Nous y voilà enfin… 7 ans après le précédent épisode (Super Mario Galaxy 2), la saga principale des Super Mario 3D accueille son nouveau né : Super Mario Odyssey. A travers les années, chaque épisode a su révolutionner le genre plates-formes à sa façon. Super Mario 64 a guidé de nombreux développeurs dans la conception de jeux 3D en servant d’exemple en la matière. Quelques années plus tard, l’épisode Sunshine sur GameCube rappelait que la réussite de l’opus 64 n’était pas due au hasard, et profitait de l’ajout de J.E.T pour pousser le gameplay encore plus loin. Mais c’est avec la gestion de la gravité dans les épisodes Galaxy que la saga a pris son envol, montrant qu’encore une fois les Super Mario 3D avaient ce petit supplément : ils ne se contentent pas de reprendre une recette qui a marché, mais proposent à chaque épisode de profondes nouveautés qui redéfinissent les standards du genre. Avec l’arrivée d’Odyssey, l’objectif était donc d’aller encore plus loin que ce que la saga proposait jusqu’à maintenant. Pari réussi ou pas ?
La structure du jeu
Dès l’annonce du jeu, Nintendo a précisé que cet épisode serait un épisode “bac à sable”. Le développeur entend par là que le jeu est plutôt dans la lignée des épisodes 64 et Sunshine, qui proposaient au joueur des mondes vastes et une sensation d’exploration permanente. C’est effectivement le cas, puisque dans cet opus Switch, Mario parcourt les différents pays à travers le monde à l’aide de son vaisseau, et chacun des pays propose une structure non linéaire. Il vous faudra récolter des lunes dans chacun d’eux pour alimenter le réservoir du vaisseau, et parcourir de nouveaux mondes. Chaque pays se présente alors comme un vrai terrain de jeu à différents niveaux de lecture, et chaque visite d’un même pays apporte son lot de nouveautés et de nouvelles lunes. Nintendo mise donc sur le fait que les joueurs devront revenir de nombreuses fois dans le même pays pour découvrir toute sa richesse et les défis cachés à l’intérieur, ce qui explique le nombre plutôt réduit de pays.
Le but ultime de cette épopée ? Déjouer le mariage de Bowser et Peach, mais aussi de sauver la soeur de Cappy, le principal adjuvant de Mario dans cet épisode. C’est d’ailleurs Cappy qui va offrir une grande partie de la diversité au jeu, au travers de son gameplay, car il présente une particularité inédite, un peu à la façon de J.E.T dans Super Mario Sunshine.
Cappy au coeur de l’histoire mais pas que…
Cappy intervient dès le tout début du jeu dans le pays des chapeaux, afin de proposer au joueur une initiation au gameplay atypique de Super Mario Odyssey. Il est à noter que même si ce monde fait office de tutoriel, il n’en est pas moins un monde complet, au même titre que les suivants. Si les possibilités que le premier trailer du jeu pouvait laisser entrevoir étaient plutôt limitées, en réalité il n’en est rien. Tandis que le premier trailer dévoilait que Mario évoluerait dans un monde riche et coloré, il masquait totalement le principe de chapimorphose, caractéristique géniale de cet opus. Au delà de ça, les seules possibilités de gameplay mises en avant par les deux trailers du jeu sont en réalité infimes par rapport à ce que propose réellement Super Mario Odyssey, et c’est là pour moi la plus grande surprise de cet opus.
Dès la demi-heure de jeu, on comprend directement que Cappy n’est pas uniquement un ajout au gameplay existant de Mario, que la chapimorphose n’est pas la seule nouveauté majeure dans cet opus. Le gameplay a été modifié en profondeur, et ce principalement grâce à l’utilisation ingénieuse des joycons. Si on se focalise seulement sur le lancer de casquette, il est possible d’orienter Cappy dans la direction souhaité, de réaliser des lancers plus puissants, circulaires, ou même de modifier la trajectoire de la casquette en cours de lancer. Cerise sur le gâteau, il est aussi possible d’utiliser Cappy comme plate-forme afin d’atteindre des endroits plus éloignés. A noter cependant que cette fonctionnalité, bien que sympathique, n’est que très peu indispensable et ne participe pas réellement au gameplay du jeu à mon sens.
La véritable prouesse de Nintendo via l’ajout de Cappy dans cet opus est la suivante : vous vous rendrez vite compte que sauter, charger au sol, ou plonger, n’est plus du tout aussi indispensable qu’auparavant. Désormais, Cappy prend réellement la place de la mécanique classique des Mario, et s’ancre totalement dans ce gameplay inédit. Pour autant, la présences des mécaniques classiques est indispensable afin de permettre au joueur de bien appréhender les nouveautés du jeu, mais aussi pour bien rentrer dans l’univers qu’est celui de Super Mario Odyssey.
Odyssey rime avec diversité
Puisque nous parlons de l’univers, il est temps de rentrer un peu plus en profondeur à son propos, car il est pour moi le point le plus fascinant de Super Mario Odyssey. En retraçant les univers de la saga, on se rend compte que chaque opus possède sa propre thématique. Super Mario 64 profitait du passage à la 3D pour simplement proposer les bases de l’univers Mario 3D que tout le monde connait à l’heure actuelle. A partir de là, il fallait par la suite rajouter un nouvel élément, un supplément, qui permettait à chaque opus d’avoir sa propre identité, et qui le rendait unique. Super Mario Sunshine proposait des univers paradisiaques, le tout sous un soleil de plomb : J.E.T se retrouvait alors au coeur du gameplay, proposant toute une panoplie de mouvements sur le thème de l’eau. Super Mario Galaxy, des années après, propulsait Mario dans l’espace, littéralement, et la cohérence entre le gameplay classique et la sensation de pesanteur était de mise tout au long du jeu, renouvelant ainsi chaque élément déjà bien connu de la saga.
Ici, Nintendo nous propose des pays en totale opposition les uns avec les autres. En terme de level-design : plutôt réaliste pour des pays comme le pays des gratte-ciel ou encore le pays des forêts ; tandis que dans d’autres pays comme ceux des sables ou de la cuisine, on retrouve des couleurs et un parti-pris artistique très proche de ce qu’on pouvait observer sur les précédents opus de la saga. Cet argument fonctionne également avec les personnages, dans un monde où l’on croise parfois des humains, et parfois des créatures complètement fictives. En terme de gameplay également : si certains niveaux sont très proches des anciens opus, d’autres sont basés presque exclusivement sur le gameplay de Cappy, tandis que d’autres séquences 2D rendent hommage aux anciens Super Mario Bros. Plus surprenant encore : le jeu propose des phases FPS via la chapimorphose, ou encore des conduites de véhicules. Les musiques aussi sont parfois omniprésentes, parfois en retrait, ou parfois même absentes (notamment dans le pays de la forêt par endroits), ce qui contraste des précédents opus où elles jouaient souvent un rôle important.
Cependant, une question majeure se pose : est-ce que diversité rime avec cohérence, et est-ce que Nintendo ne s’est pas mélangé les pinceaux en voulant amener Mario sur des horizons un peu trop différents ?
Un risque qui paie
Tous les éléments précédemment cités font que Super Mario Odyssey est un jeu multi-facette, qui mélange les univers contraires grâce à un élément constant qui maintient la sauce d’une façon surprenante : Mario. Il connecte les univers entre eux, via le gameplay de Cappy, via les mécaniques de jeu bien connues, et permet à lui seul de rendre le tout parfaitement cohérent. Ce point fondamental du jeu est au coeur de la sensation de voyage ressentie en parcourant le monde grâce au vaisseau Odyssey : Mario et l’Odyssey représentent l’univers de la saga Super Mario 3D, et visitent des pays diamétralement différents entre eux, et à chaque nouvelle visite c’est une réussite et on ne doute à aucun moment d’être dans un Mario.
Toute la richesse du jeu réside là dedans : Super Mario Odyssey utilise les différents mondes pour révolutionner non pas seulement le gameplay, mais aussi le level-design, les musiques, l’ambiance générale du jeu, là où les précédents opus se contentaient d’ajouter un élément à un univers Mario déjà bien connu. Ici, on redécouvre en permanence la saga, et on est bluffé à chaque pays, car ça marche à chaque fois. Super Mario Odyssey réalise un véritable tour de force, et prouve une chose fondamentale que l’on pouvait déjà observer sur quelques spin-off de la saga Mario, mais qui transpire ici tout au long du jeu : la saga Mario n’a pas besoin de l’univers Mario pour avoir sa propre identité, elle a simplement besoin de Mario lui-même.
Il apparait évident que Super Mario Odyssey est un bon jeu, mais il est à mon sens bien plus que ça. Au final, qu’est-ce qu’a apporté Super Mario Odyssey, au sein de la saga des Super Mario 3D mais aussi en comparaison aux autres plateformers 3D ?
Un nouveau souffle pour la saga des Mario 3D
Je reviens sur mon point précédent, où j’expliquais que Super Mario Odyssey illustrait la parfaite capacité qu’a Mario à se fondre dans des univers qui lui sont totalement inconnus. A partir de là, il apparaît clair que Super Mario Odyssey montre le chemin aux prochains opus, et va probablement encourager la prise de risque future, qui était déjà énorme auparavant, mais qui a atteint des sommets avec cet épisode. Le jeu arrive après une période creuse dans la saga, où il aura fallu attendre 10 ans pour voir naître un nouveau concept, et on pouvait douter de la capacité de Nintendo à innover sur cette série là qui n’est pas si vieille au final.
Ce que l’on retient, après cette attente et un tel résultat, c’est qu’il est absolument impossible de prévoir le futur de la saga, qui s’annonce cependant radieux. A chaque nouvel épisode on croit tenir le jeu qui servira de référence pour le genre plates-formes durant les 50 prochaines années, et à chaque fois Nintendo démontre que leur créativité n’est toujours pas éteinte. Comme je pouvais parier que les épisodes Galaxy resteraient les meilleurs de la saga, je ne peux absolument rien dire sur la pérennité de Super Mario Odyssey. A l’heure actuelle, il est probablement l’épisode le plus bluffant de la saga, et éclipse en partie au moins les épisodes Galaxy, car il emmène Mario sur des terrains encore nouveaux, et toujours maîtrisés. Une chose est cependant sûre : si le prochain opus est abordé avec la même créativité que pour Odyssey, il n’y a absolument aucune inquiétude à avoir que ça soit sur la place du jeu au sein de la saga, mais aussi sur sa capacité à innover un gameplay qui s’enrichit d’années en années.
… mais aussi pour le genre plateforme
L’apport de Super Mario Odyssey pour le genre plates-formes est très simple. La saga Super Mario 3D servait déjà de diapason aux autres plateformers 3D, et chaque jeu sorti ne pouvait éviter la comparaison avec au moins un épisode de la série. Super Mario Odyssey apporte encore une fois de plus un argument en faveur de cette domination nette du genre : il y a la saga Super Mario 3D, et il y a le reste.
Bien évidemment, chaque jeu possède son propre univers et ses propres caractéristiques, et dire que les jeux Mario sont “meilleurs” que les autres serait un raccourci énorme. Chaque jeu peut toucher un joueur différemment, et l’univers proposé par la saga Mario peut évidemment déplaire à une grande partie des joueurs. Cependant, en terme d’innovation, de réalisation, et d’idées nouvelles, Mario dicte réellement le rythme pour le genre plates-formes tout entier. Chaque nouvel épisode est très rapidement, et de façon unanime, considéré comme un classique du genre, et à juste titre.
Avis final
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Résumé
Comment pouvait-il en être autrement ? Super Mario Odyssey bouleverse les codes du genre plates-formes, et arrive dans une période où le genre manquait cruellement de repères récents. Etonnant de bout en bout, coloré, diversifié, cet opus propulse définitivement la saga au panthéon du jeu-vidéo (si ce n’était pas déjà fait auparavant). Super Mario Odyssey inclut le gameplay de la saga le plus complet à ce jour, grâce à Cappy qui remet toutes les mécaniques du jeu à neuf, et en propose des nouvelles, solidement ancrées au sein du jeu. L’idée clé du jeu, la diversité, est présente dans chaque pays, chaque parcelle de niveau, et Mario est incroyablement à l’aise et se sent comme chez lui, dans des univers qui sont à priori totalement contraires aux codes classiques de la saga. Nintendo démontre ici que Mario n’a aucune limite, et qu’à partir d’un gameplay innovant et étonnant, il peut s’approprier des univers afin de faire rayonner encore plus fortement ce que chaque joueur passionné de plates-formes savait déjà : il y a Mario, et il y a le reste.