En cette période bien calme au niveau des sorties, je me balade régulièrement, passionnément, mais surtout hasardeusement sur le Nintendo eShop pour tenter d’apaiser cette soif sangrenue de nouveautés. Entre deux titres dont la description réalisée par Google Traduction n’a pas donné de bons résultats, on peut parfois se retrouver face à un jeu surprenant, pour le meilleur ou pour le pire. C’est ce qui m’est arrivé avec Ruiner, sorti le 18 juin dernier sur Nintendo Switch. Jetant un coup d’oeil rapide aux captures d’écran et à la description du jeu sur l’eShop, je me suis dit “tiens, pourquoi pas ?”, étant presque étranger au genre. Il faut savoir que Ruiner est un jeu de tir et d’action en vue de dessus, dans le genre des twin stick shooter qui proposent habituellement une difficulté corsée. Pas de dépaysement ici, car le titre de Reikon Games (édité par Devolver Digital) ne s’éloigne pas de cette approche, comme nous le verrons dans ce test.
Ruiner prend place dans un univers futuriste, en l’an 2091 pour être plus précis, dans lequel la violence a largement pris le pouvoir. Vous incarnez un personnage dont vous ne connaissez pas le nom, ni même le visage car il porte un masque, mais dont l’objectif est de retrouver son frère, enlevé par le maître des lieux : le Boss. Vous serez “aidé” pour cela par une charmante jeune femme qui sera en quelque sorte une guide dans cet univers impitoyable. Et il n’y a pas grand chose de plus à dire : le scénario général de Ruiner est loin d’être son point fort et est tout à fait simpliste. Le héros ne parle jamais et les discussions avec les habitants de la ville sont inintéressantes : pire, les quelques choix de dialogue que l’on peut faire ne changent rien à ce que votre interlocuteur dira par la suite. Il y a certes quelques quêtes “secondaires” pour augmenter votre niveau, telles que pirater des C.H.A.T.S. (apparemment espions de HEAVEN, la société ennemie), mais encore une fois, l’intérêt est quelque peu limité et pas franchement intéressant. Cela peut paraître dommage, mais ces défauts passent au second plan lorsque l’on est plongé dans le gameplay extrêmement nerveux de Ruiner.
Un gameplay rapide et efficace
Car oui, le gameplay de Ruiner est son point fort, et de loin. Le jeu se déroule en vue du dessus et propose ainsi une vision correcte du champ de bataille même si quelques couacs sont à noter (j’y reviendrai). Un champ de bataille très riche en action car les ennemis ne cesseront quasiment pas de pleuvoir, que ce soit des Affreux, des soldats ou que sais-je encore. Très peu de répit vous sera accordé dans chaque niveau, hormis pour recharger la santé ou l’énergie via des points de régénération : ces phases de transition permettent de faire une pause et d’essuyer la sueur qui coule sur votre visage. Une fois entré dans le vif de l’action, vous pourrez alors déverser vos balles sur les ennemis (avec un zeste de rage en bonus). Si vous commencez avec une arme basique qui se recharge à l’infini et une batte qui fait de même, vous aurez la possibilité de récupérer les armes des adversaires vaincus ou même d’ouvrir des coffres disséminés dans tout le niveau. Au total, ce sont une vingtaine d’armes à feu qui sont disponibles et leurs effets varient : tirer plusieurs balles en même temps, par saccades, lance-feu ou lance-glace, il y en aura pour tout le monde !
La quantité c’est bien, la qualité c’est mieux ! De ce côté-là, Ruiner n’a pas trop à s’en faire car manier les armes se fait avec un plaisir certain tant le carnage qui en résulte est grisant. Le rechargement se fait très rapidement pour ne pas couper le rythme, et quel rythme ! Tout se fait très rapidement et vous pouvez perdre toute votre vie en quelques secondes à cause d’une petite erreur. Cela engendre forcément beaucoup de frustration (les écrans de chargement le précisent d’ailleurs), mais on revient toujours au combat, déterminé à vaincre cette saleté de boss. Quelques conseils sont donnés si vous mourez mais ne sont malheureusement pas toujours très utiles et ne sont pas personnalisés à l’ennemi affronté : personnellement, j’aurais bien eu besoin d’une technique spéciale dans certains cas parce que malgré le fait que j’avais l’impression de bien faire, la mort arrivait en quelques secondes. C’est une des raisons pour lesquelles ce Ruiner s’adresse particulièrement aux hardcore gamers, sans prendre en compte le fait que les commandes sont nombreuses.
Parlons justement de ces commandes : elles restent classiques mais tous les boutons sont utilisés. Entre les tirs, les esquives, les attaques spéciales, les protections, il y a matière à faire. Bien sûr, tout n’est pas disponible depuis le début : il existe un arbre de compétences qui débloquent des capacités selon les points de compétences que vous gagnerez. Ces derniers sont obtenables grâce au karma, l’expérience que vous gagnez lorsque vous atomisez un adversaire ou que vous ouvrez des coffres. Au fur et à mesure que vous progresserez et que vous gagnerez des niveaux, de nouvelles capacités se déverrouilleront et seront disponibles si vous dépensez vos points de compétences. Ces derniers ne sont pas gravés dans le marbre et peuvent être désactivés de n’importe quelle branche de l’arbre, ce qui est très pratique pour changer de stratégie d’approche par exemple. Entre la possibilité d’augmenter le nombre d’esquives, d’améliorer son bouclier, d’augmenter les munitions et bien d’autres, cet arbre est plutôt permissif même si certaines capacités sont bien moins utiles que d’autres.
Ruiner, trop bon mais trop court
Ruiner a donc un excellent gameplay, mais cela ne fait pas tout. Heureusement, l’ambiance est particulièrement bien adaptée à l’univers cyberpunk de Ruiner : les musiques sont pleines de tension et témoignent de l’ambiance électrique qui règne. La tonalité change de manière superbe selon que vous soyez dans le vif de l’action ou dans la ville (le thème de cette dernière est d’ailleurs très agréable). La direction artistique est soignée même si on peut déplorer une certaine répétitivité dans les décors : on est toujours dans cette ambiance rougeâtre et la lisibilité de l’action n’est pas optimale tant les détails présents à l’écran sont nombreux. On peut parfois passer à côté de coffres ou même d’ennemis qu’on ne voit pas forcément arriver, mais cela n’arrive pas en permanence. Une lisibilité imparfaite qui touche aussi les commandes, dont la description dans les menus se même parfois à la description des autres commandes. Concernant la durée de vie de Ruiner, l’expérience est courte, trop courte : il aurait été tellement bon d’avoir encore plus de contenu dans le mode solo, quel dommage ! Il existe certes un mode contre-la-montre (sans cinématiques, sans dialogues : juste du combat) et un mode arène pour s’entraîner, mais ce n’est malheureusement pas suffisant, surtout pour le prix proposé (20€).
Enfin, comme d’habitude lorsque nous traitons un portage sur Nintendo Switch, abordons le côté technique de Ruiner. Malgré le fait que l’action soit omniprésente à l’écran, sans réelle pause, le titre tourne très bien, presque sans ralentissements hormis dans les très rares cinématiques et encore plus rarement lorsqu’il y a vraiment beaucoup de choses à l’écran. Je reste agréablement surpris par la fluidité du titre même dans les scènes les plus gourmandes, et il ne perd même pas de sa qualité visuelle. On reste d’ailleurs visuellement proche des autres versions du jeu et c’est un très bon point ; de plus, les temps de chargement sont courts et peu nombreux. Il est en revanche surprenant que pour un titre de ce genre, aucun mode en ligne ne soit proposé : il aurait été particulièrement réjouissant d’affronter des vagues d’ennemis avec un coéquipier, mais vous ne pourrez compter que sur vous-même pour terminer cette aventure et sauver “le frangin”.
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Ruiner, quel drôle de shooter ! - TEST
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Du défouloir comme on les aime ! - 75%75%
Summary
Quoi de mieux après une journée de travail que de se poser sur son canapé et de tirer sur tout ce qui bouge, dans une ambiance sombre mais envoûtante ? Ruiner est une expérience au gameplay soigné et efficace, qui propose une marge de progression assez considérable et saura plaire aux amateurs du genre. Malheureusement, la durée de vie du titre est trop courte et aucune expérience en multijoueur n’est proposée, ce qui est regrettable.
Les +
- Un gameplay nerveux, sauvage, jouissif
- Un game-design plaisant…
- Une difficulté très présente
- Une variété d’armes disponibles
- Une progression constante
- Une ambiance magistrale
Les -
- Une expérience trop courte
- …mais quelque peu répétitif
- Un scénario abstrait
- Pas de multijoueur