On pourrait légitimement souffler du nez en voyant approcher Balatro. Le marché du jeu vidéo étant saturé de sorties constantes, quand on entend roguelike associé à du deckbuilding, ce n’est pas l’étincelle d’originalité qui poussera les moins adeptes du genre à se laisser tenter. Pourtant, depuis de nombreux mois, ce petit jeu indépendant, développé par LocalThunk et édité par Playstack, a su interpeller les joueurs avec plusieurs démos sur Steam. C’est finalement le 24 février dernier que la spirale s’est définitivement lancée, entraînant de nombreux joueurs dans cette « addiction ludique » qu’est Balatro, et c’est difficile de leur en vouloir.
Balatro, quasiment casino
Son esthétique pourrait repousser, mais Balatro n’a pas peur de mettre les pieds dans le plat et d’emprunter au casino son identité visuelle. Jetons, cartes et langage ; quand vous vous engagez dans une partie, rien ne diffère du moment ou vous jouez à une véritable partie de poker. Mais le twist est là : ce que vous allez faire est bien différent. À sa façon, Balatro est une variante du célèbre jeu de casino.
Vous connaissez très bien le jeu de carte de Balatro, car c’est notre traditionnel jeu de 52 cartes, ou se mélange nos As, nos rois, nos dames, nos valets aux autres cartes. À chaque début de partie, on vous remet 8 cartes, et avec ces dernières, vous allez devoir former une main de poker. Paire, double paire, suite, couleur, Quinte Flush Royale rythmeront vos parties et vous permettront d’augmenter votre blinde pour avancer dans votre run. Mais se contenter uniquement de former de belles mains ne sera pas salvateur, et vous n’avancerez pas loin. C’est là que le jeu nous embarque dans une courbe de scoring. Chaque main possède un multiplicateur de base. Réaliser une paire multipliera par deux votre score, tandis qu’une suite le fera par 5.
Multiplier sera le mot d’ordre de votre partie de Balatro. Si vous avez votre jeu de base au début, chaque tour vous emmènera visiter une boutique aléatoire, où vous pourrez acheter des jokers avec l’argent amassé en jeu. Ces derniers proposent différents bonus vous permettant par exemple d’augmenter votre multiplicateur qui augmentera votre score et ainsi de suite. Et parce qu’il faut un twist dans le twist, ne comptez pas sur vos 52 cartes différentes pour atteindre le bout.
Parce que oui, deckbuilding oblige, vous allez pouvoir apporter quelques modifications à votre paquet de cartes pour maximiser vos chances d’aller plus loin et de passer les blindes élevées. Améliorer des cartes, multiplier les mêmes cartes, les mêmes couleurs… toutes les stratégies sont bonnes pour allier un bon deck avec les bons jokers. Pour se faire, des cartes de Tarot disponibles en boutique vous permettront d’appliquer quelques changements à votre jeu, et un système de cartes représentant les planètes du système solaire feront monter de niveau les différentes mains. Mais pour corser un peu le tout, la magie de l’aléatoire vous forcera à toujours faire travailler votre matière grise pour employer la stratégie la plus rentable.
Les « boss » du jeu vous poseront quelques contraintes, en débuffant les effets de certaines de vos cartes ou alors en vous faisant jouer face caché. Certains plus coriaces que d’autres pourraient vous faire couler une larme de frustration en mettant fin à une run qui s’annonçait bien embarqué (oui, je parle d’expérience). Un système efficace et gratifiant, qui pousse à employer les meilleures méthodes possibles pour avancer, et qui n’hésite pas à tordre les règles. Vous ne serez pas étonné après avoir bien pris le jeu en main de jouer 5 As de cœur, ce qui, dans un casino, vous vaudrait probablement une exclusion à vie.
L’apparat du gain
Boutique, gains, hasard… le jeu a d’apparence tout pour rebuter dans une industrie ou les plus viles techniques sont employées pour vous soutirer votre dernier centime. Mais, comme s’il critiquait ce système, il retourne la situation en utilisant les ruses commerciales comme les « lootboxes » dans son core gameplay. Vous allez ainsi être amené à ouvrir bon nombre de « boosters » de cartes entre deux tours. Ce qui, dans la profession aujourd’hui, est une technique pour faire payer de l’argent réel à des joueurs, devient une mécanique centrale qui décidera de l’orientation de votre partie.
Tous les bonus sont virtuellement payants dans Balatro. La composante argent devient vitale dès le début pour espérer progresser. Vous allez compter le moindre dollar, et si tout se passe bien, vous finirez par dépenser sans compter au bout de quelques rounds. Il y a quelque chose de jouissif, à l’idée de dépenser sans compter pour devenir meilleur, et l’auteur l’a bien compris et semble en jouer, s’amusant à chaque partie avec nos émotions lorsque tout ces achats ne mènent finalement qu’à une plate défaite.
Mais, tout ça ne pourrait fonctionner sans le grand soin apporté aux animations, aux effets sonores, et à l’émerveillement visuelle que chaque action procure. L’œuvre de LocalThunk prends un malin plaisir, à l’instar d’un Vampire Survivor, à rendre chaque élément diaboliquement satisfaisant pour nos yeux et nos oreilles. Le son d’un multiplicateur qui s’ajoute à nos cartes, le bruit des cartes qui se mélange, l’ouverture d’un booster… Le jeu ne propose pas que la victoire finale comme récompense, il rend chaque action suffisamment satisfaisante pour donner une impression de constant succès. Installant par la même occasion un flow qui pousse à relancer une partie dès que la précédente est terminée, facilité par la simple pression d’une touche.
Et il est si simple de ne pas ne s’ennuyer.. Parce que chaque partie vous débloquera d’autres decks, avec d’autres capacités, qui vous pousseront donc à envisager une partie sous un autre angle : une main en plus, une défausse en plus, plus d’argent… Toutes les méthodes seront bonnes pour modifier vos débuts de parties, en notant que vous allez débloquer de nouveaux decks à force de progression, ouvrant un merveilleux champ des possibles. Quelques rares écueils restent quand même à noter, avec des rares ralentissements à noter sur Nintendo Switch, une bande originale fort sympathique (et en 7 temps qui plus est !) mais qui peut facilement agacer sur le long terme, et des touches qui peuvent, parfois, dans la vitesse vous faire réaliser une mauvaise action.
Balatro joue carte sur table
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Balatro joue carte sur table - 90%90%
Balatro joue carte sur table
Original, ingénieux et passionnant, Balatro prend à revers et ressort en nous ce terrible sentiment addictif de vouloir relancer une partie. En utilisant un vocabulaire et une imagerie familière, il nous attrape et nous coince devant ses runs constamment gratifiantes par tous les aspects. On aimerait le détester pour ce qu’il nous fais aimer, mais rien à faire. Une partie sous la couette et tout est oublié.
Les +
- Un concept original
- Familier dans son approche
- Gratifiant par pleins d’aspects
- De nombreuses variables
- Ce moment ou votre score explose celui que vous deviez battre.
- Son pixel Art
- Son sound design…
Les -
- …malgré une bande originale qui peut rapidement lasser.
- Quelques ralentissements (rares)
- La défausse et la main, les touches sont trop proches et quelques erreurs peuvent vite partir.
J’ai acheté Balatro il y a une semaine et je trouve le jeu original et vraiment addictif.
Quel bonheur quand on arrive à créer des Jokers qui fonctionnent en synergie et se complètent les uns les autres.
La complexité vient du fait qu’il y a beaucoup de cartes de joker, tarot et planètes qu’il faut combiner pour réussir à améliorer son jeu de base.
La blinde boss n’est pas toujours évidente à passer, surtout celle où il n’est possible de jouer qu’une seule main mais ça donne du piment au jeu.
Je suis aussi d’accord avec les points négatifs, j’ai connus quelques légers ralentissements en fin de partie, et les boutons défausse et main sont vraiment trop proches, on se trompe souvent !