Beyond Good & Evil 20th Anniversary Edition – TEST

beyond good and evil
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S’il y a bien un serpent de mer dans l’actuelle histoire du jeu vidéo, c’est Beyond Good & Evil 2. L’histoire commence en 2008, lors des UbiDays, où la firme française Ubisoft a annoncé officiellement, bande annonce à l’appui, qu’un projet de suite à Beyond Good & Evil était sur les rails. Un trailer avant d’entamer un long silence radio, puis une réapparition 9 ans après lors de l’E3 2017. Un trailer en CGI, affichant à la fin le logo du jeu, affublé d’un deux. On garde en tête les images du fondateur de la licence Michel Ancel ému aux larmes après cette annonce (l’homme quittera le projet et le monde du jeux vidéo en 2020, sous fond d’enquête interne et de management toxique) et de la foule, excitée à l’idée de revoir cette licence, muette depuis 2003 (à l’exception d’une ressortie en HD en 2011). 

Aujourd’hui, en 2024, on n’est pas plus avancé que ça. On ne sait pas si le projet avance bien, ou s’il patine. Une seule chose sûre demeure : on ne va pas le voir de sitôt. Alors pour patienter, mais aussi pour célébrer la licence, Ubisoft sort une nouvelle édition remaster de son jeu culte qui n’a pas connu un succès commercial aussi fort que son succès d’estime. 

ÉLISE LUCET FROM OUTER SPACE 

Après avoir dressé un rapide état de lieu de la situation actuelle autour de la licence Beyond Good & Evil, retournons un peu plus de 20 ans en arrière. En 2003, date de sortie de l’œuvre. On y incarne Jade, une jeune reporter en galère financière sur la planète Hyllis, qui avec son oncle Pey’j (qui est un cochon anthropomorphique) s’occupe d’un orphelinat qui recueille les enfants dont les parents ont été enlevés par les DomZ. Qui sont les DomZ ? Des aliens qui prennent un malin plaisir à enlever les habitants de la planète pour remplir leurs sombres desseins. Mais, après une nouvelle attaque qui a failli coûter cher aux deux protagonistes, Jade décide de reprendre son appareil photo pour payer les factures, et par la même occasion, révéler un probable complot qui mêle les DomZ et les sections Alpha, une unité censée assurer la protection des habitants. Complot, manigances, Jade va devoir discerner le vrai du faux et rétablir la vérité grâce à ses clichés. 

Alors, ce serait mentir de dire que les jeux vidéo se moquaient un peu de la narration à l’époque, mais Beyond Good & Evil diffère un peu de la concurrence en essayant d’apporter une touche de cinématographie, autant dans sa caméra, dans sa mise en scène, dans son rythme et dans ses dialogues. Ce mélange fait qu’après 20 ans, on se retrouve avec un jeu étonnamment digeste, qui ne s’étale pas dans la longueur comme pouvaient le faire certaines œuvres. Si bien qu’en moins de dix heures, vous pourrez voir défiler le générique de fin. Ce qui a sûrement constitué sa faiblesse en son temps, devient une force 20 après, dans un paysage où les sorties de jeux vidéo pullulent, et que les backlogs s’accumulent. 

Beyond Good & Evil tentait aussi de s’émanciper de la traditionnelle bagarre pour régler tous les problèmes. L’idée est louable, et la volonté est présente, mais le résultat final n’est pas aussi marquant que cela. L’appareil photo devait sonner comme « l’arme principale » à l’origine, mais au final, si c’est lui qui va régler les grands soucis, on ne se sent jamais comme un grand journaliste d’investigation. Tous les clichés importants à prendre pour progresser dans le jeu sont scriptés. On ne va pas devoir user de nos méninges pour prendre la photo au bon moment, mais on va plutôt suivre une série de couloirs jusqu’à arriver au moment fatidique de la photo souvenir. 

Le récit se suit tout de même avec plaisir du début à la fin, gardant le charme de l’époque, autant dans ses doublages que dans ses dialogues. Parfois aussi maladroitement joué qu’écrit, mais qui conserve une saveur particulière qui déclenche automatiquement un sourire nostalgique. 

PAS TROP DE PLOMB DANS L’AILE

La structure du jeu tient donc sur des bases plutôt solides et agréables, et pour certains cela pourrait faire l’affaire. Mais il reste tout un pan du jeu à évoquer. Est-ce que, malgré une narration et en enrobage plus que solide, jouer à Beyong Good & Evil peut être une source de plaisir aujourd’hui ? Si son ossature a plutôt bien vieilli au point d’être encore pertinent aujourd’hui, manette en main, on nage entre deux eaux. Le système de déplacement de Jade a plutôt bien vieilli, on retrouve un personnage agile, sans lourdeur, qui se déplace aisément dans son environnement. Avec la pression sur une touche, on peut réaliser une esquive (qui se matérialise par une roulade, Fromsoftware a ensuite tout copié) et une de nos gâchettes sert à s’accroupir (le jeu intégrant une grande part d’infiltration). 

Jade est un personnage qu’on prend toujours plaisir à contrôler 20 années après, et c’est à souligner. Les phases de combat de leur côté sont plus marquées par le passage du temps, on manque d’un petit système de lock pour cibler nos ennemis correctement, système déjà établi pourtant quelques années auparavant par le classique Ocarina Of Time. Le manque d’option de ciblage n’est pas pour autant une tare pour le système de combat du jeu, la direction de votre stick offrant un bon répondant sur l’endroit ou vous souhaiter abattre le bâton qui sert d’arme à Jade. Beyond Good & Evil se permet même quelques effets de style avec des séquences de combats jouables au ralenti, un peu kitsch aujourd’hui, mais plutôt efficace. 

La structure du jeu se veut, à l’instar d’un Zelda de l’époque, sectionné en un « open world » avec plusieurs zones où l’on va devoir se déplacer pour progresser. Le tout en se déplaçant avec son « hovercraft », un bateau ultra rapide que l’on devra améliorer pour progresser dans de nouveaux environnements. Ces améliorations se payent avec des perles, la seconde monnaie du jeu (en plus de crédits plus traditionnels) et qui se trouvent autant dans des lieux secondaires que des moments de l’aventure principale. Le jeu proposera même des séquences de shoot au volant du bolide, plutôt imprécises. De même que des courses à la Mario Kart : si dans le monde ouvert, le véhicule est agréable à utiliser, les courses elle sont d’un autre acabit, dans des couloirs bien plus resserré où la conduite devient un véritable challenge peu agréable (à l’exception de la musique, qui elle n’a pas de prix). 

Mais le gros du gameplay de Beyond Good & Evil réside dans l’infiltration. He oui, pour pouvoir prendre les clichés qu’elle désire, la discrétion est de mise pour Jade et ses comparses. Comme précisé précédemment, une pression sur une touche permet de s’accroupir pour être moins vu, et on va devoir passer de nombreuses zones à l’abri des regards des sections Alpha, qui n’hésiteront pas à faire de vous de la chair à canon à vue. On rentre ici dans du grands classique, attendre que le champ soit libre pour pouvoir passer, et ça très souvent. À quelques moments, vous allez devoir utiliser la force et casser les bouteilles d’oxygène de vos ennemis pour qu’ils vous laissent passer dans la confusion, mais globalement, c’est peut-être l’aspect le moins original du jeu. Il n’en reste pas moins inefficace, obligeant à user de temps en temps de ses cellules grises pour trouver la manière optimale de passer, mais ne vous attendez pas a vivre les séquences vidéoludiques les plus exceptionnelles de votre vie. 

Dans tous ses aspects, Beyond Good & Evil montre qu’il a pris de l’âge, mais il s’est construit une structure suffisamment solide pour passer l’épreuve du temps. La prise en main est étonnamment agréable, et ce n’est pas sur l’aspect purement gameplay qu’on pourrait pester sur l’oeuvre, qui 20 ans après, reste plaisant. 

UN VRAI TRAVAIL ÉDITORIAL 

Qu’attendre d’un remaster d’un jeu sorti 20 ans auparavant ? Est-ce qu’il devient pertinent d’y ajouter du contenu ? Si Ubisoft a seulement ajouté une petite chasse aux trésors pour faire le pont avec le prochain épisode, c’est au niveau de l’écran titre qu’il va falloir se pencher pour vraiment trouver un intérêt à cette nouvelle version du jeu.  Cette nouveauté, elle n’est pourtant pas bien mise en avant. Dans l’onglet « bonus » se trouve la « galerie anniversaire », qui se trouve être la petite mine d’or de cette nouvelle version 20e anniversaire de Beyond Good & Evil. Une galerie sectionnée en 8 partie et qui retrace la création du jeu, de sa phase de conception jusqu’à sa sortie, et l’après. De nombreux diaporamas, mêlant texte, photos et vidéos racontent les pérégrinations d’Ubisoft Montpellier pendant cette période. Montrant des concepts inédits, les premières idées couchées sur le papier, ce que devait raconter le jeu. On y apprend notamment que les premières idées devaient amener les personnages se balader sur plusieurs planètes librement, une idée qui donne envie, mais complètement irréalisable avec les machines de l’époque (et probablement aujourd’hui encore vu les difficultés qu’a l’air de rencontrer le développement du deuxième épisode)

Comment est créée la jaquette, l’organisation des six derniers mois… Cette section bonus est une véritable ode à la création du jeu vidéo, mais joue un rôle éducatif sur les joueurs qui ne connaissent pas l’envers du décor de la création de jeux, et des choix qui peuvent être fait par les développeurs sur la production finale. On pourrait peut-être réclamer que cette section du jeu soit plus mise en avant, mais il faut saluer le travail des équipes de rendre tous ces documents accessibles.  Rien que pour ces éléments, j’ai envie de vous dire qu’il faut acheter Beyond Good & Evil : 20th Anniversary Edition. 

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Un classique qui ne se démode pas
  • Un classique qui ne se démode pas - 76%
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Un classique qui ne se démode pas

L’épreuve du temps est une épreuve de confort pour Beyond Good & Evil, qui n’a pas à rougir face à la pelletée de jeux qui sont sortis sur ces 20 dernières années. S’il n’a jamais eu le succès commercial escompté, il n’a certainement pas volé son succès critique. L’ajout d’une partie éditoriale très complète atour de la création du jeu est aussi un plus dans un remaster vendu pour une vingtaine d’euros. S’il n’est pas indispensable de jouer aujourd’hui à Beyond Good & Evil, c’est un véritable plus pour la culture de se plonger dans l’univers créé par Ubisoft il y a plus de vingt ans. 

Pros

  • 20 ans après, toujours efficace
  • Un gameplay toujours à jour…
  • Un vrai travail éditorial 
  • Une aventure rythmée
  • Un prix accessible

Cons

  • …malgré quelques mécaniques vieillottes 
  • Quelques ralentissements par moment 


Jilax
38 articles

Plongé depuis ma plus tendre enfance dans le jeu-vidéo sans aucune envie de remonter à la surface. Une manette, une guitare et un match de foot du Stade Rennais suffisent à mon bonheur.

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