TEST – Rogue Trooper Redux

40%

Sorti initialement en 2006, dans une transparence hyaline, sur les consoles de la génération Playstation 2, Rogue Trooper n’est pas un titre qui aura laissé une trace indélébile dans l’histoire du jeu vidéo. Malgré tout, le studio Rebellion a souhaité offrir à son bébé une nouvelle chance de trouver son public. C’est donc à la surprise générale qu’un remaster du jeu est annoncé pour une sortie sur toutes les plateformes du moment, y compris sur la dame au double jeu, à savoir la Switch.

Avant toute chose, il est important de décrire les origines de cette franchise. Rogue Trooper n’est pas une création originale à destination du jeu vidéo, mais c’est une adaptation d’un comics paru dans un premier temps sur le magazine hebdomadaire britannique 2000AD. L’histoire met en scène deux factions différentes qui mènent une guerre impitoyable sur la Néo-Terre (Nu-Earth), une planète ravagée par de nombreux conflits et qui ne peut plus abriter la vie à cause de son air méphitique et toxique qui navigue aux quatre coins du globe.

Le jeu de Rebellion reprend donc ce cadre et permet aux joueurs d’incarner le personnage principal du comics, à savoir Rogue Trooper, un super soldat génétiquement modifié et créé par les Sudiens (Southers)  pour affronter et vaincre les Norts. Si l’histoire originale de la bande dessinée semble intéressante et utilise pour analogie la première et la seconde guerre mondiale, le jeu quant à lui souffre d’énormes défauts qui vont empêcher le joueur de se plonger corps et âmes dans l’histoire, explication.

Certaines œuvres s’embellissent avec l’âge, mais pas ici

Le titre débute brutalement alors que le protagoniste principal est directement envoyé sur le champs de bataille où les explosions côtoient le bruit sourd et violent des armes à feu. Très vite, le joueur aura la possibilité de diriger le personnage et c’est de manière tout aussi prompt qu’il va se rendre compte que le gameplay du titre a pris un sérieux coup de vieux.

Si le système de jeu est extrêmement basique et permettra aux joueurs de s’habituer rapidement aux différentes possibilités offertes par le titre, on ne peut s’empêcher d’être relativement sceptique concernant certains aspects qui vont se révéler très gênants dans la progression. C’est notamment sur les sensations lors des affrontements que l’on constate que quelque chose ne va pas se passer comme on le souhaiterait. Que ce soit au niveau des impacts de balles, de l’animation du personnage, des coups de feu ou même de la mise en scène, absolument rien n’est percutant ou dynamique. Tout est plat, le personnage est lourd et lent, ses déplacements ne sont pas fluides, le système de cover n’est pas aussi ergonomique que la plupart des jeux du genre que l’on peut trouver aujourd’hui.

Pire encore, la scène d’introduction où les personnages vont débarquer pour préparer un assaut, se déroule sur une plage et utilise clairement pour référence l’opération Neptune de juin 1944, où nos alliés ont débarqué sur les plages de Normandie pendant la seconde guerre mondiale. Cette séquence ne fera jamais mieux qu’un certain Medal of Honor : Débarquement Allié, sorti 4 ans plus tôt et qui avait le mérite de proposer une introduction qui offrait avec beaucoup de justesse une mise en scène extrêmement soignée et une ambiance sonore et visuelle mémorable, rendant cette séquence inoubliable pour tous joueurs ayant connus cette expérience. Une fois encore, Rogue Trooper ne sera jamais en mesure d’offrir aux joueurs cette composante essentielle à un TPS linéaire, à savoir une mise en scène propre et audacieuse qui aurait pu changer notre point de vue sur le jeu malgré son âge.

Néanmoins, il y a tout de même quelques petites subtilités intéressantes qui prouvent que le studio souhaitait se démarquer. En effet, pour plusieurs raisons, certains de vos alliés se retrouvent enfermés dans des biopuces et connectés à votre équipement. Ainsi, l’un des personnages aura la particularité de prendre le contrôle de votre sac à dos et ainsi il aura le pouvoir de l’améliorer au fur à mesure de votre progression, quand un autre allié, enfermé dans votre fusil d’assaut, vous offrira la possibilité d’améliorer la précision de cette dernière. Si ce type de caractéristiques n’est pas inédit dans le genre, il est intéressant de noter que les développeurs se sont servis de cette subtilité scénaristique pour apporter un élément de gameplay cohérent à cet aspect et c’est plutôt bien pensé.

Malgré cette note positive, il est difficile aujourd’hui d’appréhender un titre qui ne pourra jamais proposer un gameplay aussi précis que ce que l’on trouve aujourd’hui et ce n’est malheureusement pas sur les autres aspects du jeu, que le titre de Rebellion compte se rattraper.

– C’est pas ma guerre – Rambo 1982

Un deuxième aspect du jeu qui va rendre la progression totalement inintéressante, c’est son contexte. C’est bien simple, à aucun moment, le joueur ne va se sentir concerné par les enjeux de l’histoire. Ce défaut va même plus loin que ça, puisqu’au final, on va suivre une trame sans jamais comprendre quelles sont les motivations de chaque factions et pourquoi on doit se battre contre un ennemi dont on ne sait absolument rien. Ce qui en résulte, c’est que le joueur est balancé au milieu d’un champs de bataille et qu’il va suivre bêtement les indications à l’écran. Même au niveau de la progression, il n’y a aucune suite logique dans les actions du personnage principal, il se rend d’un point A à un point B sans que le joueur n’en comprenne la raison véritable.

On pourrait également mentionner les différents protagonistes qui apparaissent dans le scénario de manière que l’on pourrait juger de totalement aléatoire puisque une nouvelle fois, toute la structure narrative est totalement anarchique et même chaotique. C’est presque à se demander si les développeurs eux-mêmes comprennent la trame scénaristique qu’ils ont engendrée avec ce jeu. On parlera rapidement du charisme de chaque personnage qui frôle le néant absolu, que ce soit les alliés, comme les antagonistes, à aucun moment le joueur éprouvera de l’empathie pour eux, pire encore, il ne va ressentir que de l’indifférence.

C’est pas ma guerre, voilà quelques mots qui résument parfaitement tout le ressenti que l’on éprouve en jouant à Rogue Trooper. Pourquoi dois-je affronter des vagues d’ennemis ? Pourquoi dois-je me rendre dans cette ville ? Qui est ce personnage ? Quelles sont ses motivations ? Au final, le joueur va se sentir rapidement perdu dans ce flot narratif abstrait et ne trouvera jamais la force de continuer sa progresssion dans ces longs couloirs vides et monotones, voilà un bel enchaînement vers la partie visuelle et sonore du titre d’ailleurs.

Une monotonie qui pourrait presque rendre notre quotidien palpitant

Pour captiver le joueur dans un titre où la progression ne se résume qu’à déambuler dans de longs couloirs, les développeurs se doivent tout de même créer quelques subtilités visuelles pour rendre le level design moins monotone et plus agréable à traverser. Malheureusement, ce ne sera pas toujours le cas dans Rogue Trooper Redux, si certains niveaux sont plus agréables à suivre que d’autres, dans la majorité des cas, le joueur ne devra se contenter que d’environnements vides et fades, alors certes, il s’agit d’un jeu dont le cadre prend place dans un univers post-apocalyptique, mais là où d’autres ont réussi à trouver des astuces pour attirer l’oeil des joueurs, ici il n’y a aucune notion de perspective, aucune identité visuelle et surtout aucune verticalité, les paysages sont plats et les structures naturelles n’offriront jamais le sentiment d’être naturelles, justement.

En ce qui concerne l’aspect sonore du titre, les musiques se révèlent plutôt discrètes et même si elles ne seront jamais mémorables, elles permettent tout de même d’inscrire une ambiance globale réussie, voire même intéressante. Du côté des sonorités, les équipes de développement ont fait un travail plutôt correct dans l’ensemble puisque le rendu sonor des outils de guerre est relativement réussi dans la globalité.

Il est réellement dommage qu’avec un support de base qui proposait un univers original et non conventionnel, couplé avec une direction artistique plutôt audacieuse, que les équipes de Rebellion n’aient pas réussies à proposer quelque chose de plus attrayant, on arrive même à avoir un titre qui propose une vision de l’univers de Gerry Finely-Day totalement impersonnelle. Cette monotonie visuelle rendrait même notre quotidien bien plus palpitant qu’une partie de Rogue Trooper et c’est bien dommage.

Que pensez-vous de cette information ?
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
Avis final
  • Avis final - 40%
    40%
40%

Résumé

Malgrés plusieurs bonnes intentions, Rogue Trooper ne peut pas être considéré comme une bonne expérience. Si le jeu de Rebellion possédait tous les ingrédients nécessaires pour se faire apprécier du public en 2006, aujourd’hui, les exigences ont changé et le titre ne propose malheureusement pas une expérience assez riche pour se faire une place au milieu des ténors du genre que sont Gears of War ou Uncharted. On retiendra tout de même quelques aspects intéressants comme les spécificités apportées par vos alliés ou la partie sonore qui relèvent le niveau, mais dans l’ensemble on ne peut malheureusement pas vous conseiller ce titre, il est d’ailleurs fort probable que Rogue Trooper finisse une nouvelle fois par devenir un simple souvenir évanescent.

0%
Note des lecteurs :
0% (0 votes)


EquipeSwitchActu
29 articles

Switch-Actu est un site dédié à l'actualité de la Nintendo Switch.