«Miroir mon beau miroir, dis-moi qui produit les meilleurs RPG occidentaux». Voici en substance ce que pouvait demander Obsidian au plus magique de ses reflets, en ayant l’assurance de s’entendre répondre à chaque fois un magnifique « Vous mon cher. Kotor 2, Pillars of Eternity et Fallout: New Vegas en sont la preuve». Les années passèrent et l’aura du studio s’éroda en même temps que de nouveaux et nombreux concurrents apparaissaient sur le marché. Bientôt devenu rouge de colère et vert de jalousie, le studio américain se retourna face à son miroir favori et lui posa encore une fois la même question. La réponse fut cette fois sans appel : « Vous avez perdu votre trône mon enfant. Bien d’autres équipes de développement ont atteint votre niveau ou vous ont parfois même surpassé». Saisie d’effroi Obsidian voulut savoir comment il pouvait reprendre la main. «Vous ne serez plus les maîtres de l’industrie du RPG occidental, mais il reste toujours un petit territoire à conquérir». Comprenant immédiatement les dires de son interlocuteur, Obsidian se tourna vers Private Division et cria : «Qu’on m’appelle Virtuos Studio immédiatement et qu’on prépare notre chevalier The Outer Worlds, nous partons marcher sur les terres de la Nintendo Switch !».
The Ouch worlds
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le voyage a été visiblement plus dur que prévu. Il convient effectivement de vous prévenir du piteux état visuel et technique de The Outer Worlds sur notre très chère console aux Joy-Con avant toute tentative de se pencher sur les qualités intrinsèques du jeu. Ne tournons pas plus longtemps autour du pot : le résultat est tout bonnement calamiteux. The Outer Worlds semble avoir perdu la moitié de ses textures et de ses assets visuels en chemin et peine à afficher une résolution décente pour nous permettre de jouer dans de bonnes conditions – que ce soit en mode portable ou en mode docké. On est très loin des 1080p/30fps sur TV et 720p/30fps en nomade annoncés peu avant sa sortie par Obsidian. Pire, ces «concessions» graphiques ne s’accompagnent absolument pas des 30 fps constants qui devaient être là pour nous aider à nous faire avaler l’une des plus grosses pilules sorties – à 59,99 € tout de même – sur le Nintendo eShop cette année. De nombreuses chutes de framerate sont à déplorer quand ce n’est tout simplement pas un écran de chargement comme on peut en voir sur YouTube qui prendra le relais pour laisser le temps au jeu de reprendre son souffle. Soyons clairs, si vous avez une autre console ou un PC, vous n’avez aucun intérêt à acheter The Outer Worlds sur Nintendo Switch, excepté si vous êtes prêts à confondre n’importe quels ennemi avec les rochers du décor ou si vous aimez rester bloqué, de longues minutes durant, dans les textures du jeu.
Le RPG spatial d’Obsidian nous est donc arrivé en boitant et bien cabossé sur Nintendo Switch et ce n’est pas le seul à avoir visiblement passé un mauvais quart d’heure. Dès le lancement du jeu, nous assisterons ainsi au réveil de notre héros principal par un savant fou, accessoirement recherché dans tout le système d’Halcyon, après une hibernation accidentelle de plus de soixante-dix ans. Et pas le temps de souffler, car nous n’aurons le droit qu’a cette courte cinématique d’introduction – qui sera d’ailleurs l’une des seules séquences qui ne vous demandera pas de porter des lunettes de près – avant que le jeu décide de nous noyer sous une bonne couche de tableaux de statistiques à monter pour notre personnage. Attributs, compétences et autres aptitudes sont de la partie et seront plus tard rejoints par les améliorations de nos armes et de nos armures ainsi que par les avantages, déblocables après chaque niveau pair atteint. Façonner son explorateur de l’espace parfait est à portée de main et rien ne vous empêchera de vous lancer dans l’aventure de The Outer Worlds au côté d’un explorateur beau parleur ou d’un imposant et redoutable guerrier. Pour ma part, j’ai choisi dans ma partie principale de miser sur la furtivité et le piratage.
Un monde d’écart
Dans cet univers à mi-chemin entre conquête spatiale, art déco et ultra libéralisme et où la vie de chaque citoyen n’a de valeur que grâce aux contrats qui les lient avec l’une des nombreuses entreprises d’Halcyon, nous devrons tirer notre épingle du jeu pour atteindre notre but : réveiller tous les autres colons en sommeil de votre transport spatial. Pour cela, nous devrons traiter avec de nombreux acteurs allant de la compagnie de mise en boite de thon de l’espace, à la petite équipe de rebelles cherchant a s’émanciper de ce monde régi par le profit. En bon mercenaire de l’espace que nous sommes, nous devrons donc aller de mission en mission pour l’une ou l’autre faction, tout en veillant à garder notre réputation auprès d’eux à un niveau acceptable. Tout cela marche plutôt bien et nous donne réellement l’impression que chaque choix de dialogue, que chaque vie que nous prenons ou que chaque mission réussie influe réellement sur les événements en cours sur la planète où nous nous trouvons.
Et des planètes, nous allons en visiter. Organisées en zones semi-ouvertes et accessibles après de longs temps de chargement, elles ne seront malheureusement pas à la hauteur de la trame principale qui nous forcera à les explorer. Les environnements sont trop peu diversifiés et bien trop vides et rien ne vient récompenser l’exploration. Nous trouverons bien quelques armes ou autres babioles au cours de nos pérégrinations, mais cela reste anecdotique. Surtout, tout cela semble trop artificiel et les grosses ficelles apparaissent bien vite. Le nombre incalculable de poubelles remplies de loot parfois improbables – qui mettrait armes et munitions au rebut dans un monde aussi dangereux – qui garnissent les paysages du jeu ou les canidés bien trop puissants, alors que ces mêmes bêtes ne vous ont posé aucun problème 10 minutes avant dans une autre zone, sont autant d’éléments qui viennent mettre à mal notre suspension d’incrédulité et qui nous pousseront à plutôt utiliser le voyage rapide.
À vrai dire, c’est bien toute la structure du jeu qui semble venir d’un autre temps. Le schéma est presque toujours le même : nous arrivons sur une planète, un PNJ nous accueille et nous donne une ou plusieurs quêtes qui nous amèneront à découvrir encore plus de nouveaux PNJ, qui auront à leur tour leurs lots de quêtes annexes à nous proposer. On se retrouve à ce rythme bien vite noyé sous le nombre de nouvelles entrées dans notre journal de quête. Sauf que la plupart de nos missions ne seront que de vulgaires quêtes fedex où nous irons transmettre tel ou tel objet. Le clou du spectacle, c’est que bon nombre de nos interlocuteurs auront exactement – et littéralement – les mêmes visages inexpressifs, qu’aucune mise en scène ne viendra sauver.
La carotte et le bâton
Tout le paradoxe de The Outer Worlds se situe ici : le jeu nous donne d’un côté l’impression d’avoir une infinité de choses à faire et de manières de progresser, tout en rendant son contenu optionnel tellement laborieux que nous finissons par nous concentrer uniquement sur la quête principale de l’autre. Il en va de même pour les combats du jeu : sur le papier, vous pouvez plutôt vous la jouer discret pour atteindre vos différents objectifs sans faire couler la moindre goûte de sang. Dans la réalité, votre seul moyen de rester furtif est bien souvent limité aux fameuses hautes herbes magiques, placées sans grande cohérence dans les environnements du jeu et tuant toute velléité de continuer ce style de jeu sur le long terme. D’autant plus que l’IA de vos ennemis sera incapable de vous voir lorsque vous serez à moins de deux mètres d’eux, caché dans votre bosquet, alors qu’elle vous repérera sans problème à plusieurs dizaines de mètres après que vous ayez tiré au sniper sur l’un de leurs camarades avec un silencieux. Là encore, nous finissons, à la longue, par n’utiliser qu’une seule et unique méthode pour en finir au plus vite : le bourinage à l’arme automatique.
Heureusement, les sensations de tir sont correctes et les gunfights sont plutôt exempts de tout reproche si l’on oublie quelques soucis de lisibilité sur le placement de nos ennemis et la localisation des tirs adverses – sûrement à mettre sur le compte de mes piètres qualités de joueur de FPS. Vous pourrez également compter sur vos compagnons de jeu. Contrôlé par l’IA et rejoignant votre équipage après certaines quêtes optionnelles, vous pourrez les équiper, développer leurs talents et leur assigner quelques rudiments de stratégie (style de combat agressif ou défensif par exemple) pour vous aider à venir à bout de vos adversaires. Si tout cela reste là encore anecdotique, force est de constater qu’ils vous sauveront parfois la mise lors de situations bien mal engagées et que leur personnalité marquée les rendra parfois plus qu’attachants.
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The Outer Worlds, l'accident industriel - TEST
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It's a trap ! - 45%45%
Summary
Formule RPG datée et technique honteuse feront de The Outer Worlds l’un des fers de lance des portages ratés sur Nintendo Switch. La question se pose réellement : quel est le but de sortir The Outer Worlds dans un tel état mis à part pour en vendre quelque pelletées à 59.99€ ? C’est bien dommage, car si le titre d’Obsidian n’est assurément pas l’un des meilleurs jeux sortis ces derniers temps, son arrivée sur Nintendo Switch vient, au final, porter un méchant coup à son image d’honnête action RPG.
Les +
- L’écriture de la quête principale
- L’humour de certains dialogues
- Les gunfights
- La personnalité de vos compagnons
- La personnalisation complète des caractéristiques de votre avatar
Les -
- Une technique honteuse ruinant toute l’expérience de jeu
- De nombreuses quêtes annexes sans grand intérêt
- L’infiltration dans les faits pratiquement impossible
- De temps de chargement trop longs et trop nombreux
- Des PNJ copiés collés répartis dans tout l’univers du jeu
- Un monde semi-ouvert sans grande cohérence
- Une mise en scène inexistante lors des phases de dialogues
- L’IA de vos ennemis est aux fraises
Testé sur PC pour 1€ grâce au Xbox Game Pass. Prometteur, je l’ai vu comme étant le Fallout 4 qui aurait dû sortir. Finalement, le monde est très vide, on s’ennuie vite. Tous les lieux vivants sont liés à des quêtes, on est loin d’un Elder Scrolls qui a un univers complet indépendant de la trame principale. Dommage.
Et sinon ils nous le sortent quand Pillars of Eternity 2 sur Switch !?! Ça fait déjà un bail qu’il est sorti sur les autres plateformes et plus d’un an qu’ils l’annoncent sur Switch (et ils nous ont sorti le 1 entre temps sans jamais nous l’avoir promis par contre)
J’ai un peu peur de devoir se faire à l’idée qu’il n’arrivera jamais, même je continue de garder l’espoir de le voir un jour débarquer sans crier gare.
Quelle gâchis…
Dire que j’avais failli le précommander…. Quelle erreur ça aurait été !
En attendant un patch salvateur?? Ou à 10€ 🙂
je voulais le prendre mais apparemment c’est une vrai merd. !!