Ah 1988, quelle année ! Que d’événements pour cette avant-dernière année des eighties parmi lesquels nous pouvons retrouver le premier titre des Pays-Bas en coupe d’Europe, la réélection de Mitterrand lors des présidentielles Françaises, l’inauguration de l’emblématique Pyramide du Louvre ou, encore, cette fameuse attaque nucléaire qui a mis fin à la course du temps et entraîné le monde dans une nuit pluvieuse sans fin. On me dit dans l’oreillette que je me tromperais finalement d’espace-temps et que je confondrais notre univers avec celui de Black Future ’88, un roguelike 2D Action Shooter qui vient tout juste d’arriver sur l’eShop de la Nintendo Switch en cette fin de mois de novembre. Qu’à cela ne tienne, nous avons ici une parfaite occasion de nous plonger dans l’oeuvre du studio SUPERSCARYSNAKES.
No Future
Dès le démarrage, Black Future ’88 nous met directement dans le bain avec une jolie cinématique animée nous présentant l’état du monde tel que je l’ai décrit dans l’introduction de ce test. La nuit est permanente, l’humanité au bord de l’extinction et le temps qu’il nous reste à vivre est devenu la principale monnaie d’échange. Et du temps, il ne nous en restera plus beaucoup – 18 minutes pour être exact – pour atteindre le sommet de la tour où se terre le responsable de cette triste situation : l’architecte Duncan. Profitez cependant bien de cette petite phase d’exposition, car ce sera le dernier pan de scénario que vous croiserez dans le jeu si l’on excepte les quelques monologues assez anecdotiques de Duncan et de ces sbires pendant que vous serez déjà occupé à rester en vie pendant l’ascension de cet immeuble truffé de robots tueurs ou à observer la richesse graphique des environnements du titre édité par Good Shepherd Entertainment.
Car oui, Black Future ’88 est une réussite visuelle de tous les instants pour peu que vous soyez sensibles à l’esthétique des shooters 2D 16 bit en vue du côté de l’époque. Cependant, le titre de SUPERSCARYSNAKES ne se contente pas de simplement reproduire une charte graphique sur-utilisée depuis l’avènement de la sphère du jeu vidéo indépendant. Les nombreux effets lumières et l’éclairages des environnements viennent se superposer aux sublimes décors – bien que peu diversifiés – modélisés dans un beau pixel art et aux animations fluides de nos héros. Le tout donne une sacrée touche de modernité à une direction artistique qui nous rappellera un certain Octopath Traveler. Black Future ’88 fourmille ainsi de détails – chaque arme est modélisée et est visible dans les mains de votre personnage, les néons accrochés un peu partout sont destructibles, etc… – quitte à perde parfois en lisibilité tant la débauche d’éléments à l’écran peu à certain moment être importante et causer quelques chutes de framerate plutôt mal venues. Je n’oublierai également pas d’ajouter une mention spéciale à l’excellente bande-sonore synthwave qui participe grandement à crédibiliser l’atmosphère d’un titre qu’on prendra un malin plaisir à parcourir à chaque run.
L’embarras du choix
Et des runs, vous allez devoir en lancer. L’appellation de roguelike n’est ici en rien galvaudée : la mort et l’apprentissage des différentes possibilités pour traverser les cinq niveaux de la tour seront en effet des aspects essentiels de notre progression. Cela ne sera évidemment pas aisé tant la difficulté augmente drastiquement entre chaque étage visité et nettoyer chaque salle de ces mortels occupants – nous ne pourrons pas accéder à une des pièces suivantes tant que l’un de nos ennemis est encore en état de marche – demande une bonne dose de réflexes, de chance parfois et de gestion dans le choix de nos équipements et améliorations, tant Black Future ’88 se révèle riche en éléments de gameplay. Vous aurez ainsi la possibilité de jouer avec l’un des cinq personnages déblocables, chacun possédant son lot de spécificités particulières (capacité de ralentir le temps, arme de corps-à-corps équipée par défaut). Chacun d’entre eux aura d’ailleurs la capacité d’effectuer un double saut, de combiner les combos à chaque tir mis dans le mille et d’utiliser un dash pour se mouvoir dans des environnements générés aléatoirement où la verticalité est exploitée à bon escient. Nous pourrons de plus débloquer au grès de nos montées de niveaux – l’expérience est redistribuée après chaque décès– une cinquantaine d’armes uniques que nous retrouvons dans les décombres de nos parties suivantes – vous pouvez en équiper seulement deux – et de nombreux bonus que nous pouvons récupérer une fois le boss d’un étage vaincu ou contre un peu de notre temps de vie. N’oublions pas, enfin, de mentionner les marchands qui pourront nous fournir quelques stimulants – augmentant temporairement nos capacités – ou armes contre monnaie sonnante et trébuchante.
La réponse était le temps
Attention néanmoins à bien faire attention aux conséquences de vos choix. Chacun des avantages obtenus grâce à un bonus ou une arme peut en effet se voir sérieusement contrebalancer par un malus qui peut s’avérer, au final, fortement contraignant. Il ne sera pas rare de se retrouver réduit en poussière en une fraction de seconde par manque de réflexion sur les risques d’utilisation d’un fusil à gaz sur un adversaire incandescent (spoiler : BOOM !) ou de voir son sang – matérialisant votre jauge de vie – intoxiqué par une prise de stimulant frelaté. Les malédictions sont finalement la parfaite représentation des choix cornéliens qui nous attendront. Obtenables si nous parvenons à trouver la bonne salle, elles seront aussi utiles que dangereuses pour nous si nous souhaitons aller jusqu’au bout de l’aventure en nous procurant une force de frappe inégalée tout en nous enlevant une grande partie de notre barre de sang ou de notre temps de vie. N’oubliez pas, vous n’avez seulement que 18 minutes pour atteindre votre objectif.
Ces fameuses précieuses minutes qui conditionnent la plupart de nos décisions nous offrent finalement la véritable originalité de Black Future ’88. Avons-nous suffisamment de temps pour explorer quelques salles supplémentaires ou est-il préférable d’aller directement se frotter au boss de l’étage – une boussole nous indique constamment le chemin à suivre pour aller l’affronter – ? Nous reste-t-il assez de secondes dans notre escarcelle pour s’offrir le luxe d’un second dash ? Vous l’aurez compris, le temps est essentiel et rajoute une notion d’urgence à une prise en main déjà extrêmement nerveuse. Il est donc d’autant plus frustrant de se voir stopper dans sa progression à cause de bugs – coucou les changements d’étages qui ne se chargent pas, nous laissant pour seule solution de mourir en laissant défiler le compte à rebours – nous obligeant à redémarrer le jeu. Frustrant également de perdre quelques précieuses secondes avec ce fichu dash que nous ne pouvons pas utiliser en diagonale. Malgré tout, Black Future ’88 parvient toujours à nous faire oublier ces quelques défauts grâce à une générosité telle qu’on finit toujours par le relancer pour 18 minutes de plus. Ah 1988, quelle année !
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L'une des bonnes surprises de cette fin d'année - 80%80%
L'une des bonnes surprises de cette fin d'année
Avec une direction artistique le distinguant au premier regard de la masse des roguelikes de l’eShop et un gameplay aux partis pris radicaux et originaux, Black Future ’88 s’impose comme l’un des meilleurs shooter 2D de la console de Nintendo. Il aurait cependant pu atteindre un statut supérieur si son scénario avait été à la hauteur de son univers. Heureusement, et malgré quelques bugs et soucis de lisibilité, le projet de SUPERSCARYSNAKES nous offre des dizaines d’heures booster à l’adrénaline et restera comme l’une des excellentes surprises parmi les jeux indépendants de cette fin d’année 2019.
Les +
- Une direction artistique au diapason
- Un gameplay grisant une fois maîtrisé
- 18 minutes, tic tac tic tac
- Une bande son dans le ton
- Une richesse de possibilités à prendre en compte
- Un mode coop et des défis quotidiens également disponibles
- Un mode assisté pour les moins courageux d’entre nous
Les -
- Quelques bugs bloquants
- Une lisibilité parfois à la ramasse
- 18 minutes, c’est court !
- Quelques chutes de framerate