Véritable trésor de l’industrie vidéoludique, Okami est à juste titre considéré comme une légende vivante du jeu japonais. Avec Hideki Kamiya aux commandes (Devil May Cry, Bayonetta, The Wonderful 101), Okami se voulait être un vibrant hommage à la culture japonaise à travers une extraordinaire épopée. Malgré cela, le succès commercial du titre ne fut pas à la hauteur du succès critique qu’il reçut. Plus de dix ans après sa parution initiale, Capcom entend donner une seconde chance à la légende dans une remasterisation complète du titre en HD. Plusieurs mois après ses concurrentes, la Nintendo Switch accueille enfin Okami HD : prêts à parcourir à quatre pattes la campagne japonaise ?
Note : Okami HD n’est disponible qu’en téléchargement sur le Nintendo eShop en Europe. Une édition physique contenant le Français dans les réglages est en revanche disponible au Japon.
Leave one wolf alive….
Dès le départ, Okami se veut être une pièce unique du jeu vidéo en vous proposant d’incarner une figure célèbre de la mythologie japonaise : Amaterasu, ni plus ni moins que la déesse du soleil. Réincarnée dans le corps du légendaire loup blanc Shiranui, la divine créature entend ramener paix et prospérité au Nippon, un pays actuellement ravagé par un mal mystérieux. Accompagnée d’Issun, un minuscule être se présentant comme « un artiste errant », Amaterasu entame une grande épopée pour éradiquer la malédiction d’Orochi, le dragon octocéphale pourtant scellé un siècle plus tôt par le légendaire épéiste Izanagi. De longues galopades à travers les campagnes et les villages débordant de vie et de couleurs attendent ainsi la belle Ama pour mettre à fin à la tyrannie de l’ancien démon et redonner vie au pays.
C’est ainsi que le joueur est projeté dans le magnifique univers d’Okami. Avec une direction artistique alliant cel-shading et estampe japonaise, on a tout simplement l’impression d’avoir été happé par une œuvre d’Hokusai. Avec ses vastes campagnes et ses villages tracés à l’encre de Chine, on ressent un profond et apaisant plaisir à arpenter le Nippon de long, en large et en travers dans la peau d’Amaterasu. Les images seront bien plus parlantes que ce long laïus, mais qu’il est plaisant de parcourir les splendides environnements du jeu d’Okami ! Rappelant irrésistiblement The Legend of Zelda : Wind Waker, le titre de Capcom peut néanmoins se targuer d’avoir un aspect visuel unique avec ses traits d’encre noire et ses couleurs omniprésentes : il ne sera pas rare de s’arrêter en cours de route tout simplement pour contempler avec satisfaction le paysage qui s’offre à nous.
… and the Yokai are never safe !
En tant que divinité maîtresse du panthéon japonais, Amaterasu dispose de toute une panoplie de pouvoirs pour mener sa quête à bien. Son principal attribut est le Pinceau Céleste : un pinceau magique aux propriétés aussi diverses qu’étonnantes. Tracez un trait horizontal, et voilà qu’un arbre est subitement coupé en deux. Entourez un arbre mort pour le voir revenir à la vie, ses branches désormais chargées de délicates fleurs de sakura. Tracez un cercle dans le ciel pour voir apparaître le soleil et accélérer le lever du jour. Tout ceci, et bien plus, étant possible d’une simple pression sur les boutons adéquats de votre manette. La Nintendo Switch permet d’élargir l’éventail de possibilités de jeu en exploitant son écran tactile mais également la reconnaissance de mouvement. Ainsi, il vous est possible de faire appel au Pinceau Céleste d’un simple mouvement de la main avec le Joy-Con ou en traçant de vos doigts les figures sur l’écran de la console.
Capcom propose donc un portage très intéressant en utilisant avec pertinence toutes les spécificités de la console de Nintendo. Parfois avec un peu trop de pertinence quand on voit le léger abus qui a été commis sur l’utilisation des vibrations de la manette. Celles-ci sont en effet extrêmement bruyantes et agacent le joueur plus qu’elles ne contribuent à son immersion. Un comble quand on pense aux possibilités offertes par cette fonctionnalité propre à la Nintendo Switch que sont les Vibrations HD ! Cet aspect mis à part, Okami reste tout à fait grisant à jouer sur la console hybride.
Okamikaze
Car oui, Okami ne se contente pas seulement d’une direction artistique à tomber mais propose également un gameplay unique reposant sur les propriétés du Pinceau Céleste. Essentiel à votre progression, le divin artefact montre son utilité aussi bien pour traverser des étendues d’eau que corriger les monstruosités qui vous attendent. Esprits farceurs bien connus du folklore japonais, les Yokai n’auront de cesse de se mettre en travers de votre chemin dans le but clairement affiché de vous d’éliminer. Les amateurs des jeux d’Hideki Kamiya retrouveront de vieilles habitudes avec des combats en arène fermée où les combos sont la clé de la victoire. En récompense, de l’argent vous sera remis en fonction du temps que vous aurez mis à occire votre adversaire et des dégâts que vous aurez pris. Votre éventail de combos ne fera que grandir au fur et à mesure de votre progression, de nombreuses techniques, qui n’attendent que d’être apprises, étant mises à votre disposition. Le Pinceau Céleste sera d’ailleurs un outil tout aussi précieux que les armes que vous trouverez au cours de vos pérégrinations.
Un système sympathique d’armes principales et d’armes secondaires permet de proposer une diversité de gameplay fort appréciable. Ainsi, selon sa position, vos armes auront des effets sensiblement différents. Par exemple, le Rosaire Mystique s’utilisera comme un fouet en tant qu’arme principale tandis qu’il fera office de canon si vous l’équipez en arme secondaire. De redoutables Boss sont évidemment au rendez-vous, tous rivalisant de gigantisme et d’originalité comme on en a l’habitude avec Hideki Kamiya, et mettront vos réflexes et votre maîtrise du jeu à rude épreuve.
Okami propose ainsi un gameplay sans équivalent où chaque coup de pinceau vous permet de redonner vie aux terres désolées du Nippon. En empruntant quelques idées à The Legend of Zelda : Wind Waker, Okami propose une expérience narrative et vidéoludique sans pareille qu’on se plait à explorer encore et encore. Il est particulièrement plaisant de voir s’épanouir gracieusement les fleurs de cerisier et les feuilles d’érable sur le passage d’Amaterasu qui se déplace avec une élégance rarement atteinte dans un jeu vidéo mais habituelle dans les œuvres de Kamiya (Bayonetta si tu m’entends). Le tout étant accompagné d’une bande sonore empreinte de sérénité qui vous plonge au cœur du Japon plus ou moins fictif d’Okami.
Utsukushī Okami
D’un point de vue technique, Okami frôle la perfection. Le rendu est superbe aussi bien sur l’écran de la Nintendo Switch que sur l’écran TV : pas de ralentissements grâce à un solide framerate, une résolution au poil qui permet de contempler les environnements jusqu’à plus soif… le voyage aux côtés d’Amaterasu est tout simplement merveilleux sur la console de Nintendo. Quelques soucis de caméras sont cependant à noter ainsi qu’un manque de précision et de contrôle parfois agaçants dans les sauts, pourtant gracieux, de notre déesse louve. A côté de la quête principale qui vous occupera un bon moment, de nombreux objectifs annexes vous attendent et rallongent sensiblement la durée de vie du titre. Remplir ces side quests s’avérera de toute façon nécessaire pour obtenir des Sphères de bonheur indispensables à l’amélioration de vos aptitudes (vie, encre pour dessiner, taille du porte-monnaie). D’innombrables collectibles sont également disséminés à travers le Nippon et vous pousseront à fouiller le pays de fond en comble, encore une fois les fidèles de Kamiya ne seront pas dépaysés.
L’histoire est rythmée par une galerie de personnages tous plus loufoques les uns que les autres : du pleutre faussement doué à l’épée à la candide fabricante de saké en passant par un couple de seniors psychopathes, Okami affiche un plaisant éventail de personnages. Grâce à des dialogues remplis d’humour, où on reconnaît bien le tropisme prononcé du créateur pour les personnages au parler corrosif (Dante si tu m’entends également), le récit est d’autant plus agréable à suivre. Les plus fervents aficionados ne manqueront pas de noter les multiples références faites aux autres œuvres de Kamiya dans les nombreuses rencontres que vous ferez au cours de votre voyage. Le tout crée une ambiance apaisante malgré les redoutables affrontements que vous aurez à mener. Avec cette omniprésence du folklore japonais, Okami vous transporte dans les plus anciennes légendes du Pays du Soleil Levant aux côtés des Kami divins et des Yokai meurtriers. Tout se conjugue pour vous emmener dans l’univers époustouflant du titre qui rappelle les longues descriptions de Lian Hearn dans le Clan des Otori.
Avis final
-
Un voyage à ne manquer sous aucun prétexte - 90%90%
Résumé
Un vrai chef d’œuvre du jeu vidéo japonais. Hideki Kamiya montre une fois de plus l’étendue de son art avec Okami et cette odyssée inoubliable. Cette ambiance si particulière vous transporte aux côtés de la déesse louve Amaterasu pour un voyage au cœur d’un Japon féodal qui vous marquera à jamais. En dépit de quelques soucis de caméras et de contrôle, Okami mérite plus ce que jamais sa place au panthéon du jeu vidéo dans cette version magnifiée qui rend un bel hommage au titre paru 10 ans plus tôt. Une aventure inratable pour tout joueur qui se respecte.
Il est vrai que ce jeu doit être vécu par tout joueur amateur du genre si poétique et envoûtant. Maintenant l’ayant déjà fait auparavant sur Wii, je ne pense pas repartir dans cette aventure si particulière en version HD.