Si vous possédez une Nintendo Switch, vous savez certainement que les Metroidvania font partie des jeux les plus représentés dans le catalogue de la console. Bien qu’ils ne soient pas systématiquement synonyme d’excellence, certains ont réussi à tirer leur épingle du jeu, au point de devenir des incontournables. Hollow Knight, Dead Cells, The Messenger, Axiom Verge, Ori (nos tests d’Ori and the Blind Forest et Ori and the Will of the Wisps)… Et nous pourrions ajouter Sundered, plus confidentiel mais qui a été une très belle surprise également ! Souldiers, le jeu dont nous allons parler aujourd’hui, se revendique aussi de l’école des Metroidvania, savant mélange de mécaniques issues de Metroid et de Castlevania. Alors, parviendra-t-il à se faire une place dans le panthéon des jeux du genre sur Nintendo Switch ? Rien n’est moins sûr, la faute à quelques lacunes de performance.
Conditions de ce test : la partie a été réalisée dans le mode de difficulté intermédiaire, avec la classe Archer et avec une Nintendo Switch en version dockée. Il se pourrait que l’expérience de jeu soit légèrement différente avec une classe comme celle du Guerrier et avec une console en version nomade, notamment pour toutes les remarques liées à la maniabilité et aux performances générales du titre.
Éclaireur, archer, mage : le choix d’une vie !
Souldiers est un action-plateformer indépendant développé par le studio espagnol Retro Forge et édité par Dear Villagers. Il est disponible depuis le 2 juin 2022 sur Nintendo Switch, PlayStation, Xbox & Steam. Si ses influences vis-à-vis des licences Metroid et Castlevania ont déjà été précisées en introduction, Souldiers a également dissimulé une autre de ses sources d’inspiration dans son nom. Soul… Diers. Vous l’avez ? Oui, vous allez certainement en baver si vous décidez de vous lancer dans l’aventure.
Après avoir sélectionné le niveau de difficulté de votre partie — parmi facile, intermédiaire et difficile, le jeu démarre par une cutscene très mignonne qui va poser les bases de votre aventure. Grosso modo, le commandant de votre armée qui s’apprête à entrer en guerre peaufine les derniers préparatifs avant de lancer l’assaut mais, à la suite d’un accident, tous vos petits camarades et vous-même rendez l’âme. À votre réveil, vous êtes accueilli avec vos compagnons de régiment par une walkyrie qui vous invite à traverser la lumière devant vous pour espérer renaître. Mais, avant toute chose, voici venu le temps de faire le choix le plus important de votre partie : allez-vous incarner un éclaireur, un archer ou un mage ? Classiquement, l’éclaireur étant la classe intermédiaire par excellence, avec autant d’atouts offensifs que défensifs, tandis que les deux autres se démarquent respectivement par leur niveau d’endurance ou de magie hors du commun. On regrettera l’impossibilité de pouvoir alterner entre ces trois classes en cours de partie ou, a minima, de pouvoir essayer quelques instants chacune d’entre elles pour déterminer laquelle nous correspond le mieux. Certains y verront un potentiel de re-jouabilité mais cela reste avant tout un choix irréversible qui fend le cœur dès les premiers instants de la partie. Quoi qu’il en soit, si vous espérez disposer d’un tant soit peu de résistance en combat, privilégiez l’éclaireur, tandis que le mage, lui, aura au contraire très peu de points de vie mais un maximum de dégâts. Considérez l’archer comme un entre deux.
Un tableau de maître : la pixel war n’a qu’à bien se tenir !
Premier sentiment après la traversée de la lumière de la renaissance évoquée par la walkyrie : Souldiers est un bijou visuel dans le genre pixel art ! Le travail qui a été réalisé par les équipes de Retro Forge mérite d’être salué tant les décors en premier et en second plan sont riches et soignés. Et le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’ont pas été avares sur la quantité non plus ! Les différents biomes de Souldiers sont gigantesques et regorgent de nombreux secrets à découvrir. Dommage que la Nintendo Switch peine à assumer la richesse et la beauté de ce monde… En effet, si nous aurions pu faire abstraction des quelques ralentissements lorsque l’action s’emballe un peu trop intensivement, cela devient plus compliqué d’accepter des temps de chargement aussi fréquents et aussi longs dans un jeu de ce genre. Un changement de zone ? 30 secondes de chargement. Une mort ? 30 secondes de chargement. Une toute petite sauvegarde ? 30 secondes de chargement. Rien de plus efficace pour plomber une expérience de jeu. Des défaillances techniques d’autant plus frustrantes si vous avez l’occasion de jeter un œil à une version de Souldiers sur une autre plateforme… Les temps de chargement y sont quasi instantanés, et même inexistants dans le cadre d’une sauvegarde rapide ! Ceci étant dit, Souldiers a tout de même de sérieux arguments pour convaincre. À commencer par son gameplay, à condition que vous soyez habile manette en main ou que vous n’ayez ni peur de la mort, ni de l’acharnement.
La vie c’est dur, ça fait mal dès qu’ça commence…
Si le jeu n’a, au premier abord, pas grand chose de commun visuellement avec la série des Souls, il va tout de même vous demander pas mal de pratique avant de le maîtriser. Il ne suffira que de quelques coups à vos ennemis pour faire chuter vos points de vie à zéro, et vous devrez faire preuve de réactivité et de précision pour sortir indemne du moindre affrontement. Une petite araignée, une chauve-souris ou le moindre petit slime pourraient bien vous faire trépasser en un instant si vous relâchez l’attention. Les niveaux sont ponctués de points de sauvegarde à atteindre pour ne pas avoir à retourner à votre point de départ. Précision importante : privilégiez l’utilisation d’une Manette Pro plutôt que des Joy-Con, et encore plus si vous sentez qu’ils souffrent ne serait-ce que d’un léger drift. Dans le cas contraire, le manque de précision vous conduira à vous arracher les cheveux plus d’une fois.
En début de partie en tant qu’archer, vous disposez d’un saut, d’une roulade, d’une attaque de base qui décochera une flèche dans la direction de votre choix (haut, bas, gauche, droite, diagonales) et d’une attaque secondaire qui projette et fait tournoyer votre arc vers l’avant. Il est possible de tirer 3 flèches consécutives mais il faudra attendre que celles-ci se rechargent avant de pouvoir armer de nouveau. En revanche, si votre attaque secondaire touche une cible, cela permettra à vos flèches de se recharger plus rapidement. Alterner entre esquive, offensive et temporisation (pour ne pas dire fuite) est donc la clé de la réussite ! Au fur et à mesure de votre progression, votre personnage accumulera de l’expérience ce qui lui permettra de passer des niveaux, d’augmenter ses statistiques de base et d’apprendre de nouvelles compétences (exemple : une attaque chargée, une glissade, etc.), étoffant ainsi ses chances de survie. On regrette toutefois que l’arbre de compétences n’annonce pas les capacités prochainement disponibles dans telle ou telle branche, ce qui nous empêche de préparer une stratégie d’évolution définie en fonction de notre façon de jouer.
Autre mécanique de gameplay intéressante en combat : les orbes élémentaires que vous trouverez durant votre aventure permettront de modifier votre apparence et d’imprégner vos attaques de feu, d’électricité et bien d’autres éléments. Les ennemis que vous rencontrerez disposant de faiblesses définies, le jeu invite constamment le joueur à alterner entre une orbe et une autre pour prendre le dessus lors des affrontements. À ceci s’ajoute également l’obtention de capacités propres aux Metroidvania, comme le double saut par exemple, qui permettent de débloquer de nouvelles voies, mais aussi l’utilisation d’objets défensifs tels que diverses potions et offensifs tels que des bombes en tout genre. D’ailleurs, Souldiers n’est pas uniquement difficile par le biais de ses combats. Le jeu est également très exigeant en matière d’exploration, avec un système d’énigmes qui nous oblige à passer toutes les zones au peigne fin. Pousser un rocher jusqu’à un trou d’air pour augmenter la puissance d’un autre trou d’air et sauter plus haut pour atteindre un rebord inaccessible. Déclencher un cristal d’énergie, réaliser un parcours à toute vitesse tout en déclenchant d’autres cristaux dans le bon ordre en cours de route… Autant d’épreuves qui nécessitent réflexion et doigté pour, au choix, atteindre un coffre rempli de récompenses, progresser dans le niveau ou encore débloquer un raccourci salvateur après avoir tant sué pour arriver jusqu’ici ! Sur ce point, impossible de ne pas y voir d’inspiration à la formule désormais bien célèbre des souls et force est de constater que le pari en matière de level design est tenu !
Enfin, outre les ennemis classiques et les éléments du décor, de nombreux boss tenteront de vous barrer la route, chacun d’eux visuellement et mécaniquement très réussis. Comptez a minima trois phases et au moins le double de patterns pour chacun d’eux et vous aurez une bonne idée du challenge qui vous attend au cours de ces affrontements épiques !
Si l’on ajoute le soin accordé à la musique du titre, parfaitement cohérente avec son univers et son ambiance rétro, ainsi que sa durée de vie tout à fait conséquente – qui plus est multipliée par trois si vous décidez de jouer les trois classes, Souldiers dispose de vrais gros arguments pour convaincre les joueurs les plus aguerris et expérimentés dans ce type de jeux. Quant aux autres, à moins d’avoir envie de vous lancer un défi de taille pour vous prouver quelque chose, ou de profiter des premières heures par curiosité sans jamais arriver au bout de l’aventure, mieux vaut passer votre chemin pour éviter tout sentiment de frustration intense. Reste à savoir si, après une nouvelle mise à jour, le titre parviendra enfin à tourner comme une horloge sur Nintendo Switch ! Parce qu’en l’état, mieux vaut craquer sur une autre plateforme si l’on en a la possibilité.
Souldiers : à quelques pixels d'un excellent metrosoulsvania !
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À quelques pixels près d'un excellent "metrosoulsvania" ! - 70%70%
À quelques pixels près !
S’il ne souffrait pas de lacunes techniques aussi pénalisantes sur Nintendo Switch, Souldiers aurait certainement eu le droit à une évaluation aux alentours de 80 à 90%. En s’inspirant de formules qui ont prouvé leur efficacité par le passé, tout en apportant ses propres spécificités, ce “Metrosoulsvania” en 2D pixel art saura très certainement satisfaire les joueurs les plus endurcis qui n’ont pas peur des défis. Avec ses trois classes disponibles, Souldiers dispose également d’un potentiel de rejouabilité évident pour quiconque aura le courage de reparcourir l’aventure, déjà très consistante lors de la première run. Comparé à d’autres jeux du genre (Hollow Knight pour ne citer que lui), cette création signée Retro Forge comporte tout de même quelques lacunes, à commencer par un gameplay plus lent et plus rigide, et une carte du monde qui manque parfois un peu de clarté.
Les +
- Un pixel-art sublime (pour les amateurs du genre)
- La richesse des biomes et la quantité de secrets à découvrir
- Un système de combat exigeant et plaisant une fois maîtrisé
- Des combats de boss très réussis
- Trois classes différentes pour trois façon de jouer
- Une grosse durée de vie et un potentiel de rejouabilité
Les -
- Quelques ralentissements
- Des temps de chargement très (voire trop) longs
- Un poil punitif pour les moins courageux ?
- Un arbre de compétences qui ne nous dit pas tout (du moins pas tout de suite)
- Un manque de fil conducteur durant l’aventure
Très bon test et jouissif de continuer chaque niveau mais j’attends toujours une mise à jour sur le niveau temple de feu parce que ça freeze à mort quand je veux allumer un piédestal de feu pour continuer le chemin ça coupe chaque fois… En tout cas, n oubliez pas, ce sont juste 6 devs qui ont fait ce jeu !!
Ravi que le test vous ait plu !
Mais oui, effectivement, les défaillances techniques rendent l’expérience chouya moins bonne qu’elle ne pourrait l’être sans ! Espérons qu’une MAJ arrive rapidement et rappelons-nous qu’une poignée de développeurs sont parvenus à pondre un néanmoins très bon jeu 🙂