En ces jours d’automne et alors que les couleurs de la nature s’estompent doucement, mais sûrement, il est de bon ton de passer son temps libre à la maison, bien au chaud, entouré de ses proches. Pendant que la matriarche s’occupe de réparer quelques bricoles par-ci par-là, que les enfants s’amusent avec leurs jouets favoris et que le père de famille s’attelle à la préparation du repas, vous pouvez enfin vous asseoir dans votre fauteuil préféré et vous plonger corps et âme dans l’un des titres qui s’accumulent dans votre bibliothèque de jeux. Votre regard s’attarde d’ailleurs rapidement sur une miniature représentant une famille de guerriers. Vous lancez de ce pas le jeu et vous voilà devenu en un rien de temps un gardien des terres de Rea. Bienvenue dans l’univers de Children Of Morta, le Hack’n’Slash aux éléments de roguelite du studio Dead Mage, sorti le 20 novembre dernier sur Nintendo Switch.
Fighting with My Family
Malheureusement, vous découvrirez bien vite qu’il ne fait pas bon vivre dans les environs. La corruption, qui gangrène et fait pourrir toute forme de vie, gagne du terrain jour après jour avec pour épicentre le mont Morta. Les esprits protecteurs brillent par leur absence et le quotidien des habitants est plus que précaire. C’est aussi bien évidemment le cas de la famille Bergson, une fière lignée de gardiens protégeant les alentours du mont Morta depuis des décennies et qui vous accueillera en son sein. Oubliez cependant les ustensiles de cuisine de votre père, les jouets de vos cadets et le marteau et les clous de votre matriarche et remplacez-les plutôt par des épées, des boucliers, des vieux grimoires aux savoirs ancestraux, des arcs et autres projectiles magiques.
Oui, les Bergson n’hésiteront pas à prendre les armes pour mener à bien leurs missions et restaurer l’équilibre des 3 régions qu’ils arpenteront. Vous aurez donc le choix de partir parcourir l’un des donjons – chaque région en compte jusqu’à trois, eux-mêmes découpés en plusieurs étages avec un boss à la clef – à la recherche des esprits endormis, au côté de John, le père guerrier, ou Linda sa fille archère. Et si l’exploration de ces donjons – générés aléatoirement – s’effectue avec un classique, mais efficace, mélange de mécaniques issues des genres du Hack’n’Slash type Diablo (vue du dessus, hordes d’ennemis à vaincre, jauge d’endurance) et de l’action RPG (points de compétences, arbres de talents), c’est bien la diversité offerte par les différents gameplay de chacun des membres de la maisonnée Bergson qui viendra vous tenir en haleine.
Morta Kombat
Arriver au bout d’un donjon avec Linda ou John ne vous demandera en effet pas les mêmes habitudes de jeu et il vous faudra bien faire attention aux différents monstres qui garnissent le bestiaire – assez étoffé par ailleurs – de Children Of Morta. Certains d’entre eux seront, en effet, plus faciles à vaincre au corps à corps plutôt qu’à distance et vice versa. Il en sera de même pour les autres membres de la lignée Bergson qui viendront compléter l’équipe au fur et à mesure de l’aventure. Kevin le jeune et rapide manieur de dagues, Mark l’expert des arts martiaux, Lucy et ses projectiles incandescents ainsi que Joey le géant au marteau vous demanderont, au gré de leurs avantages et point faibles – Joey est plus lent, mais détient une barre de vie plus garnie tandis que Lucy possède une cadence de tir plus soutenue que sa sœur Linda, mais ne peut pas l’utiliser en se déplaçant – de vous adapter pour aller jusqu’au bout de vos dangereuses explorations.
Et n’espérez pas vous passer de l’un d’entre eux. En effet, plus votre personnage favori restera au contact de la corruption, plus il devra passer du temps sur la touche (malus de santé oblige), vous forçant à découvrir un autre héros. Un bon point qui retardera les inévitables effets d’une répétitivité inhérente au genre. Rajoutez enfin à cela une ribambelle d’améliorations en tout genre que vous pourrez utiliser à la fois avant de partir au front et pendant vos missions.
Le fief des Bergson – qui fera office de hub central – habitera la forge de l’oncle Ben qui vous permettra d’améliorer les équipements de vos héros de manière permanente ainsi que le laboratoire de recherche de mamie Margaret qui vous servira à développer les nombreux talents des membres de la famille. Vous aurez, en outre, la possibilité de looter au fil de vos ouvertures de coffres ou après être venu à bout de petits mini-jeux – assez anecdotiques et venant casser le rythme de votre progression – des reliques divines que vous pouvez déclencher avec les gâchettes R et ZR et des grâces qui vous octroient des bonus. Elles seront vite indispensables tant leurs puissances conditionneront votre réussite lors de certaines confrontations de boss. À tel point que ces artefacts viendront parfois involontairement gommer la variété de gameplay qu’offrent les différents profils de vos combattants.
Il est, par exemple, extrêmement tentant de temporiser pendant un affrontement un peu plus compliqué que la moyenne, dans le but d’attendre la fin du cooldown d’une des ces reliques, résumant ainsi votre combat à une succession d’esquives et de fuites en prévoyant de pouvoir l’activer de nouveau. C’est d’autant plus dommage que la plupart des boss de Children Of Morta sont originaux et nécessitent de bien connaitre et d’anticiper leurs actions pour les vaincre. Saupoudrez le tout d’une panoplie de buffs temporaires, symbolisés par les runes qui rajoutent un effet secondaire à vos armes, les charmes qui vous offrent une vingtaine de bonus différents (offensifs, défensifs ou matériels) et les obélisques qui améliorent de vos compétences et vous obtiendrez un système de combat riche, bien que parfois déséquilibré.
Modern family
Si la balance du gameplay penche donc à de rares occasions du mauvais coté, ce n’est toutefois pas la même histoire en ce qui concerne le volet narratif de Children Of Morta. Le titre de Dead Mage réussit avec brio à justifier toutes les contraintes liées à son statut de roguelite sans que cela ne vienne entacher la crédibilité de son univers. Si votre héros échoue lors d’un donjon, il sera alors rapatrié avant que mort s’ensuive et récupéra les connaissances, l’argent et l’expérience acquis pendant sa quête. Chacune de vos run est utile à votre progression dans le jeu, d’autant plus que de nombreuses saynètes se déclencheront lorsque vous serez de retour au bercail.
Tantôt nécessaires à l’avancée du scénario, tantôt là pour développer un personnage ou une relation entre deux membres de la famille Bergson, ces petites tranches de vie se suivent sans déplaisir et deviennent une de vos sources de motivation pour repartir à l’assaut la montagne de Morta, dans le but d’en connaitre rapidement plus. Quelques quêtes secondaires se cachent également au détour d’une salle de donjon et viendront renforcer le lore du jeu, sans pour autant avoir une quelconque influence sur la trame principale. Attendez-vous cependant à recevoir votre lot de moments de bravoure et de sacrifices et à en prendre plein les mirettes si vous êtes friands de la direction artistique en pixel art dessiné du titre.
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Children Of Morta fait pencher la balance du bon coté - 75%75%
Children Of Morta fait pencher la balance du bon coté
Children Of Morta place la barre très haute pour quiconque voudra venir se frotter au sujet de la narration dans un roguelite. Le titre de Dead Mage semble avoir trouvé la bonne formule et offre un scénario à la hauteur de ses ambitions. Très vite rattrapé par des soucis d’équilibrages et une inévitable répétitivité liée aux genres qui l’inspirent, Children Of Morta reste néanmoins un excellent titre pour qui aime un tant soit peu les Hack’n’Slash.
Les +
- La narration du titre : un modèle pour le genre du roguelite
- La diversité des styles de combats des différents membres de la famille Bergson
- Des environnements en pixel art dessiné magnifiques
- La coopération locale est possible
- Des combats de boss variés
Les -
- Une bande sonore un peu trop discrète
- Les reliques et grâces divines un peu trop puissantes
- Parfois répétitif