13 Sentinels: Aegis Rim, treize nuances de perfection – TEST

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Dernier projet en date de chez Vanillaware, après une gestation complexe – pour ne pas dire compliquée – qui a duré sept ans, 13 Sentinels: Aegis Rim a fait grand bruit lors de sa sortie sur PlayStation 4, remportant plusieurs prix et l’approbation de grands noms de la scène vidéoludique. Un peu moins d’un an plus tard, c’est aux joueurs Switch de pouvoir le découvrir. Une console qui semble parfaitement adaptée au format car, si vous avez lu notre preview, ce nouveau jeu s’éloigne des habituels action-RPG du studio pour nous proposer ce qui est fondamentalement un mélange de visual novel et de RTS. Un mélange pas forcément heureux sur le papier, et qui pourra en perdre certains en début de partie. Des méchas, un chat, du voyage dans le temps, des robots… dur de savoir où donner de la tête. Mais accrochez-vous un peu, car sous cette couche de complexité se cache l’un des plus grands jeux à avoir jamais atterri sur la console de Nintendo.

Vanillaware : ces gars sont plus forts que toi

Dans 13 Sentinels: Aegis Rim, vous incarnez Juro, un jeune fan de films de kaiju. Non, attendez, en fait vous jouez Iori, une lycéenne souffrant d’une fatigue chronique indescriptible. Au temps pour moi, vous êtes en fait dans le rôle de Keitaro, un soldat de la Seconde Guerre Mondiale. Je pourrais continuer un bon moment, mais vous aurez compris où je veux en venir : comme son nom l’indique, le titre de Vanillaware vous propose d’incarner treize protagonistes, chacun avec son propre arc qui va finir par s’imbriquer dans une histoire qu’il serait bien malvenu de vous spoiler. Cela peut sembler vertigineux, de prime abord. Comment arriver à suivre tout ça, d’autant plus que le titre ne place que très peu de limites dans la façon dont vous choisirez d’avancer dans son histoire : libre à vous de jouer un chapitre de chaque personnage, ou encore d’avancer au maximum dans l’histoire de chacun d’entre eux. Comme un puzzle, vous avez les pièces et c’est à vous de choisir dans quel ordre les emboîter. Et si l’on pourra être perdu, la grande qualité d’écriture fait que tous les wagons finiront par s’emboîter : rencontre après rencontre, plot twist après plot twist, les ramifications de chaque chapitre dévoileront au fur et à mesure le paysage vertigineux d’une grande histoire de science-fiction, qui puise dans de multiples références pour mieux les détourner et arriver à conter son propre récit.

Loin d’être un gimmick, cette façon originale de raconter une histoire permet à Vanillaware de dévoiler toutes les facettes de chaque personnage. Juro vous semble très sympathique quand vous l’incarnez ? Attendez un peu de jouer à l’histoire de telle étudiante, dans laquelle il se comporte comme le dernier des abrutis. Je dis Juro, mais c’est valable pour chacun des membres de ce casting choral. Loin d’être manichéen, 13 Sentinels: Aegis Rim a bien compris que personne n’est parfait et que l’intérêt commun fait parfois obstacle à nos intérêts personnels. En découle une histoire d’une richesse et d’une qualité insoupçonnée, qui vous fera souvent douter de vous-même. Une histoire qui manie aussi bien les grands enjeux que les amourettes adolescentes, période où le désir se mue souvent en ferveur. La rage vous prendra, les larmes vous viendront aux yeux et, comme un bon livre dont on peine à se détacher, vous vous investirez comme rarement dans cette aventure qui a le bon goût de s’achever par un final aussi satisfaisant qu’émouvant, qui résonnera en vous bien après l’extinction de votre console. Notons au passage la très grande qualité du doublage japonais et de la traduction française qui l’accompagne, qui permettent de vraiment s’immerger dans un univers pas facile d’accès.

Digibeau

Afin de ne pas perdre le joueur dans ce casting choral, Vanillaware a fait appel à toute sa science du character design, plaçant chaque personnage dans une case sans jamais l’y enfermer : le loubard, la sportive, la binoclarde… Autant d’archétypes soulignés par l’aspect visuel, petite astuce vous permettant de ne pas avoir à devoir retenir chacun des noms, qui sont a fortiori assez compliqués. Non, l’habit ne fait pas le moine, ici pas plus qu’ailleurs, mais le studio a néanmoins bien compris que notre façon de nous habiller ou de nous déplacer représentait tout de même le reflet d’une certaine partie de notre âme. Et si cela ne vous suffit pas, 13 Sentinels: Aegis Rim possède un codex génial, sans doute le meilleur que j’ai pu voir dans une œuvre du genre : se débloquant au fur et à mesure de votre avancée dans le récit, il vous permet d’avoir toujours sous la main de multiples références qui devraient vous servir à souligner ou à vous remémorer des informations qui auront parfois pu vous êtres données au détour d’une phrase. Car oui, même un visual novel peut et doit faire des efforts en matière d’accessibilité.

Si je parle de visual novel à cause de son focus sur les dialogues, 13 Sentinels: Aegis Rim se rapproche en réalité un peu plus dans son gameplay des point-and-click 2D. Si, ici, parler avec des personnages ne vous rajoutera pas d’objets dans votre inventaire, ce sont de nouveaux mots qui se rajouteront dans le flowchart de vos pensées : interagir avec ceux-ci ou les confronter à vos interlocuteurs vous permettra d’en débloquer de nouveaux ou d’avancer dans l’histoire. Très facile d’accès, le système ne sombre pas dans les écueils de tant d’autres et ne vous perdra (quasiment) jamais : on voit toujours où les développeurs veulent nous amener et comment y aller. Le tâtonnement est même récompensé par des petites saynètes de “vie quotidienne” vous permettant d’en apprendre plus sur les personnages. Cet aspect aventure a aussi un autre avantage : celui de vous permettre, plus que dans les autres productions Vanillaware, de profiter des sublimes décors créés par le studio, mélangeant dessins à la main et un travail sur les lumières qui frôle la perfection et donne au titre un véritable cachet, avec un aspect nostalgique qui colle parfaitement au propos. Comme souligné dans la preview, on a très souvent l’impression de voir des œuvres d’art s’animer devant nos yeux pour imprimer leur mélancolie sur nos rétines.

Entre tradition et modernité

Au delà de ce travail sur les décors et la mise en scène, les animations des personnages sont aussi à l’avenant, avec une impression de pénétrer dans un anime interactif – et encore, ce n’est pas tous les jours qu’on voit un anime aussi bien… animé que ne l’est 13 Sentinels: Aegis Rim. Quand à la musique composée par Hitoshi Sakimoto (Final Fantasy XII, Valkyria Chronicles…), elle sait se faire discrète, mais quand elle tape, elle tape fort et là où il faut, avec un côté rétro-futuriste qui colle parfaitement au propos du jeu : rétro, pour les phases d’aventure, et futuriste pour la partie RTS, qui vous fait incarner les méchas pilotés par vos personnages dans des batailles épiques contre des dizaines d’ennemis. L’aspect graphique de celles-ci diffère d’ailleurs grandement de la partie digico et offre quelque chose de beaucoup plus figuratif, donnant une impression grisante d’être un général dirigeant une bataille via sa tour se contrôle. Vos personnages sont réduits à l’essentiel, tandis que les ennemis seront représentés par des voxels explosant en des centaines de pixels – quelque chose qui résonnera fortement avec l’un des twists de fin de partie que je ne vous gâcherai pas. Notons au passage qu’un véritable travail d’optimisation a été effectué sur cette version Switch : sans perdre le côté “feu d’artifice” de ces multiples effets, la console ne semble plus autant souffrir que sa grande sœur la PS4, et le framerate reste stable en toutes circonstances.

Bien séparés de l’aventure principale, mais loins d’être optionnels, les combats mélangent stratégie en temps réel et tower defense, puisqu’il vous faudra à chaque fois défendre un point précis de la carte durant un temps donné (ou battre tous les ennemis avant, si vous le pouvez). Entre Sentinelles volantes dernier cri et vieux méchas devant naviguer à pied dans les rues, chacun des personnages aura sa spécificité, ses points forts comme ses points faibles, et vous apprendrez vite à équilibrer votre équipe en fonction des besoins : si les grandes nuées d’ennemis sont particulièrement sensibles aux attaques de zone, certains “tanks” nécessiteront des personnages plus bourrins qui tapent fort. À votre charge, donc, de choisir les bons éléments à chaque fois, mais aussi de bien améliorer les attaques comme les méchas de vos personnages via un menu qui est, il faut l’admettre, un poil chargé (un bouton d’optimisation automatique n’aurait pas été de refus). Et si, en mode normal, les batailles ne sont pas très difficiles, ne vous inquiétez pas : c’est au travers de sa narration que 13 Sentinels: Aegis Rim vous fera souffrir.

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la perfection au masculin comme au féminin
  • Plus qu'un grand jeu, un immense jeu - 98%
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Plus qu'un grand jeu, un immense jeu

Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de jouer à un aussi grand jeu que 13 Sentinels: Aegis Rim. À un titre qui réussit tout ce qu’il entreprend, avec une insolence à la mesure de la difficulté de sa tâche (mélanger RTS et digico, qui plus est avec treize personnages différents). Visuellement magnifique, narrativement impactant, le titre de Vanillaware est aussi très agréable manette en main, arrivant à gommer les habituels défauts des genres dont il s’inspire. Et quel bonheur, enfin, de le voir arriver sur Switch, sans doute la console pour laquelle il était fait. Et si tous les éloges de ce test n’auront pas réussi à vous convaincre, je laisse le mot de la fin à Masahiro Sakurai : “Aegis Rim m’a montré les possibilités infinies des jeux. Il est unique en son genre et impossible à imiter. Il n’y a jamais eu et il n’y aura probablement jamais plus de jeu comme lui. Si vous voulez y jouer, c’est maintenant !

Les +

  • Extrêmement bien écrit
  • Honteusement beau
  • Émouvant
  • Phases RTS stratégiques, rythmées et intenses
  • Excellent doublage
  • Belle musique
  • Vrai sens de la mise en scène
  • Subtil
  • Impossible d’en décrocher une fois lancé

Les -

  • Le menu d’amélioration des Sentinelles est un peu chargé
  • Les -kun, -san et -chan dans la traduction française, c’était vraiment pas obligé
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lunapolitana
1517 articles

Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.

3 Commentaires
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Longin

Finalement, je l’ ai repris sur Switch ! XD

Longin

Ayant fait tout les jeux de Vanillaware ( excellent studio ) Je vous conseil ce jeu, je ne l’ai pas fait sur switch mais quelque soit la plate forme cela reste une valeur sûre.
A l’ occasion allez aussi découvrir leurs autres pépites cela en vaut le détour.
Et pour ceux qui découvre Vanillaware, je leurs souhaite bon jeu !

R2DC

Ayant hâte, d’une du passif du studio (Muramasa, Odin Sphère), de l’autre depuis les premières critiques annonçant une histoire bien ficelée avec la traduction qui l’accompagne, de le voir arriver sur switch, je me suis surpris à voir le test. ” Youpi, il est déjà sorti” me dis-je. Je prends ma voiture et part pour le magasin le plus proche, à 30 minutes de route, pour me le procurer…et me rendre compte sur place qu’il sort le 12 avril. J’avais complètement oublié que vous pouviez tester les jeux un peu en avance pour vos articles; je vous félicite donc d’être devenu un site “professionnel”. Salauds x)

Blague à part, maintenant que le travail de Vanillaware sur cette oeuvre semble terminé, j’espère que son succès permettra le portage de leurs autres jeux (les deux suscités ainsi que GrimGrimoire pour ma part) !

Merci pour votre test 🙂