Paru au milieu de l’année 2019 au Japon et repoussé depuis ailleurs en attendant de savoir si lesdits Jeux pourraient se tenir, le jeu officiel de SEGA censé les accompagner arrive enfin chez nous pour tenter de nous entraîner dans l’ambiance de cette fête mondiale du sport. Proposant tout juste dix-huit sports, le studio japonais va tenter avec Jeux Olympiques de Tokyo 2020 de dépoussiérer un peu l’antique genre du “Track & Field like” afin d’animer vos soirées estivales. Certes, vos amis risquent un peu de tiquer sur la très étrange direction artistique qui n’a pas su choisir entre cartoon et réalisme, mais cela ne fera qu’augmenter l’hilarité générale lors de certaines épreuves, surtout avec un coup dans le nez – l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. Enfilez donc vos plus belles tenues de sport et échauffez vos doigts pour éviter les tendinites : c’est parti pour le test !
En le lançant, Jeux Olympiques de Tokyo 2020 vous invitera, après avoir admiré sa sublime interface, à créer un avatar à votre image – ou non – avec un éditeur étonnamment complet qui vous permettra de donner naissance à la monstruosité de votre choix : j’ai pour ma part créé un certain Étienne, ancien mineur dans le Nord de la France, qui va se retrouver à participer à toutes les épreuves des olympiades à la suite d’une manifeste erreur administrative de la part du CNOSF. C’est donc accompagné de vrais athlètes et de toute sa bonne volonté qu’il va devoir tenter de gagner dans dix-huit sports différents : 100 mètres, football, judo, … Attendez, j’ai une suggestion : et si, plutôt qu’un inventaire à la Prévert, je vous proposais un test de chacun des sports ? En voilà une idée originale et jamais vue !
100 mètres
L’épreuve indissociable de ce genre de jeux est de retour : cette fois-ci, la technique du briquet ne vous amènera pas bien loin puisqu’il vous faudra marteler le bouton B pour accélérer avant d’y associer une direction afin d’obtenir une “super accélération“. Rien de bien foufou jusqu’ici, me direz-vous, mais à l’image de tout le jeu, cette épreuve recèle des subtilités déblocables sous forme d’astuces : vous pourrez, par exemple, charger votre accélération avec ZL ou vous pencher en avant avec L. Le gameplay est donc bien approfondi et maîtriser tout cela s’avèrera indispensable afin d’espérer gagner lors d’une épreuve finale qui vous demandera de battre le record du monde. On appréciera néanmoins le fait de ne pas s’être cantonné à la facilité, tout en regrettant que les astuces nécessitent de longues circonvolutions afin de pouvoir être lues.
Baseball
Sans doute à cause de la popularité de cet ennuyeux sport au Japon, le baseball est ici extrêmement complet, au point où il s’agit sans aucun doute du sport le plus compliqué à prendre en main, que ce soit dans la position du batteur (qui recycle quelque peu le mini-jeu de baseball de Yakuza 5) que dans celle du lanceur, qui devra gérer les nombreux effets à appliquer à la balle. Pas bien passionnant pour un béotien du sport, mais sans doute très intéressant pour les fans.
110 mètres haies
Une variation du 100 mètres, avec un simple petit twist : il vous faudra utiliser le joystick gauche pour sauter les haies au bon moment. Le timing est très précis, et devenir médaillé d’or vous demandera de réessayer à maintes reprises. Une épreuve assez peu intéressante, néanmoins, une fois que l’on a compris de quoi il en découle.
Basket-ball
Bien évidemment, ce n’est pas NBA 2K et les contrôles se réduisent à leur strict minimum (bloquer, courir, sauter, tirer). Oui, mais : le basket de Tokyo 2020 arrive étonnement bien à retranscrire les sensations du vrai jeu, tout en proposant une profondeur plutôt intéressante pour qui sera tenté de s’y intéresser plus d’une fois ou d’affronter des adversaires en ligne. Dommage, et on le verra dans les autres sports en équipe, que l’intelligence artificielle des alliés soit autant à la ramasse.
Lancer du marteau
Le lancer de marteau est l’épreuve la plus basique et “track-and-fieldesque” du jeu : c’est donc, comme il se doit, la première dans laquelle notre cher Étienne a remporté une médaille d’or. Ce n’est pas forcément le sport sur lequel on reviendra après de nombreuses heures de jeu, mais c’est celui que l’on fera découvrir en premier à nos amis.
Football
Une catastrophe. Il n’y a pas d’autre mot pour définir le football qui nous est proposé par Tokyo 2020. Bien entendu, il s’agit là d’un sport très difficile à simuler, de par la grande variété des actions et leur côté rapide et aléatoire. Mais là, on a juste l’impression de jouer à une version 3D de Super Soccer, la faute à des trajectoires de balle simplistes et, surtout, à la grande bêtise de l’intelligence artificielle qui nous offre plus d’hésitations et de déchet technique que Jules Koundé durant le match contre le Portugal. Au moins, on rigole.
Saut en longueur
En sus des paramètres habituels (timing du saut, vitesse de l’accélération), SEGA a tenté d’intégrer ici deux autres composantes : l’angle du saut, qui se calculera en fonction de l’inclinaison de votre joystick, et l’angle de retombée, qui dépendra du moment où vous appuierez sur Y en l’air. En résulte une épreuve plutôt très intéressante, qui ne souffrira pas du même problème de répétitivité qui en frappe certaines autres. De quoi garantir de longs moments de fun en groupe.
Volleyball de plage
Vous connaissez le beach volley, et tout ce à quoi vous auriez pu vous attendre est disponible ici : les matchs se règlent souvent à coup de smash ravageurs et d’effets dont vous aurez le secret, tandis que vous et vos adversaires jouerez avec les nerfs de l’autre. Une fois n’est pas coutume, l’intelligence artificielle est plutôt fonctionnelle. En revanche, les coups spéciaux à utiliser (disponibles dans tous les sports d’équipe) sont comme ailleurs complètement inutiles.
100 mètres nage libre
L’expérience de SEGA dans les bornes d’arcades et les mini-jeux débiles est mise ici à profit avec un sport se basant avant tout sur un jeu de rythme vous demandant de faire glisser au bon moment les deux joysticks : un coup à prendre, et surtout aucun droit à l’erreur pour espérer décrocher la médaille d’or, encore jamais atteinte malgré de très nombreuses heures de jeu.
Tennis de table
Comme “en vrai“, une bonne partie de votre réussite au tennis de table de Tokyo 2020 dépendra des effets de balle que vous arriverez à placer ainsi que de votre capacité à vous replacer après chaque coup. Le sport pêche en revanche par sa maniabilité, qui vous voit renvoyer les balles avec le joystick et non un bouton, ce qui s’avère assez pénalisant sur Switch – bien plus que sur PlayStation.
200 mètres quatre nages
Bien différent (et aussi plus facile) que l’épreuve du 100 mètres nage libre, le 200 mètres quatre nages vous demandera de faire bouger les joysticks différemment pour chaque nage, mais aussi et surtout de bien gérer votre énergie afin de ne pas vous griller dès le début. Vous n’aurez aucun mal à triompher de l’IA ici, mais battre vos amis sera une autre paire de manches.
Tennis
Contrairement au ping-pong, les développeurs de Tokyo 2020 ont ici choisir de vous faire utiliser les boutons pour renvoyer la balle, et c’est tant mieux ! Les matchs n’en sont que plus plaisants, et avec des possibilités pour lober, amortir et slicer, le tennis est ici plus intéressant que dans certains jeux dédiés à ce sport. La seule petite ombre au tableau réside dans la répétitivité des bruitages, qui n’arrivent jamais à animer les parties.
BMX
L’épreuve de BMX n’est pas vraiment la plus réussie du jeu. L’aspect “gestion de la trajectoire“, qui est l’élément primordial des jeux de course en principe est ici pratiquement inexistant, et la seule difficulté résidera dans le fait de marteler un bouton sans se fatiguer et de prendre les bons obstacles au bon moment pour gagner de la vitesse. Autant vous dire que vous n’aurez aucun mal à finir premier, et que vous ne reviendrez pas sur l’épreuve avec vos amis.
Boxe
Comme c’était le cas dans Fight Night Champion, vous allez ici donner des coups dont la nature dépendra de l’inclinaison du joystick : un système assez simple à prendre en main mais dur à maîtriser, qui garantira une bonne rejouabilité à l’épreuve. Si bourriner est tentant, cette option ne sera jamais efficace et bien gérer votre garde sera primordial pour gagner.
Escalade sportive
Des duels courts et intenses : voici ce que vous offrira l’escalade sportive, qui vous demandera d’incliner le joystick afin de grimper. Cela semble simple sur le papier, mais vos réflexes seront grandement sollicités (il vous faudra en effet incliner le joystick vers l’avant ou vers l’arrière en fonction de la couleur de la prise) et l’angle de l’inclinaison devra être le plus parfait possible afin de ne pas perdre de temps. Les matchs ne se jouent souvent à pas grand chose, ce qui nous pousse à prendre notre revanche dès ceux-ci finis.
Rugby à 7
Contrairement au foot, le rugby a bénéficié d’un soin plus important de la part de SEGA, qui a réussi à simplifier le sport sans le vider de sa substantifique moelle. Le but sera toujours d’avancer avec le ballon en ne succombant pas aux assauts des adversaires, ce qui vous demandera de bloquer et faire des passes au bon moment. Un peu trop facile contre l’IA, cependant, en partie car c’est le seul mini-jeu dans lequel le coup spécial est vraiment utile.
Relais 4×100 mètres
Malgré de nombreux efforts palpables, le relais n’est pas l’épreuve la plus intéressante de Tokyo 2020, la faute à une trop grande difficulté : c’est bien simple, il vous faudra faire un sans faute à tous les niveaux (départ, course et passer de bâton) afin d’espérer gagner ici. La frustration prendra rapidement le dessus sur le fun, et vous passerez vite à autre chose.
Judo
On sent que les développeurs sont japonais, car ils ont parfaitement su retranscrire les sensations de cet art martial japonais au niveau du gameplay. Comme en vrai, le but ici ne sera pas d’être plus fort que l’adversaire, mais d’exploiter sa force et sa fatigue pour le mettre à terre : cela se traduit, manette en main, par des duels de pressage de bouton dans lesquels il faudra être beaucoup plus malin que bourrin. Appréciable contre l’IA, le judo est carrément exceptionnel contre des amis aussi roublards que vous.
En lisant tout cela, vous vous dites sûrement que le bilan de ce jeu officiel Tokyo 2020 est positif, et vous auriez raison ! Le studio en charge de la réalisation s’est donné du mal pour donner de la profondeur à la grande majorité des sports présents dans la compilation, ce qui permet d’en faire un titre que l’on prendra plaisir à ressortir lors de soirées entre amis. Cette profondeur se fait en revanche au détriment de la simplicité des contrôles, et il vous faudra donc deux paires de Joy-Con (ou deux manettes Pro) pour en profiter avec un copain. Les seules choses qui gâcheront la fête, au final, seront les trop longs temps de chargement (pourtant plus courts sur Switch que sur PS4), ainsi que les serveurs en ligne, trop souvent vides.
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Un sympathique cocktail estival - 65%65%
Un sympathique cocktail estival
Jeux Olympiques de Tokyo 2020 aborde son sujet d’une façon originale : sérieusement et avec envie de bien faire dans chaque sport. C’est parfois raté et cela pourra décontenancer les joueurs qui cherchent du fun simple et rapide, mais cette proposition intelligente permet à la fois d’augmenter la durée de vie du jeu tout en le démarquant bien de Mario & Sonic aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Et puis on s’amuse, et c’est sans doute ça le plus important.
Les +
- Interface sobre et élégante
- Belle courbe de progression dans tous les sports…
- … tout en restant facile à prendre en main
- Plutôt joli graphiquement
- Très amusant en soirée
- Le judo, malin comme tout
Les -
- Menus pas toujours clairs
- Le football, complètement raté
- Les temps de chargement
- Sound design plat et peu travaillé