous considérer comme un vrai média de masse, si nous voulons grandir en tant qu’industrie, cela doit changer.
Il convient de noter, de plus, que la grande cohérence de ces publicités pour la Switch (il suffit de revoir cette campagne ou celle-ci pour s’en rendre compte), permettent non seulement de construire l’identité de la console dans l’imaginaire collectif, y compris auprès de ceux qui n’en possèdent pas encore une, mais aussi de renforcer la fidélité à la marque des gens qui en ont déjà fait l’acquisition, ce qui est tout aussi important pour qu’ils continuent à acheter les – très bons – jeux que Nintendo sort dessus, mais aussi, pourquoi pas, les futures consoles de la firme. Mais assez tergiversé : vous êtes sans doute là pour voir à quoi ressemble cette nouvelle campagne, et je vais vous laisser la découvrir. Et je ne sais pas pour vous, mais si je n’avais pas de Switch, j’aurais probablement envie d’en acheter une après avoir vu ces trois minutes de vidéo, ce qui montre qu’être conscient des ficelles du marketing n’empêche certainement pas d’en être victime.
La nouvelle campagne marketing de la Switch
https://www.youtube.com/watch?v=TIXDmJwl5YI
En effet la publicité fait envie