Le Vaillant Petit Page – d’abord présenté sous son nom anglais The Plucky Squire – a fait sensation dès sa première présentation grâce à sa direction artistique impeccable, inattaquable, mélangeant une 2D toute mignonne à des environnements 3D qui ne le sont pas moins. Oui mais voilà, un jeu ce n’est pas qu’une DA. Et, manette en main, il faut vite reconnaître que le titre de All Possible Futures n’est malheureusement pas à la hauteur de ses promesses.
Le faiblard techniquement petit page
Notre cher vaillant petit page se nomme Laïus et est le héros de livres racontant ses aventures pour à chaque fois sauver le monde dans lequel il vit… mais ça, il ne le sait pas. Ce n’est qu’après une rencontre avec le grand méchant, qui l’expulse de son livre, qu’il va découvrir l’existence d’un monde plus grand, mais aussi la possibilité d’influer sur le sien grâce à ce nouveau pouvoir. Voilà donc sur quoi va principalement reposer la boucle de gameplay du jeu, entre passages en 2D dans le livre et en 3D dans le monde extérieur, avec des petites énigmes qu’il faudra résoudre en jonglant entre les deux univers. Visuellement c’est très intéressant, mais à jouer, une fois épuisé le plaisir de la découverte, plus vraiment. Ces aller-retours entre les deux mondes cassent rapidement le rythme du jeu et, pire encore, dévoilent les limitations d’une version Switch qui n’est pas très heureuse.
Les environnements 3D sont assez laids et flous, avec des textures de basse qualités et des effets de lumière réduits au minimum syndical, et un framerate souvent aux fraises : on sent clairement que les versions de référence sont celles tournant sur PS5/Xbox Series et qu’il a fallu par la suite faire tourner le jeu au forceps sur la console de Nintendo tel un éléphant que l’on voudrait faire rentrer dans une boîte à chaussures. C’est rageant car, dans le cas précis, il y aurait sans doute eu mieux à faire pour faire tourner ce titre – relativement simple visuellement, toute proportion gardée – sur Switch. La console semble aussi souffrir quand ce bon Laïus veut tourner les pages du livre : alors qu’une telle action devrait être simple et immédiate, étant donné que chaque page cache un petit niveau, il se passe à chaque fois au moins cinq secondes entre la pression du bouton et la réalisation de l’action, ce qui s’avère à la longue agaçant.
L’inintéressant petit page
Au delà du côté vraiment pas fluide et franchement lourdingue des déplacements entre les deux mondes, ceux-ci sont systématiquement mis au service de puzzles d’une facilité aberrante, balisés et reposants pour la plupart sur une mécanique de déplacement de mots dont on a compris tous les tenants et aboutissants au bout de deux heures de jeu. Je n’attendais pas de Le Vaillant Petit Page qu’il soit un nouveau Baba Is You, mais apporter un peu de difficulté et de variété aurait permis d’éviter de sombrer peu à peu dans l’ennui, voire l’agacement. D’autant plus que ce n’est pas le reste de l’exploration qui vient rattraper l’ensemble, avec un level design peu inspiré et des combats quelconques et, encore une fois, beaucoup trop faciles. J’ai au début de ma partie espéré que la présence d’une roulade signifierait que celle-ci serait mise à contribution lors d’affrontements ardus, mais que nenni.
“Même pas lors des combats de boss ?“, me demanderez-vous légitimement : la réponse est non, car Le Vaillant Petit Page a encore une fois la mauvaise idée de faire tourner ceux-ci autour d’un simple gimmick, celui des mini-jeux. Chaque combat de boss donne droit à un mini-jeu différent, et aucun d’entre eux n’est vraiment réussi, variant entre difficulté simplissime et contrôles assez désastreux (l’un de ces mini-jeux vous demandera par exemple de tirer à l’arc, pourquoi pas, mais la vitesse de déplacement du pointeur est tellement lente que ça en devient désagréable à jouer). Vouloir surprendre le joueur, c’est super, et j’admets moi-même avoir esquissé un sourire lors de la découverte de chacune de ces séquences, mais comme pour tout le reste il semblerait que la surprise en elle-même soit la finalité, au lieu qu’elle soit mise au service d’un bon gameplay.
Même l’histoire racontée fatigue rapidement une fois que l’on s’habitue au côté très adorable de l’ensemble : le jeu est très bavard, avec un rythme de narration conté qui pousse à la somnolence. Et ce n’est pas l’ajout de blagues d’une qualité douteuse, envoyées avec la régularité d’un fusil semi-automatique sans qu’elles ne fassent jamais sourire, qui va nous maintenir éveillés. Reste, encore une fois, une superbe direction artistique, mais aussi une chouette bande-son composée par Mike Georgiades, qui pourraient être les éléments vous poussant à vous accrocher à cette aventure. Pour un jeu vidéo, c’est un peu léger.
Le Vaillant Petit Page, la déception de l'année
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Le bâillant petit page - 40%40%
Le bâillant petit page
Le Vaillant Petit Page est un jeu né d’une indubitable bonne idée, mais qui ne semble jamais réussir à la mettre au service d’un gameplay intéressant. Misant tout sur sa forme, très réussie, le jeu multiplie les gimmicks sans qu’aucun d’entre eux n’arrive à susciter un vrai intérêt – au delà de quelques sourires de surprise. Quand on rajoute à ça une narration omniprésente et assez lente, la manette tombe vite des mains et pas facile d’aller au bout du jeu malgré une durée de vie d’une petite dizaine d’heures.
Les +
- Direction artistique réussie
- Phases 2D vraiment jolies
- Bande-son entraînante et variée
- Assez court
Les -
- Puzzles sans intérêt
- Combats quelconques
- Manque de rythme
- Mini-jeux mal réglés et peu intéressants
- Force beaucoup avec des blagues pas très drôles
- Environnements 3D pas très beaux
- Phases de déplacement entre les deux mondes lourdes
- Performances pas terribles sur Switch
Je trouve un peu trop dur. Y a pleins de points où je suis absolument pas d’accord. Les goûts et les couleurs comme on dit mais moi perso j’ai beaucoup aimé.🥰