Parfois, je suis pris du vague sentiment de vouloir partir sur une île déserte. J’imagine me retirer dans un endroit au soleil avec la mer pour seule compagne, ma Switch et quelques bouquins pour me distraire. Puis, je me rappelle que d’abord, je n’ai pas un rond et que si j’en avais, je ferais mieux de les dépenser pour voir un psy. Heureusement, ma Switch est là pour me permettre de m’évader ! Dernièrement, c’est Mythwrecked: Ambrosia Island qui m’a permis de le faire. Après le charmant et hivernal Röki, Polygon Treehouse nous entraîne sur une île déserte pour une véritable chasse au(x) trésor(s) entre souvenirs perdus et menace mythologique.
Mamma Mia, here I go agaiiiiin
Mythwrecked commence par un naufrage. La jeune Alex, en pleine vadrouille dans les îles grecques, se voit fort dépourvue quand le bateau sur lequel elle voyage est pris dans une mystérieuse tempête. Débrouillarde et pas du genre à s’apitoyer sur son sort, Alex entreprend d’explorer l’île déserte… en apparence. Car oui, notre protagoniste ne sera jamais seule puisque l’île est habitée par une petite dizaine d’habitants aux noms évocateurs. Hermès, le bedonnant amoureux des oiseaux, Aphrodite, la gentille commère amoureuse de son jardin ou encore Poséidon, le fringant homme de la mer, mène une petite vie paisible sur ce bout de terre.
D’un autre côté, plutôt simple de vivre sereinement quand on a plus le moindre souvenir de qui on est ou de ce qu’on fiche ici ! Alex comprend rapidement que ses nouveaux amis sont complètement amnésiques et, dans l’espoir de pouvoir rentrer chez elle un jour, entame une vaste randonnée pour explorer les environs et, qui sait, aider les insulaires à retrouver leur mémoire.
Vous l’aurez compris, c’est une ambiance estivale qui nous attend ici, à 180 degrés des environnements glacés de Röki. Et tandis que ce dernier explorait le folklore nordique, Mythwrecked préfère la mythologie grecque avec de nombreuses références en tous genres qui feront sourire les amateurs des légendes de la Grèce antique parmi vous. Détail amusant, chacun des dieux représentés a droit à un relooking terriblement moderne : les classicistes parmi vous en seront probablement légèrement choqués, entre un Arès en tenue militaire et un Zeus reconverti dans le développement personnel. De mon côté, j’ai trouvé cette réinterprétation originale et astucieuse à plus d’un titre : les dieux grecs ont toujours été représentés comme proches des mortels dans leurs qualités comme dans leurs défauts alors pourquoi n’épouseraient-ils donc pas leurs extravagances vestimentaires et capillaires ? Par ailleurs, l’originalité des dieux se reflètent également dans leur personnalité : Hermès est timide et légèrement trouillard, Héra est hautaine mais bonne pâte sur le fond tandis qu’Athéna est une introvertie pur jus. Un point particulièrement important car, comme nous allons le voir juste après, vous serez amenés à longuement discuter avec ces divinités en détresse.
Chasse aux trésors… et aux amis !
Mythwrecked est, d’une certaine façon, un jeu social. Chaque dieu présent sur l’île est relié à un niveau d’amitié qu’il entretient avec Alex et qui peut augmenter de deux façons. D’un côté, on peut rendre un service spécifique comme nourrir des mouettes pour contenter Hermès ou allumer des guirlandes lumineuses pour le couple Zeus et Héra. De l’autre, on trouvera de nombreux objets spéciaux aux quatre coins de l’île, objets appartenant en réalité aux dieux qui l’habitent et qui pourront stimuler leur mémoire et les aider à se souvenir de qui ils sont.
Tout le but de Mythwrecked revient donc à explorer l’île de fond en comble pour exaucer les faveurs des dieux (plutôt ironique !) et retrouver leurs possessions, le tout pour qu’ils retrouvent tous la mémoire et vous aident à percer le mystère de l’île et de leur présence sur cette dernière. Chaque fois qu’un cap sera franchi dans votre amitié avec un dieu ou une déesse, Alex obtiendra de nouvelles capacités qui étendront son champ d’exploration. La courbe de progression est donc légèrement scriptée car, à certains moments, vous devrez d’abord vous occuper de tel ou tel dieu pour obtenir telle ou telle capacité et ainsi pouvoir avancer dans l’histoire. Néanmoins, vous gardez quand même une large liberté d’action, ce qui est plutôt chouette puisque cela vous permet d’explorer l’île plus ou moins comme bon vous semble.
Le petit souci de cette formule, c’est qu’elle vous oblige fatalement à multiplier les allers-retours à de très nombreuses occasions. Entre explorer une zone une première fois, y trouver un souvenir ou une action à réaliser, aller voir le dieu concerné, retourner à nouveau dans la zone pour l’explorer plus largement, on revient souvent aux mêmes endroits. Heureusement, une mécanique de raccourcis évite de se farcir tout le trajet à chaque fois mais elle n’est pas aussi pratique qu’une simple fonction voyage rapide. De plus, un élément que j’ai trouvé relativement irritant, est la façon dont les environnements sont séparés les uns des autres. Bien sûr, Polygon Treehouse est un studio indépendant et je n’irai pas leur demander de concevoir un monde ouvert mais force est de constater que la segmentation de l’île en toutes petites proportions enlève un certain charme à son exploration. C’est simple, il est rare de passer plus de 20 secondes sans qu’il n’y ait un brutal changement de caméra ou carrément un temps de chargement. L’ensemble donne une exploration qui perd sa tranquillité et sa fluidité alors que Mythwrecked avait le potentiel d’être une chouette aventure aux doux airs de vacances d’été.
Mythwrecked: Ambrosia Island, digne des dieux ?
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Une balade qui aurait pu être plus dépaysante - 70%
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Résumé
Mythwrecked: Ambrosia Island aurait pu tout à fait être l’expérience cozy du printemps : entre ses environnements insulaires et ses personnages hauts en couleurs, il se dégage une véritable et délicieuse sensation de vacances dans ce jeu. On passe du bon temps à explorer l’île, rendre des services et trouver des objets mais l’omniprésence des temps de chargements, des allers-retours et des changements de points de vue casse complètement ce qui aurait dû être une promenade fluide et apaisante. On retiendra néanmoins un joli travail sur cette réinterprétation autour des mythes grecs entre des designs originaux, des personnalités rock’n’roll et un joli message de fond.
Les +
- Des environnements simples mais soignés
- Des dieux aussi drôles qu’humains
- Une belle réinterprétation des légendes grecques
- Une progression plutôt libre
Les -
- Trop d’allers-retours malgré les raccourcis
- Une segmentation des environnements qui casse leur exploration