Jeu hybride mélangeant action/platformer et Metroidvania, The Messenger a été publié par Devolver Digital en 2018. Pourquoi, donc, en faire un test maintenant ? Premièrement pour donner à certains d’entre vous l’envie, pourquoi pas, de s’y plonger. Deuxièmement, car Sea of Stars, le prochain titre de Sabotage Studio prévu pour l’hiver prochain, se passera dans le même univers et contiendra donc probablement des références au premier jeu de ses auteurs. Et troisièmement, et c’est sans doute le point le plus important : parce que les ninjas, c’est vraiment cool.
Une histoire d’amour
The Messenger est né de l’amour de Thierry Boulanger pour Ninja Gaiden 2 : comme il l’explique dans l’intéressante vidéo postée par Devolver qui revient sur la création du jeu, il a voulu faire retrouver aux joueurs le plaisir enfantin de jouer à une chouette aventure avec des ninjas, sans les défauts inhérents aux titres de l’époque (comme il le dit, “ce qui nous manque, c’est d’avoir neuf ans, pas les contrôles rigides et la musique répétitive”). Avec l’aide de l’équipe, qu’il remercie ingame d’une très émouvante manière, il a pu donner vie à cette histoire qu’il a complètement écrite. Une histoire épique, prenante, certes pas foncièrement originale per se, mais avec des dialogues qui savent faire passer un humour parfois hilarant, sans jamais prendre le pas sur l’aventure que vous vivez. Le jeu ayant été développé au Québec, il est évidemment entièrement disponible en français afin de ne louper aucune blague.
De manière générale, tout dans The Messenger transpire l’amour. L’amour pour les autres jeux de ninjas, dont on sent qu’ils ont été étudiés afin d’en faire ressortir la substantifique moelle, mais aussi l’amour pour le travail bien fait. J’ai rarement eu l’occasion de poser mes mains sur un jeu indépendant où le peaufinage de chaque aspect était si tangible. Les niveaux semblent avoir été travaillés encore et encore jusqu’à trouver cette forme finale, cette alchimie qui maintient l’engagement et l’intérêt du joueur tout en lui offrant un challenge adapté. Vous allez mourir, et possiblement même des centaines de fois, mais jamais vous n’aurez envie de poser votre manette car chaque épreuve semblera à votre portée. Il faut dire que contrôler le personnage principal s’avère un réel plaisir, avec une panoplie de mouvements vous permettant de traverser les niveaux à toute vitesse en voguant au-dessus de vos ennemis ou bien de rester prudent et terre-à-terre. Les animations font la bonne durée et les hitboxes sont assez permissives pour ne jamais frustrer, offrant une sensation dans le platforming rétro qui pourrait se mesurer à celle de Celeste. Comme un bébé apprenant à marcher, on va de mieux en mieux maîtriser le jeu pour au final ne faire qu’un avec lui.
Le messager sonne toujours deux fois
Comme dévoilé par la bande-annonce, The Messenger joue doublement sur la dualité, non seulement grâce aux deux genres qu’il mélange, mais aussi dans son aspect visuel : votre personnage pourra voyager dans le futur, et les graphismes passeront pour l’occasion du 8-bits au 16-bits, avec des compositions qui feront aussi la transition en devenant plus étoffées, moins agressives, en 16-bits. Plusieurs portails existent dans les niveaux afin de passer d’un univers à l’autre, certains éléments ou passages ne pouvant être découverts que dans le passé, ou inversement. Cela permet aux développeurs de proposer quelques énigmes, dont la difficulté montera en flèche au fur et à mesure de votre progression. Visuellement, la transition est aussi réussie, les deux époques étant bien rendues grâce à un pixel art travaillé et superbe avec quelques petites astuces, notamment au niveau de l’éclairage, qui rendent le tout plus doux pour nos yeux habitués à la HD que ce qui était proposé à l’époque. On est plus sur de l’hommage que de la contrainte, et c’est tant mieux.
À trop vouloir en faire, le titre de Sabotage Studio s’égare cependant un peu par moments, et la seconde partie du jeu contient deux ou trois objectifs un peu moins clairs : heureusement, il vous sera possible d’acheter des conseils auprès de la boutique afin de comprendre ce que l’on attend de vous. Mais point de crainte à avoir : si vous explorez tous les niveaux de The Messenger, vous trouverez sans aucun souci les objets nécessaires à votre progression : qui plus est, au fur et à mesure des améliorations achetées en boutique, vos déplacements se trouveront facilités et vous pourrez dès lors traverser les univers à la vitesse de l’éclair, aidé par les checkpoints bien placés qui vous sauveront la mise en cas d’échec. Notons au passage que la mort n’est pas pénalisante dans le jeu : à chaque fois que vous périrez, vous serez juste suivi pendant quelques temps par un petit démon qui, en échange de votre résurrection, récupèrera un peu de votre loot. Encore un choix très intelligent pour un titre qui en contient déjà un certain nombre.
Des shurikens dans les yeux
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Un coup d'essai et déjà un coup de maître - 90%90%
Un coup d'essai et déjà un coup de maître
Incroyablement maîtrisé, a fortiori pour une première œuvre, The Messenger est un titre aussi agréable à jouer qu’à contempler. Rendant hommage aux cadors du genre, à commencer par Ninja Gaiden, il n’oublie jamais l’importance d’offrir une proposition inédite, ce qu’il parvient à faire avec brio. Dur de ne pas être conquis face à ce jeu au gameplay aussi travaillé que son level design, dans lequel il est plus agréable de se mouvoir que dans beaucoup de AAA. Chapeau les artistes.
Les +
- Très agréable à prendre en main
- Jouabilité parfaitement dosée
- Musique exceptionnelle
- Pixel art travaillé
- Drôle quand il le faut
- Un univers intéressant que l’on a envie de retrouver
Les -
- Quelques objectifs un peu abscons
- Trop peu de variété dans les ennemis
Ca fait un p’tit moment qu il est sur le marché celui là
Il est ds mon top 20 de la Switch