Après nous avoir enchanté sur Super NES dans les années 90, puis alterné bons et moins bons moments depuis lors, Yoshi remet le couvert pour le plus grand plaisir de ses fans. Fini la laine de la WiiU et de son Woolly World, vive le carton de Yoshi’s Crafted World sur Nintendo Switch ! Alors que la démo du mois de mars (2019) ne m’avait que peu convaincu, j’ai choisi de faire confiance à Nintendo, sur le principe de trouver dans le jeu les éléments de la franchise Yoshi que j’apprécie : un système de jeu précis et permissif, un univers mignon et agréable, un humour candide ainsi qu’une bande son entraînante.
Car dans les faits, malgré un épisode N64 plutôt moyen et un autre carrément mauvais sur 3DS (oui New Island je parle de toi), mon bilan avec le petit dinosaure vert reste complètement positif, car j’ai pu profiter de ces différents éléments à chacun de mes rendez-vous avec les différents opus auxquels j’ai pu jouer. Pour celui-ci, je pense que la meilleure manière de vous transmettre ce que j’ai ressenti est de suivre les différents étapes de mon cheminement émotionnel, en commençant par ce qui m’a déplu, pour ensuite tendre vers ce qui m’a plus que convaincu. En route vers la quête des 5 gemmes!
Yoshi’s Crafted World : Le carton, ça craint l’eau …
Tout d’abord, et c’est sans doute purement personnel, la direction artistique m’a laissé de marbre tout au long de l’aventure. Le carton en mode loisir créatif dans un jeu de plateforme représente pour moi un pilier d’une autre franchise très connue chez Sony : Little Big Planet. Compliqué donc de m’y plonger avec Yoshi, même si la philosophie n’est pas opposée. Problème, je n’ai pas trouvé convaincant le rendu présenté ici : ce n’est pas ni beau, ni fouillé, plutôt vide et pas si « mignon ». Les décors sont souvent vides, manquent d’âme, et présentent souvent des parties floues. C’est d’autant plus dommage qu’il faut les fouiller en permanence afin de trouver les fleurs et les pièces rouges indispensables aux fans de collectionnite aiguë. Notez d’ailleurs que je n’en fais pas partie, et pourtant cela m’a dérangé, imaginez pour ces derniers.
Question gameplay, on se retrouve avec la formule classique : un double saut « plané », l’absorption d’ennemis avec la langue et un lancer d’oeuf qui permet de combattre ou déclencher des interrupteurs. Le double saut très permissif, d’ailleurs, devra être usé voir abusé dans les niveaux les plus complexes afin d’obtenir les précieuses fleurs permettant de débloquer les mondes suivants. L’absorption d’ennemis, elle, permet toujours de pondre des œufs pour ensuite les lancer sur d’autres antagonistes ou actionner des éléments dans le décor. Néanmoins, et c’est le premier point dommageable factuel, pourquoi avoir retiré la possibilité au joueur de choisir entre pondre un œuf ou recracher l’ennemi directement ? On y perd en dynamisme et en fluidité, mais aussi en fun. La possibilité de garder en ennemi dans sa bouche pour le recracher en cas de coup dur n’est donc plus de la partie.
Ensuite, si la carte du monde de Yoshi’s Crafted World n’est ni belle ni pratique et a la mauvaise idée de saccader (oui, tout ça), on ne comprend toujours pas ce choix de devoir débloquer les « mondes » grâce aux fleurs bonus glanées dans les niveaux. Au-delà de forcer le joueur à les collecter alors que cela ne l’intéresse pas forcément, les développeurs ont en plus eu la bonne idée de souvent les cacher dans des endroits retors que le novice ne verra pas forcément. Le jeu en devient plus difficile dans sa progression, ce qui va à l’encontre de la proposition de base qui me semblait être « un jeu de plateforme accessible avec du défi pour qui le souhaite ».
En outre, amis mélomanes, même si vous n’attendez pas forcément d’un jeu de la franchise Yoshi une bande originale du niveau du récent RPG Octopath Traveler par exemple, celle-ci est néanmoins vraiment très oubliable, on aurait aimé qu’elle soutienne un peu plus cette mignonne petite aventure (spoiler pour la suite). Pour en finir avec cette partie concernant les aspects négatifs de Yoshi’s Crafted World, vous pouvez acheter des tenues avec les pièces normales que vous gagnez dans les niveaux. Quand je dis « normales » c’est en référence aux pièces jaunes classiques, pas les rouges qui vous octroient une fleur bonus quand vous en collectez 20 dans un même niveau. Quoiqu’il en soit, ces tenues, que je trouve personnellement immondes, sont d’une inutilité quasi totale. D’après ce que j’ai compris, et ça reste obscur, elles servent plus ou moins de bouclier quand vous vous faites toucher. Ok, super.
… mais moins que le papier
Si vous êtes encore là, vous en êtes peut-être à vous dire que Yoshi’s Crafted World est au mieux moyen, au pire vraiment pas terrible. Et bien laissez-moi vous guider pour vous montrer qu’il vous réserve quelques surprises rattrapant largement ses défauts. Déjà, les idées de game design pullulent tout au long des niveaux. Au-delà de micro-bonnes idées comme des nénuphars qui flottent le long d’une rivière pour nous permettre d’avancer ou des aimants qui s’agglutinent à des surfaces en métal pour escalader des parois, c’est la nature même du jeu qui a été repensée. En effet, on joue sur plusieurs plans, deux à trois, avec des éléments à déclencher ou à récupérer sur un plan différent, ce qui permet de débloquer la suite du niveau ou des bonus. On se retrouve donc à parcourir les niveaux de manière beaucoup moins systématique, et de remplacer le schéma “je pars du point A sur la gauche de l’écran pour aller au point B tout à droite” pour quelque chose de plus proche du RPG, avec certaines parties de niveau n’ouvrant le passage pour la suite que si certains éléments sont récupérés. C’est simple mais très efficace pour dynamiser l’ensemble et apporter de la fraîcheur à la série.
D’ailleurs, en parlant de fraîcheur, certains niveaux sont même complètement différents et proposent un gameplay de type course en véhicule ou tir sur rail à la Time Crisis (le décor avance seul, vous n’avez qu’à bouger sur une zone limitée et à tirer), mais avec des œufs. C’est amusant, on en redemande ! S’il aurait été préférable parcourir encore plus de niveaux frais et bien pensés, force est de constater que j’aurais poussé le bouchon. En effet, le jeu propose 40 à 50 niveaux répartis sur une douzaine de zones vraiment différentes. Au rendez-vous ici : des plaines luxuriantes, de la neige, des maisons hantées et même le vide intersidéral ! Si on considère environ 3 à 5mn par niveau quand on joue à un rythme normal, on se rend compte qu’il n’y a rien à redire sur la durée de vie du jeu, qui est plus qu’honorable et atteint les 20 à 30 heures de jeu. D’ailleurs, les niveaux pourront être parcourus à deux, et c’est encore un bon point, la coopération à deux joueurs étant de la partie.
Enfin, si on peut noter la possibilité de changer la couleur de son Yoshi, le dernier point dont je souhaitais parler concerne le level design. Si sa définition est « le processus dans la création de jeu vidéo qui s’occupe de la réalisation des niveaux », un des meilleurs exemples pourrait encore une fois être sa maîtrise par les équipes de développement de Yoshi’s Crafted World. Plateformes, ennemis ou déclencheurs, tout est calibré au millimètre pour que le joueur s’amuse, soit valorisé ou puisse tirer parti des capacités du personnage.
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Avis final
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Avis final - 80%80%
Résumé
Après une impression de départ vraiment mitigée, notamment à cause de sa direction artistique qui m’avait laissé sur le bord de la route, Yoshi Crafted World a su me convaincre par son côté artisanal, où tout est calibré autour de l’expérience du joueur. Si vous n’avez jamais joué à un jeu de la série, celui-ci peut sans problème être votre premier. Si vous êtes un habitué échaudé par New Island 3DS, vous pouvez également l’acheter les yeux fermés. Enfin, si vous avez picoré au gré de vos envies et des épisodes, cette nouvelle aventure est un opus solide qui mérite votre considération. Dans la lignée de Woolly World donc, que j’ai personnellement préféré à celui-ci.