Ah, la moto. Pour moi, il s’agit de toute une histoire. Non pas parce que j’ai toujours rêvé d’être pilote, ni même d’avoir une quelconque bécane. C’est même tout le contraire ! Mon père, motard passionné, a passé sa vie à vendre des deux-roues en espérant pendant plusieurs années que l’un de ses fils ou sa fille reprenne le flambeau. Manque de bol : ni mon frère, ni ma sœur, ni moi-même n’avons été piqués par la passion des Honda, Ducati, Yamaha, Suzuki et autres constructeurs bien célèbres. Pour tout vous dire, quand le daron regardait les grands-prix Moto GP le dimanche, tout le monde a toujours préféré vaquer à d’autres occupations.
Alors quand j’ai eu l’opportunité de tester Moto GP22 sur Nintendo Switch, j’ai tout de suite pensé que cela serait ma façon à moi de lui tendre la main, comme un fils qui remercierait son père pour tout ce qu’il lui a apporté durant ses 31 premières années d’existence. Papa, ce test est pour toi. Et Dieu sait à quel point cet exercice n’a pas été évident, tant mon niveau de conduite fut exécrable du début à la fin. J’espère que tu me pardonneras. Ton fils qui t’aime, autant que tu as toujours apprécié voir un pilote Ducati décrocher la pôle position.
Moto GP22 est un jeu de simulation de course de motos développé et édité par le studio italien Milestone. Il est disponible depuis le 21 avril 2022 sur Nintendo Switch, PC, mais aussi sur les deux générations les plus récentes de Xbox et de PlayStation. Les opus de la série sortent tous les ans, à la manière d’un célèbre jeu de football dont je ne pense pas avoir besoin de citer le nom, mais dont notre test le plus récent est disponible au bout de ce lien.
Ainsi, Milestone a-t-il réussi à faire de cet énième opus une réussite, sans céder à la facilité qui consisterait à simplement actualiser les informations relatives aux motos, aux circuits et aux pilotes ? C’est la question à laquelle je vais tenter de répondre tout au long de ce test, même si l’honnêteté intectuelle m’oblige à vous signaler que cette édition 2022 fut une grande première pour moi. Mais pas d’inquiétude : j’ai mené consciencieusement ma petite enquête sur les 3 dernières parutions pour me remettre à la page avant d’écrire ces lignes.
À vos marques, prêts…
Il faut souffrir pour être (à peu près) beau
Quelques instants après avoir lancé le jeu, Moto GP22 nous fait comprendre qu’il va nous falloir apprendre (et comprendre) les règles qui régissent la simulation de course si l’on veut espérer prendre un tant soit peu de plaisir. Accélerer, freiner, appréhender les courbes convenablement, maîtriser les réglages liés aux pneus ou au moteur… Autant d’éléments à apprivoiser pour éviter de finir la tête dans les graviers tous les 15 mètres. Pas d’esbrouffe entre nous : il m’a fallu plus de 2 heures avant de réussir à enchaîner ne serait-ce que quelques virages sans finir au sol. Encore une fois, je ne pense pas être un exemple, dans le sens où les jeux de course ne m’ont jamais attiré outre-mesure, et encore moins les jeux très orientés sur la simulation. Offrez-moi un karting, une pincée de bananes ainsi que quelques carapaces et je me sens tout de suite davantage dans mon élément.
Heureusement, les équipes de Milestone ont travaillé pour permettre aux débutants de mettre le pied à l’étrier. Avant même de choisir un mode de jeu, un tutoriel nous invite à passer en revue et à pratiquer toutes les notions essentielles à notre survie sur circuit. De plus, à chaque étape de ce tutoriel, il est possible d’ajuster la difficulté de la simulation à l’aide de plusieurs leviers : ajouter des indications de freinage ou carrément activer un freinage automatique, afficher à l’écran les meilleures trajectoires pour sortir d’un virage de façon optimale, ou encore ajuster la vitesse et le talent de conduite des concurrents contrôlés par l’ordinateur… Une ribambelle de coups de pouce fort utile — pour ne pas dire essentiels — qui m’ont incité à persévérer plutôt qu’abandonner comme un lâche.
Une fois ce tutoriel complété, non sans douleur, et ces quelques bases plus ou moins maîtrisées, il est temps de passer aux choses sérieuses avec les différents modes de jeu proposés dans ce Moto GP22.
Dans la peau d’un pilote MotoGP
Comme ses prédécesseurs avant lui, Moto GP22 propose un mode carrière qui offre la possibilité au joueur de se plonger dans la peau d’un pilote prometteur, mais qui doit d’abord faire ses preuves. Ce mode de jeu nous permet de piloter pour une écurie parmi celles déjà bien connues ou bien de créer la nôtre, et démarrer dans la catégorie que l’on préfère : Moto 3, Moto 2 et le Saint-Graal, Moto GP ! D’ailleurs, si vous voulez commencer tout en bas de l’échelle en Moto 3 sans forcément vivre des saisons trop longues, sachez que le jeu propose une option “demi-saison” : de quoi accélérer le rythme et éviter que les joueurs ne se lassent trop vite. Car, soyons honnêtes : si ce mode carrière a quelque peu été étoffé par rapport aux versions précédentes, évitant ainsi de n’être qu’un enchaînement de courses jusqu’à la fin de saison, le tout reste perfectible. La gestion de son contrat de pilote et la sélection de l’équipe technique dédiée à l’amélioration de notre moto apportent, certes, une dimension intéressante à l’ensemble, mais cela reste encore trop mince pour nous tenir en haleine, surtout lorsque l’on n’est pas un réel passionné de deux-roues ! Davantage de mise en scène et d’évènements aléatoires pour ponctuer la durée de la saison auraient certainement apporté plus de consistance et de capacité d’immersion à ce mode de jeu.
Quoi de neuf ? Nine : Saison 2009, un mode de jeu à la sauce documentaire
Du coté des nouveautés, le studio italien Milestone – à qui l’on reproche régulièrement de ne pas faire beaucoup évoluer sa formule d’une année sur l’autre – a le mérite de proposer une toute nouvelle approche avec son mode intitulé “Nine : Saison 2009”. Si, comme moi, vous n’êtes franchement pas un spécialiste des courses de motos, sachez que la saison 2009 est réputée comme l’une des plus emblématiques de l’histoire de la MotoGP, avec quatre pilotes de renom (Valentino Rossi, Jorge Lorenzo sur Yamaha; Daniel Pedrosa sur Honda, et Casey Stoner sur Ducati) qui se sont tirés la bourre pendant les 17 grands-prix de la saison, pour le plus grand plaisir des fans.
Pour l’occasion, le mode “Nine : Saison 2009” s’articule autour des grands moments de ce tournoi, entremêlant vidéos d’archives, récit soutenu par une voix-off dédiée et challenges à relever pour le joueur en incarnant alternativement l’un des quatre pilotes qui ont contribué à faire rentrer cette année 2009 dans la légende de la MotoGP. Un véritable documentaire ludique et interactif, particulièrement bien ficelé, qui saura satisfaire les puristes et qui, je dois l’avouer, m’a permis de vivre une expérience de jeu très agréable.
Un avis partagé, comme peut désormais l’être l’écran dans Moto GP22 !
Bonne nouvelle, une fonctionnalité attendue par la communauté fait également son apparition dans Moto GP22 : l’écran partagé. Ainsi, vous pourrez vous confronter à vos amis avec une seule Nintendo Switch, soit pour souffrir à deux si vous êtes débutants, soit pour affirmer votre domination si la conduite dans les Moto GP n’a déjà plus vraiment de secret pour vous. Si cela n’empêchera pas certains habitués de regretter l’absence d’un éditeur de circuits, cela reste tout de même une évolution dont on peut se satisfaire.
Côté technique, Moto GP22 s’en sort avec les honneurs. En effet, même si la comparaison avec les versions Xbox et PlayStation ne tournera jamais en la faveur de la Nintendo Switch, le titre reste parfaitement fluide, avec des temps de chargement étonnamment courts par rapport aux précédents opus déjà portés sur notre console portable préférée. Bien sûr, cette fluidité se paie au détriment du nombre d’éléments affichés à l’écran et d’un aliasing quasi omniprésent. Ne vous attendez pas à profiter d’un environnement très chargé autour des circuits, bien au contraire : le tout ressemble plutôt au désert de Gobi. Mais finalement, lorsque l’on sait à quel point il faut rester concentrer sur sa course pour espérer rester debout et réaliser un chrono convenable, était-il indispensable d’avoir une périphérie de circuit plus riche visuellement ? Chacun pourra se forger son propre avis sur la question.
De manière générale, Moto GP22 semble doté de tous les arguments pour convaincre les amateurs de moto qui souhaitent s’immerger dans la peau de leurs pilotes favoris, notamment avec l’apparition du mode “Nine : Saison 2009” qui apporte indéniablement un vent de fraîcheur sur la franchise. Toutefois, les plus assidus de la série sortiront probablement un peu déçus par le manque de prise de risque du studio Milestone, qui se contente de ce nouveau mode de jeu et d’une fonctionnalité d’écran splitté en guise de réelles nouveautés. Quant aux néophytes, nul doute qu’ils sauront reconnaître et saluer le travail du studio italien en matière d’accessibilité, faisant très certainement de ce Moto GP22 l’opus idéal pour quiconque souhaiterait mettre le pied à l’étrier de la simulation de course. Mais attention, vous ne deviendrez pas Fabio Quartararo en quelques heures pour autant !
sans prise de risque, pas de sortie de route !
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Une course sans prise de risque, ni sortie de route ! - 70%70%
Une course sans prise de risque, ni sortie de route !
Les amateurs de Moto GP se satisfairont sans nulle doute d’emporter leur licence préférée un peu partout. Avec son célèbre mode carrière mais aussi et surtout doté d’un tout nouveau mode de jeu “Nine : Saison 2009” à mi-chemin entre l’expérience vidéoludique et le documentaire, Moto GP22 est probablement l’un des opus les plus solides de l’histoire de la licence. L’absence d’un éditeur de circuits et de réelles nouveautés dans le mode carrière l’empêche cependant de décrocher le titre de référence de la simulation de course de moto. Rendez-vous l’année prochaine ?
Les +
- Niveau simulation, la promesse reste encore et toujours tenue !
- Toute la licence mise à jour (pilotes, motos, équipementiers, etc.)
- L’expérience offerte dans le mode “Nine : Saison 2009”
- La volonté de tendre la main aux débutants par le biais d’un tutoriel très didactique et très complet
- La fonctionnalité d’écran partagé pour jouer avec un(e) ami(e)
- La fluidité technique du titre…
Les -
- …Au détriment de la richesse visuelle
- L’absence d’éditeur de circuits
- Un mode carrière qui ne se renouvelle pas assez, un peu poussif sur le long terme