Un an après la sortie des premiers opus Switch de la saga Pokémon, voilà enfin les deux mastodontes tant attendus par les joueurs et surtout par les fans. Épée et Bouclier sont les premiers épisodes de la saga principale à sortir sur une console de salon, qui plus est sur Switch. Si les épisodes Let’s Go avaient déjà lancé les hostilités, ici les exigences et les attentes sont bien différentes car nous avons affaire à deux jeux principaux, et non à des spin-off. Comment s’en sortent Épée et Bouclier, après des années glorieuses de la saga sur 3DS, et la transition vers la console de salon a-t-elle été bien négociée ?
[arve url=”https://www.youtube.com/watch?v=b_u1MPxE1-8″ /]
Galar, une bien jolie ligne droite
Qui dit jeu Pokémon dit région à explorer, et Épée et Bouclier ne dérogent pas à la règle. Le joueur parcourt Galar dans ces opus, et on remarque une caractéristique bien particulière, rien qu’en observant la carte. En effet, Galar est beaucoup plus vertical que ses prédécesseurs, proposant une exploration du bas vers le haut, et très peu horizontale. Cette observation, faite dès l’annonce des jeux et de la carte, laissait craindre qu’Épée et Bouclier proposeraient une exploration plutôt linéaire avec assez peu de libertés. En effet, on a affaire à beaucoup de murs invisibles, de barrières, et d’autres stratagèmes visant à faire progresser le joueur dans le sens voulu et pas d’une autre façon.
Si ce constat est plutôt un mauvais point, il faut cependant vraiment le nuancer par deux autres observations. D’abord, Galar est magnifique sur le plan artistique. Les couleurs et le ton automnal présents dans les décors du jeu donnent une chaleur très agréable à l’aventure. Chaque maison est bien travaillée, avec des détails apportés aux moindres petits recoins. Du poster d’Ectoplasma aux devantures de magasins, rien n’est laissé au hasard et les villes apportent leurs petites touches dans cette grande étendue remplie de Pokémon. Un des points les plus agréables pour moi a été de voir que la vue à la troisième personne est réellement derrière le joueur, ce qui fait qu’il est fréquent d’observer au loin les étendues de Galar et de voir ainsi les prochains paysages qui nous attendent. Bien que le jeu soit clairement du semi-monde ouvert, ce point là donne un tout autre aspect à la linéarité de l’exploration.
L’autre point repose sur une zone atypique au coeur de Galar et qui offre des possibilités d’exploration beaucoup plus conséquentes : je parle bien sûr des Terres Sauvages. Cette zone est un immense terrain de jeu proposé au joueur pour pouvoir vraiment explorer à sa guise, comme il le souhaite, et avoir un espace digne de toutes ses envies. Nous reviendrons juste un peu plus bas sur les possibilités offertes par les Terres Sauvages, mais aux vues des fonctionnalités proposées en jeu, il est évident que c’est un endroit où les joueurs passeront beaucoup de temps. Les Terres Sauvages ne doivent donc pas être négligées quand on parle de l’exploration et de Galar, car elles constituent une très grande partie de l’intérêt de ces opus, et font partie des nombreuses nouveautés introduites par Pokémon Épée et Bouclier.
Une façade toute neuve qui fait du bien
Pour les joueurs expérimentés, je pense qu’Épée et Bouclier apportent des changements majeurs qui font globalement du bien. Si certains d’entre eux font pester les joueurs, d’autres ont simplement le mérite de renouveler la formule Pokémon sans dénaturer quoi que ce soit, et font énormément de bien à ces deux opus. On pourrait décrire ces nouveautés non comme une révolution, mais plutôt comme une somme de nombreux petits ajouts qui font souffler un vent frais sur la saga.
Ce qui frappe dès le lancement du jeu, c’est la longue introduction ponctuées de nombreuses scènes cinématiques, mettant en scène les différents protagonistes dès le début, et renforçant l’aspect scénario très peu présent globalement dans la saga. Ici, c’est tout l’inverse, et les bandes noires et effets de flou sont courants. Ce petit mécanisme met un peu de baume au coeur à tout ceux qui pensaient débuter l’aventure de la façon habituelle, en terminant les textes de dialogue d’introduction en 5 minutes. Mention spéciale à la cinématique mettant en scène les trois starters, tout simplement sublime, qui donne une vraie âme à ces trois Pokémon, ce qui rend le choix encore plus difficile. Lors des combats aussi, la mise en scène a été poussée encore un peu plus loin, que ça soit via les animations des attaques ou via le splitting de l’écran en 2 pour donner du peps aux affrontements.
Les Terres Sauvages constituent le gros hub en ligne du jeu. Vous pourrez dans cet espace croiser des tas de Pokémon différents dans leur milieu naturel, utiliser un tas d’outils (pêche, surf, vélo), croiser des joueurs, participer à des raids pour capturer des Pokémon Dynamaxés (nous y reviendront un peu plus bas), expérimenter différents climats, et même faire du camping en pleine nature. Les Terres Sauvages apparaissent comme LE centre du jeu, là où vous chasserez des heures, d’autant plus que le niveau des Pokémon que vous rencontrerez s’adaptera une fois la fin du jeu atteinte. Nul doute que vous passerez plus d’une fois dans cette zone si grande et si riche en possibilités.
Les personnages sont aussi un peu plus travaillés qu’à l’accoutumée, notamment sur le plan des vêtements. Il vous sera en effet possible d’acheter des t-shirts, des pulls, des chaussettes, des chaussures, des sacs, des casquettes, des lunettes ou encore des gants pour votre dresseur. La customisation va donc beaucoup plus loin qu’elle ne l’a jamais été, ce qui est une touche certes plutôt insignifiante mais au final très agréable et appréciable. De la même façon, plutôt que de proposer tous les objets dans la boutique du centre Pokémon, certains commerçants auront leur propre boutique, comme le vendeur de baies. Un détail qui ne change rien concrètement, mais qui là aussi apporte une touche personnelle à Galar.
Épée et Bouclier introduisent les Pokémon Dynamax, qui sont des versions géantes de certains Pokémon. Exit donc les Méga-Evolution, mais globalement l’idée est de proposer des Pokémon monstrueusement puissants, qui nécessitent des efforts groupés pour en venir à bout. Ce phénomène est au centre de l’intrigue, comme l’étaient les Méga-Evolutions à l’époque de X et Y, et constitue le sujet principal du scénario du jeu. Il vous sera d’ailleurs possible de faire des combats de raid avec d’autres joueurs contre des Pokémon Dynamaxés dans les Terres Sauvages. Globalement, toute l’interface a été remise à neuf, et il est très agréable de naviguer dans les menus, ou via l’interface des combats. Quelques raccourcis utiles ont été ajoutés (lancer directement une PokéBall sans passer par le sac par exemple) rendant l’ergonomie un peu plus optimale.
Enfin, les fonctionnalités en ligne proposées via le menu COMM-Y apportent leur lot de nouveautés. Le système de stickers notamment permet d’échanger avec les joueurs en ligne de façon très simple et très intégrée au jeu, sans perturber le cours de l’aventure (un peu à la façon des “Cool” donnés sur X et Y). Cette interface, comme le PSS sur les premiers opus 3DS, englobe les échanges réseau, échanges magiques et les combats entre joueurs. La facilité d’usage du menu et sa rapidité en feront très clairement un outil efficace pour l’interaction avec les autres joueurs. Un petit mot aussi sur le camping, qui constitue comme à l’époque de la PokéRécré un hub amusant, permettant d’interagir avec ses Pokémon de façon rigolote tout en boostant leur expérience. Rien de bien novateur, mais là aussi l’idée est plutôt réussie et appréciable.
Pokémon : des fondations solides
Vous le savez, Pokémon ne date pas d’hier, et Épée et Bouclier proposent la recette habituelle si chère à Game Freak. Pourquoi changer une équipe qui gagne me direz-vous ? Hormis les nouveautés listées ci-dessus, on retrouve les mécaniques de jeu pas encore rouillées datant de la fin des années 90, à savoir des combats au tour par tour ponctués par des phases d’exploration, un système d’expérience et de niveaux pour chaque Pokémon, des évolutions, le tout dans une aventure qui se veut évolutive et qui se dévoile petit à petit pour finir en apothéose par des combats de titans. Si les vrais néophytes sont de plus en plus rares, surtout depuis l’avènement de Pokémon GO, il faut aussi tenir compte du fait que la génération de jeunes joueurs qui émerge va peut être découvrir Pokémon via ces nouveaux opus, et en ce sens ils remplissent totalement leur boulot.
Épée et Bouclier, grâce à une nouvelle génération de Pokémon hauts en couleurs et aux designs efficaces, porte fièrement l’étendard de la licence. L’aventure est conséquente, on ressent toujours ce sentiment de découverte et de liberté quand on parcourt Galar, et nulle doute que dans la tête de jeunes adolescents ou de vieux enfants, ce sentiment est amplifié. En ce sens, Épée et Bouclier pourront sans problème devenir mémorables pour ceux qui y accorderont suffisamment de sensibilité et d’attention, là où les épisodes Let’s Go s’avéraient plutôt être des jeux mignons d’excellente qualité. Si les jeunes joueurs sont évidemment visés, Épée et Bouclier doivent aussi et surtout satisfaire leur coeur de cible, que sont les PokéManiac et les fans de Pikachu de la première heure.
La stratégie et les activités post-game remodelées
La majorité des joueurs le savent : si le compteur d’heures dépasse 200 ou 300, c’est bien évidemment que le jeu, une fois fini, propose du contenu à la pelle. Pokémon a pour habitude de diviser ce contenu en 2 grandes parties : la stratégie et la chasse aux shinys (ou “shasse”).
Après deux épisodes Let’s Go à mi chemin stratégiquement entre Pokémon GO et la saga principale, ici on revient à la bonne vieille stratégie classique. C’est le retour des mécaniques chères à Game Freak, que tout vrai stratège Pokémon maîtrise sur le bout des doigts. Sans rentrer dans les détails de la stratégie, j’aimerais faire un récapitulatif global sur ce qui est fait depuis des années sur la saga principale, et sur ce que proposent ici Épée et Bouclier. Les Pokémon possèdent des statistiques d’Attaque, d’Attaque Spéciale, de Défense, de Défense Spéciale, de PV, et de Vitesse. Chacune de ces statistiques va déterminer la force d’un Pokémon. Ces valeurs augmentent avec le niveau du Pokémon (allant de 1 à 100), en fonction de chaque espèce, et en fonction de deux valeurs cachées, appelées EV et IV. Les EV sont des points répartis dans chaque de ces statistiques, pouvant aller de 1 à 252, et apportant 1 point pour 4 EV dans une statistique donnée au niveau 100. Ils sont plafonnés à 510 pour un Pokémon : il vous sera donc possible, grossièrement, de maximiser deux statistiques par Pokémon au niveau 100. Les IV, eux, sont des valeurs variant de 1 à 31 pour chaque statistique, déterminées aléatoirement ou non pour chaque Pokémon, qui apportent 1 point pour 1 IV dans une statistique donnée au niveau 100. Pour parler plus concrètement, un Pokémon ayant 250 en attaque peut passer à plus de 300 en attaque si il a ses EV et IV correctement répartis. A cela s’ajoutent les natures, qui peuvent augmenter ou diminuer de 10% la valeur d’une statistique, et la prédisposition de chaque Pokémon (un Léviator aura naturellement de meilleures statistiques de base en Attaque et en Défense par exemple qu’un Rattata, ce qui parait logique). Ça fait beaucoup de chose à comprendre pour les non-initiés à la stratégie, j’en suis conscient, mais maintenant que je vous ai expliqué ça, je peux expliquer en quoi Épée et Bouclier varient par rapport aux anciens opus.
Sur ces deux épisodes, il vous sera possible de booster les EV de vos Pokémon avec des vitamines (jusqu’à 252 dans une statistique). Rien de nouveau me direz-vous, mais la différence est que dans ces jeux-là, il n’y a pas de cap atteint par les vitamines. Ainsi, vous pourrez passer de 0 EV à 252 EV uniquement via l’usage de vitamines, ce qui était impossible auparavant. Concrètement, les stratèges vont devoir farmer de l’argent pour monter leurs machines de guerre, et rien d’autres. Un ajout colossal aussi est celui d‘un objet permettant de changer la nature de n’importe quel Pokémon. Auparavant, il fallait passer par l’élevage pour optimiser la nature des Pokémon. Ici, rien n’est irréversible, il suffit d’utiliser là aussi un objet. Enfin, il est à noter que le Multi-Exp est activé en permanence dans ces versions, et il ne peut pas être désactivé. Tous vos Pokémon obtiendront de l’expérience en combat même si ils n’y prennent pas part. A l’heure où j’écris ce test, toute l’étendue des possibilités concernant la stratégie Pokémon n’a pas été explorée, il est donc possible que dans les prochains jours de nouvelles informations complètent mes propos.
En ce qui concerne la chasse aux Pokémon shiny (Pokémon ayant une couleur différente, avec un taux d’apparition de 1/4096), Épée et Bouclier n’apportent que peu de nouveautés. Ces Pokémon brillants représentent une forme de collection pour tout un tas de joueurs acharnés, ce qui fait que leur chasse est une activité post-game conséquente. Sachez tout d’abord que les starters sont lockés, il est donc impossible d’obtenir ces Pokémon en shiny. Aussi, le charme chroma (objet augmentant les chances d’apparition d’environ 3 fois) est disponible dans le jeu, mais nous n’avons pas encore d’informations concernant son moyen d’obtention (probablement compléter le Pokédex ?). Les Pokémon shiny n’apparaissent pas shiny lors que vous les voyez hors combat, c’est à dire sur la carte avant l’affrontement. C’est une information très importante, car vous ne devez pas vous arrêtez à l’apparence extérieure d’un Pokémon pour le shasser, il faudra lancer le combat. Aussi, sachez que les rencontres à la chaîne d’un même Pokémon augmentent son taux d’apparition en shiny, comme dans les anciens opus.
Finissons ce test par les quelques défauts parmi le lot de points positifs que nous venons d’énoncer, car oui, il y en a malgré tout.
Deux lacunes qui font tâche dans Pokémon Épée et Bouclier
Pokémon Épée et Bouclier ont été l’objet de nombreuses critiques pour deux aspects majeurs. Le premier était l’absence de la totalité du Pokédex : en effet, dans ces opus, il ne sera pas possible de capturer ou même d’importer la totalité de vos créatures. Ce point constitue une véritable déception pour les nombreux joueurs ayant complété leur Pokédex sur les versions précédentes et voulant récupérer tous leur Pokémon sur ces dernières versions Switch. Il est à l’heure actuelle toujours impossible d’effectuer cette opération, et à priori cela ne bougera pas malheureusement.
La deuxième polémique concernait l’aspect visuel du titre, qui pour de nombreux joueurs, était passable voire médiocre. En effet, l’aliasing et le clipping sont les deux soucis techniques qui viennent entacher l’expérience de jeu de façon assez conséquente malheureusement. Cependant, en mode portable, l’aliasing est plutôt peu prononcé, et ne sera pas un problème. Il y a eu quelques améliorations depuis l’annonce du jeu et les premiers visuels, mais ça reste insuffisant pour un jeu de la trempe de Pokémon. Les deux opus restent malgré tout d’excellents titres, mais laissent un goût amer sur ces points là.
Un Pokémon classique tout neuf
-
Un Pokémon classique tout neuf - 80%80%
Résumé
La saga principale Pokémon débarque sur Switch, et c’est une franche réussite. Épée et Bouclier apportent tout un tas de nouveautés très agréables, sur le plan du scénario, de la direction artistique, et de l’univers du jeu, qui font redécouvrir d’une nouvelle façon une expérience très classique sur le fond. Les Dynamax, les interfaces et les Terres Sauvages sauront vous séduire dans cette aventure qui fait souffler un vent frais sur la licence Pokémon, et ce malgré une technique en deçà des capacités de la Switch.
Les +
- Galar, grand et vaste
- Une somme de nouveautés de qualité
- De la mise en scène ici et là
- Les Terres Sauvages, coeur du jeu
- Les fonctionnalités en ligne
Les -
- Aliasing et clipping au rendez-vous
- Absence de nombreux Pokémon
- Galar malgré tout un peu trop vertical
Très bonne réalisation pour ce jeu très addictif. Je ne suis pas fan de la licence et pourtant, j’adore déjà ce jeu !
Sympa à lire. 👍
Le jeu n’est pas parfait mais je passe un agréable moment dessus. Après je ne joue pas du tout stratégie et mon dernier Pokémon c’est X/Y.