The Company Man, solide sur la forme, moins sur le fond – TEST

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Travailler, c’est accomplir une tâche, parfois pénible, et respecter un emploi du temps : mais travailler, c’est aussi supporter des collègues pas toujours agréables et une hiérarchie qui n’hésite jamais à vous marcher dessus et vous faire descendre plus bas que terre. C’est ce qu’a choisi de développer le studio malaisien Forust Games, avec son tout premier jeu intitulé The Company Man, sorti le 21 janvier dernier sur le Nintendo eShop. Vous voilà dans la peau de Jim, un employé de la Good Water Company dont le rêve ultime est de devenir PDG. Pour cela, il va devoir gravir les échelons en affrontant des collègues complètement zinzins et un chef qui ne lui veut pas que du bien. Si le design et l’ambiance du jeu rappellent la série The Office – qui a été une inspiration pour les développeurs, est-ce pour cela que le jeu est tout aussi drôle et déjanté ? La réponse est nuancée, comme nous allons le voir dans les lignes de ce test.

Un scénario bien ficelé et efficace

Jim vient tout juste d’arriver à la Good Water Company, mais il commet une erreur qui rend furax le directeur des ressources humaines, le poussant à reléguer notre malheureux employé au service clients. Jim va alors devoir remonter tous les échelons de l’entreprise :  chaque département représente un niveau, qui vous mènera à un boss qu’il faudra vaincre pour obtenir la promotion tant désirée. Ce sera également l’occasion pour lui de découvrir ce qui se trame dans cette entreprise un peu particulière : on ne fabrique peut-être pas uniquement des bouteilles d’eau à la Good Water Company

La particularité de The Company Man vient du fait que les niveaux se déroulent dans des décors d’entreprise : hall d’entrée, bureaux, ascenseurs, salle des archives, tout y passe.  Les arrière-plans fourmillent de détails, avec des employés dévoués… mais surtout exploités.  Qu’ils soient enchaînés ou en train de geler sur place par manque de chauffage, ils reflètent de manière symbolique les aspects négatifs du monde du travail. Les développeurs ont particulièrement bien réussi à réaliser cette critique de l’univers administratif, en dénonçant également sous les traits de l’humour la domination des employeurs sur leurs salariés.

L’humour, justement, est un des points forts de The Company Man : le jeu est bourré de dialogues tout aussi inventifs et drôles les uns que les autres, avec de nombreuses petites piques adressées au monde du travail. Par exemple, Jim est à lui tout seul la représentation de l’employé hyperactif et assoiffé de pouvoir, à travers sa démarche empressée – comique, là aussi – et son discours rempli d’ambition. Sans vous spoiler les quelques “surprises” du scénario, il mettra tout en œuvre pour enfin accomplir son rêve, même si cela passe par trahir ses collègues. Malgré sa bonne écriture, l’histoire reste assez basique, il ne faut donc pas s’attendre à des rebondissements dans l’intrigue – vous me direz, ce n’est pas vraiment ce que l’on attend d’un jeu du genre.

The Company Man : un potentiel pas assez poussé

Vous l’aurez compris, The Company Man a une ambiance plaisante ainsi qu’une narration par le décor plutôt originale. De manière légitime, on peut alors s’attendre à avoir autant de bonnes surprises du côté du gameplay. Malheureusement, ce n’est pas vraiment le cas : la formule proposée par Forust est tout ce qu’il y a de plus classique dans un platformer. Le saut, le dash, les obstacles à éviter sont évidemment présents, tout comme les ennemis. Eux, au moins, sont plutôt intéressants dans la mesure où ils sont… vos propres collègues. Oui, vous allez devoir affronter la vieille dame désagréable qui range les dossiers dans la salle d’archives ou le collègue hystérique qui vous poursuit sans cesse pour vous rabâcher la même chose. Autant vous dire que c’est franchement enthousiasmant de pouvoir se défouler sur eux, à défaut de pouvoir le faire dans la vraie vie.

Ces ennemis, en plus d’être spécifiques à chaque zone, ont des attaques bien singulières et qu’il convient d’apprendre pour ne pas se faire bêtement surprendre. La difficulté du jeu vient essentiellement du fait qu’on ne peut pas foncer tête baissée sur l’ennemi et le rouer de coups, mais c’est en substance le seul vrai obstacle de la progression. The Company Man est plutôt simple, mais cela ressemble à un choix assumé par les développeurs dans l’optique du speedrun. La structure du titre se prête plutôt bien au genre, même si l’absence d’un chronomètre quelconque limite grandement l’intérêt de cette démarche. Quoi qu’il en soit, les ennemis ne sont pas assez nombreux par endroits, ce qui donne une impression de vide et provoque même de l’ennui parfois. Mélanger adversité et speedrun n’est pourtant pas impossible, comme l’avait montré le génial Splasher il y a quelque temps maintenant.

Comme dit précédemment, The Company Man propose des mécaniques de gameplay classiques, et c’est l’un des reproches principaux qu’on pourrait lui adresser. Le jeu a sa propre identité et ne se prend pas vraiment au sérieux, en atteste son ambiance particulière. Il était donc légitime de s’attendre à un peu plus de “folie” dans le gameplay, mais il ne se révèle pas à la hauteur du reste : hormis les coups classiques, il est possible d’utiliser des attaques spéciales qui consomment de l’énergie. L’idée derrière celles-ci est originale, car on se retrouve avec des armes qui propulsent des mails ou d’autres dangers administratifs, mais elle n’est pas suffisamment poussée dans son exécution. Ces techniques spéciales s’apparentent à une simple arme à plus ou moins longue distance, et leur effet n’est pas aussi renversant que cela. Alors oui, l’ensemble fonctionne bien, aucun doute là-dessus, mais il est loin d’être révolutionnaire ou même jouissif.

“Babababa ? Babababababa !”

D’un point de vue un peu plus technique, The Company Man hérite d’une bande-son classique mais agréable à l’oreille, qui tendra néanmoins à devenir répétitive au fur et à mesure des heures passées sur le titre. L’aspect le plus embêtant vient des bruitages : s’ils sont plutôt amusants au début, ils deviennent rapidement barbants. Pour vous faire une idée de la chose, sachez que les personnages ne parlent pas à proprement parler mais émettent des “bababababa”, avec quelques variantes dans les intonations tout de même. A la longue, inutile de vous cacher que cela devient redondant et désagréable et qu’on cherche à passer au plus vite les dialogues pour éviter ces bruitages pendant les 6 heures de jeu proposées – ce qui est dommage lorsque l’on connaît la qualité de l’écriture.

Bouclons ce test de manière positive avec la jouabilité générale de The Company Man. Que ce soit en mode TV, sur table ou en portable, Joy Con ou manette Pro, le titre reste tout à fait plaisant et l’expérience ne change pas drastiquement, même si la Switch version OLED est forcément plus agréable à l’œil – vraiment, procurez-vous la. Etant donné le choix de la direction artistique et de la 2D, le jeu n’est pas très exigeant techniquement parlant et donne un rendu très propre en termes d’affichage et de fluidité, et ce sur TV ou en mode portable. L’interface est très simpliste et si on salue la compatibilité avec les vibrations HD – n’apportant toutefois pas grand chose -, on déplorera encore une fois l’absence de statistiques portant sur le temps consacré à chaque niveau.

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  • Un bon platformer mais qui manque de piquant - 70%
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Un bon platformer mais qui manque de piquant

Pour un premier jeu, Forust livre une copie tout à fait honorable avec The Company Man. Les codes des jeux de plateforme en 2D sont bien présents, avec des décors inspirés d’une entreprise et une écriture au top. Le gameplay, même si réussi, n’est pas aussi inspiré que le reste du jeu et se contente d’être classique, alors qu’il y avait matière à faire quelque chose d’un peu plus original et intéressant. Si on devait résumer l’expérience en quelques mots, voilà ce que l’on pourrait dire : la forme est mieux réussie que le fond. Malgré tout, on prend du plaisir à vivre cette critique caricaturale du monde du travail, et c’est là le principal.

Les +

  • Un gameplay pas désagréable…
  • La direction artistique, réussie et originale
  • Une ambiance particulière
  • Une écriture de qualité
  • Une critique du monde du travail caricaturale mais efficace

Les -

  • …mais manquant du brin de folie qu’a le reste du jeu
  • Des bruitages qui finissent par être lourds
  • L’aspect speedrun a été oublié
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Leotendo23
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Etudiant de 23 ans, joueur Switch/Xbox passionné de jeux vidéo depuis Super Mario Galaxy. Je suis particulièrement fan de Mario, Zelda, Splatoon mais aussi d'autres licences comme Assassin's Creed, Ori ou bien les jeux de tennis en général.