The Centennial Case: A Shijima Story, mister FMV – TEST

the centennial case: a shijima story test switch actu 10
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Le genre des jeux en Full Motion Video, avec des séquences filmées constituant tout ou partie du gameplay, revient de loin : dans les années 90, il était souvent synonyme de production au rabais, avec des titres aussi (in)fameux que Night Trap, Voyeur ou Phantasmagoria. Mais toutes les modes sont cycliques, et quelques développeurs malins ont dernièrement décidé de profiter du coût de production bien plus faible lié au genre pour en proposer des déclinaisons intelligentes (on pense notamment à Sam Barlow avec Her Story et Telling Lies). Il est néanmoins plus étonnant de voir un aussi gros éditeur que Square Enix s’y adonner, d’autant plus que sa dernière tentative de faire un jeu avec des séquences en temps réel, The Quiet Man, était un échec clinquant. Pas rancunier, l’éditeur nippon s’est donné les moyens de ses ambitions avec The Centennial Case: A Shijima Story, un nouveau titre offrant un doublage anglophone et des sous-titres en français. De quoi vous immerger sans souci dans cette histoire vous faisant traverser les époques pour résoudre des meurtres.

Attention : Afin de préserver tout le mystère et éviter les spoilers, le jeu ne permet pas de faire de captures d’écran. Les images ci-dessous proviennent donc directement de l’éditeur et sont, pour cette raison, en anglais. Pas d’inquiétude, néanmoins : le jeu que vous achèterez sur l’eShop sera, lui, entièrement traduit en français, des menus aux sous-titres.

Netflix enfin sur Switch

Autrice à succès de romans policiers, Haruka Kagami est invitée par son ami Eiji Shijima dans la résidence familiale, où plane le mystère d’un meurtre non-résolu suite à de vieux ossements qui viennent d’y être retrouvés. Par déduction, l’écrivaine va vite réaliser que la famille Shijima semble être couverte d’une malédiction à cause d’un mystérieux fruit qui contiendrait la clef de la vie éternelle. Pour résoudre le mystère, elle va donc devoir se plonger dans les écrits familiaux et résoudre quatre meurtres s’étant déroulés entre les années 1920 et 1970. Cinq époques différentes, mais un casting qui restera le même : par une pirouette scénaristique (étant donné qu’elle n’a que des écrits comme référence, Haruka va devoir imaginer les gens qu’elle connaît dans le rôle de ces personnages inconnus), The Centennial Case: A Shijima Story justifie son budget costumes, maquillages et postiches, le tout pour le plus grand plaisir des joueurs, qui se retrouvent avec un jeu dans le jeu : “et cette fois-ci, qui c’est qui joue qui ?“.

Le jeu développé par h.a.n.d. (NEO: The World Ends With You) entend bien, cependant, rompre avec les traditions d’antan et peaufiner la forme. En premier lieu avec un casting d’acteurs talentueux (Nanami Sakuraba, Yūta Hiraoka…) qui s’en sort très bien, si l’on accepte évidemment la tradition du jeu “à la japonaise”, toujours sur la ligne fine du surjeu. La réalisation, confiée à Yasuhito Tachibana (The Naked Director) est elle aussi assez réussie, avec un joli soin porté aux cadrages et à la photographie. De quoi bien mettre en valeur les histoires contées, mais aussi les beaux décors typiquement japonais dans lesquelles elles prennent place : une belle (et un peu frustrante, compte tenu de la situation actuelle) invitation au voyage. On a souvent l’impression de se retrouver devant une bonne série télé, et le format du titre invitera d’ailleurs à s’y plonger un épisode à la fois.

Hercule poireaute

Mais il s’agit là d’un jeu, pas d’un film, et il va bien falloir que The Centennial Case: A Shijima Story présente à un moment donné un semblant de gameplay. Celui-ci est clairement découpé en trois phases : dans la première d’entres elles, vous ne serez qu’un simple spectateur devant tenter de suivre le scénario, guetter les expressions suspectes des acteurs, mais aussi déjà formuler quelques hypothèses dans sa tête tel un Columbo en herbe. Par moments, la scène s’interrompra et vous demandera de faire un choix : un semblant d’interactivité qui ne fait pas longtemps illusion quand on comprend que nos choix ne servent qu’à modifier une ou deux répliques, sans conséquences sur le reste de l’histoire. Dommage, on aurait pu par exemple imaginer un système nous faisant passer à côté d’indices après avoir sélectionné la mauvaise option de dialogue. Cette première phase de jeu occupant la très grande majorité de votre temps, votre appréciation du jeu dépendra énormément de votre intérêt pour celle-ci : nous vous conseillons donc de vous y lancer l’esprit frais et reposé, car les mauvaises habitudes prises sur Netflix ou la fatigue d’une journée de travail pourront rapidement vous faire glisser la Switch des mains. On notera néanmoins la présence de petits guides sur les personnages et situations à afficher en bas d’image, de quoi pouvoir se rappeler à chaque instant qui est chaque personnage et ne pas se perdre.

Une fois le méfait accompli par un gredin qui pense bien pouvoir s’en tirer, The Centennial Case: A Shijima Story bascule donc sur sa deuxième phase, consistant à formuler des hypothèses via un palais mental que n’aurait pas renié Patrick Jane. Au début ne se trouve qu’un plateau vide avec un mystère, postulat de base qu’il va vous falloir enrichir à l’aide d’extraits vidéos représentant autant d’indices et vous permettant de formuler des hypothèses. C’est à ce moment là que l’on se rend compte que le jeu a opté pour une approche très accessible : l’échec n’est jamais vraiment sanctionné, même à répétition, et le titre offre par défaut des indices visuels vous permettant d’emboîter les bonnes pièces aux bons endroits. Les méninges ne vont donc jamais trop chauffer et ceux qui espéraient se retrouver devant un Phoenix Wright n’en auront pas vraiment pour leur argent. Les autres, qui sont avant tout là pour l’histoire, pourront cependant en profiter sans bloquer face à un mur. “Le malheur des uns fait le bonheur des autres“, dit-on, mais on aurait aimé avoir différents niveaux de difficulté afin que chacun puisse adapter son expérience.

La dernière séance

Une fois que vous avez formulé assez d’hypothèses, vous passerez dans la dernière phase, une phase d’accusation en présence du criminel supposé dans laquelle vous devrez prouver par A + B son implication dans le crime. Une fois encore, tout cela ne sera pas très difficile et, même en cas d’échec, vous retournerez simplement à l’étape précédente afin d’affiner vos théories. Il faut tout de même admettre que les scénarios sont assez bien écrits pour qu’on ne se sente jamais floués façon point-and-click à l’ancienne. Tout est logique et, malgré les aides, un sourire de satisfaction se dessine sur nos visages une fois le meurtrier démasqué. Un sourire qui vient, dans mon cas, remplacer la grimace d’il y a seulement quelques minutes, quand je pestais pour la énième fois contre un curseur trop lent et dont la vitesse ne peut être modifiée.

Si The Centennial Case: A Shijima Story arrive à satisfaire, cela ne se fera qu’une fois acceptées ses nombreuses limitations. Là où l’on aurait pu s’attendre à un véritable jeu d’aventure en FMV, Square Enix a fait le choix de la cohérence et a refusé toute once de ridicule en choisissant de le transformer en une expérience télévisuelle vaguement interactive, qui fait un peu penser aux jeux sur DVD d’antan. En découle une œuvre qui n’apporte rien de vraiment neuf au genre, mais qui ne le dénature pas non plus comme ont pu le faire tant de titres dans les années 90. Si ce postulat de base ne vous rebute pas, il se laissera suivre avec un certain plaisir, notamment par les fans de dramas japonais et de séries policières. Et il se pourrait même qu’il soit un peu plus rigolo avec un compagnon à vos côtés, histoire de regarder ça et formuler des hypothèses à deux. Vous voilà donc prévenus.

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mister FMV
  • À réserver aux amateurs - 70%
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À réserver aux amateurs

Il serait malvenu de qualifier The Centennial Case: A Shijima Story de mauvais jeu, car le titre arrive à procurer du plaisir et s’avère même assez intéressant à suivre, tant par ses scénarios que dans la façon qu’il a de les mettre en scène. Mais il reste néanmoins un jeu de niche, un jeu pour ceux qui n’auront pas peur d’être guidés et de s’enquiller des heures de contenu filmé sans grande interactivité. Si c’est votre came, alors vous pouvez foncer : vous aller vous régaler.

Les +

  • Scénarios intéressants
  • Très bon casting
  • Bien mis en scène
  • Chouette musique de Yuki Hayashi
  • Arrive à procurer une grande satisfaction

Les -

  • Manque d’interactivité
  • Trop facile
  • Ce maudit curseur trop lent
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lunapolitana
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Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.