Sinking City survit au raz-de-marée avec brio – TEST

Sinking City
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Si pour vous la mer évoque les vacances et la glandouille au soleil, think again ! Ici, la Maer sera sombre et pleine de dangers. Dans Sinking City, vous incarnez le détective Charles Reed, originaire de Boston, et fraîchement débarqué dans la mystérieuse ville d’Oakmont. Après un naufrage subi des années auparavant, Charles est victime de terribles visions et de cauchemars envahissants, c’est ce qui le pousse à partir pour cette destination, où après l’épisode de L’Inondation (un déversement torrentiel qui en fit une ville submergée), les habitants commencent à être à leur tour happés par la folie et déblatèrent des inepties étrangement similaires aux propres démons de Charles. Dans ces hallucinations collectives, il est question d’un immense danger, ancien et caché, venu des profondeurs de la Maer

Une atmosphère inhospitalière

Gris, sombre, froid et inquiétant, le monde qui se dévoile à vous semble tout droit sorti d’un roman lovecraftien et la mythologie née après l’Inondation rappelle évidemment la religion créée autour de Cthulhu. Il vous faudra par moments utiliser un bateau à moteur pour vous déplacer à travers la ville et affronter des malbêtes (monstres surgis après l’Inondation) se trouvant sur votre passage. Ses habitants ont une appartenance très marquée avec un langage qui leur est propre (Par Kay” : prétendument une sorte de dieu, “Vera” : très bien, “Droch” : une insulte, etc.) mais aussi des attributs physiques pour le moins… surprenants. Oakmont est régie par différentes familles qui ont chacune leur pouvoir et leur influence politique. De plus, des rescapés d’Innsmouth sont récemment venus trouver refuge sur ces terres (pour ce qu’il en reste), ce qui n’est pas au goût de tout le monde. Étranger est une des pires insultes et l’on tient à vous le rappeler.

Au départ, les têtes de singe et de poisson typiques des habitants d’Oakmont et Innsmouth semblent déroutantes et on attend avec impatience de découvrir le faciès d’un nouveau personnage, mais au bout de quelques heures l’on remarque bien vite que tous les habitants se ressemblent, et sont parfois carrément des copié/collé. D’ailleurs, les PNJ sont tristement inutiles : en dehors des lignes de dialogue conduisant à une quête, ceux-ci ne discutent pas plus avec vous et c’est encore pire pour ceux qui peuplent la ville tristement déserte car il est impossible de communiquer avec. J’ai bien tenté, certains m’interpellant même, ou désireux de vendre leurs marchandises mais rien à faire, une fois arrivé à leur établi, ceux-ci se retrouvaient en fin de compte muets comme des tombes. Si la carte de Sinking City vaut son pesant de cacahuètes, et que je suis reconnaissante des cabines téléphoniques servant de point de voyage rapide, grand espace ne signifie pas forcément espace rempli, ou même intéressant. Le manque d’interactions avec les personnages et la vacuité des demeures que l’on peut visiter (marquées d’un H sur la porte) font défaut à ce monde ouvert. Si l’écran de chargement nous conseille bien explicitement de tenter de trouver des provisions en fouillant la ville, le risque de rencontrer des malbêtes et de gâcher par la même de très précieuses munitions m’a refroidie et j’ai préféré tracer mon chemin d’un point A à un point B pour rationner mon inventaire quitte à ne tenter de résoudre qu’un minimum de quêtes annexes.

Sinking City dresse donc un monde travaillé et soigné dans lequel on se sent légèrement mal à l’aise, pas à sa place mais où l’on finit par s’y connaître un peu.

Des mécaniques de jeu qui font leur effet

Outre les temps de chargement incroyablement longs (mais vraiment), l’immersion se fait ressentir tout au long du jeu, ou presque. Le gros point noir de Sinking City, et qui casse le rythme du jeu : l’accès à la carte, et plus amplement au menu. Il faudra appuyer sur + afin d’ouvrir le menu, puis trois fois d’affilée sur R afin d’accéder à la map du jeu que l’on consulte très fréquemment car il n’y a pas de tracé d’itinéraire possible. En pleine partie, on se rend vite compte du ridicule de la chose.

Charles possède deux jauges : une jauge de vie, qui se videra suite aux blessures infligées par les malbêtes ou tout simplement à cause de dégâts de chute, et une jauge de santé mentale qui elle se verra réduire à force d’exposition prolongée à des visions étranges et glauques, dont lesdites malbêtes. Et c’est là que le bât blesse, les hallucinations dont Charles est victime lorsque sa jauge de santé mentale baisse sont au minimum déconcertantes et au plus carrément flippantes. Personnellement, le voir planter son pistolet contre sa tempe me faisait frissonner d’horreur. Quand l’une des deux jauges est complètement vide, votre personnage meurt. (Rien de bien méchant, vous serez automatiquement téléporté au dernier lieu sécurisé que vous avez traversé.) Pour éviter cela, l’on peut se soigner avec des kits de soin mais, attention, ceux-ci sont denrée rare et c’est pourtant bien le seul moyen de recouvrer des points de vie. (Non, pas de nuit à l’hôtel disponible.) Vous pourrez aussi crafter des objets dans votre inventaire en récoltant des matières premières (alcool, poudre à canon, ressorts, etc.) lors de vos expéditions, ce qui ne les rend pas moins rares. Quant à votre santé mentale, vous pourrez soit vous injecter une seringue d’antipsychotiques soit détourner le regard et attendre patiemment de retrouver vos esprits, moins punitif que de se prendre des coups du coup.

Les phases d’enquête se passeront toujours de la même manière : vous arrivez sur le lieu de la mission (souvent quelques monstres à dégommer pour nettoyer l’endroit, ce qui est étrange d’ailleurs quand le lieu est censé être habité et utilisé tous les jours ?), vous fouillez partout et rassemblez tous les indices, une fois cela fait de nouveaux liens se débloquent dans le Palais de la Mémoire, faites vos propres déductions et là c’est au tour de votre Oeil de détective de jouer.

Une pauvreté technique qui dessert à peine l’essence de Sinking City

Vous l’aurez compris, Sinking City est énormément basé sur l’occulte et c’est à ce titre que notre détective, ancien Marine, a acquis un pouvoir tout aussi étrange que ses cauchemars après quelques jours passés sur une île déserte, lors du naufrage qui aura coûté la vie à ses compagnons de galère. L’Oeil de détective est une capacité vous permettant de revivre des événements passés en tant que spectateur. Après avoir activé votre pouvoir sur un endroit précis (les bords de l’écran deviendront flous et la musique changera afin de vous indiquer que c’est bien là l’élément déclencheur), vous assisterez à une petite saynète en couleurs, puis de retour dans le présent il vous faudra chercher une faille. Les failles apparaissent comme des trous dans l’espace bleutés qu’il faudra traverser afin d’atterrir dans un monde parallèle. Dans ce monde bleu et flou, différentes scènes se joueront devant vos yeux : à vous de les numéroter dans le bon ordre pour reconstituer les événements dans l’ordre chronologique et ainsi débloquer le fin mot de l’histoire.

Pendant les phases de recherche, vous aurez divers indices en votre possession, accessibles à partir du menu (toujours la touche +) et avec lesquels vous devrez interagir. Sinking City est clair : on ne vous tiendra pas par la main mais si vous choisissez le mode de difficulté “normal”, cela n’est pas si grave. En effet un petit symbole apparaîtra à côté des indices-clefs signifiant souvent qu’une visite aux archives est de rigueur : archives de la ville, archives du poste de police, archives de l’hôpital… Vous ne resterez pas en berne, et si la consultation de dossiers vous effraie plus que les malbêtes, encore une fois rien à craindre, les recherches se font en 15 secondes montre en main. En effet, il suffit de renseigner 3 indices dans des cases précises (par exemple le lieu ou la date de l’événement concerné) et le cerveau de Charles Reed travaillera à votre place en dénichant l’archive exacte et vous dégotant à coup sûr l’information vitale qu’il vous manquait.

Si tout cela peut sembler fouillis, le processus devient rapidement mécanique et on automatise les réflexes à avoir lors de la résolution d’enquête. Il est vrai que les premières enquêtes sont un peu fastidieuses, tant et si bien que j’ai du à plusieurs reprises revenir sur mes pas et même (une fois n’est pas coutume) faire bugger le jeu, mais on prend vite le train en marche. Lucky, plus courageuse qu’il n’y parait ?

Contre vents et marées
  • Contre vents et marées - 76%
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Résumé

Malgré les différents bugs que j’ai rencontré dont un qui a dû me faire recommencer le jeu en entier (petit conseil : ne quittez pas un lieu de mission sans avoir pénétrer la faille), Sinking City a su me charmer par son atmosphère sombre et angoissante. Cela contribue même d’une certaine façon à son ambiance où tout tombe en ruines, à la façon d’un Fallout  aqueux. Si beaucoup de jeux s’inspirent du mythe de Cthulhu, les spécificités de celui-ci en font un vrai bon moment vidéoludique et il vous tardera de continuer à mener l’enquête et découvrir les secrets cachés d’Oakmont.

Les +

  • Une véritable atmosphère propre à Oakmont
  • Un mystère que l’on a envie d’élucider
  • Un système de jeu assez innovant
  • Des décisions variées qui influenceront l’histoire

Les -

  • Le temps de chargement impossiblement long
  • L’accès à la carte par le menu, complètement ridicule
  • Des bugs un peu casse pieds
  • Ville vide, PNJ secondaires inintéressants
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LuckyVixou
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Fan de (J)RPG, de jeux indie, d’anime et de manga. Lectrice et brodeuse.