Des animaux anthropomorphes, une sauterelle robotisée, une loutre nageuse professionnelle, un arbre sacré et un monde à sauver. Non, il ne s’agit pas du scénario du prochain Avengers mais de Biomutant qui vient de débarquer sur Switch. Trois ans après sa sortie initiale, l’action-RPG développé par le studio suédois Experiment 101 élargit son audience aux joueurs Nintendo pour un voyage remplis de dangers.
La Planète des Singes X Fallout
Biomutant prend place dans un monde poste-apocalyptique, ravagé par la propagation d’un violent poison. Outre la destruction de la plupart des structures urbaines, désormais envahies par la végétation, cet étrange monde est notamment peuplé de créatures animales aux nombreux attributs humains.
Parmi ces créatures se trouve notre personnage, une sorte de rōnin légendaire réputé pour son adresse au combat et sa quête de justice. Le jeu vous propose de créer votre avatar en choisissant une race et un style de combat : selon vos affinités, vous pourrez privilégier le combat au corps-à-corps, la magie, les armes à feu et bien d’autres méthodes. Cette formalité passée, vous êtes lâchés dans ce monde en ruines qui n’attend que votre courage pour être sauvé.
Car oui, même si le monde est déjà en un bien piteux état, les choses pourraient encore empirer si l’Arbre de Vie, la source de toute forme de vie, venait à mourir. Guidé par certains de vos amis d’enfance, vous vous lancez donc dans une quête désespérée pour sauver ce qui peut l’être. À moins, peut-être, de laisser la nature faire son oeuvre.
Une liberté trop belle pour être vraie ?
Si l’objectif de la quête semble évident, Biomutant se plaît à vous faire douter de sa pertinence. Par-là, j’entends que si vous êtes fortement encouragés à sauver l’Arbre de Vie en terrassant les quatre Mangemondes, d’affreuses créatures dévorant ses racines, d’autres personnages ont une autre vision : celle de laisser mourir l’Arbre de Vie afin d’enterrer définitivement l’ancien monde et repartir de zéro.
Sans spoiler, ce choix vous est très tôt proposé dans le jeu via le système des tribus : les survivants du cataclysme se sont regroupés en plusieurs factions hostiles les unes et autres et chacune a une vision précise de ce qu’il conviendrait de faire entre sauver ou laisser périr l’Arbre de Vie. Les premières heures du jeu vous demandent de prêter allégeance à l’une des deux principales tribus et d’embrasser leurs idéaux, ce qui déterminera une grande partie de la conclusion de l’intrigue.
Malgré cela, Biomutant essaie plus ou moins de vous faire croire à la possibilité de fins multiples et nuancées alors qu’en réalité, le scénario propose deux conclusions binaires : une “bonne” et une “mauvaise” fin. Un travers dans lequel énormément de jeux tombent en faisant croire au joueur qu’il aura un véritable impact sur l’histoire alors que ses actions n’ont que des conséquences superficielles. En revanche, vos choix vous permettront de débloquer des pouvoirs spécifiques en fonction de la voie que vous emprunterez.
Plus largement, l’histoire de Biomutant souffre d’un manque de soin apporté à la mise en scène. Les objectifs s’enchaînent sans réelle implication du joueur, qui se contente d’aller çà et là en fonction de ce qu’on lui conseille. De fait, on peine à ressentir la moindre émotion alors que le contexte se prêterait fort bien à une histoire émouvante et remplie de péripéties. Même le passé trouble du personnage principal n’éveille que très peu d’intérêt malgré de nombreuses références plus ou moins subtiles qui étaient probablement censées, pour les développeurs, aider le joueur à s’identifier au protagoniste.
Un open world de qualité desservi par une technique aux fraises
À une époque où les open worlds sont pratiquement devenus systématiques dans les jeux d’action-aventure à gros budget, il est rare de trouver des univers réellement plaisants à parcourir. Fort heureusement, Biomutant parvient à proposer une exploration plutôt agréable dans l’ensemble, à quelques détails près.
En premier lieu, l’ambiance de cet open world retranscrit efficacement l’ambiance générale du jeu : un monde à la dérive, qui panse ses plaies après un cataclysme et qui reste menacé par une destruction imminente. Les paysages sont vastes et denses en termes de contenus et de points d’intérêt, histoire que votre exploration reste dynamique. Néanmoins, on ressent aussi une certaine sérénité à explorer les villes en ruines envahies par la végétation et les villages des survivants. Cependant, et contrairement à d’autres jeux post-apocalyptiques, Biomutant vous laisse rarement seul face à votre quête : de nombreuses rencontres avec des PNJ jalonnent vos aventures et chacune d’elles apportera une aide précieuse à l’accomplissement de votre quête.
Dommage cependant que la technique ne suive pas. Biomutant avait déjà été houspillé par certaines critiques lors de sa sortie initiale sur PC, PS4 et Xbox One mais, fatalement, rien ne s’arrange sur Switch. On pourrait même dire que le rendu est bien pire sur la console de Nintendo : couleurs criardes, modèles 3D douteux (surtout concernant les personnages), éclairages chaotiques et textures répugnantes ponctuent l’exploration de ce portage. Je ne m’étalerai pas plus longtemps dessus mais je peux résumer mon ressenti sur la technique de la version Switch de Biomutant ainsi : vivement la Switch 2 !
Des combats qui cherchent encore leur identité
Si le monde de Biomutant offre un certain repos grâce à ces paysages immenses et (parfois trop) verdoyants, il n’en reste pas moins rempli de dangers. Entre les monstres, les bandits de grands chemins et les tribus adverses, vous devrez régulièrement vous battre pour survivre. Sur le papier, le système de combat du jeu était séduisant : un mix de corps-à-corps, de distance et de magie, comme dans de nombreux A-RPG, le tout avec la fluidité d’un beat-them-all. En pratique, l’exécution est plus maladroite. L’absence de système de visée et la caméra chaotique rendent les combats brouillons et sans grand intérêt. Le jeu tente quelques expériences avec les combats de Boss qui ont le mérite d’être un poil plus dynamiques mais qui souffrent quand même de ce manque de soin global.
Quel dommage, surtout quand on voit le potentiel gâché du système de créations d’armes et la variété de ces dernières. Biomutant propose de nombreux types d’armes allant du katana au bâton en passant par une scie meurtrière. La variété des styles proposés fait que chaque joueur trouve chaussure à son pied et ce, d’autant plus grâce au système de craft qui permet de concevoir ses propres armes. En combinant deux éléments de base, on peut se retrouver avec des outils à la fois incongrus et puissants : une lame acérée fixée sur une banane (oui) fera des merveilles face aux terribles Mangemondes et ce, grâce à l’habileté de vos doigts de fée.
Biomutant, le chic de la génétique - TEST
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Un mutant moins cool que d'autres - 55%55%
Résumé
Si Biomutant est rempli de bonnes idées, leur exécution reste trop brouillonne pour être appréciées à leur juste valeur. Malgré la qualité de son monde ouvert la grande liberté qu’il laisse au joueur, Biomutant pêche par une histoire qui échoue à impliquer le joueur, une technique à la ramasse et des combats trop peu dynamiques pour être plaisants. Le jeu d’Experiment 101 laisse surtout une impression d’une opportunité loupée tant l’ensemble aurait pu être grandiose avec un peu plus de soin apporté. Biomutant fera peut-être partie de ces jeux qui reçoivent un remake une dizaine d’années après leur sortie pour enfin réaliser leur plein potentiel. Pour le moment, il ne laisse qu’indifférent.
Les +
- Un monde ouvert vaste et dense
- Une exploration intéressante et sereine
- Beaucoup de liberté dans l’approche
- Le système de craft d’armes
Les -
- Un chara-design affreux
- Une technique en roue libre
- Des combats brouillons
- Une mise en scène bancale et dirigiste
- Une fausse sensation d’influence sur l’histoire