Ah, le tennis… Que ferions-nous s’il n’existait pas ? Comment pourrions-nous vivre sans l’élégance de Roger Federer, les coups droits lasso de Rafael Nadal, les revers assassins de Novak Djokovic ou encore les pétages de plomb de notre Benoît Paire national ? Quel sens aurait la vie sans ce sport ? Mais je m’égare, car le but ici est de vous expliquer (ou du moins tenter de le faire) AO Tennis 2, sorti le 8 janvier dernier sur l’eShop (le 30 en version physique).
Avant cela, remontons un peu en arrière, dans un temps où la Wii était à la mode et Super Mario Galaxy 2 un jeu récent (douce époque…). La balle jaune était plutôt bien représentée dans le monde du jeu vidéo, avec des licences comme Virtua Tennis ou Top Spin qui sortaient assez régulièrement. En 2011, 2K sort Top Spin 4, qui s’avère encore aujourd’hui comme la meilleure simulation de tennis jamais sortie sur console. Malheureusement, le titre n’a pas eu le succès escompté par les développeurs et la licence est désormais considérée comme abandonnée. Depuis, ce n’est qu’un enchaînement de déceptions : si Grand Chelem Tennis 2 (2012) s’est révélé passable, Tennis World Tour (2018) a été plus que médiocre. Cependant, une nouvelle licence a rejoint ce dernier la même année : AO Tennis. Jamais sorti sur Nintendo Switch, le jeu s’est avéré franchement mauvais à sa sortie, souffrant de nombreuses incohérences et de bugs. Ce n’est qu’avec les mises à jour, au nombre de 30 (!), qu’AO Tennis a fini par devenir agréable. Et c’est en ce début d’année que Big Ant Studios remet le couvert en proposant sa suite, cette fois-ci disponible sur la console hybride de Nintendo. Que vaut cette version ? La réponse dans ce test !
Commençons par le commencement : les menus
Rien de bien révolutionnaire là-dedans, puisqu’on retrouve des modes classiques tels que « Jouer maintenant » (matchs d’exhibition), le mode en ligne, la Carrière (on y reviendra plus en détail), les didacticiels, les paramètres grâce auxquels vous pouvez modifier une pléthore de choses comme le son, l’interface de l’aide au joueur, etc. S’y ajoutent quelques modes un peu plus originaux, tels que l’Australian Open vous permettant de disputer… l’Open d’Australie, l’onglet Compétition (les deux se ressemblant beaucoup), les Scénarios avec lesquels vous pouvez paramétrer des conditions de victoire ou choisir la score du début du match et enfin l’Académie où vous pouvez créer votre joueur mais aussi des stades, des logos divers et télécharger ceux des autres. On regrettera l’aspect un peu austère de l’ensemble de l’interface, même si les musiques dans les menus sont plutôt sympathiques et effacent en partie le caractère froid du jeu.
Au niveau des licences présentes dans le titre, sachez que ce n’est pas sa plus grande force : seuls 25 joueurs sont sous licence, dont 14 hommes (Rafael Nadal, Gaël Monfils, Stan Wawrinka, Nick Kyrgios, etc) et 11 femmes (Ash Barty, Karolina Pliskova, Caroline Garcia, Kristina Mladenovic, etc). L’Open d’Australie (qui vient de se terminer) est le seul représentant en terme de tournois, ne comptez donc pas sur la présence de Roland Garros, Wimbledon ou encore l’ATP 250 de Montpellier (pourquoi pas ?). Pire encore, Roger Federer, Novak Djokovic, Serena Williams et tant d’autres légendes du tennis ne sont pas représentées. Cette absence regrettable de contenu officiel est justifiée par les ressources peu élevées dont dispose Big Ant Studios, malgré tout compensée par une fonctionnalité intéressante : l’éditeur de contenu.
Jouez, créez, partagez dans AO Tennis 2 !
Non, on ne parle pas de Super Mario Maker mais l’idée s’en rapproche ! AO Tennis 2 vous donne la possibilité de créer une multitude d’éléments, comme les joueurs, les terrains ou les logos des plus grandes marques. Une fois créés, vous pouvez les partager avec tous les autres joueurs (peu importe la plateforme sur laquelle ils jouent) pour qu’ils puissent les télécharger. Une idée très intelligente pour pallier le manque de contenu officiel proposé, qui renforce l’immersion en jeu : quel bonheur de jouer sur des répliques (plutôt bien réalisées par les joueurs) de Roland-Garros, Indian Wells, Monte-Carlo ! Pour ce qui est du téléchargement de joueurs, les visages sont réalisés avec les moyens du bord et même si ces derniers sont très permissifs, la ressemblance est parfois douteuse, bien que le plaisir de jouer Federer avec ses caractéristiques reste intact. L’académie est donc un excellent compromis au manque de budget des développeurs pour inclure des licences.
Un gameplay agréable bien qu’exigeant
Comme dans tout jeu de tennis un minimum crédible, différentes palettes de coups vont sont proposées : le lift, donnant une trajectoire bombée ; le slice qui « coupe » la balle avec un rebond faible ; le coup à plat, qui est une frappe tendue sans effet particulier ; l’amorti et enfin le lob. Pour donner plus de puissance et de vitesse à la balle, il suffit s’appuyer sur ZR puis la touche souhaitée pour frapper (dans le cas de l’amorti, il faut faire ZR + slice). Si ces coups puissants sont bénéfiques pour terminer un point en 3 ou 4 échanges, ils ont un impact sur la jauge d’endurance : il ne faut pas en abuser sinon votre jeu sera moins précis et le joueur se fatiguera plus vite. Le lift paraît légèrement plus efficace que les autres, ce qui se voit particulièrement lorsque l’on enclenche de fortes frappes : la balle prend une trajectoire arrondie, formant une banane (« banana shot », à la Rafa Nadal) ce qui est plutôt irréaliste… et aussi frustrant, car il est particulièrement difficile de les renvoyer correctement dans certaines situations.
Dans AO Tennis 2, tout (ou presque) repose sur le timing. Dans un jeu qui se veut être une simulation, on ne peut évidemment pas lui reprocher cet aspect. Il convient cependant de préciser que le jeu n’est pas accessible à n’importe qui n’importe comment : il est plutôt difficile d’apprivoiser le gameplay, tant le timing est exigeant. Ce dernier fonctionne selon un principe rouge-orange-jaune-vert-rouge. Pour la faire courte, lorsque vous attendez la balle, vous devez choisir quand appuyer sur le bouton de frappe selon la puissance que vous voulez accorder à votre coup, puis le relâcher quand le petit indicateur devient vert. Dans ce cas précis, il n’y a pas de risque que la balle sorte du court. Plus votre timing est mauvais (et donc proche du rouge), plus votre frappe sera susceptible d’être faute. Le joueur est davantage apte à faire des fautes contrairement à d’autres jeux de tennis, ce qui est un très bon point. Pour ceux qui veulent s’immerger encore davantage dans le match, sachez qu’il est possible de supprimer les aides visuelles, rendant l’expérience encore plus difficile mais aussi plus intéressante.
Plusieurs surfaces vous sont évidemment proposées : le dur (indoor ou extérieur), la terre battue et le gazon. On regrettera l’absence de différences entre celles-ci : jouer sur terre battue ou gazon revient au même, alors que ce dernier est sensé créer un jeu plus rapide. Néanmoins, vous pouvez modifier certains paramètres de gameplay pour les adapter à votre convenance : la vitesse de balle ou encore celle des déplacements des joueurs sont paramétrables, vous permettant de jouer à la vitesse qui vous semble plus réaliste selon les surfaces.
Des défauts mineurs qui s’accumulent
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de l’IA : c’est simple, elle renvoie tout. A part pour les niveaux de difficulté les plus bas, où elle est légèrement plus faillible, on a affaire à un véritable mur qui peut ne faire que 5 fautes directes sur un match en… 5 sets gagnants. Un aspect plus que problématique et frustrant dans une simulation, mais ce n’est pas le seul défaut de l’IA : elle peut vous renvoyer des boulets de canon même si vous venez de lui envoyer un et qu’elle est en bout de course. Selon les développeurs, ce souci sera corrigé dans un futur patch mais il est curieux que cela n’ait pas été réglé plus tôt.
Au timing, rajoutons la gestion de la direction de la balle : gérer les deux au début semble très compliqué car si vous poussez le stick dans une direction, vous ne pourrez pas changer celle-ci pendant le processus de frappe. Par exemple, si vous orientez le stick vers la gauche, la balle ira de ce côté-là du terrain et ce même si vous décalez tout de suite à droite jusqu’à la fin de la frappe. C’est un choix des développeurs, déjà présent dans le 1er opus, que je n’approuve pas vraiment car le concept n’est pas très réaliste. Faisant partie intégrante du gameplay d’AO Tennis 2, il paraît inenvisageable que ce « défaut » soit retiré et on finit par s’y habituer.
Concernant la fluidité des mouvements et les animations, on retrouve une logique de déplacements plutôt fidèle à la vie réelle. Les animations sont pour la plupart bien réalisées et adaptées au coup préparé malgré quelques défauts franchement désagréables. Alors que la balle revient vers le joueur, ce dernier peut, de temps à autres, se figer pour ne déclencher une frappe qu’au dernier moment, ce qui fausse le timing et crée de surcroît une animation hideuse. Il y a également un effet de contre-pied plutôt plaisant mais qui devient agaçant par moments car même si la balle atterrit non loin du joueur mais que ce dernier va dans la mauvaise direction, il lui sera presque impossible de la renvoyer car il met trop de temps à reprendre ses appuis. Le jeu à la volée confirme cette rigidité : les animations sont majoritairement ratées et irréalistes, ce qui retire tout le plaisir de faire un service-volée.
La carrière, révolutionnée par AO Tennis 2 ?
Dans le mode carrière, vous choisissez de commencer en tant que nouveau professionnel ou bien en star déjà connue. Je ne vous cache pas qu’il est largement préférable de créer un joueur de 0, l’intérêt de la carrière reposant là-dessus. Comme dit précédemment, vous avez à votre disposition une multitude d’éléments de personnalisation qui permettent de ne pas à se retrouver à jouer contre les mêmes visages génériques : ajustez la taille du visage, les sourcils, les yeux, la bouche et beaucoup d’autres pour que naisse le joueur de vos rêves. Des points d’attribut sont également à distribuer dans divers critères : service lifté, coup droit lifté, revers à plat, etc dans la limite du budget possédé. Une fois ceci fait, vous entrez directement dans le vif du sujet en commençant à préparer votre planning pour les semaines à venir. Si vous commencez avec des tournois Futures (destinés aux jeunes talents), vous pourrez au fil des victoires participer aux ATP 250 ou 500, puis aux Masters 1000 et enfin aux plus grands tournois mondiaux.
De ce point de vue, il n’y a rien à dire car cela correspond tout à fait à la réalité. Et comme dans la vie réelle, il est indispensable de faire des pauses entre chaque événement. C’est une des grandes forces de ce mode : il est nécessaire de prévoir son emploi du temps (tournoi, match caritatif, entraînement, repos) pour éviter la fatigue. Un enchaînement de tournois entraînera des blessures et une incapacité à y participer. Je suis dubitatif sur cet aspect, tant les blessures que j’ai pu rencontrer n’ont eu aucun impact sur le déroulement de mes matchs. Il suffit d’un temps mort médical pour que le problème disparaisse, même s’il finira par revenir de temps à autres. Je me souviens d’ailleurs avoir eu une blessure dans le tout premier match de ma carrière, ce qui peut paraître légèrement étrange.
Pour ce qui est de la difficulté, elle est présente voire même beaucoup trop. Lorsque vous créez votre joueur, ce dernier obtient une note générale (le maximum étant 100) qui avoisine 40 selon les attributs où vous avez placé vos points. Or, les premiers tournois débutent en général contre des joueurs ayant des statistiques plus élevés (45-50), ce qui s’avère pénalisant dans la progression. Le niveau de difficulté doit alors être extrêmement bas (amateur ou semi-pro) pour tenter de les battre, car la puissance du joueur crée est relativement faible. Si vous jouez en pro ou vétéran, l’IA devient un véritable mur qui non seulement renvoie toutes les balles, mais en plus les frappe avec une puissance largement supérieure. N’ayant pas suffisamment avancé dans la carrière suite à une corruption de sauvegarde, je ne peux pas dire si ce problème s’estompe au fur et à mesure que le joueur s’améliore…
Au niveau du contenu, ce mode promet d’être long. AO Tennis 2 inclut une gestion des sponsors et autres éléments extérieurs au court pour bien vous équiper en vue des matchs. De plus, non seulement vous devez enchaîner les tournois et les pauses, mais vous devez aussi gérer votre popularité. Grâce aux flèches bas et haut de la croix directionnelle, vous pouvez faire une réaction positive ou négative, ce qui influera sur l’image que les gens ont de vous. Notez aussi la présence sympathique de conférences de presse qui même si elles n’ont pas grand intérêt, ont le mérite d’exister tout comme les cinématiques incluant votre agent et les différents conseils (aussi intéressants qu’un match Isner-Karlovic) qu’il a à vous donner. La fonctionnalité la plus utile reste la possibilité de télécharger les complexes vers le mode carrière, ainsi que des listes de joueurs : jouer contre des stars du tennis sur des répliques des plus grands tournois du monde est tout ce qu’il y a de plus immersif !
Et qu’en est-il de la qualité technique d’AO Tennis 2 sur Switch ?
Il faut avant tout savoir que le jeu tourne à 30 images par seconde (contre 60 sur les autres plateformes) et en résolution dynamique, c’est-à-dire que la résolution s’adapte à ce qui se passe à l’écran pour maintenir les 30 fps. Si ce n’est pas gênant au premier abord, ça l’est ici : le titre paraît saccadé et souffre de divers bugs et ralentissements pénibles qui gênent la gestion du timing, surtout en mode carrière. Cela est fort dommage lorsque l’on sait que l’essence du jeu repose là-dessus. Même si nous sommes sur Switch, la qualité visuelle est faible et les terrains ne sont pas vraiment détaillés (mais cela est valable pour toutes les versions du jeu). De plus, l’interface dans l’éditeur de contenu est extrêmement lente, télécharger des joueurs et des stades s’avère fastidieux ; les temps de chargement sont quant à eux très élevés. Il existe aussi une fonctionnalité unique sur la console hybride : jouer avec la détection de mouvements. Je vois d’ici vos visages s’illuminer d’espoir mais je suis au regret d’anéantir vos souhaits : cette exclusivité est totalement dénuée d’intérêt, tant l’usage qui en est fait est grotesque. Pour tout dire, même le mode dynamique de Mario Tennis Aces est bien mieux réalisé. Heureusement, l’intérêt de le prendre sur Nintendo Switch réside sans sa portabilité et non pas dans le fait de pouvoir balancer les Joy Con sans que cela se répercute sur l’écran : on aurait directement mis 0 si c’était le cas !
Ce test est susceptible d’être modifié, ainsi que sa note, suivant les améliorations apportées par les développeurs au fil des mises à jour.
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Une simulation dans l'ensemble convaincante - 65%65%
Une simulation convaincante
A-t-on enfin un digne jeu de tennis en la personne d’AO Tennis 2 ? Pas tout à fait : si le mode carrière s’avère complet et le gameplay plaisant, les choix des développeurs sur certains critères tels que la direction des coups pourra rejeter quelques joueurs, si la difficulté trop élevée et la fluidité imparfaite sur Switch ne les ont pas dégoûtés d’entrée. AO Tennis 2 reste malgré tout la meilleure simulation de ces dernières années et saura convaincre bon nombre de fans de tennis.
Les +
- Un gameplay immersif
- L’aspect communautaire
- Le mode carrière, très réussi
- Des animations correctes…
- Une simulation de tennis enfin à la hauteur
Les -
- Les coups puissants qui le sont parfois trop
- Interface peu chaleureuse et lente
- Des ralentissements gênants
- …qui restent à améliorer, notamment au filet
- Des choix de gameplay qui laissent confus
- La capture de mouvements pas aboutie
Note des lecteurs :
( votes)AO Tennis 2
Bonjour, merci pour ce teste qui m a donné envie de tester a mon tour ce jeux. J appréciés énormément le mode carrière et la possibilités de télécharger de nouveaux joueurs et tenue. Le seul soucis que je rencontre est l impossibilité de jouer en ligne contre d autres joueurs non virtuel. Pourriez vous me sortir de cette impasse.
Merci pour le test. Ça sera sans moi pour ce jeu de Tennis.
salut j’ai le jeu mais pas le bug de deconnection.
jeu pas ouf mais sympas, les menus sont pas simple ergonomie
Bonjour,
Dans un premier temps, 1000 mercis pour ce test très complet. Ayant le jeu depuis maintenant presque 3 semaines, je partage pleinement les divers points abordés. Vous parlez de futures patchs, il est vrai que je l’attends également mais quand doit il arriver?
A savoir, j’ai également un bug qui déconnecte le jeu quand je souhaite supprimer une sauvegarde du mode carrière…
Salut à toi Benjamin !
Déjà merci pour ton message, ça fait plaisir ! Pour ce qui est des patchs, on sait juste qu’il y en a un actuellement en préparation, il ne devrait pas trop tarder à sortir… C’est possible qu’il soit disponible en même temps que la version américaine le 11 février mais rien n’est sûr !
Quant au bug que tu mentionnes, je n’en avais pas connaissance mais si tu souhaites que les développeurs se penchent sur le souci, tu peux leur adresser un ticket de support ici : https://support.bigant.com/support/home
Merci encore pour ton retour !