Donkey Kong Country Returns HD, Donkey garde la banane – TEST

Dur dur d’être un gorille. Le 16 janvier dernier, vous vous souvenez peut-être de l’annonce de la Nintendo Switch 2. Pourtant, ce jour même, Nintendo envoyait la première cartouche de 2025 pour sa Nintendo Switch avec le remaster HD de Donkey Kong Country Returns. Si vous ne possédez pas de Wii ou de 3DS, il vous était jusqu’à présent impossible de jouer à cette aventure sortie en 2010. Nintendo répare donc l’erreur, avec un remaster à 60 €. Est-ce qu’après presque 15 ans, cette itération de la formule Country vaut toujours le coup ? Je propose de nous y pencher. 

Pensez à vous mouiller la nuque

L’aventure commence sur un larcin, et pas n’importe lequel. Celui des précieuses bananes de Donkey Kong. Un mal s’est éveillé dans le volcan de l’île où vit le gorille, et en sont sorti les Tikis, des êtres en forme d’instruments de musique qui hypnotisent les animaux de la jungle pour les manipuler. Ni une ni deux, Donkey Kong se met en quête de ses bananes, et va au passage sauver les animaux parce que c’est un gentil. Vous comprenez de par ce synopsis loufoque que l’histoire de Kong n’est qu’un fabuleux prétexte à un jeu de plateforme en 2D. Rien d’étonnant, parce que le coeur des jeux DK Country, c’est d’y incarner le gorille phare de Nintendo.  La cinématique d’introduction se termine, et place au jeu. Aux premiers abords, quel charmant jeu que ce Country Returns. Les visuels sont plutôt jolis, la jungle donne envie de s’y plonger, on avance, et on se prend un mur. 

Si vous connaissez Nintendo depuis longtemps, vous avez l’habitude des débuts de jeux léchés, qui ne vous mettent pas en difficulté et qui vous apprennent les règles de design dès le début et avec brio. Je connais un gorille qui n’en a que faire de ces règles, et qui va vous apprendre la vie à la manière de Cobra Kai, plus que Miyagi-Do.  Pour m’expliquer : vous allez apprendre en souffrant. La mort n’est qu’un long voyage initiatique quand il s’agit de Donkey Kong Country Returns. Dès le premier niveau, certains et certaines risquent de regretter la sympathie d’un Mario Bros… Rapidement, certaines choses ne collent pas, notamment autour des déplacements. Imprécis serait le mot juste. Régulièrement, vous allez mourir par ces quelques soucis : des sauts imprécis et des gestes que vous ne vouliez pas faire. 

Le meilleur exemple étant la roulade. Par la pression de la touche Y, Kong frappera le sol et pourra étourdir les ennemis alentours. Par contre, si vous placez votre stick sur un côté en même temps qu’en appuyant sur Y, le gorille va enclencher une roulade sur plusieurs mètres. Un choix de pattern très curieux, qui m’aura poussé à un nombre de chutes dans le vide que je n’ose pas décrire. Il y a une très longue initiation à la prise en main de ce Donkey Kong Country Returns, qui n’excuse pas tout.

Le level-design est aussi régulièrement pensé pour vous faire mourir. C’est par moment très marrant, d’autres fois un peu moins. Surtout qu’à l’inverse d’un Céleste, vous avez des vies et il y a un petit temps de chargement pour vos réapparitions entre les morts, qui causera peut-être l’abandon des moins persévérants. Mais, il y a quelque chose. Après quelques niveaux, on commence à comprendre la logique de Donkey Kong Country Returns HD… et la lumière arrive. 

Prendre son temps

Oui, mes premières heures sur Donkey Kong Country Returns HD n’ont pas été une partie de plaisir. Mais alors pourquoi ? Peut-être un problème d’égo ? À vrai dire, j’ai terminé des jeux comme Céleste, alors bon, niveau jeu de plateforme qui propose du challenge, j’estimais toucher ma bille ! Je savais pertinemment que les formules Country de DK étaient difficiles. Alors j’y suis allé avec une confiance démesurée : chose à ne pas faire.  Au lieu de prendre du plaisir sur les premiers niveaux, mon envie de faire les choses vite et bien a fini par gâcher les premiers moments de découvertes. Si bien que quelque chose est resté en travers de ma gorge et m’a tenu jusqu’à la fin.

Mais après une première session compliquée, j’ai fini par réfléchir et j’ai commencé à prendre le jeu avec moins de légèreté et plus de rigueur. Et là, les choses ont changé. Je mourrais moins, je prenais plus de plaisir et par conséquent : je profitais enfin de l’expérience. Donkey Kong n’est pas une course, c’est un jeu où il faut prendre son temps. Parfois, il est frustrant car maladroit dans son design, mais il excelle très régulièrement. Chaque lancement de Donkey Kong Country Returns HD est la garantie d’un moment fun et original. Parce que oui, Donkey Kong est très bon dès qu’il s’agit de se renouveler. Déjà, chaque monde possède son propre univers : entre la jungle, la plage, des cavernes, des ruines, ou encore une usine, le jeu prends le pli de nous faire voyager régulièrement et ça marche bien. 

Ce qui fait que ça marche bien, c’est aussi surtout, car chaque niveau est plutôt unique en son genre : vous n’allez pas inlassablement faire des niveaux qui se ressemblent dans leur structure, le jeu prend le temps de construire ces niveaux de manière variés. Même quand certains types de niveaux reviennent comme les phases de Tonneaux-fusées ou les phases de rails, les structures changent suffisamment pour ne pas être redondantes.  Puis pour bien sûr accentuer la rejouabilité, le chemin est bien sûr pavé de collectibles que vous pouvez récupérer à votre guise ou non. Certains sont mis bien en évidence tandis que d’autres vont vous demander un vrai effort d’exploration.  À chaque fin de monde, son boss, et Donkey Kong Country Returns HD excelle aussi ici : chaque boss est original en son genre et c’est une bonne petite surprise d’arriver à la fin d’un monde pour les rencontrer. À l’exception d’un seul qui reprend les bases d’un autre boss et qui se démarque moins, les gros ennemis de Returns sont fun à découvrir. 

Un remaster qui ne va pas très loin

Reste à se poser cette dernière question : est-ce que Country Returns HD vaut le coup en 2025 ? Techniquement, le jeu ne présente pas de failles. Ça tourne très bien, c’est plutôt joli et le travail de remaster est vraiment solide. Mais il faut aussi se l’avouer : c’est bien bien feignant tout ça. Pourquoi ? Parce que le jeu ne présente absolument rien de nouveau : pas de niveaux bonus, pas d’éditorialisation sur l’histoire de sa création… en bref, si vous avez joué au jeu d’origine sur Wii ou 3DS, rien ne justifie son achat à part votre amour du gorille. 

Et c’est frustrant, car même les plus fainéants / stériles des remasters récents propose du contenu en plus : Beyond Good & Evil 20th Anniversary Edition proposait une nouvelle quête en jeu, mais aussi un long contenu bonus autour de la création, The Last Of Us Part. II Remaster propose de parcourir des niveaux qui ont été retirés du jeu final, et un nouveau mode rogue-like…  Quand une oeuvre sorti il y a près de 15 ans revient, au prix fort et sans aucun ajout, on peste forcément face à ce choix de la simplicité.