L.A. Noire est ce jeu que l’on aperçoit souvent sur les étals de nos boutiques spécialisées préférées. Un de ces rares jeux étiquetés sous la barre appréciée des trente euros sonnants. Sorti en 2011 après un développement au long-cour assez chaotique, L.A. Noire avait à l’époque développé d’immenses qualités, dont une époustouflante en particulier : la modélisation des visages, et par-delà un jeu d’acteur immersif au possible. Un jeu d’enquêtes criminelles dans le Los Angeles des années 40 en monde ouvert, de la motion scan comme s’il en pleuvait, des citoyens crédibles et nombreux… ma Nintendo Switch a-t-elle explosé ? Réponse plus bas.
Il est encore temps pour L.A. Noire, camarades
Disponible depuis le 14 novembre 2017 sur Switch, la première production des australiens de la Team Bondi s’offre au joueur patient, curieux et/ou désireux de se laisser embarquer, non sans un gameplay riche, dans une série télévisée de qualité comportant son lot de rebondissements et de drames. D’aucuns parleront d’ailleurs de «roman interactif» pour décrire cette oeuvre originale. En lançant sa partie, le joueur averti s’installe paisiblement dans son canapé, en peignoir si possible. Car répétons-le d’emblée, c’est une série télévisée dans laquelle vous êtes le héros. Tout participe de près ou de loin à cette impression constante ; plans cinématographiques, discussions à priori anodines pour enrichir la psycho des protagonistes, bons et mauvais jours du héros, gloires et erreurs à chaque tournant… Être coutumier des séries à succès est un des leviers d’entrée de ce titre particulièrement ambitieux.
Pour ceux n’ayant jamais eu vent du jeu d’enquête de la Team Bondi, L.A. Noire se joue à la troisième personne et mélange de façon homogène phases d’enquête, d’exploration – recherche d’indices, gunfights et poursuites (en automobile comme à pieds). Un crime nous est signalé, nous partons enquêter à la recherche d’indices, de suspects et de liens relatifs à l’affaire. Lors de sa sortie initiale en 2011, le jeu récoltait une note metacritic entre 83 et 89, selon les plateformes. La cuvée 2017 se situe quant à elle entre 76 et 79, la version Nintendo Switch étant la mieux lotie à ce niveau.
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Bienvenue en 1947, dans la ville des tentations
Corruption, crimes en série, trafic de stupéfiants, incendies criminels… Il ne fait pas tous les jours bon vivre à Los Angeles. Par chance, les victimes de ces méfaits trouvent la paix en la personne de Cole Phelps, agent de police et anciennement Marine qui n’aura de cesse de traquer les coupables – ou, selon votre (in)compétence, les innocents. Il est de bon ton de dissiper dès à présent la question du dirigisme, dans L.A. Noire ; oui, vous pouvez échouer sur une enquête. Pour l’anecdote, votre humble serviteur s’est vu apprendre qu’il avait mis sous les verrous un innocent qui s’est demandé durant trois longues années quel tort il avait commis… juste avant d’éteindre la console afin de commencer une nuit de sommeil. Bonne nuit !
Edité par Rockstar Games, L.A. Noire lui emprunte volontiers quelques ressemblances élogieuses, à savoir un monde ouvert cohérent, des bâtiments ayant une identité – à l’époque PS360, où c’était gris sur gris – et des personnages hauts en couleurs. Egalement, cette aptitude à déclencher de savoureux dialogues en anglais sous-titrés pendant que l’on conduit une superbe chevrolet au sein d’un dense trafic jusqu’au fameux CRASH – “ma portière, nom d’un chien !”.
Cole Phelps est un ancien Marine dont les souvenirs de la guerre l’amputent d’un semblant de paix. Il est tourmenté et cherche visiblement à donner un souffle – ou un sens – à sa vie en s’investissant pleinement dans son travail. Ce sera l’occasion, tout au long du jeu, d’en découvrir davantage sur son passé, la raison de ses tourments et autres via des cinématiques orchestrant le quotidien de la guerre. A ce titre, certains plans et séquences peuvent déranger : fragiles s’abstenir.
Quid des spécificités sur la version L.A. Noire Switch ?
C’est l’occasion d’aborder le rôle des vibrations Joy-Con, immersives et quasiment indispensables. Dès l’approche d’un élément intéressant avec lequel interagir, ceux-ci vibrent. Lorsque notre talentueux (ou mal dégourdi, c’est selon) inspecteur Cole Phelps grimpe une échelle, ce sont également les vibrations qui participent à l’immersion. On recommandera donc très fortement de jouer à L.A. Noire avec les manettes compatibles aux vibrations, ce qui n’est pas systématiquement le cas. En docké, nous avons affaire à du 1080p qui chante plus ou moins avec l’aliasing. Côté nomade, le 720p étonne par la finesse des graphismes et apporte le sentiment de bénéficier d’un remaster. Quelques ralentissements ont été à déplorer dans les quartiers bondés, mais aucun tue-l’amour de ce côté. La version Switch écope de la reconnaissance tactile et de la fonction gyroscopique.
A titre personnel, je trouve que le jeu tourne à merveille. C’est tout simplement bluffant, pour un moldu comme moi ; la gigantesque ville de Los Angeles est fluide et aucun crash n’a été à déplorer lors des vingt-cinq heures passées sur le jeu. Il m’est arrivé de constater quelques baisses d’IPS comme précisé un peu plus haut, mais rien d’alarmant au vu de la somme colossale d’éléments affichés à l’écran. Si quelques arêtes viennent trahir le poids des âges – et la relative puissance de notre console fétiche, l’ensemble technique du jeu fait honneur à son travail de réalisation.
Le challenge a ses raisons que la raison…
La partie qui m’a posé le plus de challenges lors de mon épopée dans la cité des anges, c’est l’interrogatoire. Les questions débitées par le protagoniste feront réagir les principaux intéressés, lesquels déclencheront subtilement quelques tics de langage ou d’expression faciale. Trois réactions s’offrent alors à l’inspecteur et son légendaire carnet ; amadouer, intimider ou accuser. L’accusation est moins gratuite que les deux autres, car il faudra choisir la preuve idoine parmi la foule à disposition. Annulez d’une fébrile pression sur le bouton B et Cole Phelps se confondra en excuses gênantes. Là encore, la vibration vous soufflera si vous avez ou non vu juste dans votre manière d’aborder l’interrogatoire, avant de profiter de la scène suivante. Faut-il caresser dans le sens du poil cette vedette éphémère ? Devons-nous y aller franco avec ce badaud qui se fiche de moi ? Se délecter du jeu d’acteur et du très bon travail d’écriture est la clé de voûte du jeu ; si l’on n’adhère pas à ce principe, il sera difficile de poursuivre. Pour un nigaud dans mon genre, les interrogatoires ont très rarement été corrects à 100% – ce qui n’empêche pas forcément le bon déroulement de l’enquête.
Si le tout peut sembler indigeste, la formule fonctionne à défaut de jouer sans fausse note (on pestera ci ou là sur quelques morts stupides lors d’une poursuite).
Finish him !
Jouissant d’un jeu d’acteur hors du commun et de quelques visages à l’effet «Wow» – je pense par exemple au “Dr Bishop”, John Noble, L.A. Noire joue (jouait) clairement dans la catégorie des jeux qui se prennent au sérieux. C’est très simple ; si un joueur doute du potentiel et de la viabilité du motion scan, laissons-le une minute en compagnie virtuelle de Leland Monroe, joué donc par J. Noble. Dès la première seconde, le faciès incomparable du bonhomme est saisissant et ses mimiques nous renvoient illico dans les meilleurs épisodes de Fringe.
Au rayons des oubliables, les bonnes intentions sont reines
S’il fallait se débarrasser de quelques ingrédients dans la succulente recette de L.A. Noire, on retirerait volontiers une partie des nombreuses courses poursuites, peu engageantes. Côté technique, il peut donc arriver de voir apparaître des véhicules, façon biomes dans No Man’s Sky vanilla – ça fait tâche, lorsque l’on prend la route avec l’une des quelques 95 voitures différentes du jeu. Puisqu’on en parle, abordons sans plus tarder le pieu dans le cœur des complétistes, à savoir les éléments à ramasser. Véhicules, journaux déclenchant des cinématiques, vinyles, bâtiments… la carotte de l’Open World est juteuse sans être omni-présente. Grand bien lui fasse.
L.A. Noire en (re)vaut la chandelle
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L.A. Noire en (re)vaut la chandelle - 80%80%
Résumé
Difficile de résister à la tentation de cet énième portage qui révèle tout son potentiel, sans jamais pâtir du hardware de la Nintendo Switch. L’un comme l’autre sortent grandis de cette collaboration heureuse, et l’on espère que notre console préférée accueillera d’autres jeux de cet acabit, assortis d’une version ayant les reins aussi solides. Si les années 40’ vous charment, elles sonnent comme un argument d’achat d’office ; L.A. Noire a cette classe que peu de jeux peuvent se targuer d’avoir.
Note des lecteurs :
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Pas fait à l’époque sur 360, mais fait sur Switch, car j’avais envie d’y joué. Et j’ai vraiment bien aimé, mais par contre faut savoir ce que l’on achète, car on peux vite être déçu.
Test sympa à lire et qui décrit bien le style du jeu.
exellent jeu d’enquete ,,comme un bon polar !!
encore plus en portable et tv
Il n’y a pas que des voitures qui apparaissent dans l’Open World, j’ai déjà eu un building entier !!! Je roulais peut etre trop vite ! lol
En tout cas, ce jeu est clairement excellent mais il faut faire seulement la quête principale et oublier l’Open World. D’ailleurs, il y a une fonction raccourcit pour éviter de conduire entre les 2 lieux et c’est plutot cool !