Personne ne sait comment nous en sommes arrivés là. En définitive, cela ne sert de toute façon plus à rien de chercher à comprendre quoi que ce soit. L’heure n’est plus à la réflexion : il faut quitter à tout prix la côte est du pays. C’est devenu invivable depuis qu’ils sont apparus sans prévenir et je n’ai plus rien en stock chez moi à part mon bon vieux sac à dos, ma voiture, quelques médicaments et ce petit carnet de notes. Je partirai en début de journée pour tenter de rejoindre la rive ouest “overland” comme le disent les gens d’ici. Selon certaines rumeurs, la situation est un peu meilleure là-bas et je n’ai de toute manière pas d’autres espoirs auxquels me rattacher. À tous ceux qui restent ici, je vous souhaite bonne chance et je vous dis également adieu.
Jour 1 : fuite en avant
Mine de rien, cela faisait déjà quelques temps que je n’avais pas mis les pieds dehors. Le peu de réconfort que m’ont procuré mes premières bouffées d’air frais s’est vite vu effacé par une peur tenace. Ils sont partout et peuvent sortir du sol à n’importe quel moment. Ma voiture reste finalement mon seul abri viable et je me raccroche à elle comme un marin tombé à la mer s’agripperait à son gilet de sauvetage. J’ai roulé ainsi pendant une heure sans croiser âmes qui vivent. Dans la ville, tout n’est que désolation, flaques d’huile sur le sol, bennes à ordure éventrées et gravats éparpillés. Puis, je l’ai tout à coup entendu. Ce bruit qui n’était plus parvenu à mes oreilles depuis des semaines: le son qu’émet le cri d’un homme.
Je me suis arrêtée net au milieu de la route et j’ai vite compris mon erreur. Une de ces bêtes immondes était juste là, à seulement quelques mètres de moi. La clé de contact déjà à moitié tournée, je m’apprêtais déjà à détaler, mais c’est finalement la portière du conducteur que j’ai fini par actionner. J’ai vite repéré l’homme en question, lui, et la palette en bois qu’il utilisait comme bouclier. Il fallait faire vite. Je le savais, chaque mouvement de ma part déclencherait également une réaction du monstre tapi non loin de là. Ni une, ni deux, nous avons échangé quelques mots avant que mon nouveau compagnon fonce ralentir l’assaillant, pendant que je me chargeais de démarrer la voiture pour anticiper notre fuite. Il était écrit que je ne ferais pas le voyage seule.
Jour 2 : l’essence, l’or noir
Mon coéquipier d’infortune se nomme Paco. Tous les deux, nous avons déjà parcouru une centaine de miles. Nous avons cependant un problème de taille : nous manquons d’essence pour la suite de notre voyage. Ce n’est pas faute de l’avoir prévenu d’opter pour une conduite économique, mais Paco n’en a, semble-t-il, pas la capacité. En consultant la carte, nous avons vu que nous pourrions atteindre une station essence dès demain, en début de soirée.
Elle est devenue l’une des ressources les plus demandées, devant les trousses de secours et les armes pour nous défendre. Même les commerçants itinérants en recherchent pour alimenter le réservoir de leur pick up. En parlant d’eux, nous avons pu nous procurer une caisse à outil en l’échange d’une peluche pour enfant que j’avais ramassé. Nous avons pu réparer notre voiture qui avait pris un sacré coup quand j’ai dû percuter une barrière qui nous bloquait le passage. Elle est désormais toute neuve après avoir été proche de l’implosion. Je ne saurais qui remercier pour ce coup de chance incroyable.
Mes médicaments, eux, m’ont été plus qu’utiles. Nous avons récupéré Finji sur le bord de la route et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y serait passé sans notre aide et mes précieux comprimés. Je pense que nous avons fait le bon choix en le recueillant, cette petite boule de poils est encore capable de fouiller une poubelle après avoir sprinté comme un dératé. Il a une endurance folle qui nous permet de gagner un peu de temps sur nos ennemis qui sont de plus en plus nombreux, à chaque fois que nous nous arrêtons quelque part.
Jour 4 : overland et désespoirs
Je ne me pensais pas capable de ça, mais je l’ai fait. J’ai abandonné Paco. C’était à la station-service et je m’en veux encore malgré les raisons qui m’ont poussé à le faire. Nous n’avions plus d’essence, et les cuves de la station se sont avérées vides. Nous avons dû siphonner un groupe électrogène et nous nous sommes vite retrouvés cernés par ces montres, attirés par le bruit. Finji avait bien réussi à récupérer un jerrican laissé à l’abandon, mais cela restait insuffisant. Avec la conduite de Paco, nous n’aurions jamais pu aller jusqu’au bout. J’ai fait monter Finji et je suis parti en ignorant les suppliques de Paco alors qu’il n’avait plus d’échappatoire. Je m’en veux encore terriblement.
D’autant plus que notre voiture a lâché peu après. Elle avait reçu trop de chocs. En explosant, nous avons perdu le peu d’affaires que nous avions pu stocker à l’intérieur : les bouteilles vides et le briquet qui me servait à confectionner des cocktails Molotov sont maintenant de l’histoire ancienne. Je ne me suis jamais autant voulu d’avoir récupéré cette boite à outils à la place de la hache, chez le marchand de la dernière fois alors que nous devons maintenant continuer à pied. Heureusement, de là où nous sommes assis, je peux entendre un moteur tourner. J’espère qu’il ne s’agit pas d’un de ces groupes électrogènes, mais plutôt d’un véhicule qui pourrait nous dépanner. Mais le bruit du moteur me donne autant de doutes que d’espoirs, car si je l’entends, ils le peuvent eux aussi.
Jour 10 : On s’organise
Ça faisait longtemps que je n’avais pas écrit ici. Beaucoup de choses se sont passées depuis. Nous sommes dorénavant cinq dans notre groupe et nous avons pu récupérer une fourgonnette pour tous nous transporter et stocker un peu plus de fournitures. “J’aurais aimé avoir un inventaire aussi extensible que celui de Geralt dans The Witcher 3” est d’ailleurs l’une des phrases préférées de Rémi, l’un des petits nouveaux de la troupe. Il est capable de crocheter les serrures et nous permet de récupérer des ressources de qualités pour l’équipe et le van. Le pistolet de détresse qu’il m’a donné ne me quitte par exemple jamais, même si je dois laisser d’autres objets qui m’auraient été utiles derrière moi. Jamie, lui se comporte comme un leader et l’écouter nous donne toujours un petit supplément d’énergie quand cela est nécessaire. Finji, lui, s’est trouvé un autre compagnon canin en la personne de Shadow. C’est surtout grâce à lui que nous nous en sortons, car il ne rechigne jamais à les affronter. Alors que je descends une seule de ces saloperies, Shadow en a déjà refroidi deux.
Selon la carte, nous avons fait les deux tiers du voyage, mais bon sang que c’est dur. Nous avons déjà traversé la ville, la forêt, les plaines et le désert et de nouveaux types de monstres se mettent en travers de notre route à chaque fois. Certains sont extrêmement rapides, d’autres couvrent le sol d’une substance toxique. Il y a aussi ceux qui ressuscitent les montres que nous avons déjà tués. Et plus nous en tuons, plus il en apparaît de nouveau. Malgré notre résistance, notre seule option reste bel et bien de fuir vers l’ouest.
En plus de ça, le temps nous joue parfois de mauvais tours. Nous avons par exemple été pris dans un incendie et dans un orage aux éclairs meurtriers. Tout cela nous force à devoir nous arrêter de moins en moins longtemps et à bien choisir nos actions, quitte à abandonner de pauvres gens ou à voler quelques ressources sur les palettes de marchands. Rémi avait même pensé à tendre une embuscade à une simple dame solitaire qui avait réussi à trouver de l’essence avant nous, mais nous avons réussi à l’en dissuader. J’espère que Paco aura la même chance de son côté s’il est toujours en vie.
Jour 12 : repose en paix
Sabrina est morte hier matin. Elle m’avait confié ce carnet avant de partir à la recherche de ressources lors de notre dernier arrêt dans le désert. L’un des monstres qui nous attaquaient a explosé lorsqu’elle lui a tiré une fusée de détresse en plein cœur. Dans ce monde, en voyageant “overland“, on apprend malheureusement à la dure et chacune de nos actions peux s’avérer fatale. C’est pourquoi je vous laisse ces notes, sur le bas de côté de la route. Sait-on jamais, peut être qu’un autre groupe de voyageurs le trouvera et pourra en tirer quelques informations qui pourront les aider dans leurs périples en cours.
Jamie.
West side stories
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West side stories - 78%78%
Summary
Avec ses mécaniques de survies minimalistes et son esthétique épurée, Overland ne part jamais dans la surenchère et nous propose une expérience brute de décoffrage. La difficulté certaine du titre, son penchant pour le die and retry et ses environnements générés aléatoirement pourraient en faire fuir plus d’un, mais ce serait tellement dommage tant le jeu du studio Finji est un générateur puissant d’histoires dans ce monde post-apocalyptique atypique.
Les +
- Des choix émotionnellement forts à prendre durant vos aventures
- Une ambiance sonore angoissante
- Un parti pris graphique réussi
- Les compétences positives comme négatives de vos compagnons
- Une vraie sensation d’urgence lors de certaines situations
- Un réel générateur d’histoires post-apocalyptique
Les -
- Un poil trop punitif
- Des contrôles à la manette qui demandent du temps à prendre en main
- Un didacticiel un peu trop sommaire
- Vous aurez besoin de beaucoup de chance pour arriver jusqu’au bout