Si la Nintendo Wii U avait réussi l’exploit de repousser tous les éditeurs tiers – ou presque –, il faut bien dire que la Switch quant à elle parvient à faire tout l’inverse, et rattraper les erreurs du passé. Wolfenstein, FIFA, The Witcher 3 et maintenant Mortal Kombat 11, tous sont des jeux que nous n’aurions pas forcément pensé voir débarquer sur la console hybride de Nintendo. La majorité du temps, il s’agit avant tout d’une difficulté à voir les jeux tourner sur une console humble comme celle de Nintendo. Si FIFA par exemple se contente de peu, Bethesda ou CD Projekt (à l’heure où nous écrivons ces lignes, nous en avons vu très peu sur The Witcher 3, mais les quelques images donnent une belle impression) font preuve d’efforts particuliers en confiant leurs portages à des studios talentueux. C’est cette fois au tour de Shiver Studios, engagé par les développeurs de Mortal Kombat 11 (Netherrealm) de prouver que la Switch en a dans le ventre. Le constat va plutôt dans ce sens.
Une technique très korrecte
Si vous venez lire ce test, c’est sans doute avant tout pour savoir si oui ou non le jeu a été détruit lors du portage. Nous parlerons donc par la suite des autres éléments du jeu, commençons par la technique. Vous vous en doutez bien, le jeu a effectivement subi un certain downgrade en passant de la PlayStation 4 ou de la Xbox One jusqu’à la Nintendo Switch. Le tout se joue avant tout sur les textures parfois très pauvres et l’aliasing omniprésent. La modélisation du sang par moments – surtout en plein combat – est bien inférieure qu’ailleurs, rendant les effusions un peu ridicules par moment, cassant l’immersion sanglante de ce Mortal Kombat 11. Le passage des scènes cinématiques au jeu sont, bien que plutôt fluides, assez radicales : nous passons d’une modélisation au poil à un fort aliasing. Je précise néanmoins que le tout reste vraiment correct.
Mais tous ces choix ne sont pas là pour rien. Non, Mortal Kombat 11 sur Nintendo Switch n’est pas raté techniquement parlant. Pourquoi, me demanderez-vous ? Sachez que le titre tourne à 60 images par secondes durant les combat, avec de rares chutes de framerate. Oui, un titre pareil tournant aussi bien sur la console hybride, il faut le voir pour le croire. Si les salutations entre les personnages sont plafonnées à 30fps, une fois le combat lancé, vous aurez droit à une fluidité exemplaire que ce soit sur TV ou en portable.
En ce qui concerne le mode en ligne du jeu, sachez que le résultat est un peu mitigé. S’il propose de nombreux modes de jeux à tester avec vos amis ou avec de parfaits inconnus, la console souffre encore de sa carte WiFi instable tout comme Super Smash Bros. Ultimate peut le prouver. Si vous souhaitez faire couler le sang de vos ennemis en ligne, jouez proche de votre routeur ou optez simplement pour une connexion par câble, en utilisant un adaptateur ethernet pour Nintendo Switch.
Gameplay exigeant, réussite satisfaisante
Si vous avez déjà joué à la série Mortal Kombat, vous le savez sans doute déjà : pour gagner un combat, il faut en vouloir. À force d’y jouer, vous êtes sans doute devenus de vrais petits PGM à ce jeu, mais pour les nouveaux venus, c’est assez … frustrant. Fort heureusement, un gros tutoriel est présent pour vous apprendre les bases et même aller plus loin. Apprenez les déplacements classiques, les coups spéciaux, les combos de la mort et même comment utiliser l’environnement (un pieux qui traine, un saut contre le mur). Très sincèrement, le tutoriel en met plein le crâne, mais je vous conseille plus que fortement de vous y atteler avant de commencer l’aventure. Néanmoins, même si on se pense vachement balèze durant le tutoriel, c’est vraiment autre chose pendant un combat.
Juste après avoir terminé toutes ces leçons, j’ai décidé d’affronter Madame DesBen (ce n’est pas son vrai prénom, rassurez-vous, mais l’anonymat prime). Le hic, c’est qu’elle a torché tellement de jeux de combats (dont certains épisodes de Mortal Kombat), qu’elle m’a littéralement mis le crâne contre le sol. J’avais beau vouloir mettre en pratique ce que je venais d’apprendre, elle m’enchaînait sans vergogne. Les coups se sont enchaînés très vite, je parvenais parfois à placer mon combo mais la rapidité du jeu faisait qu’elle esquivait en haut, puis en bas, puis me lançait son meilleur coup en appuyant sur plein de touches dans un ordre très précis. C’est aussi ça Mortal Kombat, faire danser ses doigts sur les touches sans se faire de croche-pied, pour faire couler les litres de sang.
Après quelques combats et une fois ma déception passée, j’ai lancé l’aventure du jeu. Bien plus accessible (nous parlerons du scénario plus bas dans le test), mais tout de même exigeante, celle-ci m’a laissé plus de chances de me sentir fort. J’étais quand même nul, évidemment, mais le constat en terme de gameplay est intéressant. Malgré la difficulté, le ressenti général sur la bagarre est assez clair : il est facile de se battre, plus difficile de sortir un bon combo, mais lorsque l’on y parvient, le tout est très fluide, très agréable et surtout terriblement satisfaisant.
Si la majorité du contenu est équivalent aux anciens jeux, une nouveauté semble augmenter le côté stratégique du jeu. Deux barres sont disposées en bas à gauche de votre écran, l’une représentant un élément offensif, l’autre défensif. La première permet de lancer par exemple des attaques chargées, rendant évidemment le coup plus puissant, et l’autre va vous aider à vous libérer d’une prise de l’adversaire.
La personnalisation est plus intéressante que pour Injustice 2
Développé par le même studio de base, le jeu Injustice 2 proposait un système de personnalisation très controversé. En débloquant certains éléments de personnalisation, le joueur pouvait non seulement – et évidemment – modifier l’apparence de son personnage, mais également … modifier ses statistiques, et le rendre plus fort. Une réelle course à l’item était lancée dans ce jeu, détruisant un peu trop l’équilibrage des différents personnages. Cette fois, Netherrealm n’a pas refait la même erreur en proposant des éléments uniquement cosmétiques pour Mortal Kombat 11. Pour les statistiques, il faut se référer à un autre système présent dans le jeu, permettant de modifier les coups de chaque personnage. Mais rassurez-vous, tout cela ne sera pas toujours utilisable en ligne, le studio voulant cette fois garder un équilibrage convaincant.
Pour débloquer les 60 accoutrements pour chaque personnage (oui, vous avez bien lu, 60), il vous faudra passer par ce que l’on appelle la Krypte. Il s’agit d’un élément du jeu jouable à la troisième personne rempli de coffres contenant des équipements, des skins, des artworks et même des fatalités. En explorant ces lieux et en résolvant parfois des énigmes, vous pourrez donc personnaliser à l’infini (ou presque) vos personnages préférés, à condition de disposer d’assez de pièces pour ouvrir les coffres, ou de posséder différents équipements et amulettes que vous aurez forgé avant de pénétrer dans les lieux.
Il existe également une boutique dans le titre, vous proposant évidemment de passer par la case porte-monnaie pour acheter les différents éléments disponibles. Si néanmoins vous ne souhaitez pas vous rendre à la caisse, le jeu vous demandera de combattre dans une arène pour ressortir de là les poches pleines de Kristaux du Temps, si vous gagnez vos combats bien évidemment. Fort heureusement, cette dite boutique ne propose pas de contenu exclusivement payant, l’intégralité du contenu est déblocable à la sueur de votre front en enchaînant les combats.
Un scénario pas du tout kapilotracté
Si tirer les cheveux peut être une bonne technique dans Mortal Kombat 11, jusqu’à arracher le cuir chevelu si possible, le mode aventure n’en fait pas autant avec son scénario. Vous n’aurez aucun mal à vous mettre dans le bain, même si vous ne connaissez aucun personnage et même si vous n’avez aucune connaissance en la série. Vous serez évidemment un peu perdus, mais c’est comme regarder Fast & Furious 73 sans avoir vu les autres, une nouvelle histoire se met en place en plaçant des petites infos sur les événement passés. Cette nouvelle intrigue se base sur un système de voyages dans le temps revenant au sein d’anciens combats, le tout agrémenté de cinématiques assez impressionnantes et d’un côté émotionnel rapidement prenant. Je n’irais pas jusqu’à dire que le doublage était parfait, mais il était assez bon pour s’immerger assez rapidement dans l’histoire et le tout pourrait donner naissance à un long métrage intéressant.
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Un konstat positif
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Résumé
Bien qu’un peu mal à l’aise techniquement, Mortal Kombat 11 sur Nintendo Switch a réussi le paris de proposer un jeu de combat assez joli malgré des carences claires, mais surtout très fluide. Les sensations de la série sont bien là, les habitués s’y retrouveront sans nul doute et les débutants pourront prendre leur pied (et arracher celui de l’adversaire) après quelques ragequit. Le contenu du jeu est complet et la personnalisation est de loin la plus intéressante que le studio a pu proposer. Seul bémol sur le mode en ligne difficilement utilisable.
Les +
- Un scénario compréhensible
- Un 60 fps solide
- Le jeu est très complet
- Beaucoup de possibilités de personnalisation
Les -
- Par moments une vraie bouillie de pixels
- Le mode multijoueur a du mal