Famicom Detective Club, enquêtes dans le grenier de Nintendo – TEST

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Nintendo aime souvent replonger dans ses anciennes licences pour les faire découvrir à de nouveaux joueurs : néanmoins, nul n’aurait pu prévoir que l’éditeur nous offrirait en 2021 des remakes des deux épisodes de Famicom Detective Club, jeux d’aventure ayant connu leur petit succès à la fin des années 80 au Japon, ni que ceux-ci arriveraient en Occident pour la toute première fois. Trente-trois ans après, ces représentants d’une autre époque, tant au niveau des limitations techniques que de la vision même du jeu vidéo, ont-ils encore quelque chose à offrir ? Il est temps de sortir vos plus beaux costumes en tweed et de mener l’enquête pour le découvrir !

Un petit mot sur les synopsis :

The Missing Heir vous fait incarner un personnage, à nommer comme bon vous semble, qui est retrouvé amnésique en bas d’une falaise. Très vite, il comprendra qu’il est un détective embauché pour résoudre une affaire de meurtre liée à une famille fortunée d’un village présumé hanté. Il sera aidé en cela par sa comparse Ayumi Tachibana.

L’histoire de The Girl Who Stands Behind se passe avant les évènements de The Missing Heir et dépeint les débuts du personnage en tant que détective ainsi que sa rencontre avec Ayumi, dans une enquête sur le meurtre d’une lycéenne qui pourrait être lié à une vieille affaire, mais aussi à une rumeur sur un fantôme qui hanterait ledit lycée.

Mystère et suspense

Famicom Detective Club, ce sont donc deux jeux écrits par Yoshio Sakamoto, le créateur de Metroid, WarioWare et Rythm Paradiseun homme versatile. D’ores et déjà, une question peut se poser : par lequel commencer ? Il n’y a pas vraiment de bonne réponse, étant donné que le second est un prequel du premier : néanmoins, je pense qu’il est plus intéressant d’y jouer dans l’ordre de sortie, c’est à dire en commençant par The Missing Heir, qui pose les bases et l’ambiance de cette duologie et permet de vraiment s’attacher à ce héros grâce à une histoire d’amnésie qui vous permettra de découvrir son passé en même temps que lui. Et, si l’on arrive à mettre de côté l’incongruité d’un adolescent qui enquête sur des crimes, il faut reconnaître que les histoires sont particulièrement bien écrites, en arrivant à éviter certains problèmes relatifs aux visual novels : on notera notamment un effort pour éviter les répétitions et respecter au mieux le temps des joueurs. Chacun des deux scénarios possède ses qualités et ses défauts : The Girl Who Stands Behind est un peu plus invraisemblable mais aussi un peu plus prenant, tout en offrant une ambiance qui lorgne plus du côté de l’horreur.

La narration des deux jeux est aussi assez novatrice pour l’époque, en s’inspirant du cinéma. Yoshio Sakamoto a, semble-t-il, regardé un certain nombre de films du réalisateur italien Dario Argento avant d’écrire les scénarios, et cela se ressent, autant dans l’atmosphère très giallo que dans le démarrage des histoires in media res, avec un générique qui n’arrive que plus tard. On est directement happé et il devient difficile de se détacher de sa console par la suite grâce aux rebondissements fréquents : seule la durée des aventures (entre 6 et 8 heures chacune) et/ou la batterie de la Switch vous forceront à faire une pause. En bons jeux d’enquêtes, les deux épisodes de Famicom Detective Club s’amuseront aussi avec le joueur, disséminant ça et là des indices pouvant conduire au vrai coupable tout en accumulant les fausses pistes : une scène de The Girl Who Stands Behind s’en amuse d’ailleurs en se moquant presque de vous.

Talk/Show

Si j’écris “joueur“, je pourrais en fait presque dire “lecteur“, car les deux enquêtes sont avant tout des digico purs et durs qui ne laisseront place qu’à une interactivité limitée : on va parfois vous demander de taper la bonne réponse à une question, compléter un texte à trous, composer un numéro de téléphone ou fouiller les décors à la recherche d’indices ; mais on sent que les limitations de l’époque ne permettaient pas d’aller aussi loin que, par exemple, un Phoenix Wright: Ace Attorney, et le gros du gameplay consistera donc à poser les bonnes questions aux bonnes personnes, en essayant d’internaliser la logique ludique pour être le plus incisif possible. Si poser plusieurs fois la même question pour avoir une réponse complète peut s’avérer agaçant, Famicom Detective Club arrive souvent à nous faire comprendre qu’il faut le faire (par exemple par le biais de l’hésitation d’un personnage) : de fait, je n’ai été bloqué qu’une fois par scénario, ce qui est peu comparé aux autres jeux d’aventure de l’époque et leurs énigmes tarabiscotées à la limite du sadisme.

On pourra cependant regretter le choix de ne traduire les deux jeux que dans la langue de Shakespeare, bien qu’on puisse le comprendre au vu du manque de réactions des joueurs occidentaux face à ces annonces. Si vous avez un niveau d’anglais correct, vous ne serez cependant jamais perdus face à des jeux localisés avec soin et toujours très clairs. Seule petite ombre au tableau : les noms japonais sont conservés tels quels, ce qui peut s’avérer par moment confus quand il s’agit de personnages que l’on n’a jamais rencontré. La confusion est cependant vite réglée grâce à la présence de notes sur chaque personnage, accessibles à tout moment, ainsi qu’à la possibilité de revoir et réécouter tous les dialogues passés, une option qui fait de Famicom Detective Club un sympathique outil pour réviser son anglais ou son japonais (à réserver plutôt aux adultes, vu le côté graphique de certaines images, ainsi qu’à des références, par exemple, à la prostitution).

NES pas magnifique ?

Si le “gameplay” est d’époque, on saluera en revanche l’exceptionnelle mise à jour graphique opérée par Mages (derrière la série des Steins;Gate), qui donne l’impression de jeux développés sans compter, comme dirait ce bon vieux John Hammond : c’est bien simple, j’ai rarement vu de visual novels aussi beaux et détaillés, avec un rendu visuel mélangeant 2D et 3D sur les personnages et décors plus dessinés, qui donne par moments l’impression de “jouer à un anime“. La Switch permet aux artistes de faire vivre des décors plutôt basiques à l’époque, mais aussi de s’amuser avec la mise en scène, nous offrant ça et là de très jolis plans. Ces très jolis visuels permettent de largement compenser la grande simplicité des actions demandées et aident à nous immerger dans les deux histoires passionnantes de Famicom Detective Club.

L’interface utilisateur a, elle aussi, bénéficié d’un grand soin : comme c’est la mode dernièrement chez Nintendo, tout est pensé pour être le plus sobre et élégant possible, de façon à ne pas avoir à chercher l’information ou l’option nécessaire dans un sous-menu. À propos d’option, d’ailleurs, il convient de noter qu’il vous est possible, à tout moment, de passer de la bande-son d’origine à l’actuelle, complètement refaite : si l’on préfèrera jouer à The Missing Heir avec la musique de 2021, le son de la NES étant tout de même parfois trop strident, The Girl Who Stands Behind propose quant à lui la bande-son de sa ressortie sur SNES, ce qui constitue, pour l’amoureux des sonorités de cette console que je suis, la meilleure option possible – ce qui n’enlève rien aux qualités de la réorchestration. Enfin, cerise sur le gâteau, les deux jeux ont bénéficié d’un doublage intégral de la moindre réplique en japonais (par des acteurs de talent), comme un dernier cadeau de l’entreprise aux quelques fans que ces remakes intéresseront.

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enquêtes dans le grenier de Nintendo
  • Deux curiosités à découvrir - 70%
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Deux curiosités à découvrir

Les deux jeux Famicom Detective Club ont bénéficié d’un remake très soigné, qui sublime le matériau d’origine. Si le gameplay fait grise mine et clivera sans nul doute, ceux qui adhéreront à la proposition pourront découvrir deux histoires finement écrites et passionnantes qui les transporteront dans une atmosphère pleine de suspens. Ne serait-ce que pour se plonger dans une autre époque, ça en vaut la peine.

Les +

  • Très beau
  • Retapé de fond en comble
  • Les musiques SNES sur le second jeu, formidables
  • Enquêtes bien écrites
  • Personnages intéressants
  • On reste rarement coincé

Les -

  • Pas très interactif
  • Traduction uniquement en anglais
  • Aucune replay value
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lunapolitana
1517 articles

Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.