L’annonce de l’arrivée de Star Ocean First Departure R sur Nintendo Switch m’a complètement enthousiasmé. L’équipe du site ne l’a pas compris, me disant « mais enfin, ce n’est que le portage Switch d’un jeu PSP, qui lui-même était le portage d’un action-RPG de la fin de vie de la SNES ». Certes, mais ce titre est absolument mythique : je me vois encore baver, ado, devant des captures d’écran de ce jeu interdit, jamais paru en Europe et sur lequel je ne pensais jamais pouvoir mettre la main. Puis la PSP est arrivée et, avec elle, la possibilité d’enfin pouvoir découvrir ce titre que je convoitais tant. Fut-il à la hauteur de mes attentes ? Bien sûr que oui. Mais un seul regret persistait : celui de ne pas pouvoir jouer sur grand écran.
Aussi beau qu’une nuit étoilée
Car oui, malgré son grand âge, Star Ocean First Departure R s’apprécie aussi sur votre téléviseur dernière génération : ce remaster HD d’un titre qui n’a pas pris une ride – et ce, grâce à la puce intégrée dans sa cartouche d’origine qui lui permettait des choses quasi impensables sur SNES – évite l’écueil d’un remaster trop poussé qui donnerait au jeu une patte « RPG Maker », tout en restant appréciable pour les plus jeunes qui souhaiteraient le découvrir de nos jours. Les mouvements de caméra (et les déformations des décors qui en sont inhérentes), les environnements en 3D pré-calculée, la profondeur de champ… Tout ça n’impressionnera guère plus grand monde aujourd’hui, à l’heure de la PS5 et de la Xbox Series S, mais si l’on fait l’effort de se replacer dans l’époque de sortie du jeu, quelle claque, tout de même.
Et ces magnifiques graphismes rétro ne sont pas là que pour la frime, non : ils se mettent, en chaque instant, au service d’une histoire prenante (dont il vaut mieux ne rien connaître pour l’apprécier) et, surtout, évolutive, puisque la fin de celle-ci changera non seulement en fonction de qui composera votre équipe – qui ne comprend que 8 slots de libres pour 13 membres recrutables dans le jeu, mais aussi de l’affinité entre vos personnages, déterminée par un système de « Private Actions » qui vous permettra d’en apprendre plus sur la personnalité et/ou les motivations de chacun des membres de votre joyeuse compagnie. Même si les fins ne diffèrent au final que peu les unes des autres, la dynamique de groupe peut varier du tout au tout en fonction de qui composera votre équipe, ce qui augmente grandement la replay value d’un titre finalement assez court (il vous faudra une petite vingtaine d’heures pour en voir le bout).
Sautez dans le grand bain, ne passez pas par la case “apprendre à nager”
Découvrir tous les personnages vous permettra aussi de découvrir la qualité du tout nouveau doublage réalisé pour cette version “R” de Star Ocean First Departure : s’il est possible d’opter pour l’incomplet doublage japonais original, vous auriez tort de vous priver du nouveau, bien plus qualitatif et immersif (même si les répétitifs dialogues de début de combat finissent par agacer un peu). De la même façon, vous pouvez choisir entre avoir des miniatures de personnages plus modernes ou celles d’origines, certes moins « belles » (bien que cela soit absolument subjectif), mais qui correspondent mieux au style graphique des cinématiques animées, dont on ne peut que regretter qu’elles n’aient pas été refaites. L’on regrettera, aussi, l’absence de textes en français qui privera une partie d’entre vous de cette histoire simple mais prenante, qui arrive à offrir de vrais moments d’émotion. L’écriture soignée rend très tangible l’amitié partagée entre les membres de votre équipe, auxquels vous finirez par vraiment vous attacher.
Relique d’une époque révolue du jeu vidéo, Star Ocean First Departure R ne vous prend, en revanche, pas la main une seule seconde. Que ce soit pour les commandes durant les combats, le système de Skill Points (des points d’expérience à assigner à des domaines précis, sorte d’arbre des compétences du jeu), ou le crafting d’objets et de nourriture, aucun didacticiel ne sera jamais proposé, ce qui peut sembler étonnant au vu des normes actuelles du jeu vidéo (quand on démarre le premier combat, par exemple, on s’attend logiquement à ce que le jeu pause pour vous expliquer comment ça fonctionne, mais rien de cela ici). Vos seules références seront les maigres explications qui seront fournies par des personnages non-joueurs dans le jeu, et la « controller card » disponible sur le site officiel, que je vous invite vivement à consulter avant de vous lancer dans cette aventure.
Octogones sans règles
Autre conséquence de ce manque d’indications, il n’est pas rare de se perdre dans ce vaste monde dans lequel il n’est pas si exceptionnel de devoir, qui plus est, effectuer des allers-retours. Si la présence – comme dans Dragon Quest XI S : Les Combattants de la Destinée – d’un dash permettant de se déplacer plus vite, en ville comme sur la carte du monde, est très appréciable, j’aurais aussi aimé pouvoir désactiver les combats automatiques, car enchaîner les joutes contre des monstres d’un niveau beaucoup plus faible (et que l’on va donc battre très facilement et rapidement), peut s’avérer par moments redondant, bien que le fait que l’on doive faire un certain nombre d’aller-retours s’explique aussi par le fait qu’une cartouche SNES n’avait pas un espace de données illimité.
Heureusement que le système de combat reste toujours aussi fun, même 23 ans après la sortie du titre. Le principe est simple : vous contrôlez le personnage de votre choix (parmi un maximum de 4), tandis que les autres seront pris en charge par l’IA, qui tâchera d’exécuter au mieux les indications stratégiques que vous lui donnerez (soigner tout le monde, attaquer en faisant gaffe aux MP, envoyer la purée…). Si vos compagnons ne brillent pas par leur grande intelligence, le système d’ordres permet de les faire se comporter au mieux en combat afin de ne pas se retrouver désemparé. Quant au personnage que vous contrôlerez, celui-ci dispose d’une palette de mouvements sommaire (un bouton pour l’attaque « normale », deux boutons pour les attaques spéciales) mais suffisante pour que les combats, plutôt courts, restent toujours agréables, avec une impression de « bordel organisé » qui pimente le tout. Et, au final, on ressort des combats de la même façon que l’on ressort de Star Ocean First Departure R : on n’a pas toujours compris ce qui s’y passait, mais on a passé un très bon moment et on a hâte d’y retourner.
Ce test a été effectué à l’aide d’une version du jeu qui nous a été fournie par Square Enix.
La vieillesse n'est pas toujours un naufrage
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La vieillesse n'est pas toujours un naufrage - 80%80%
Résumé
Contenant des défauts du passé, mais aussi des qualités à l’épreuve du temps, Star Ocean First Departure R fait honneur au titre original, sa superbe histoire et ses belles compositions, en ne faisant que des ajouts qui amélioreront votre expérience de joueur. Oui, vous y plonger vous demandera de faire abstraction de certaines choses (et aussi, peut-être, d’utiliser une soluce en ligne), mais vous ne regretterez pas votre voyage à travers la mer d’étoiles.
Les +
- Une histoire prenante et bien écrite
- Le gros travail de doublage
- De magnifiques musiques
- L’ajout du dash
- Un système de combat dynamique
- Bonne replay value
Les -
- Pas de didacticiel
- On se perd parfois
- Impossible de désactiver les combats automatiques
- Presque trop court