Les univers post-apocalyptiques sont particulièrement populaires dans notre industrie préférée. Qu’il s’agisse des hivers nucléaires de Fallout ou des cataclysmes zombies de The Last of Us, les studios sont plutôt prolifiques quand il s’agit d’imaginer des mondes en ruines. De façon intéressante, ces aventures mettent régulièrement en exergue la sauvagerie dans laquelle l’humanité serait capable de tomber dans de telles conditions dans des environnements sinistres à souhait. Ce n’est pourtant pas la direction prise par Highwater, développé par Demagog Studio et qui opte pour une vision plus apaisée d’un monde post-apocalyptique. Un pari réussi pour cette courte expérience mêlant exploration et stratégie.
Si tu veux du beau temps, navigue souvent
À la manière de Blackwater, la série de livres de Michael McDowell récemment rééditée, Highwater commence à bord d’une embarcation de fortune. Il faut dire que la Terre est presque intégralement recouverte par les eaux depuis un terrifiant cataclysme façon tsunami. Parmi les survivants de ce désastre, on incarne le jeune Nikos, sillonnant les mers qui composent désormais l’immense partie du paysage terrestre pour trouver çà et là, nourriture et équipement pour aider ses proches.
Le scénario de Highwater se veut relativement simple et raconte le voyage de Nikos et de certains de ses amis pour rejoindre Alphaville, ville privilégiée dont les citoyens s’apprêteraient à embarquer dans une fusée à destination de Mars. Mais les obstacles seront nombreux…
Petite pluie abat grand vent
Le gameplay de Highwater se divise en deux parties : exploration et combats. À bord du petit bateau à moteur de Nikos, vous voguez sur les mers en suivant les objectifs semés par le scénario tout en prêtant attention aux éventuelles îles annexes qui pourront éveiller votre intérêt. Comme une sorte de The Legend of Zelda: Wind Waker au format XXS, Highwater vous laisse dériver d’un point à l’autre dans une liberté qui reste néanmoins relative. Pour être plus précis, vous ne pouvez débarquer que sur certaines îles mises en évidence tandis que vous vous contenterez d’admirer le reste du paysage. De toute façon, vous ne pouvez pas quitter votre bateau à moins d’être à proximité d’une île prévue pour être accostée.
Si certains peuvent en être frustrés, il est bon de rappeler que ce jeu reste une courte expérience avec des ambitions plus modérées. Notons tout de même qu’en plus de l’histoire principales, deux histoires annexes vous sont proposées. Par ailleurs, cela ne retire rien à la qualité intrinsèque du titre, particulièrement quand il s’agit de ses combats. Les affrontements reprennent les codes classiques du Tactical-RPG que l’on retrouve dans X-COM et Mario + The Lapins Crétins : combats au tour par tour, déplacements d’unités case par case compétences spéciales à exploiter judicieusement pour triompher de vos adversaires… Ces derniers seront d’ailleurs de diverses natures : citoyens d’Alphaville, illuminés rendus fous par la récente Apocalypse, créatures génétiquement modifiées par les conséquences de cette dernière… C’est tout un éventail d’épreuves qui vous attend !
La force des combats de Highwater réside dans la variété des compétences mises à disposition et des adversaires à affronter. Nikos peut, par exemple, utiliser une canne à pêche pour blesser un ennemi et le faire avancer d’une case tandis que la terrible Joséphine possède une compétence spéciale lui permettant d’agir à nouveau, dès lors qu’elle élimine un ennemi. Au-delà des compétences de vos personnages, le coeur de votre stratégie reposera sur l’exploitation de votre environnement : certains objets peuvent être employés pour attaquer vos adversaires avec bien plus d’efficacité que les actions classiques. Abattre un arbre sur un ennemi, en attirer un dans le vide, en électrocuter un autre dans une eau proche d’un générateur… Toutes sortes de stratégies s’offrent à vous, de sorte que chaque bataille est unique et offre un défi différent à relever. Pour vous en sortir, l’exploration sera un atout important car de nombreuses améliorations de statistiques et des armes sont cachées dans les îles facultatives.
On regrettera juste le fait que certains personnages restent très peu de temps au sein du groupe principal. Bien que cela apporte un rythme très dynamique, j’aurais aimé pouvoir exploiter plus longuement les compétences uniques de tel ou tel personnage, histoire de voir toutes les stratégies qu’il pouvait offrir.
Le calme après la tempête
Si j’ai fortement apprécié les combats de Highwater, je crois avoir été encore plus marqué par son atmosphère étonnamment sereine. Malgré la disparition quasi-complète de la civilisation et la violence qui en découle dans de nombreuses interactions entre les différents personnages, on ressent un certain apaisement au long des cinq heures de jeu. Un sentiment qui se ressent dans la plupart de ses aspects, les combats mis à part bien sûr.
Les nombreux trajets en bateau sont très agréables car en dépit du calme de la traversée, on ne s’ennuie jamais. Chaque trajet est l’occasion d’écouter une station de radio qui délivre informations et musiques pour mieux connaître l’univers du jeu. Dans le même but, chaque île secondaire regorge de références culturelles, réelles ou inventées, de même que les dialogues : d’Astérix au Grand Budapest Hotel en passant par les guides “Pour les Nuls“, Highwater est un hommage miniature à la culture.
La sérénité du jeu est également reflétée dans ses environnements : on tombe instantanément sous le charme des visuels de Highwater avec leurs couleurs douces et ce cel-shading délicieux. Même les sinistres ruines d’un supermarché ont leur charme grâce à cette direction artistique simple mais efficace. Si les couleurs froides des Fallout vous rebutent, Highwater vous envoûtera avec sa vision fraîche et colorée du post-apocalyptique.
Highwater, l'Apocalypse est un long fleuve tranquille - TEST
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Une vague de génie - 85%85%
Une vague de génie
Conçu avec intelligence et humanité, Highwater parvient à marquer les esprits par ce mélange réussi de stratégie et d’exploration inscrit dans une atmosphère unique. Partir sur une ambiance zen dans un univers post-apocalyptique est un défi audacieux qui a été relevé avec brio par Demagog Studio. Au point qu’on regrette sa faible durée de vie car on ne souhaite qu’une seule chose : poursuivre cette expérience encore quelques heures !
Les +
- Des combats variés et remplis de bonnes idées
- Une belle direction artistique
- Des tonnes de références culturelles
- Un lore intéressant
- Une exploration calme et zen
Les -
- Court
- Quelques coquilles ici et là dans la traduction