Darkest Dungeon II, ou l’envie de brûler sa console – TEST

Darkest Dungeon II Switch Test
80%

Certains jeux aiment malmener leurs joueurs. Si on peut se demander quels tourments de la vie pousseraient un développeur à créer ce genre d’expériences, on pourrait tout aussi bien s’intéresser à ce qui peut motiver les amateurs du genre. Car si ces jeux sont produits, c’est qu’il y a bel et bien une demande. Intrigué par cet état de fait, je me suis lancé dans Darkest Dungeon II. Depuis que j’ai commencé ce jeu développé par Red Hook Studios, je crois avoir perdu une partie de mon maigre capital neuronal et gagné quelques cheveux blancs tout en passant… un bon moment ? Retour sur une épopée en enfer, au sens propre comme au sens figuré.

Avertissement : prévoyez une bouteille d’eau avant la lecture de ce test car une certaine quantité de sel est à prévoir – La direction de Switch-Actu

Darkest quoi ?

Darkest Dungeon II est la suite de Darkest Dungeon sorti en 2016. Si le premier impliquait bel et bien la traversée de donjons tous plus retords les uns que les autres, on serait tenté de dire que son successeur porte mal son nom puisqu’on n’explore, pour ainsi dire, aucun donjon. Exit les couloirs obscurs et les forteresses de pierre et bonjour les environnements extérieurs, allant d’une jolie vallée automnale aux méandres d’une jungle touffue. Ne vous méprenez cependant pas : l’ambiance y est lugubre à souhait et transpire de désespoir, en grande partie grâce à une splendide direction artistique et une excellente bande-son. Toute l’idée de ce deuxième épisode est de vous déplacer de paysages en paysages à l’aide d’une diligence rudimentaire dans le but d’atteindre la Montagne, lieu mythique qui symbolisera l’accomplissement de vos efforts à venir.

Chaque partie prend la forme d’une expédition pour laquelle vous recrutez quatre héros aux compétences variées. On retrouve les classiques soigneurs, tanks et attaquants mais Darkest Dungeon II vous permet de débloquer de nouveaux personnages d’une partie à une autre pour varier vos stratégies et maximiser vos chances de l’emporter. Vous vous en doutez mais de nombreux et horribles obstacles seront sur votre route : nid-de-poule, embuscades, créatures monstrueuses, magie noire et bien d’autres joyeusetés vous attendent et seront susceptibles de faire échouer votre expédition. La plupart du temps, vous devrez choisir votre route à de nombreux embranchements en ayant une idée seulement partielle de ce qui vous attend. Parfois, éviter un danger immédiat (une escarmouche par exemple) se paie chèrement quand vous vous prenez une série d’emmerdes autrement plus importants quelques embranchements plus loin (un nid-de-poule, suivi d’une embuscade et d’un combat de boss totalement imprévu).

C’est à l’aide de la génération procédurale que le jeu vous crée des expéditions toutes plus intenses les unes que les autres. Cela se manifeste surtout par un enchaînement d’évènements aléatoires dont vous devrez tirer parti pour espérer survivre dans ce dédale cauchemardesque. Vous pouvez, par exemple, tomber sur un marchand en chemin qui vous permettra d’acheter des objets à donner à vos personnages ou à équiper sur votre diligence pour profiter de quelques bonus de statistiques. Avec un peu de chance, vous croiserez même la route d’une infirmière qui soignera vos héros moyennant quelques deniers. Mais les ennuis sont bien plus fréquents que les commodités.

Je suis là pour souffrir, ok ?

Disons-le tout de suite : Darkest Dungeon II est effroyablement difficile. Le jeu s’ingénie à vous noyer sous une pluie d’obstacles tous plus infranchissables les uns que les autres et la dimension hasardeuse n’aide en rien. L’aspect paradoxal mais parfaitement assumé du jeu est qu’échouer fait partie intégrante de l’expérience. Pas besoin de remettre en question vos talents de joueurs si vous vous faites massacrer dès votre première expédition : c’est ce que veulent les développeurs. Les mauvaises langues diront que je tente comme je peux de me rassurer (chut) mais c’est exactement le fond du message affiché chaque fois que vous lancerez Darkest Dungeon II : échouer est normal mais garder espoir est la clé.

Pourtant, on sent que Red Hook Games prend un malin plaisir à réduire nos espoirs à néant et à écraser notre dignité. Chaque combat peut-être l’occasion d’une défaite cuisante, parfois rapide, parfois délibérément lente. Le gameplay des combats implique toute une kyrielle de mécanismes et de sous-mécanismes difficiles à appréhender lors d’une première partie et dont la maîtrise reste indispensable pour espérer avancer. On apprend de ses erreurs au fur et à mesure mais même un joueur chevronné sera bien impuissant face aux pièges et hasards malencontreux d’une expédition. Les combats contre les différentes menaces sont rarement évitables et fonctionnent sur un système de tour par tour plutôt intéressant. Ils restent néanmoins difficiles d’accès tant on est noyé sous des kilos et des kilos d’indicateurs obscurs qu’il faudra apprendre de nombreuses fois pour tous les retenir.

Un fait tout aussi avéré quand il s’agit de naviguer dans les menus du jeu. Sur ce point, on peut reprocher à Red Hook de ne pas avoir fait un petit effort d’ergonomie : la navigation est bien trop laborieuse pour ne pas crisper inutilement le joueur et il n’est pas question de laisser passer cet aspect au nom de la difficulté et de l’expérience voulue par les développeurs. Notons au passage des crashs occasionnels qui n’ont leur place nulle part et encore moins dans ce type de jeu.

De fait, il est très difficile d’élaborer une quelconque stratégie en combat tant il y a d’éléments imprévisibles qui viendront systématiquement ruiner vos efforts d’anticipation. J’ai rarement vu une telle ingéniosité dans la création de malus pouvant handicaper les joueurs. Vous pensiez pouvoir lancer une belle attaque à votre tour suivant ? Bah non, vous voilà frappés de cécité avec 50% de chance de rater votre prochaine attaque. Vous vous apprêtiez à protéger votre allié d’une attaque mortelle ? Hé non, votre tank vient de péter un plomb à cause du stress généré par les combats et s’est fait tuer dans le process. Souffrez en silence, il y a des mouchoirs à gauche en sortant.

Des systèmes de jeu aussi raffinés que cruels

Plus sérieusement, Darkest Dungeon II n’est pas un jeu “trop” difficile mais simplement une expérience extrême réservée à une niche de joueurs acceptant l’idée d’échouer encore et encore. On aurait pu imaginer que la dimension rogue-lite du jeu viendrait récompenser les plus obstinés mais pas tant que ça. Bien sûr, vous pourrez tout de même débloquer des améliorations qui vous faciliteront légèrement la tâche comme renforcer votre diligence ou acheter de nouvelles pièces d’équipement mais le coeur de l’expérience reste volontairement difficile. À l’inverse de certains jeux comme Hades, vos héros ne se renforcent pas, ou très peu, d’une tentative à une autre, ce qui fait que vous resterez systématiquement désavantagés lors des affrontements. Tous les systèmes imaginés pour le jeu vous mettront dans la sauce et il faudra s’en sortir tant bien que mal : ne cherchez pas à faire une expédition parfaite et élégante de bout en bout, vous n’y arriverez pas.

Par exemple, Darkest Dungeon II prévoit un système de relations entre les membres de votre équipe. En fonction de leurs affinités et de vos décisions, ils pourront s’aider mutuellement. Mais s’ils se méprisent entre eux (ce qui peut arriver sans que vous puissiez y changer quoi que ce soit), ils seront assez stupides pour se mettre des bâtons dans les roues en pleine bataille. Darkest Dungeon II vous demande donc de composer non seulement avec des menaces bien plus fortes que vous mais aussi avec les faiblesses humaines et imprévisibles de vos héros. En cela, le jeu est particulièrement réussi et devrait ravir les amateurs de dangers, prévisibles ou non. La petite consolation dans notre malheur ? La beauté des environnements du jeu. Comme une version sombre de la bande-dessinée franco-belge, la direction artistique de Darkest Dungeon II offre une succession de paysages magnifiques en plus d’un chara-design inspiré.

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Darkest Dungeon II, ou l'envie de brûler sa console
  • Amour et haine pour une expérience plutôt plaisante - 80%
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Résumé

Darkest Dungeon II est un jeu crispant, injuste et plutôt sympathique dans l’ensemble. Une fois qu’on a accepté de mettre sa fierté de côté et de l’enterrer sous un kilo de boue, on prend un certain plaisir à partir en expédition au milieu d’énergumènes aussi courageux que désespérants. Les combats sont intenses et ont le mérite de nous donner un véritable sentiment d’accomplissement quand, un peu par hasard, on triomphe de nos ennemis. On en prend également plein les yeux grâce à une direction artistique impeccable et ce, malgré une interface très lourde et quelques bugs dont on se passerait aisément. Bref, Darkest Dungeon II est une excellente façon de tester votre détermination si vous vous cherchez un défi.

Les +

  • Des combats prenants et éprouvants
  • De splendides visuels
  • Une très bonne bande-son
  • Un défi de taille

Les -

  • Des bugs dont des crashs très énervants
  • Une interface lourde et peu intuitive qui risque d’en rebuter plus d’un


LatoJuana
752 articles

Gamer de 26 ans avec un penchant pour les jeux racontant de belles histoires. Je suis rédacteur sur le site depuis 2017. Zelda reste ma licence de cœur mais j'aime découvrir des jeux de toutes sortes !