Il y a de cela quelques années, je découvrais un certain Child of Light sur ma Nintendo Wii U. Un certain jeu qui se classe sans nul doute dans mes favoris, toutes époques confondues, aux côtés de Portal 2 ou de The Legend of Zelda : Ocarina of Time, rien que ça. Je ne m’attendais pas à une telle gifle de beauté, de sentiments et de douceur dans mon visage. Les rimes semblaient être susurrées à mes oreilles, les cheveux d’Aurora donnaient l’impression de sortir de mon écran de télévision pour venir me caresser le bras et la douceur des paysages m’apportait un vent frais au creux de la nuque. Cette année, Ubisoft a eu l’excellente idée de sortir le jeu sur la Nintendo Switch, proposant à tout un chacun de jouer à Child of Light à tout moment de la journée, partout, tout le temps.
Avant de continuer à lire ce test, je vous invite à cliquer sur le bouton ” Play ” de la vidéo YouTube suivante. Il s’agit ni plus ni moins que la bande son du jeu. Information supplémentaire, la totalité des captures d’écran du test ont été faites en mode portable.
Vole, belle Aurora, vole aussi loin que le monde te l’accordera
Le jeu Child of Light raconte l’histoire d’une jeune fille nommée Aurora, vivant en Autriche durant l’année 1895. La jeune humaine aux cheveux flamboyants contracte une maladie grave qui la plonge dans un sommeil profond, une jolie façon d’expliquer que notre protagoniste est décédée. Lorsqu’elle se ” réveille “, la jeune Aurora se retrouve dans le monde de Lémuria, un monde imaginaire dans lequel les différents astres, à savoir le soleil, la lune et même les étoiles, ont été volés par la Reine Noire. Le jeu commence donc sur une scène d’une intense tristesse où l’on découvre le duc d’Autriche, père d’Aurora, en pleurs et proche de sa fille inconsciente. Aurora ne pense qu’à une chose, retrouver celui qu’elle aime le plus au monde, celui qui l’a guidée tout au long de sa vie. Une fois réveillée, Aurora fait la rencontre d’un petit Igniculus (” petit feu ” en Latin), une sphère lumineuse vivante qui est en capacité de la soigner, d’interagir avec le décors, d’ouvrir des coffres ou encore de ralentir et bloquer ses ennemis. Une fois armée de son épée, Aurora va se lancer dans le sauvetage de Lémuria et dans la recherche de son bien aimé père. Vous êtes partis pour une bonne dizaine d’heures de jeu.
Tout au long du jeu, les équipes d’Ubisoft Montréal parviennent à nous enivrer de part les décors, les musiques, les rencontres et la chevelure d’Aurora, omniprésente et flamboyante. L’intégralité des environnements et des personnages de Child of Light semblent être peints à l’acrylique – ou autre technique de peinture, que sais-je – et viennent vous caresser doucement la rétine, vous murmurer de jolis mots à l’oreille et faire trembler vos mains de tendresse. Tout est doux et agréable. Pour encore plus de beauté, l’intégralité des personnages parle en rimes lors des différents dialogues. Même la lecture, parfois redondante dans certains jeux, provoque un insolent plaisir ici. L’intégralité des personnes … sauf un. Le vilain petit canard qui ajoute une touche de compassion envers cette personne qui est incapable de parler en rimes et qui se fait constamment corriger par les autres. Une compassion créée par ce sentiment d’injustice envers ce personnage simplement différent, avec sa propre personnalité. Son utilité est bien heureusement primordiale dans l’aventure, personne n’est mis de côté. Vivons ensemble et heureux. Venez comme vous êtes !
Pour couronner le tout, la bande son du jeu est composée par Coeur de Pirate en chair et en os. La canadienne s’est attelée à la tâche d’une main de maître et chaque note de piano que vous entendrez raisonnera dans votre crâne comme une symphonie complète. Vous l’avez certainement déjà remarqué puisque vous avez sans nul doute lancé la playlist disponible tout en haut du test.
Un jeu doux jusqu’au système de combat
Pour tout vous avouer, je ne suis pas un grand fan de RPG habituellement. Disons que The Witcher 3 est ma limite dans le genre. Tout arbre de compétences de 10 kilomètres de long et 25 de large m’écoeure particulièrement. Et cela me fait même de la peine, tant je passe à côté de jeux incroyablement géniaux, selon les joueurs. Pour la petite anecdote, l’un des premiers RPG que j’ai réellement apprécié était … Dragon Ball Z: Attack of the Saiyans sur Nintendo DS, c’est dire. Les combats au tour par tour ne sont habituellement pas mon fort non plus, raison pour laquelle je suis l’un des rares français de ma génération à n’avoir jamais accroché à Dofus, le jeu développé par le studio Roubaisien Ankama. Mais c’était sans compter Child of Light qui m’a fait ronronner comme mon chat ne parvient même pas à le faire.
Durant l’aventure, vous serez amenés à croiser la route de plusieurs personnages qui vous aideront alors à combattre l’ennemi. Chacun d’eux disposera de son propre arbre de compétences, comme vous donc, qu’il faudra faire grandir au fur et à mesure du temps. Avec les points gagnés à chaque niveau, montés via l’expérience acquise après un combat, il sera possible parfois d’augmenter le nombre de points de vie ou de magie, parfois de débloquer un nouveau sort, et à d’autres moments d’augmenter la résistance à tel ou tel élément. Éléments qui sont également primordiaux dans Child of Light, ceux-ci pouvant vous faire gagner ou perdre un combat à vitesse grand V. Lancez un sort de feu contre un ennemi en bois, et vous l’emporterez rapidement. Lancez le même sort sur un adversaire aqueux, vous allez prendre relativement cher en retour.
Combattez bravement, mais en douceur
Tout comme les décors, les rimes, les personnages et l’ambiance générale, le système de combat de Child of Light est très doux. Peut-être un tout petit peu trop doux, trop lent. Il est néanmoins possible de l’accélérer légèrement dans les paramètres, rendant le tout plus agréable. Mais cela n’empêche pas que ce système de frise à la Grandia soit très agréable à jouer. Lorsque vous commencez un combat, en plus de la claque visuelle toujours présente, une frise s’affiche en bas de l’écran. Celle-ci affiche les différents combattants présents : vous et votre compagnon si vous en avez un, et les ennemis. Chaque combattant avance sur la frise tout au long du combat et le tout s’arrête dès lors que quelqu’un lance une attaque. Une fois celle-ci terminée, le personnage en question revient au départ, les autres continuent leur chemin. Évidemment, tout cela est modulable : sort d’accélération, ralentissement des ennemis ou même blocage grâce à Igniculus.
En effet, lui également prend part au combat, mais d’une manière moins barbare. Disposant d’une jauge bleue, celui-ci est capable de vous soigner ainsi que vos camarades ou même de bloquer l’avancée d’un ennemi sur la frise d’attaque. Très pratique lorsque vous lancez un sort long à charger. Car oui, la dernière partie de cette frise est celle réservée aux attaques. Si vous êtes dedans mais qu’un ennemi vous attaque avant que votre sort se lance, vous repartez au départ. La jauge d’Igniculus ainsi que vos jauges de vie et de magie ne sont pas infinies. Si des potions ou des sorts existent pour palier à cela, de petites plantes sont disposées dans ” l’arène ” de combat et rechargent légèrement vos jauges lorsque vous récupérez leurs fleurs grâce à votre petite boule lumineuse (Igniculus). Pour ce faire, utilisez soit l’écran tactile en mode portable, soit le joystick en mode TV. Pas de panique, le joystick est également utilisable en mode portable.
Des objets à collecter, les Oculis
De petits éclats de pierres sont disposés ici et là dans le jeu. Dans les coffres ou en récompenses à des combats, ces Oculis peuvent s’avérer bien pratiques tout au long de l’aventure. Sur chaque personnage du jeu, dont Aurora, il est possible d’ajouter plusieurs occulis sur l’équipement (qui lui, ne change pas). Le tout fonctionne via des assemblages : trois couleurs primaires (rubis, émeraude, saphirs) peuvent donc être assemblées soit pour créer une pierre plus grosse et plus puissante, soit pour créer un nouveau type de pierre avec évidemment de nouveaux avantages. Expérience supplémentaire et points de vie ou de magie sont au programme, mais pas seulement. Selon la zone dans laquelle vous vous trouvez, certains ennemis seront affectés par un élément en particulier. Les occulis peuvent donc vous aider à prendre le dessus. Améliorez votre affinité avec l’élément ” au dessus ” de celui des ennemis en assemblant des pierres et en les équipant pour être avantagé.
Une progression douce et (trop ?) facile
La progression dans Child of Light est assez simple : voyagez de gauche à droite, ou de droite à gauche, sur l’écran pour avancer dans l’histoire. Rapidement, Aurora aura un pouvoir important, celui de voler. Il vous sera utile durant 90% du jeu et vous permettra soit de dénicher des coffres cachés, soit de prendre part à des énigmes. Jamais très compliquées, ces énigmes peuvent s’avérer souvent trop faciles et c’est peut-être l’un des seuls défauts du jeu. À vouloir être doux et poétique constamment, la difficulté du titre serait par moments à revoir, en particulier dans les sortes de puzzles ou dans les énigmes qui se résument à pousser une caisse ou à tirer un levier.
Pour enfoncer le clou de la difficulté, Child of Light sur Nintendo Switch contient l’intégralité des contenus additionnels ajoutés au jeu sur les autres plateformes. Vous aurez donc droit à des quêtes supplémentaires, des skins, des occulis puissants ainsi que des améliorations d’attaque et de défense. Vous pouvez choisir de ne pas les utiliser, mais c’est si tentant …
Une technique quasi parfaite
Cela va de soi, même si Child of Light est à mon sens un chef d’oeuvre artistique, tant au niveau visuel qu’en terme d’histoire et de musique, il ne semble pas être tant gourmand. Pour les joueurs PC, sachez pour information que le jeu demande une GTX 260 et un processeur Intel Core 2 Quad Q8400. Si cela ne parle pas beaucoup à certaines personnes, je me permet de faire ce lien pour montrer que Child of Light demande des composants datés et peu puissants de nos jours. Vous l’aurez compris, le titre de Ubisoft Montreal tourne très bien sur Nintendo Switch … À quelques détails près.
Oui, parce qu’il fallait bien un peu de mauvais dans ce test. Attention évidemment, le titre fonctionne très bien à 95% du temps. Les animations sont très bien gérées, en combat ou en dehors, et sont tout aussi belles que le reste du jeu. L’affichage est très propre sur TV comme en mode portable, mais là où le bât blesse, c’est en terme de framerate. Il m’est arrivé plusieurs fois, avant tout sous une chute d’eau, de voir une baisse du nombre d’images par secondes. Cela ne gêne en rien l’aventure, mais casse l’effet poétique du jeu, lui retire de sa douceur pour le rendre plus âcre.
Aurora, merci à toi
-
Aurora, merci à toi - 95%95%
Résumé
Que dire. Que dire sur ce chef d’oeuvre qu’est Child of Light, selon moi. Son développement par Ubisoft avait à l’époque terni l’image du jeu, sans raison cela dit, mais j’espère du plus profond de mon être que ces mauvaise langues sont parvenues à profiter de cette expérience. De la première seconde à la dernière, Child of Light m’a emporté dans un univers magnifique, merveilleux sur un énorme fond de tristesse. S’il n’est pas exempt de tout reproche techniquement, au niveau de la difficulté ou même en terme de durée de vie – bien que je préfère de loin un jeu court et intense que long et inintéressant -, Child of Light me met depuis des années des gifles en pleine poire. Il ne s’agit pas ici d’un AAA ni d’un petit jeu indé, mais simplement d’un jeu vidéo désireux de nous apporter divers sentiments. C’est réussi. Aurora, merci à toi.